En réponse à Steyr

Steyr avait posé une question très intéressante sur un post qui mérite une réponse généraliste sortie du contexte de ce dit post.

steyr a écrit:

Merci Laurent pour cette réaction !

Une question lorsqu'on se trouve en face de la comm faite par X, ou quelque marque pourd'autres inventions (affichages digitaux sur lesquels effectivement tant de personnes travaillent), quelle réaction ?
- On laisse tomber car on ne pourra jamais avoir l'impact du premier
- On se recentre et on se dépêche de produire pour démontrer qu'on a une certaine avance dans le fonctionnement
- On recherche une nouvelle variante pour se démarquer encore plus .

DAO, quel outil fabuleux, mais quelle perversion aussi, qui fait fonctionner ce qui peut prendre encore des années, décennies avant de fonctioner réellement !?

Christian

Il y a un mélange de ces trois choses selon l’avancement du projet

- Dans le cas d’un travail sur un sujet n’ayant pas encore de brevet et trop de personne travaillant dessus, c’est un abandon pur et simple. On doit être devant et non suivre.


- Pour le cas d’un travail avec un brevet en cours, on recherche immédiatement le plus produit afin d’être différent. On continue à un rythme intensif mais normal avec un apport de correction afin de ne pas être proche de l’existant. Si c’est vraiment trop proche c’est la mort du projet.


- Et la dernière solution avec un brevet publié est assez simple. C’est une opposition par avocat en brevets avec une demande d’information sur l’aspect technique afin de pouvoir juger de la collisions ou non avec les revendications du brevet.

S’il n’y a pas de collision, on en reste là.

Si une collision existe, on passe aux négociations afin de trouver un arrangement. Une marque trouvera toujours un arrangement avec des sociétés n’étant pas elle-même une marque. C’est beaucoup plus difficile voir impossible entre elles. S’il n’y a pas d’accord c’est la mort du produit avec des dédommagements.

Merci Laurent pour cette réponse intéressante.

On imagine qu'il s'agit presque d'un quotidien dans la conception horlogère tant ces services-là on bénéficié de l'essor global du marché. La concurrence doit être plus rude qu'il y a une dizaine d'années, voire moins.

Christian.

Horloman a écrit:

Si une collision existe, on passe aux négociations afin de trouver un arrangement. Une marque trouvera toujours un arrangement avec des sociétés n’étant pas elle-même une marque. C’est beaucoup plus difficile voir impossible entre elles. S’il n’y a pas d’accord c’est la mort du produit avec des dédommagements.

Y a t il eu des cas importants de mort du projet avant sont terme ?

Sommes nous passé à côté d'innovations majeures pour cause de trop grande simultanéité des idées ???

J'imagine que tout cela doit rester sous le sceau du secret, mais on peut toujours fantasmer !

Hervé

Mort d'un projet chez les uns => regain du même projet chez les autres. On a rien raté véritablement.
Laurent nous avait dit à demi-mots "qu'il était sorti de la course aux affichages digitaux". Cette année, avec 3 présentations ça faisait déjà effectivement beaucoup, même si on ne sait pas si les 3 fonctionnent parfaitement...

Christian.

Je ne pense pas que le brevet de Laurent Besse apporte la solution de fonctionnement de la 0G qui bénéficie d'un degré de liberté supplementaire et n'utilise pas la difference de friction entre deux rondelles pour permettre la transmission du couple à la roue d'échappement mais un système différentiel que je suis curieux de voir fonctionner et de connaitre sa consommation en énergie.
L'inventeur du Maëlstrom me corrigera si je dis une bétise.

Quelqu'un à t'il vraiment vu fonctionner l'affichage digital de De Grisogno ?? Il parait qu'il n'est que DAO ??

Bonjour Dominique,

Sans rentrer plus dans le débat, comme toi, j'ai relevé des différences avec le brevet de Laurent comme le dispositif de force constante pour réguler les variation de niveau d'énergie en fonction des mouvements. Alors que sur la 0G, on a le différentiel qui permet de "différentier" l'énergie transmise par le rouage, de celle liée au déplacement de la cage.

