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Sujet: Actu : Combier, il regarde passer le temps Mar 27 Juil 2010, 07:40
Citation :
Ne cherchez plus les wagons remplis de glace, comme autrefois. Ni ceux de bois, devenus anecdotiques. On voyage dans de nouvelles rames Domino, dernier cri, silencieuses. «C’est tellement paisible», murmure un pendulaire lausannois, alors que le lac Brenet scintille aux premiers rayons du soleil. Le train a quitté Vallorbe quinze minutes plus tôt et débouche enfin sur la vallée de Joux, à 1000 mètres d’altitude.
Le train est calme, presque vide. Pourtant, quelque 850 voyageurs circulent chaque jour sur ces rails, selon Travys, la société qui exploite la ligne. Qui sont-ils? Très peu de pendulaires, en tout cas. Les quelque 6000 employés de la région affluent par la route, vers les Jaeger-Lecoultre, Audemars Piguet et autre Breguet. Les grandes entreprises horlogères, moteur de la région, absorbent près de 75% de la main-d’œuvre. Dont la moitié d’origine française. Or, aucune ligne ferroviaire ne dessert ces 3000 frontaliers. Les entreprises utilisent donc leurs propres bus ou encouragent le covoiturage. Le jeune député Nicolas Rochat (PS) se bat au Grand Conseil pour renforcer la ligne depuis Lausanne et la prolonger jusqu’à Pontarlier, en France. Mais les discussions s’éternisent entre autorités des deux pays. Pour Audemars Piguet, la provenance des employés est trop diffuse et la voiture bien plus rapide. Alors, qui emprunte chaque jour cette ligne? Les quelques Combiers (habitants de la Vallée) présents dans le compartiment sont unanimes. C’est entre 6h et 7h que le train est bondé, pris d’assaut par les étudiants. Un tiers des voyageurs se rendent à l’école secondaire du Sentier, selon Daniel Reymond, directeur de Travys. Les plus âgés descendent au gymnase à Yverdon, ou montent à l’Ecole technique du Sentier, la seule école d’horlogerie du canton de Vaud. En ce mois de juillet, la nouvelle rame qui longe le lac est désertée. Au dehors, les épicéas filtrent les rayons de soleil devant les flots du lac. Malgré ses charmes enchanteurs, la Vallée mise peu sur son tourisme, essentiellement suisse alémanique. Il engendre moins de 5% du PIB de la région. «Il passe donc au second plan, après l’horlogerie», regrette la syndique de la commune du Chenit, Jeannine Rainaud.
L’horlogerie, justement, a besoin du train. Pas pour ses produits qui ne circulent qu’en camion, mais pour des raisons politiques. Sans transport public régulier – «un par heure au minimum» – la Vallée ne pourrait être classée Pôle de développement économique par le canton, explique la syndique. Sa croissance en pâtirait. «C’est aussi une question d’équilibre. Le train permet de maintenir la population à 6000 habitants et de faire venir des voyageurs, qui font tourner les commerces. Sans cela, les entreprises quitteraient la Vallée», dit Eric Duruz, directeur de l’Association pour le développement des activités économiques de la vallée de Joux. Or, l’économie combière représente 10% du PIB du canton, rappelle Nicolas Rochat. «Les autorités s’inquiètent de la mobilité dans les agglomérations, mais elles ne doivent pas oublier la Vallée», insiste-t-il. Financée par la Confédération et le canton, la ligne enregistre un taux d’occupation d’environ 30 à 40%, «comme les transports publics lausannois, affirme le directeur de Travys. Un bon résultat pour une ligne régionale», précise-t-il. Le train achève sa route dans la nouvelle gare du Brassus, hangar métallique qui contraste avec la douceur des champs environnants. Prochaine rénovation? «La gare du Day», espèrent tous les Combiers qui doivent changer de train dans cette (triste) halte CFF proche de Vallorbe lors du parcours entre Lausanne et la Vallée. «Avec une ligne directe, on ne gagnerait pas beaucoup de temps, à peine 5 minutes, mais beaucoup de confort», précise Daniel Reymond. Un confort qui pourrait convaincre quelques travailleurs de l’Arc lémanique d’abandonner leur voiture au profit de la quiétude du train.
