Question révision!!! C'est chaud chez l'AD...

Bonjour a tutti! Ciao les Fameurs!

Imaginez une montre dont la carrure n'est pas numérotée (donc impossible à la différencier) et qui est épuisée chez la marque. Vous devez envoyer cette montre en révision. Quelle est la bonne démarche pour éviter tout problème? Des photos détaillées et récentes de la montre avec date des prises de vue on bien entendu été faites et sont sauvegardées. Mais que faut-il faire avec l'AD en boutique avant l’envoi? Faut-il faire constater le très bon état général de la montre? Si oui, s'agit-il de faire signer un papier à l’AD? Comment fait-on constater l’état de la montre avant révision?

Pour une montre récente dont vous avez fait constater l'état, pas de souci en cas de pépin. Si par ex. votre Speed de 2000 vous revient avec un faux cadran et une carrure toute marquée, elle repart simplement pour un tour et reviendra cette fois avec un bon cadran et une nouvelle carrure. Ce n'est finalement qu'une question de temps.

Mais comment faire avec les montres dont les pièces sont épuisées et absolument impossibles à changer en usine??? Faut-il simplement prier? Je veux dire par là: à quoi bon somme toute faire constater l'état de la montre si de toute façon on ne pourra pas vous remettre le bon cadran en cas d'erreur, ni une nouvelle boîte en cas de dégâts? Que feriez-vous si votre montre qui était en bon état avant la révision vous revenait avec une boîte présentant des déformations (des coups profonds) et que ladite boîte n’était pas remplaçable? Je précise que ce scénario est une fiction.

Que me conseillez-vous? Comment fait-on constater l'état de la montre chez un AD? Quelle est la procédure? Et cette démarche ne montre-t-elle pas ses limites dès le moment où les pièces cosmétiques sont de toute façon épuisées?

Bonjour, ami Suisse.

Quelle entrée en matière et que de questions !
Bienvenue sur notre forum, je t'invite à te présenter dans l'espace prévu à cet effet.

Citation :

Que me conseillez-vous?

Peux-tu nous en dire davantage sur ta montre ?

>Tu fais confiance à ton AD et à la marque, sinon tu la gardes comme souvenir....

En 25 ans de carrière dans le métier, je n'ai jamais connu de situation comme celle que tu décris...

Il peut y avoir des soucis mais si la réparation est faite directement par l'horloger à qui tu confies ta montre, et là, c'est un peu la loterie, je te le concède.

En général, en usine, il n'y a pas de problèmes, toutes les pièces sont contrôlées par le chef d'atelier avant livraison, et reviennent en au moins aussi bon état extérieur qu'avant le service, si ce n'est parfois bien meilleur

Boogie a écrit:

>Tu fais confiance à ton AD et à la marque, sinon tu la gardes comme souvenir....

Salut et merci pour ta réponse! Ok pour la confiance, c'est à la base de tout, c'est vrai. Mais en 25 de carrière, n'as-tu aussi jamais rencontré un client qui t'a demandé un état des lieux de sa montre, un constat de l'état? Et ça te choquerait qu'un client te le demande? Ca va au-delà de confiance à mon avis. C'est plutôt de la prudence. Imagine un petit coup mais profond sur une corne au retour de la révision. Tu ne peux pas te rappeler de chaque marque sur chaque montre que tu envoies aux SAV, non? Après c'est le client quand il dit que cette marque n'était pas là qui passe pour un sinistre emmerdeur parce que personne ne se rappelait et personne ne peut prouver si oui ou non ce coup sur la corne était déjà là...
Et sinon, t'as une idée de comment bien faire un constat?

Non, je n'ai jamais eu de demande de constat de l'état de la montre.
C'est plutôt l'inverse qui se passe : quand un client nous confie sa montre, nous lui faisons remarquer à réception que le verre est ébrêché, qu'elle a recu un bon coup sur une corne ou le flanc de la boîte, mais en général, le client s'en fout, si tu me passes l'expression, mais c'est la réalité.


