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 Actu: Heinrich Moser, la saga d'un bourreau de travail

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ZEN
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ZEN


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MessageSujet: Actu: Heinrich Moser, la saga d'un bourreau de travail   Actu: Heinrich Moser, la saga d'un bourreau de travail EmptyMar 1 Avr 2008 - 18:23

Citation :
Heinrich Moser, la saga d'un bourreau de travail



Actu: Heinrich Moser, la saga d'un bourreau de travail 8946_2


Heinrich Moser, un entrepreneur infatigable, très exigeant avec lui-même comme avec ses employés.Photo: DR



Alors que Baselworld va ouvrir ses portes, une marque horlogère disparue renaît: H.Moser & Cie, une entreprise qui fut créée par l'«Alfred Escher» du nord de la Suisse.


Emmanuel Garessus
Mardi 1 avril 2008



La marque horlogère H. Moser & Cie revit. A l'initiative d'un ancien cadre de IWC, Jürgen Lange, et d'un groupe d'investisseurs dont Thomas Straumann, le leader mondial des implants dentaires, c'est un symbole du luxe et de la montre mécanique disparu avec l'émergence du quartz dans les années 1970 qui fait sa réapparition. Et c'est aussi la mémoire d'un large pan de l'histoire industrielle du pays qui revit. Heinrich Moser, c'est l'Alfred Escher du nord de la Suisse.

Ce Schaffhousois né en 1805, fils de l'horloger de la ville, n'a-t-il pas créé un groupe horloger puissant, qui à partir de son siège à Saint-Pétersbourg, dominera le marché russe et asiatique avant d'être nationalisé en 1917? créé le deuxième chemin de fer du pays? cofondé le groupe industriel SIG? été baptisé le père spirituel de l'horloger IWC? Et en Suisse romande, n'a-t-il pas assuré le versement des salaires des fonctionnaires du Locle après que la création des Chemins de fer du Jura a mis les finances de la ville trop lourdement à contribution?

C'est Roger Nicholas Balsiger, l'arrière-petit-fils de l'entrepreneur, qui décrit cette aventure industrielle dans son nouvel ouvrage*, après avoir commis un livre sur un autre représentant de sa famille, sa grand-mère communiste et plus jeune fille de Heinrich Moser, Mentona Moser. Née quelques jours avant le décès de son père, elle participe aux débuts de Pro Juventute, divorce pour des raisons politiques, part en Allemagne, échappe à la Gestapo avant de décéder à Berlin-Est à 96ans, en 1971.

Balsiger se nourrit de la correspondance de l'horloger, des lettres écrites après seize heures de travail, dans l'urgence et sans aucune ponctuation. La saga peint aussi les zones d'ombre de l'industriel. «Je ne voulais pas en faire un héros», déclare-t-il. Son arrière-grand-père ne souffrait pas d'une opposition à ses projets et ne s'embarrassait pas trop des limites du droit ou de son pouvoir. «Workaholic, il est très exigeant avec ses employés comme avec lui-même. Mais il saura leur faire confiance et les soutenir et faire de nombreuses donations.»

Après son apprentissage horloger auprès de son père à Schaffhouse, Heinrich part pour l'Italie, mais s'arrête au Locle. Il y fait un deuxième apprentissage d'horloger où il s'initie aux techniques les plus modernes. Un travail épuisant, de quatorze à dix-huit heures par jour, y compris les jours de fête. Formé, il part ensuite à l'étranger, à Londres puis, après deux mois de voyage et le passage de la frontière une multitude de montres cachées dans ses habits, à Saint-Pétersbourg. Car la Russie est plus libérale qu'une Suisse dominée par ses guildes.

Sur les bords de la Neva, Heinrich Moser fait ses preuves comme artisan horloger et, ce qui changera sa vie, parvient à réparer une horloge du tsar Nicolas Ier. Sa rémunération bondit, ses ateliers grandissent. Il fonde alors H. Moser & Cie, dont le premier exercice sera bénéficiaire. Il revient ensuite au Locle, y crée un deuxième atelier «Henri Moser au Locle», et nomme directeur son «ami Droz».

Un double coup du sort le frappe alors. Son père meurt. Et la ville lui refuse l'honneur de succéder à son père comme horloger communal. Profondément déçu, puisqu'il ne pourra utiliser sa ville natale pour développer sa société, Heinrich liquide les affaires de son père et repart en Russie. L'expansion s'organisera à partir du siège central à Saint-Pétersbourg et d'une filiale au Locle. Elle sera aussi rapide qu'étonnante. Il domine complètement les marchés d'exportation en Asie centrale, en Chine et même au Japon. «Nous n'avons plus aucun concurrent jusqu'en Chine», écrit Heinrich Moser, à la tête d'une fabrique de 50 personnes.

Entre-temps, en 1831, il se marie à Charlotte Mayu, avec qui il aura plusieurs filles: Charlotte (1834), Emma (1835), Henriette (1836), Sophie (1838) et deux autres filles. La seconde, Emma, au tempérament bien trempé, comme son père, sera comptable de Heinrich et sa fille aînée se mariera avec le fondateur d'Alusuisse, Gustave-Louis Naville.

Heinrich voyage énormément dans les années 1830 pour gérer ses affaires en Suisse et en Russie, d'une part au décès du directeur de la filiale du Locle, puis après la mort des deux cadres qu'il aura placés à Saint-Pétersbourg et Moscou. Car le choléra frappe régulièrement la Russie. Heinrich échappe lui-même à la mort, mais de froid, lors d'un de ses longs périples. Toujours est-il qu'il remettra à plus tard ses ambitions pour Schaffhouse.