Pour la dG, 4N l'a vue à Bâle. Comme il ne me l'a pas précisé, j'en ai déduit qu'elle fonctionnait, en revanche, nous partagions les mêmes doutes sur le fait qu'elle soit réellement opérationnelle ou ... fonctionnelle pour les besoin de Bâle... Ta réflexion me laisse penser que tu rejoins le club des sceptiques. Emerveillés, mais sceptiques. 4N insistait également sur le manque de lisibilité. Les images DAO montrent déjà un peu ce problème, mais il parait qu'en vrai, c'est encore pire.

Christian

Merci de ta réponse Christian , effectivement, je fais aussi parti des sceptiques émerveillé

J'ai un ami chez Renaud & Papi qui n'a qu'une crainte c'est que passe quelqu'un derrière son écran et décide de lancer ce sur quoi il cogite surtout lorsque ce n'est même pas fonctionnel.

Dom

DomMars a écrit:

J'ai un ami chez Renaud & Papi qui n'a qu'une crainte c'est que passe quelqu'un derrière son écran et décide de lancer ce sur quoi il cogite surtout lorsque ce n'est même pas fonctionnel.

Dom

C'est le monde à l'envers ! En général on doit se battre pour faire réaliser ses projets...
Cette fébrilité rappelle celle de la bulle Internet où tout semblait réalisable et facile. J'espère qu'il n'y aura pas le même retour de bâton.

A part ça y a personne qui nous concote une petite machine de Babbage ou une Pascaline pour calculer la conso de la bagnole (ou du jet )avec plus de décimales qu'une Navitimer ? En plus ça irait bien avec l'affichage numérique de la dG

Merci Laurent pour ces informations très intéressantes.

J'imagine que les concepteurs de mouvements sont des spécialistes des études de brevet pour s'assurer que le travail en cours ne constitue pas une violation d'un brevet existant.

Je serais intéressé de savoir (comme toujours dans la mesure du possible), à partir de quel moment vous regardez les brevets existants, si c'est dés la phase de réflexion ou si vous avez besoin d'avoir déjà mis quelques idées sur le "papier" pour contrôler tout ça.

Je suppose que ces analyses sont consommatrices de temps et comme vous le dites, tout cela est sujet à interprétation, pouvez vous faire ces analyses vous-mêmes ou utilisez vous des personnes qui ne font que ça ?

C'est en tout cas un sujet que je trouve passionnant sur toutes ces phases en amont qui font qu'on voit arriver ou pas une montre chez notre distributeur

Finalement, peut on avoir une idée du nombre de projets étudiés pour un projet arrivé en production ?
Entre les projets risquant de violer des brevets existants, les projets non fonctionnels ou d'autres raisons que je ne dois même pas envisager, j'imagine qu'il doit y avoir un certain nombre de projets recalés.

J'anticipe mais pour une toute petite partie seulement dans la mesure où j'ai été confronté à ces questions. J'espère ne pas dire d'âneries, mais c'est du moins la compréhension/expérience que j'en avais eu :
la recherche d'antériorité peut se faire assez facilement grâce aux moteurs de recherches comme espacenet. Un habitué connait les catégories dans lesquelles chercher, même si des fois, le classement dans ces catégories n'est pas 100% fiable. Ca permet tout de même d'avoir un grand niveau de confiance. Tu peux également faire appel à un cabinet de conseil sur la propriété intellectuelle qui se chargera de vérifier. Ensuite, on peut retourner serein sur sa planche à dessins et c'est au moment du dépôt, ou plutôt dans les 18 mois qui suivent le dépôt que tu dois engager la recherche d'antériorité, à tes frais (350 Euro en France).

Maintenant, tu as également ceux qui consultent la base de brevets non pas pour s'assurer qu'il n'y a pas d'antériorité, mais plutôt pour chercher de quoi s'inspirer... C'est plus souvent dans ces conditions qu'on peut aboutir sur des litiges. Certains concepteurs prennent le parti de ne pas déposer un brevet qui est systématiquement publié, mais d'autres formes de dépots comme enveloppe Soleau, ou dessin/modèle. Attention cependant que si un brevet est déposé, il a priorité sur l'enveloppe.

