ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: Actu : Les diamants, meilleurs amis de l'homme? Mer 2 Avr - 5:47 | |
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- Les diamants, meilleurs amis de l'homme?
Ils sont toujours plus nombreux à ajouter une montre rehaussée de pierres précieuses à leur tableau de chasse horloger. Symboles de réussite sociale et de puissance, ces garde-temps doivent également faire preuve de technicité: le travail de sertissage doit être à l'aune du travail horloger.
Catherine Cochard Mercredi 2 avril 2008
Elle brille, rutile, aguiche les hommes attirés malgré eux par sa joyeuse impudence. Elle affiche insolemment ses mensurations opulentes: 148 grammes de mécanique, un tour de taille de 41millimètres, une épaisseur de 13,15millimètres pour un peu plus de 2,23carats de saphirs orange au total. La Big Bang «Orange Carat» de Hublot, est un concentré de gemmes destiné à une poigne virile, celle d'un souverain moderne du royaume des puissants. Les reines, elles, devront se contenter de jeter un regard jaloux sur ce joyau trop imposant pour leur poignet. Encore que...
Le marché de la montre masculine subit une surenchère généralisée et la nouvelle clientèle qui dépense sans avoir à compter - Moyen-Orient, Russie, Asie, et USA (les «moguls» du rap) - exige des pièces de grande valeur qui cumulent les qualités: plus de complications, plus de technologie, plus de matériaux insolites, plus de modernité, et aussi, c'est nouveau, plus de carats. Ce ne sont pas les carats qui sont nouveaux - chez Cartier on sertit les montres homme depuis les années 90 - mais l'addition de tous ces éléments, réunis sur un même garde-temps, déclinés au masculin.
Parce que les clients sont de mieux en mieux informés, ils recherchent le meilleur: le travail de sertissage doit être à l'aune du travail horloger. On veut un moteur irréprochable et un total en carats de pierres précieuses supérieur à la moyenne. Le tout pour un prix prodigieux. «Les montres joaillières masculines d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec celles portées par les rappeurs il y a quelques années qui voulaient faire preuve de leur richesse, souligne Laurent Picciotto, fondateur et directeur de la boutique Chronopassion à Paris. Techniquement irréprochables, les modèles sertis d'aujourd'hui s'adressent aux amateurs de pierres, comme aux adeptes de complications, puisqu'ils rassemblent les deux critères.» A leur tour, les stars en survêtement XXL se détournent des pièces pavées munies d'un seul mouvement à quartz. «Eux aussi veulent montrer qu'ils possèdent non seulement un garde-temps lourd de diamants mais aussi une culture horlogère. Ils continuent à consommer du clinquant, mais du clinquant qui en a dans le ventre!»
Une évolution que constate également Juan-Carlos Torres, directeur général de Vacheron Constantin. «Auparavant, pour la clientèle du Moyen-Orient, d'Asie ou de Russie, le diamant prévalait. A présent, la pièce doit aussi posséder une valeur technique, une légitimité horlogère.» Les acheteurs se décomplexent, tout en s'instruisant. «Les clients sont plus jeunes et aussi plus ouverts d'esprit, observe-t-il. Ils cherchent l'originalité et n'ont pas les tabous qui freinaient leurs aînés dans le port d'une montre joaillière. C'est pourquoi, afin de satisfaire toutes les envies, nous donnons la possibilité de sertir chacun de nos modèles.» «La tendance aux montres masculines à la fois techniques et serties se confirme pour l'ensemble des marques, explique Philippe Delhotal, directeur de création chez Patek Philippe. Nous proposons une alternative esthétique sur certaines pièces, avec des diamants sur la couronne, la lunette ou le cadran. Ce type de produit s'adresse à des hommes qui désirent porter quelque chose de différent.» Et de voyant, mais pas trop quand même. «Le sertissage chez Patek Philippe se fait toujours de façon mesurée, pour ne pas entraver la bonne lisibilité des fonctions et de l'heure.»