En fait, les montres sont parfois dans un tel ( triste ) état, qu'il n'y a pas lieu de faire un vrai constat, ce serait un inventaire à la Prévert, et c'est dommage, vu les sommes parfois investies

Boogie a écrit:

quand un client nous confie sa montre, nous lui faisons remarquer à réception que le verre est ébrêché, qu'elle a recu un bon coup sur une corne ou le flanc de la boîte, mais en général, le client s'en fout, si tu me passes l'expression, mais c'est la réalité.

En fait, les montres sont parfois dans un tel ( triste ) état, qu'il n'y a pas lieu de faire un vrai constat, ce serait un inventaire à la Prévert, et c'est dommage, vu les sommes parfois investies

Intéressant ce que tu dis là.

Après 25 ans de métier, comment analyserais-tu de tels comportements d'un point de vue sociologique? Est-ce que, les passionnés mis à part qui connaissent leurs montres par coeur, cela revient à dire qu'encore beaucoup de gens, la plupart des gens, considèrent leurs montres comme un objet de consommation (au sens noble du terme, dans le sens d’objet qui s’utilise et c’est donc normal que celui s’use et présente des coups avec le temps)?

Ou s’agit-il d’inconscience? Dens gens qui font par ex. du VTT en t-shirt avec une montre en or?

Ou s’agit-il de gens trop riches qui n’ont plus vraiment la notion de l'argent?

Qu’en penses-tu d’un point de vue sociologique sans jugement de valeur? Comment analyses-tu un tel enfoutisme de tes clients vis-à-vis de leurs montres comme tu l’as dit toi-même?

Je crois que c'est par rapport aux marques en question.

Celui qui s'achète une Patek, il sait ce qu'il a, et combien il a dépensé pour sa montre, idem avec une Journe, une Moser, etc...
Dans le milieu de gamme, les gens s'achètent parfois une belle montre, d'un point de vue esthétique, mais pour la marque et l'image qu'elle véhicule.

Ainsi, dans les années '80, les suisses ne juraient que par Ebel, convaincus surtout par la personnalité de P.-A. Blum, un type qui a réussi, et ça, ça plaisait.
Cependant, les gens se foutaient royalement de l'état de leur montre, de la soigner, ils l'utilisaient, je dirais même la " consommaient " et quand elle avait besoin d'un service complet, ils la mettaient dans un tiroir, et passaient à " la belle horlogerie fine ", les Blancpain, croyant à la théorie de l'horloger dans sa ferme perdue au milieu de la Vallée de Joux enneigée, qui faisait la montre à la main, ou encore AP ou JLC...

J'ai eu dans mon magasin des gens qui achetaient des Breitling à près de 7000 francs suisses et qui repartaient avec la montre dans la poche au lieu de la mettre au poignet.

Bonjour les rayures au bracelet et à la boîte.
On voit d'ailleurs des montres complètement massacrées après une année, et d'autres en parfait état après 3-4 ans, tout dépend de ce que les gens pensent de leur montre

Boogie a écrit:

Ainsi, dans les années '80, les suisses ne juraient que par Ebel, convaincus surtout par la personnalité de P.-A. Blum, un type qui a réussi, et ça, ça plaisait.

Ben dis donc ça a bien changé en 20 ans. Parce qu'avec une Ebel aujourd'hui tu montres à tout le monde que tu as raté...raté ton achat de montre en tout cas! MDR. Je plaisante bien sûr.

A part ça merci pour ta réponse. Je dois par contre avouer que j'ai constaté que les AD ne traitaient pas de la même manière leurs montres neuves pas encore vendues que celles des clients. Ex.: la plupart mettent des gants (ou plutôt un gant) pour prendre les montres exposées en vitrine et les présenter au client qui le demande, n'est-ce pas? Vous avez déjà vu un AD mettre un gant pour examiner la vôtre de montre? J'ai fait mouche.