_________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
FIJAC Membre Hyper actif
Nombre de messages : 645 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 08/01/2009
Sujet: Re: Actu : Combier, il regarde passer le temps Mar 27 Juil 2010, 08:29
ZEN a écrit:
Citation :
Ne cherchez plus les wagons remplis de glace, comme autrefois. Ni ceux de bois, devenus anecdotiques. On voyage dans de nouvelles rames Domino, dernier cri, silencieuses. «C’est tellement paisible», murmure un pendulaire lausannois, alors que le lac Brenet scintille aux premiers rayons du soleil. Le train a quitté Vallorbe quinze minutes plus tôt et débouche enfin sur la vallée de Joux, à 1000 mètres d’altitude.
Le train est calme, presque vide. Pourtant, quelque 850 voyageurs circulent chaque jour sur ces rails, selon Travys, la société qui exploite la ligne. Qui sont-ils? Très peu de pendulaires, en tout cas. Les quelque 6000 employés de la région affluent par la route, vers les Jaeger-Lecoultre, Audemars Piguet et autre Breguet. Les grandes entreprises horlogères, moteur de la région, absorbent près de 75% de la main-d’œuvre. Dont la moitié d’origine française. Or, aucune ligne ferroviaire ne dessert ces 3000 frontaliers. Les entreprises utilisent donc leurs propres bus ou encouragent le covoiturage. Le jeune député Nicolas Rochat (PS) se bat au Grand Conseil pour renforcer la ligne depuis Lausanne et la prolonger jusqu’à Pontarlier, en France. Mais les discussions s’éternisent entre autorités des deux pays. Pour Audemars Piguet, la provenance des employés est trop diffuse et la voiture bien plus rapide. Alors, qui emprunte chaque jour cette ligne? Les quelques Combiers (habitants de la Vallée) présents dans le compartiment sont unanimes. C’est entre 6h et 7h que le train est bondé, pris d’assaut par les étudiants. Un tiers des voyageurs se rendent à l’école secondaire du Sentier, selon Daniel Reymond, directeur de Travys. Les plus âgés descendent au gymnase à Yverdon, ou montent à l’Ecole technique du Sentier, la seule école d’horlogerie du canton de Vaud. En ce mois de juillet, la nouvelle rame qui longe le lac est désertée. Au dehors, les épicéas filtrent les rayons de soleil devant les flots du lac. Malgré ses charmes enchanteurs, la Vallée mise peu sur son tourisme, essentiellement suisse alémanique. Il engendre moins de 5% du PIB de la région. «Il passe donc au second plan, après l’horlogerie», regrette la syndique de la commune du Chenit, Jeannine Rainaud.
L’horlogerie, justement, a besoin du train. Pas pour ses produits qui ne circulent qu’en camion, mais pour des raisons politiques. Sans transport public régulier – «un par heure au minimum» – la Vallée ne pourrait être classée Pôle de développement économique par le canton, explique la syndique. Sa croissance en pâtirait. «C’est aussi une question d’équilibre. Le train permet de maintenir la population à 6000 habitants et de faire venir des voyageurs, qui font tourner les commerces. Sans cela, les entreprises quitteraient la Vallée», dit Eric Duruz, directeur de l’Association pour le développement des activités économiques de la vallée de Joux. Or, l’économie combière représente 10% du PIB du canton, rappelle Nicolas Rochat. «Les autorités s’inquiètent de la mobilité dans les agglomérations, mais elles ne doivent pas oublier la Vallée», insiste-t-il. Financée par la Confédération et le canton, la ligne enregistre un taux d’occupation d’environ 30 à 40%, «comme les transports publics lausannois, affirme le directeur de Travys. Un bon résultat pour une ligne régionale», précise-t-il. Le train achève sa route dans la nouvelle gare du Brassus, hangar métallique qui contraste avec la douceur des champs environnants. Prochaine rénovation? «La gare du Day», espèrent tous les Combiers qui doivent changer de train dans cette (triste) halte CFF proche de Vallorbe lors du parcours entre Lausanne et la Vallée. «Avec une ligne directe, on ne gagnerait pas beaucoup de temps, à peine 5 minutes, mais beaucoup de confort», précise Daniel Reymond. Un confort qui pourrait convaincre quelques travailleurs de l’Arc lémanique d’abandonner leur voiture au profit de la quiétude du train.