A la recherche de l'origine de l'horlogerie neuchâteloise
Deux périodes dans le développement de l'horlogerie neuchâteloise
La première période, dont on trouve des manifestations à la fin du XVIe siècle à Neuchâtel-ville (et même beaucoup plus tôt en ce qui concerne les horloges de clocher), s'étend jusque vers 1700. Les artisans, sans grandes relations avec les Montagnes, ne paraissent avoir eu qu'une influence minime sur l'industrie de la deuxième période qui allait prendre naissance à La Chaux-deFonds et au Locle, à partir de 1650. C'est là, en effet, que doit être cherché le véritable berceau de l'horlogerie moderne. Mais comment celle-ci a-t-elle débuté ?
Les horlogers genevois, qui au XVIIe siècle habitèrent Neuchâtel-ville, n'allèrent point s'établir aux Montagnes. Les quelques "Réfugiés" horlogers qui vinrent dans le pays avant et durant la révocation de l'Édit de Nantes n'ont pas non plus, semble-t-il, déterminé l'éclosion de l'industrie nouvelle dans les Montagnes et au Val-deTravers, car avant 1700, il n'y a aucun indice de leur activité en dehors du chef-lieu.
Toute influence directe de la Suisse allemande, du Pays de Vaud ainsi que de l'ancien Evêché de Bâle (Erguel et Franches-Montagnes) doit aussi être écartée, les recherches faites à ce sujet ayant été négatives. Au XVIIIe siècle, au contraire, toutes ces régions seront à l'école des Montagnards neuchâtelois.
Les rapports de voisinage développe l'artisanat à Neuchâtel
Restent le pays de France, la Bourgogne, la Franche-Comté, le Montbéliardais, peut-être l'Alsace et la Lorraine ou même la lointaine Allemagne. Est-ce de l'une ou de plusieurs de ces contrées que la pendulerie neuchâteloise aurait reçu les premières impulsions?
Dès une époque très ancienne, les relations de voisinage et d'intérêts ont été très fréquentes entre la Bourgogne, la Franche-Comté et le pays de Neuchâtel. Besançon, en particulier, fut dès le XIIIe siècle, en tout cas, en relations étroites avec Neuchâtel, comme elle l'était aussi avec les villes vaudoises de Nyon, Morges, Lausanne et avec Genève.
Malgré les troubles de la Réformation et de la contre-Réformation, ces relations de voisinage continuèrent à subsister, quoique beaucoup moins nombreuses.
La guerre de Trente ans et les deux conquêtes successives de la province par Louis XIV (1668 et 1674) causèrent à la Franche-Comté les plus grands maux. De nombreux habitants allèrent chercher un asile à l'étranger et surtout en Suisse : dans les Pays de Vaud et de Neuchâtel, en particulier. Beaucoup de ces réfugiés déposèrent auprès des autorités ou chez des particuliers leur argent, leurs titres, leurs parchemins, les vases sacrés, les ornements sacerdotaux et les cloches elles-mêmes de leurs églises. On trouve dans les archives des communes franc-comtoises la preuve de toutes ces précautions, soit par les délibérations qui les prescrivent, soit par les reçus des commissaires chargés de conduire en Suisse ces différents objets ou de les en ramener.
La paix de Westphalie (1648) avait assuré pendant quelque temps la tranquillité de la Franche-Comté. Ses habitants purent réparer promptement les malheurs de la guerre et en 1665, déjà, on voyait les marchés et les foires, que fréquentaient entre autres les Neuchâtelois, aussi prospères que jadis. Au XVIIe siècle, le nom de Bourguignon se trouve continuellement dans les relations de la Principauté de Neuchâtel avec les régions voisines. Mais à cette époque, il s'appliquait aussi bien aux Francs-Comtois qu'aux Habitants de la Bourgogne proprement dite.
Même pendant la période troublée qui marque l'annexion définitive de la Franche-Comté à la France, les relations de voisinage subsistèrent. Elles se refroidirent, il est vrai, après la révocation de l'Édit de Nantes et à la suite des troubles suscités par la succession à la Principauté et sa dévolution au roi de Prusse en 1707. Pendant cette période, il ne fut pas toujours facile aux Neuchâtelois de voyager et de s'établir en Bourgogne et en Franche-Comté, mais ils n'en continuèrent pas moins à se rendre nombreux dans ces contrées. C'est que depuis la Réformation une curiosité naturelle portait les Neuchâtelois à voyager dans les pays étrangers et à s'adonner à la recherche de toutes sortes d'arts et de sciences. Mais plus souvent encore, ils allaient demander à l'étranger le gagne-pain que le sol ingrat des Montagnes et le peu de développement de l'industrie et du commerce dans le pays ne pouvaient leur donner.
C'est par centaines que les gens du Val-de-Travers, du Val-de-Ruz et des Montagnes émigraient chaque printemps, se rendant en Franche-Comté, en Bourgogne, en Alsace et en Lorraine même, pour y exercer le métier de maçon, de charpentier, de menuisier, etc. C'est enfin aux foires de Besançon, de Gray, de Vesoul, de Saint-Claude et de Maiche que les Montagnards allaient vendre ou acheter une bonne partie de leurs chevaux et da leur bétail. Beaucoup s'établirent en France pour un temps plus ou moins long et tous rapportèrent à leur retour au pays les usages, les modes et surtout le goût de ce qui était d'outre-Jura.
Contrairement à ce que l'on pourrait se figurer, les Neuchâtelois du XVIe et du XVIIe siècle étaient donc loin d'être casaniers et ne se faisaient pas faute, au contraire, de courir le monde. Nombreux furent les Montagnards qui apprirent à connaître les contrées voisines et eurent l'occasion d'y étudier les arts et métiers où souvent ils se perfectionnèrent.
Au point de vue artistique et industriel, la Franche-Comté n'a jamais joué un rôle prépondérant. II n'en est pas de même de la Bourgogne qui, sous l'influence des Flandres, vit fleurir au temps de ses ducs une civilisation originale et se développer tous les arts de luxe qui entourent une cour brillante. Dès le moyen âge, ils y furent exercés. A côté d'artisans de toutes catégories : canonniers, armuriers, fondeurs, serruriers, architectes, orfèvres, graveurs, brodeurs, peintres, sculpteurs, tourneurs, etc., l'on trouve aussi à partir du XIVe siècle déjà, quelques horlogers.
WT
et cette carte interessante
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=16&ref_id=15341&page=thematiques/visage_industriel_2009/vi09_chap3.4_zoom.htm
Edit J92 : je supprime la dernière phrase un peu aggressive