Argument massif des hommes opposés aux montres serties: la prétendue connotation féminine des pierres précieuses. Une idée reçue que Philippe Léopold-Metzger, directeur général de Piaget, balaie. «Les montres joaillières masculines font depuis toujours partie de l'histoire de notre maison. Il n'y a rien de déshonorant aujourd'hui pour un homme à porter une montre sertie! Les diamants ne devraient pas être uniquement l'apanage des femmes.» Et Juan-Carlos Torres de rappeler que «la montre est le seul bijou masculin réellement facile à porter au quotidien. Si les Genevois empreints de calvinisme sont encore un peu frileux sur le fait de porter des pièces serties, dans de nombreuses autres cultures - au Moyen-Orient, en Asie, en Russie - les pierres précieuses font partie de l'élégance masculine.»
En Europe, il est vrai, on a souvent tendance à oublier que la montre joue aussi le rôle de parure. «C'est tout simplement magnifique une montre sertie! Un homme portant une montre sertie pour une soirée, c'est chiquissime! Les pierres précieuses embellissent le porteur: c'est vrai pour les femmes, c'est aussi vrai pour les hommes...» souligne Hélène Poulit Duquesne, directeur marketing de l'horlogerie chez Cartier. Une parure qui sort de jour comme de nuit, selon les cultures: «Au Moyen-Orient, c'est plus facilement une montre quotidienne. En Asie, elle est du soir. Aux USA, les rappeurs sont couverts de diamants du matin au soir. Cela fait partie de leur look», poursuit-elle.
Pour Jean-Claude Biver, directeur général de Hublot, la mise en doute de la virilité des pièces masculines et serties n'a pas lieu d'être. «Je ne pense pas qu'un rappeur mesurant deux mètres et pesant 150 kilos fasse efféminé s'il porte une montre pavée. La One Million Dollars Big Bang que nous avons présentée à Bâle en 2007 faisait avant tout preuve d'une avancée technologique considérable. Il s'agit de la première montre au monde dont le boîtier est entièrement serti de diamants. Personne ne peut dire si la structure est en or blanc ou jaune, car elle disparaît entièrement sous la carapace de pierres serties. La technique révolutionnaire que nous avons mise en place transforme le travail de l'artisan en geste quasiment médical, puisque pour réaliser cette pièce, le sertisseur utilise un microscope de chirurgie.» Ici aussi, la haute technicité de la pièce fait augmenter certes son prix, mais également son bien-fondé horloger. «L'homme qui porte la One Million Dollars Big Bang fait preuve d'un esprit d'avant-garde. En 2008, nous continuons à innover en osant la couleur. Cette année, nos montres masculines se parent d'améthystes, de topazes, de saphirs, de grenats, de rubis et d'émeraudes.» De quoi satisfaire les goûts de chaque connaisseur. Et de chaque connaisseuse par la même occasion? «Chaque marque propose sa pièce masculine pavée, indique Alexis Meyer, directeur des Ambassadeurs à Genève. Mais parmi les acheteurs se trouvent souvent des femmes adeptes de modèles imposants et de diamants.» La frontière entre les montres féminines et masculines tend à s'effacer chez certaines maisons, notamment chez Cartier. «Par exemple, la Pasha 42 mm ou la Santos 100 sertie sont des modèles vendus aussi bien à des femmes qu'à des hommes.»
Et si la montre sertie avait remplacé les parures précieuses des souverains? Et si elle était le nouveau symbole du pouvoir? «Dans toutes les civilisations, le bijou et en particulier les pierres précieuses n'ont pas été le seul apanage des femmes mais aussi celui des puissants, relate Hélène Poulit Duquesne. Dans les cultures indiennes, africaines, et même occidentales, les hommes puissants étaient couverts de bijoux, de pierres précieuses et de diamants. Rappelez-vous le fameux collier du maharaja de Patiala. Puis, pour différentes raisons, les pierres et en particulier les diamants sont devenus «les meilleurs amis des femmes», ce qui dans nos cultures occidentales d'aujourd'hui, les rend difficilement compatibles avec les référents masculins et virils. L'homme occidental doit se décomplexer par rapport au diamant, et la montre étant son bijou principal avec le bouton de manchette, il doit assumer son dandysme retrouvé avec la montre sertie.» Une tendance de fond, revenue d'ailleurs, et qui devrait durer, tant qu'il y aura des hommes... http://www.letemps.ch/template/supplement.asp?page=19&article=228509 _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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