La précision des produits Affolter

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La précision des produits Affolter rendrait un dentiste jaloux


MACHINES. La 3e génération de la société connue sous ce nom depuis 1927 a su se diversifier en investissant dans la recherche et le développement.




«C'est un travailleur intelligent et inlassable, d'une honnêteté à toute épreuve, d'une rare énergie», disait le certificat de travail décerné en 1915 par Record Dreadnought Watch (Tramelan) à Louis Affolter, son chef de fabrication des pignons. Quatre ans plus tard, ce dernier lançait sa propre affaire, inscrite sous son nom en 1927.

Quant au compliment, il vaut toujours pour la troisième génération - Marc-Alain, directeur général; Jean-Claude, production horlogère; Michel, technique et commercial. Aujourd'hui, le groupe Affolter emploie 100 personnes à Malleray (JU BE) pour un chiffre d'affaires approchant 20 millions de francs, en croissance régulière supérieure à 10% depuis plusieurs années.

Est-ce le fait de s'être frotté longtemps au monde horloger? Toujours est-il qu'il y a une régularité de métronome dans la progression de la société. Son activité de base, la fabrication de pignons, s'est orientée progressivement vers le haut de gamme, qui représente désormais l'essentiel de la production, écoulée notamment chez Rolex, Swatch (UHR.VX) Group et Richemont (CFR.VX).

En 1991, le département qui développait des décolleteuses à commande numérique pour usage interne a été constitué en société séparée, Affolter Electronique SA. Les bâtiments industriels ont quadruplé de surface en dixans et quatre étapes. En 2004, AFManagement a été créé pour centraliser les ressources humaines et les tâches administratives. L'ouverture d'une antenne chinoise est à l'étude. Un contrat de famille a déjà été signé pour anticiper les questions de succession parmi les neuf enfants, bien que celles-ci ne soient pas urgentes vu l'âge moyen des directeurs actuels (une quarantaine d'années).

Difficile de trouver quelque chose à redire dans cette entreprise autofinancée où tout respire le souci de la perfection. Cela va de la performance des moteurbroches dernière génération - un modèle atteignant 500000 tours/minute, plus rapide qu'une fraise de dentiste, est en développement - à la mise en page du site web, en passant par le design des décolleteuses et, bien sûr, la précision des pignons. Certains modèles résultent de tours de force mécaniques dont la concurrence ne peut que rêver.

Ce succès repose en bonne partie sur la capacité de la famille à se remettre toujours en question. Nombre de fabricants jurassiens de pignons, endormis sur leurs lauriers, ont payé très cher les retournements de conjoncture. Rien de tel chez Affolter: ressentant assez tôt le besoin de diversifier ses sources de revenus, la société a fait le pari d'investir dans le perfectionnement de décolleteuses et centres de taillage/microfraisage haut de gamme.

Ses ingénieurs, collaborant notamment avec l'EPFL, maîtrisent aussi bien la mécanique que l'électronique et l'informatique. Une de leurs créations, la CrownT04, gère douze axes numériques simultanément et comporte huit outils transversaux, ainsi qu'une broche de reprise sur table croisée indépendante avec quatre outils frontaux - les spécialistes apprécieront...

S'il y a un défi dans cette diversification, il est au niveau du marketing: «Ce n'est pas le même métier que d'être sous-traitant horloger ou vendeur de machines, dit Marc-Alain Affolter. Les connaissances linguistiques et de marchés sont plus exigeantes dans le second.» Il s'agit aussi de ne pas céder à la passion de l'ingénieur happé par la performance pure, mais de répondre au meilleur prix aux besoins des clients.

Sur ce plan, Affolter a l'avantage d'une longue expérience, qui s'exprime notamment dans la mise à niveau de machines existantes. La maîtrise de ses outils de production lui permet aussi d'améliorer ses marges dans la fabrication de pignons.

Avant d'être sélectionnée parmi les six finalistes du Prix de l'Entreprise romande 2006, Affolter a déjà été récompensée pour la formation des apprentis: avec quelques autres entreprises de la région, elle a mis sur pied une nouvelle filière de polymécaniciens. Elle a également reçu le Prix Famille du Jura bernois en 2005 pour l'intégration des femmes à temps partiel.

Jean-Claude Péclet
Samedi 15 avril 2006

http://www.letemps.ch/template/economie.asp?page=9&article=178998