Bonjour
Il y a des journées qui fileraient le bourdon si on n'y prétait pas un peu plus attention... Ce matin, je sors de chez moi et vais chez mon garagiste récupérer ma voiture... Tout va bien car il me dit l'avoir réparée après qu'un ahuri en ait percuté l'avant en faisant une marche arrière à une feu rouge...
La quantité de poussière sur la vitre arrière me fait bètement penser à envoyer un peu de lave-glace mais l'essuie glace ne se met pas en route et pour cause ...il n'y est plus. "Désolé monsieur, c'est le service des occases qui a du le prélever pour le mettre sur une autre voiture..." Bon, il a pris aussi les enjoliveurs, deux Cd, la monnaie dans le cendrier, et le catalogue Breitling qui a passé l'hiver dans la boite à gants et la peau de chamois ramenée des alpages.... Tout ça m'a collé affreusement en retard et voilà qu'un camion me bloque la route avec un gros malotru qui m'explique qu'il travaille et en a pour 20 minutes à tout boucher... une seule sortie : Un sens interdit ... tant pis, personne, j'y vais...
Vous savez que la police ne bougera pas si on vous tombe dessus mais c'est amusant comme elle sait être présente pour verbaliser avec ce plaisir sadique et jubilatoire de la victoire sans risque. "4 points et 90 euros si vous payez sous trois jours monsieur ... c'est la règle."
Oh mon portable ..."Oui, Mosbilo ? oui, je suis en retard mais je ne peux pas faire autrement car j'ai deux ... Oui, je sais que cette réunion est importante mais la rue est fermée et je viens de tenter de prendre un sens interdit pour être à l'heure mais ...OK , je me démerde..."
Il y a dans le cumul des emmerdements, le moment mystérieux où tout se décroche, plus rien n'a d'importance et c'est presque jubilatoire... Le sort s'acharne et pour une raison qu'on ignore , on s'en fout, on est ailleurs, au dessus ... Je l'avoue j'ai décroché en pleine rédaction du PV et j'ai dit à mes deux fliquettes un truc qui tue du style que j'avais plaisir à les voir agir ainsi pour enfin avoir ce goût de la victime qui domine ses bourreaux et peut les plaindre de se complaire dans cette médiocrité de la punition des autres. J'avais lu cela d'un futur guillotiné en 1793...Il expliquait que sa mort lui devenait étrangère et presque jubilatoire car il allait enfin ne plus appartenir au clan des hommes et que la manière dont tournait la société lui faisait préférer l'état de cadavre.
Bon, je vous rassure, je reste vivant mais ces deux fliquettes à 4 points qui vont retrouver leur petit logement et leur odeur de transpiration après une journée à décharger du CO2 pour verbaliser des gens dont elle ne savent rien a quelque chose de jubilatoire quant à sa propre condition qui permis d'éviter de faire ce mètier.
Non, je n'ai pas de haine, je suis juste anesthésié parce que les coup qui ont précédé ce bout de papier ont été plus fort et que le corps comme l'esprit priorisent ce qui est le plus douloureux.
Tenez, vous vous coupez en ouvrant une boite et vous laisez tomber un outil lourd sur votre pied en même temps. La coupure ne créera aucune douleur ... Pour les sentiments, c'est pareil... Entre l'abandon et le reproche, ce dernier est accessoire, indolore aussi vite oublié qu'il a été dit. La petite poussière sur la montre n'est rien au regard de la grosse rayure qui entame la boite. Les 5 secondes d'avances sont fantastiquement dérisoire à coté de la panne ... Tout est dans la mesure de la douleur, du préjudice ou de l'anomalie...
Faites le test... c'est imparable...
Quand mon banquier m'a dit que j'avais perdu 10 000 euros en bourse , j'ignorais encore que ma maison valait deux fois moins cher que son prix d'achat.
Tout ça pourrait ne servir à rien, mais cette lucidité doit nous conduire à nous contenter parfois de ce qu'on a et qui vaut bien plus que ce à quoi on échappe ... Tiens, j'ai une pêche d'enfers !