Christian.

Topic intéressant, cela change des conversations du moment.

Discussion intérréssante effectivement...

Pour ma part, qu'en j'ai une idée je commence un petit bout de modélisation du principe (pour garder une trace de l'idée) et après je pars faire un tour dans les différentes bases de brevets mais surtout dans les vieux livres d'horlogerie pour vérifier si d'autres ont la même idée.

Après en ce moment il y a beaucoup de demande de brevets qui ne sont là que pour faire de la comm. Souvent il s'agit d'idées qui existe depuis des années mais qui n'ont jamais été protégées ou alors de demande de brevets qui n'aboutiront jamais à rien.

Pour ma part, ma méthode de travail est la suivante :

Quelques croquis très succins servant de pense bête, de longues réflexions pendant lesquels je mets en place virtuellement dans ma tête le concept global et les principes. A ce stade rien sur le papier ou sur l’ordinateur. L’avantage, ou l’inconvénient pour mon épouse, c’est que je peux travailler n’importe ou est n’importe quand. Par jour, en plus du temps au bureau, je passe en moyenne quatre heures en réflexion diverses. J’arrive ainsi à mener entre 4 à 6 concepts en même-temps.
Ensuite je passe derrière l’ordinateur (pas plus de 2 idées en même-temps, autrement je ressemble à un fou). Le tout est bercé par une musique rugissante de métal (tendance speed ou death). Mon rythme de travail suit celui de la musique.

En cours de création, je commence le contrôle des brevets sur espacenet et dans la littérature existante.

J’essaye au maximum de m’éloigner le plus de ce qui est visible. Pas facile dans certains cas. Pour exemple les grandes date. Mais on y arrive encore… (Clin d’œil à un de mes clients)

La construction en 3D se fait ou pas selon mes sentiments. Après, je consulte mon avocat en brevet qui confirme ou pas mes sentiments (Pour l’instant 100% pour moi. Je touche du bois)

Une analyse est systématiquement faite par l’avocat de l’état de l’art avant de lancer l’écriture du brevet. Ce n’est quand même pas loin de 10000 CHF pour le premier dépôt. Et pour l’entretien, c’est une fortune. Autant être pertinent et surtout verrouiller la concurrence.

Tic&Tac a écrit:

Discussion intérréssante effectivement...

Pour ma part, qu'en j'ai une idée je commence un petit bout de modélisation du principe (pour garder une trace de l'idée) et après je pars faire un tour dans les différentes bases de brevets mais surtout dans les vieux livres d'horlogerie pour vérifier si d'autres ont la même idée.

Après en ce moment il y a beaucoup de demande de brevets qui ne sont là que pour faire de la comm. Souvent il s'agit d'idées qui existe depuis des années mais qui n'ont jamais été protégées ou alors de demande de brevets qui n'aboutiront jamais à rien.

Pour l'instant aucun brevet pour la comm chez moi. Mais ce cas est un peu trop vrai. Pas contre, un brevet sur une idée ancienne est ridicule: n'importe qui arrivera à l'invalidité.

Si cela n'est pas fait c'est que l'idée est nulle et sans intêret.

Horloman a écrit:

Pour l'instant aucun brevet pour la comm chez moi. Mais ce cas est un peu trop vrai. Pas contre, un brevet sur une idée ancienne est ridicule: n'importe qui arrivera à l'invalidité.

Si cela n'est pas fait c'est que l'idée est nulle et sans intêret.

Tout à fait d'accord.

Intérréssant ta méthode de travail, même si je ne suis pas fan de métal

Les brevets "pour la comm" sont malheureusement l'apanage des grandes boites... Après avoir visité vos locaux (même si c'était il y a 4 ans), je me doute que votre département comm n'est pas encore trop important

Effectivement, notre département comm est petit. Il n'y a personne.

Nous ne faisons pas de comm. De temps en temps, il y a des articles sur nous mais à part cela. (Encore merci à Eric Othenin-Girard de Movment)

En quatre ans la société n'est plus la même: nous sommes 18 aujourd'hui au lieu de 4 il y a 4 ans.