Et puisque t'es AD, j'en profite pour te poser une autre question: comment ça marche pour les coûts de la révision? Il y a des AD qui fournissent la facture originale avec les diverses opérations de l'atelier SAV et les prix indiqués dessus. Mais si par ex. la facture originale de la marque indique un prix de 400 euros, combien l'AD aura-t-il payé? Y'a-t-il un forfait AD? Je ne comprends pas où est la marge de l'AD si tu paies 400 euros d'une facture originale qui semble avoir été facturée telle quelle à l’AD.

Je connais un autre AD qui a tout compris: il ne fournit pas la facture originale de la marque, or il fait sa propre facture avec les opérations et les prix notés. Donc là tu ne sais pas combien la marque a facturé l'AD vu que ce n'est pas un devis original du SAV de la marque que tu reçois...

Comment toi procèdes-tu? Quelle la pratique la plus courante chez les AD? La facture-devis originale de la marque ou une facture-devis faite par l’AD?

Un peu, non ??

H2O a écrit:

Et puisque t'es AD, j'en profite pour te poser une autre question: comment ça marche pour les coûts de la révision? Il y a des AD qui fournissent la facture originale avec les diverses opérations de l'atelier SAV et les prix indiqués dessus. Mais si par ex. la facture originale de la marque indique un prix de 400 euros, combien l'AD aura-t-il payé? Y'a-t-il un forfait AD? Je ne comprends pas où est la marge de l'AD si tu paies 400 euros d'une facture originale qui semble avoir été facturée telle quelle à l’AD.

Je connais un autre AD qui a tout compris: il ne fournit pas la facture originale de la marque, or il fait sa propre facture avec les opérations et les prix notés. Donc là tu ne sais pas combien la marque a facturé l'AD vu que ce n'est pas un devis original du SAV de la marque que tu reçois...

Comment toi procèdes-tu? Quelle la pratique la plus courante chez les AD? La facture-devis originale de la marque ou une facture-devis faite par l’AD?

Mine de rien, tu soulèves une bonne question !!!

depuis la loi anti-cartel et la déréglementation voulue par l'UE, à laquelel la Suisse s'est adaptée, les marques n'ont plus le droit de nous imposer un prix public officiel pour les réparations.

Donc, je suis en théorie libre de pratiquer le prix que je veux, à partir du devis établi par la marque, qui ne mentionne qu'un prix recommandé, mais qui ne fournit pas de copie-client.

Pour ma part, je respecte le prix public oficiel, pour déjà une simple et bonne raison: c'est assez cher pour ne pas en remettre une louche.

C'est moi-même qui téléphone les devis aux clients toute l'année, et à chaque fois, je me ronge les intestins pour savoir si je ne vais pas me faire agresser à cause du prix.

D'autre part, let là les marques communiquent mal, les clients demandent souvent : " mais qu'est-ce qu'elle a comme problème ? ".

Lorsqu'il s'agit d'une révision classique, on leur explique que cela se fait en moyenne tous les 6-7 ans pour une automatique et cela passe sans autre.
A 3-4 ans, c'est déjà plus " hard ", et franchement, je trouve qu'un tel délai est un peu court.

Pour revenir aux prix de SAV, je n'ai qu'une marque qui donne une copie client, c'est Breitling. Ils dérogent à la pratique adoptée par toutes autres marques, et c'est tant mieux, parce que sous couvert de stimulation de la concurrence, on a en fait iintroduit l'effet contraire, une plus grande opacité, et des prix fantaisistes demandés aux particuliers.

En revanche, il y a eu une histoire célèbre, que nous avons apprise au cours d'un séminaire organisé par une autre marque, séminaire SAV, un détaillant zürichois qui, pour un devis normalement conseillé à un peu plus de 500 francs suisses, en a demandé en fait plus de 800 au client !!!! un couillu, celui-là

H2O a écrit:

Boogie a écrit:

Ainsi, dans les années '80, les suisses ne juraient que par Ebel, convaincus surtout par la personnalité de P.-A. Blum, un type qui a réussi, et ça, ça plaisait.

