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| Sujet: Actu : Petit Trianon. Le bijou retrouvé Jeu 18 Sep 2008 - 7:32 | |
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- Petit Trianon. Le bijou retrouvé
Journées du Patrimoine. Des espaces rouverts progressivement au public. Valérie Collet, le 18-09-2008
Retraite privilégiée de Marie- Antoinette à Versailles, ce petit château, en restauration depuis un an, dévoile son nouveau visage. Luxe, intimité, “tables volantes”…
Avant la grande histoire, la petite. Il était une fois, à Versailles, un grand et beau chêne sous lequel Marie- Antoinette aimait à se reposer.Lequel chêne, affaibli par son grand âge, rendit l’âme et s’effondra sous l’effet d’une terrible tempête (celle de 1999). Tous s’en émurent. Que faire du vieux bois et de l’arbre vénérable ? Jusqu’à ce qu’un délicat prince charmant le ressuscite…
Horloger de la Cour dès les années 1780 et fournisseur de Marie-Antoinette, Breguet, en effet, proposa de reprendre le vieux bois pour servir d’écrin à ses montres et plus particulièrement à celle,mythique, commandée par la reine en 1783, dont il préparait une réplique. La montre originale, aujourd’hui disparue, est un chef-d’oeuvre en or, cristal de roche et saphir. Elle comprenait deux cadrans, le remontage automatique, les heures sautantes, le pare-chocs, le quantième perpétuel et l’équation du temps, complications horlogères inconnues de l’époque et qui mirent trente-quatre ans à être mises au point.Une folie de première dame qui en cache bien d’autres. De fil en aiguille,la maison Breguet fut invitée à restaurer une statue du parc. Puis, le Petit Trianon luimême, demeure favorite de Marie-Antoinette qui, par sa forme et le rôle qu’il eut, est lui aussi une splendide folie!
Le bâtiment, en réalité, est bien plus ancien.Onle doit à Louis XV, qui fit construire ce petit château pour madame de Pompadour. Le sobre édifice néoclassique de Jacques Ange Gabriel, qu’on admire toujours aujourd’hui,ne fut achevé qu’en 1768 (après sa mort) et servit en fait à la favorite suivante, madame Du Barry! Puis Marie-Antoinette reçut les lieux en cadeau par Louis XVI, en 1774. Elle y laissera fortement son empreinte avant que ceux-ci, à l’histoire éminemment féminine,ne soient accordés, après la Révolution, à une série de nouvelles occupantes. « Comme tous les “petits appartements” de Versailles, celui-citémoignedece moment délicat de l’histoire de la monarchie française où les souverains aspirent au bonheur d’une vie plus simple », témoigne Jean-Jacques Aillagon,président de l’établissement public du musée et du domaine national de Versailles.
Marie-Antoinette, tout particulièrement, y chercha refuge pour y instaurer ses propres règles, loin de l’étiquette de la cour de Versailles. « Ici, je suis moi », se plaisait-elle à dire de cette demeure où elle recevait ses amis et où le roi n’était qu’en visite. Tout autour, elle y fera aménager un jardin anglais, le Temple de l’Amour, la grotte, le Belvédère, son petit théâtre et le Hameau, tout un domaine qui fut rouvert au public en juillet 2006. À celui-ci ne manquait plus que la réhabilitation de l’édifice principal. C’est désormais chose faite, au terme d’un an de travaux, financés par Breguet à hauteur d’environ 5millions d’euros. Pour la première fois, l’intégralité des espaces intérieurs est accessible au public. L’ensemble des installations techniques a été refait; les décors d’origine, restaurés, et les différents appartements, remeublés avec du mobilier de différentes époques retrouvé ici ou là, sorti des réserves ou racheté en salle de vente. « Le Petit Trianon est avant tout une maison habitée, témoigne Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques. Pour le premier étage et l’entresol, nous avons restitué l’état Marie-Antoinette, c’està- dire celui dans lequel étaient les lieux lors du départ de la reine, en 1789. L’attique, en revanche, est un hommage aux femmes ayant séjourné ici. À part la chambre de Louis XV et le cabinet de Louis XVI,Madame Élisabeth, Madame Royale, l’impératrice Marie- Louise, la duchesse d’Orléans et l’impératrice Eugénie ont chacune leur pièce. »
Une restauration qui a apporté quelques surprises
Le chantier n’a pas rencontré de difficultés particulières à part la fourniture de certains matériaux anciens tel le verre étiré, restitué pour les grandes fenêtres voulues par la reine à l’étage noble, ou les marbres très typés dont les carrières sont aujourd’hui fermées. En revanche, la restauration a apporté quelques surprises tels des graffitis faits par les artisans de l’époque. «Rousseau est bon enfant », lit-on, à propos du célèbre menuisier, sur un parquet de miroir tandis que, derrière une porte, un dessin de garde en costume d’époque accompagne celui d’une cheminée.
Par ces nouveaux aménagements (dont certains, plus reconstitués que restaurés, feront frémir les puristes), l’ancienne maison de la reine renaît de façon vivante, reflet de la vie quotidienne, des rapports entre maîtres et serviteurs et de la passion que l’époque vouait à la mécanique. Le rez-dechaussée a retrouvé sa salle des gardes, sa salle de billard, le réchauffoir avec son ancien fourneau maçonné qui réchauffait les plats préparés au Grand Trianon. La salle de l’argenterie présente, dans de grands meubles, la vaisselle raffinée du Petit Trianon tandis que, dans la fruiterie, chacun pourra observer au plafond les traces du projet des célèbres “tables volantes” commandées à Loriot par LouisXV.Ce système consistait à faire monter dans la salle à manger, à l’étage au-dessus, par un ingénieux système de poulies et de contrepoids, deux tables dressées. Une façon de tenir à distance les serviteurs tout en épatant la galerie! Cette coûteuse fantaisie ne fut finalement jamais réalisée.
La chambre de la reine est entièrement d’origine
Au premier étage, antichambre, salles à manger, salon de compagnie et boudoir ont été remeublés avec des objets contemporains de Marie-Antoinette, peu de meubles lui ayant appartenu étant restés à Versailles. Sa chambre, en revanche, est entièrement authentique avec la fameuse pendule de la reine et ce mobilier raffiné, dit “aux épis”, signé Georges Jacob. Attenant à cette pièce, le cabinet “des glaces mouvantes”, au décor d’arabesques bleu et blanc, montre ce système de rampes coulissantes qui permettait à la souveraine d’obturer totalement ses fenêtres quand elle voulait s’isoler.
L’entresol honore madame Campan, première femme de chambre de Marie- Antoinette, la comtesse de Noailles, la princesse de Lamballe et la duchesse de Polignac, tandis qu’à l’attique, les cinq appartements dits “des seigneurs” évoquent les différents occupants (surtout occupantes) aux XVIIIe et XIXe siècle. Une fraîche succession de “F2” ou “F3” où l’on n’a pas oublié les salles de bains et cabinets de chaise avec leurs coiffeuses, bidets et “chaises d’affaire”, non plus que le goût de l’époque pour les papiers peints.Au bonheur des dames… http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=3303 _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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