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L'incompréhensible bataille de la Comco contre Swatch
Swatch Group ne manque pas d'arguments pour se défendre contre l'enquête lancée à l'égard d'ETA par l'autorité anticartellaire. Des éléments de bon sens, économiques, structurels. Et concurrentiels même.
Comme il semble désormais de coutume dans une longue série de décisions peu compréhensibles, la Commission de la concurrence (Comco) n'aura peut-être rien à redire à la fusion d'Orange et de Sunrise. Elle n'avait pas davantage bronché, ou à peine, lors des nombreuses fusions et acquisitions intervenues dans le secteur de la grande distribution. Idem pour la reprise des activités suisses du groupe Edipresse par Tamedia.
On s'interrogerait donc d'autant plus si elle décidait de sévir dans le cadre de son enquête contre la manufacture horlogère ETA, filiale et bras industriel de Swatch Group, pour un éventuel abus de position dominante. Tant le dossier paraît vide. Après une procédure initiale de près de onze mois, l'autorité de la concurrence a débuté une enquête formelle le 9 septembre dernier, qui devrait encore durer environ neuf mois. Quatre experts y travaillent. Des effectifs assez conséquents par rapport aux autres investigations.
Rappelons qu'elle tire son origine d'une hausse des prix décidée en novembre 2008 par ETA, de 8 à 12% sur certains de ses produits, ainsi que de nouvelles conditions de paiement (suppression des 3% d'escompte).
A première vue, ce combat horloger peut paraître futile. Il n'en est pourtant rien. Il s'agit même de la clé de voûte de toute l'industrie. Son miroir en quelque sorte. Car aucun horloger suisse ou presque n'est entièrement, à 100%, indépendant, même si Rolex ou encore Patek Philippe y travaillent assidûment. Tous doivent passer par un des pôles industriels de Swatch Group, qu'il s'agisse des mouvements, des ébauches de mouvements, ou encore des différents organes réglants. L'enquête de la Comco porte sur les mouvements mécaniques. Une investigation toutefois complètement inutile. Et cela pour un florilège de raisons.
Quelques chiffres pour se rendre compte des enjeux et de la réalité. La Suisse produit bon an mal an cinq millions de montres mécaniques (sur un total de 26 millions). Soit autant de mouvements de ce type. On ne connaît pas les chiffres précis des différents producteurs de mouvements, vu la légendaire discrétion des horlogers. Il est toutefois possible de procéder à des estimations, validées par plusieurs professionnels. Sur ces cinq millions de mouvements, ETA en produirait 2,73, Sellita (La Chaux-de-Fonds) environ 1 million et Rolex (Bienne) quelque 770 000. Entre les différents producteurs indépendants comme Dubois Dépraz, Lajoux Perret, Soprod et les marques Audemars Piguet, Girard-Perregaux, etc., ainsi que certaines entités du groupe Richemont (et beaucoup plus marginalement LVMH), environ 400 000 mouvements seraient élaborés annuellement. Le conflit ne porte donc que sur 55% de la production totale. Peut-on dès lors parler de monopole? /BBU
http://www.arcinfo.ch/journal/economie/article/229925/lincomprehensible_bataille_de_la_comco_contre_swatch.html