Ben dis donc ça a bien changé en 20 ans. Parce qu'avec une Ebel aujourd'hui tu montres à tout le monde que tu as raté...raté ton achat de montre en tout cas! MDR. Je plaisante bien sûr.

A part ça merci pour ta réponse. Je dois par contre avouer que j'ai constaté que les AD ne traitaient pas de la même manière leurs montres neuves pas encore vendues que celles des clients. Ex.: la plupart mettent des gants (ou plutôt un gant) pour prendre les montres exposées en vitrine et les présenter au client qui le demande, n'est-ce pas? Vous avez déjà vu un AD mettre un gant pour examiner la vôtre de montre? J'ai fait mouche.

Perso, je ne mets pas de gants pour montrer les montres, parce que j'ai eu des collègues à qui on a fait des blagues douteuses à ce sujet.

En fait, de nouveau une question intéressante, il faut soigner une montre de stock encore mieux que la peau d'un bébé, je m'explque:
il faut privilégier des chiffons micro-fibres, et surtout, NE PAS TROP FROTTER.

J'ai remarqué d'ailleurs que sur beaucoup de photos postées par notre ami Foversta, les surfaces polies des montres photographiées présentent énormément de traces de micro-rayures, qui sont dues à un frottement énergique au chiffon micro-fibre, au lieu d'y aller tout en douceur.

Dommage pourles pièces présentées, parce qu'il s'agit souvent de montres chères, mais la qualité des photos de François-Xavier est aussi peut-être tellement bonne que l'on voit des détails qui pourraient passer un peu inaperçus aux yeux des clients

Boogie a écrit:

Pour revenir aux prix de SAV, je n'ai qu'une marque qui donne une copie client, c'est Breitling. Ils dérogent à la pratique adoptée par toutes autres marques, et c'est tant mieux, parce que sous couvert de stimulation de la concurrence, on a en fait iintroduit l'effet contraire, une plus grande opacité, et des prix fantaisistes demandés aux particuliers.

Merci pour ta réponse avec une anecdote en plus. Mais concrètement si le client te paie 400 euros pour sa révision avec copie client du devis où c'est bien noté 400 euros, combien toi tu devras payer au SAV de Breitling? En fait, c'est pas le combien qui m'intéresse (ces chiffres ne me regardent pas), mais le comment. La marque te fera payer moins que ce qui est écrit sur la copie client? C'est simplement ça?

Dans ce cas, je reçois deux copies, l'une est la facture établie par Breitling, que je dois leur payer, et l'autre est une copie pour le client, avec le prix public, évidemment un peu plus élevé que celui que je paie.

Ceci dit, les marques considèrent que le SAV est un service à la clientèle, et notre situation est exactement l'inverse de celle des garagistes: on gagne sur la vente, et pas grand-chose sur le SAV, alors que les garagistes ont des miettes sur une vente de voiture, mais ont une rente assurée par les services ...

Pour la montre, il y a le risque AD, mais pour toi c'est pire.
La chute dans l'escalier, la tuile qui tombe du toit, glissade sur crotte de chien, rupture de freins du camion citerne qui explose...

J'espère que tu auras le courage d'informer ton AD que tu vas être très chiant, lui évitant ainsi d'être pris en traitre.

Le Justicier
P.S. : Bravo à la patience de Boogie

le justicier a écrit:

Pour la montre, il y a le risque AD, mais pour toi c'est pire.

Tu n'as rien compris. Je ne considère pas qu'il y a un risque AD, puisque l'AD est une personne de confiance que je peux choisir, voir de mes propres yeux, discuter avec de vive voix, mais je craignais plutôt un risque en SAV. Et en effet, merci à Boogie. Voilà un AD qu'on aimerait rencontrer souvent.