Sur les bords du Rhin, la création de l'Union douanière allemande pénalise plusieurs branches de l'économie, comme la viticulture. Les prix des maisons s'en ressentent. D'autant que les autorités s'opposent à toute libéralisation du commerce. C'est à cette époque que Heinrich Moser, qui vient d'avoir un fils, Henri, construit un vaste château à Neuhausen, le Charlottenfels.

Un événement tragique déterminera la philosophie et la suite du parcours entrepreneurial de l'horloger: sa femme décède des suites d'un accident de carrosse et malgré des diagnostics rassurants des médecins. Heinrich Moser se retire plusieurs semaines en silence. Puis, il réagit, entreprend une véritable fuite dans le travail, crée la Société suisse de bateaux à vapeur en dépit de mille obstructions politiques, obtient la concession pour l'utilisation industrielle du Rhin à Schaffhouse. Et ne se gêne pas d'ignorer les autorités pour avancer dans son projet. Quitte, tous les 14 jours, à détruire la route principale pour assurer la maintenance de son moulin à eau. Avec le même dynamisme, il construira le premier canal sur le Rhin, profitant des basses eaux de ces années-là.

En 1853 et dans le même souffle, avec Conrad Neher-Stockar, le frère de son beau-fils, et Friedrich Peyer, il fonde la Fabrique suisse de wagons, qui deviendra SIG Holding, un groupe récemment racheté par le néo-zélandais Rank.

C'est avec lui que Schaffhouse entre dans l'ère industrielle. Mais Moser ne s'arrête pas là. Toujours avec Peyer, il crée la deuxième ligne de chemin de fer de Suisse, qui relie Schaffhouse et Winterthour. En 1857, il repart alors en voyage, à Paris, Londres, Saint-Pétersbourg. Dans ses lettres, il critique vertement les autorités de Schaffhouse et «leur étonnant libéralisme» soutenu par le journal local. Ce qui ne l'empêche pas d'entreprendre, encore à Schaffhouse, la construction d'un barrage qui donnera naissance à la plus grande centrale hydraulique du pays.

Sa vie rebondit en 1870 lorsque, assis dans un train, il observe une jeune femme de 21 ans perdre et casser ses lunettes. Il l'aide à ramasser les morceaux. Ils se marieront, malgré 43 ans de différence. Il s'agit en fait de la baronne Fanny von Sulzer-Wart, qui appartient à la dynastie Sulzer de Winterthour. Ses enfants le critiquent lourdement, à l'exception de Sophie. Trois ans plus tard, et quatre jours après la naissance de sa nouvelle fille, Mentona, celle qui deviendra communiste, il décède dans la station rhénane de Badenweiler.

A sa mort, la fortune totale d'Heinrich Moser est estimée à plus de 170 millions de francs actuels, dont 103 millions en Russie et 67millions en Suisse. Le château de Charlottenfels ira aux enfants de son premier mariage. Sa deuxième épouse sera l'héritière universelle. Fanny Moser von Sulzer-Wart n'était pas horlogère et elle offrira l'entreprise du Locle à son directeur, Paul Girard, la fabrique russe à Cornelius Winterhalter, lequel s'allie à Octave Meylan.

La révolution d'octobre 1917 signifie la fin de l'aventure russe. A la nationalisation de la société russe, H. Moser & Cie est rebaptisée «Fabrique centrale de réparation horlogère». Et les militaires soviétiques recevront pour services rendus, jusqu'en 1966, des montres de poche 18 carats d'avant 1917. La fabrique du Locle continuera de se développer, avant d'être reprise par Zenith puis de s'éteindre il y a 30 ans.

Roger Balsiger, né en Angleterre et qui a d'abord fait carrière au Credit Suisse puis ouvert les marchés du Moyen-Orient à la Zurich Assurances Vie, a été approché en 2000 pour discuter et participer au projet initié par Jürgen Lage d'IWC: le rachat de la marque H. Moser & Cie et associer la famille du fondateur à la renaissance de l'entreprise. Et de devenir président d'honneur d'un groupe du luxe qui prit son envol en 2005 et compte maintenant 60employés.

*«Heinrich Moser (1805-1874): Internationaler Uhrenfabrikant- visionärer Industriepionier», par Roger N. Balsiger, in: Pionniers suisses de l'économie et de la technique, édité par la Société d'études en matière d'histoire économique, vol.85, Zurich, 2007, 88 pages, 22 fr., disponible sur: http://www.pioniere.ch

http://www.letemps.ch/template/opinions.asp?page=6&article=228871

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MessageSujet: Re: Actu: Heinrich Moser, la saga d'un bourreau de travail   Actu: Heinrich Moser, la saga d'un bourreau de travail EmptyMar 1 Avr 2008 - 18:32

Merci pour cet article.

Moser était un véritable visionnaire, en avance sur son temps et qui a su bâtir une entreprise fantastique qui, aujourd'hui et pour notre plus grand bonheur, renaît de ses cendres.

Montecristo.
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Thomas.C
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Thomas.C


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MessageSujet: Re: Actu: Heinrich Moser, la saga d'un bourreau de travail   Actu: Heinrich Moser, la saga d'un bourreau de travail EmptyMar 1 Avr 2008 - 23:06

Magnifique saga .
Merci !
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