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 Interview de Jean-Claude BIVER Président de HUBLOT

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ZEN
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MessageSujet: Interview de Jean-Claude BIVER Président de HUBLOT   Interview de Jean-Claude BIVER Président de HUBLOT EmptyVen 29 Sep 2006 - 16:22

Les I interviews exclusives
Proposées par Joël JIDET



Interview de Jean-Claude Biver
Président de HUBLOT


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Jean-Claude BIVER



Moins d’un an et demi après avoir pris la tête de Hublot, Jean-Claude Biver a réussi à propulser sa marque sur le devant de l’actualité horlogère, à revoir le design de ses montres, à lancer une chaîne de télévision et à être omniprésent dans les médias.

Jean-Claude Biver, merci d’avoir accepté de répondre à cette interview et d’éclairer de vos réponses la curiosité que la marque que vous présidez suscite.
Une première question me vient à l’esprit. Pourquoi avoir quitté l’univers de marques dont la notoriété était installée comme Audemars Piguet ou Omega pour présider à la destinée d’une marque qui il y a deux ans encore restait assez confidentielle ?


C’est le hasard de la jeunesse et de l’ambition. En tant que jeune cadre j’avais des ambitions, des illusions et beaucoup d’ambition. C’est la raison pour laquelle j’ai quitté tout d’abord Audemars Piguet à l’orée de mes 30 ans (et après y avoir travaillé pendant près de 4 ans). Et j’ai quitté Omega en 1981 pour racheter avec Jacques Piguet la marque Blancpain, en sommeil depuis près de 30 ans. En effet nous n’avions acheté que le droit au nom, car il n’y avait bien entendu plus de fabrique, outils, collection, production, collection, personnel, etc. Et ce depuis presque 30 ans. C’était en somme une marque éteinte dont plus personne ne se souvenait.

Vous aviez piloté la renaissance de Blancpain dans les années 80 et cette fois vous avez donné un nouvel essor à Hublot. Votre appétit est-il orienté vers les marques en voie de renaissance ou est-ce que ce sont les hasards de votre carrière qui vous ont conduit dans ces défis horlogers ?

J’ai toujours éprouvé beaucoup de plaisir à développer soit un produit, soit une marque. Je suis de ce fait plutôt un « faiseur » que quelqu’un qui gère un acquis. J’en conviens, il faut les deux types de managers dans le tissu industriel. Mais moi je me sens un peu plus à l’aise dans la renaissance et la conquête. Et surtout j’y éprouve plus de plaisir.

Le design de la collection Hublot a beaucoup évolué en quelques mois et certains reconnaissent une certaine esthétique qui évoque la Royal Oak d’Audemars Piguet.
Est-ce selon vous la conséquence de votre passage dans cette manufacture, simplement une tendance dans le design des montres ou un style propre à Hublot et dans ce cas qu’est-ce qui le singularise ?


La forme de la première Hublot de 1980. Elle a été l’œuvre de Monsieur Carlo Crocco. C’est aussi lui qui a eu l’idée d’appeler cette montre (dont la forme était inspirée d’un hublot) « Hublot ». Et aussi et surtout de la « fusionner » avec un bracelet caoutchouc. C’était une idée géniale et certainement la première fusion de l’histoire horlogère. D’ailleurs, c’est une idée qui a fait son chemin depuis, car de Breguet à Swatch, toutes les marques ont depuis lors introduit le caoutchouc comme un standard ou presque. La forme de la Big Bang (si on veut se donner la peine de regarder et de comparer avec le modèle de 1980) n’est rien d’autres qu’un fabuleux développement de la version de 1980. En d’autres termes, si Monsieur Crocco avait fait évoluer son dessin original de 1980 année après année, il serait arrivé tout naturellement et simplement à Big Bang. Cette montre est donc l’évolution d’une ADN de 1980 avec un enrichissement dans la « fusion » des matières, une nouvelle forme de construction (construction sandwich) et une dimension (44,5mm pour la plus grande) au goût du jour.

Interview de Jean-Claude BIVER Président de HUBLOT Hublotbigbangdtail
Détails de la Big Bang


Vous avez opté notamment pour les modèles « Big Bang » et « Mag Bang » pour des mariages de matériaux aussi divers que l’acier, le titane, la céramique, le kevlar, le carbone, le magnésium ou encore le caoutchouc et j’en passe. Que vous apporte ces matériaux ?

Ce sont des matériaux du futur. Des matériaux que vous trouvez dans la High Tech tel que les disques en céramique des freins des Formule1 ou le Kevlar des bateaux de l’America’s Cup, etc. Il est donc évident pour nous de faire aussi appel à ces matériaux pour nos montres car nous ne voyons pas pourquoi nous devrions rester bloqué sur l’or ou l’acier ? Non, nous avons l’ambition d’être et d’appartenir à la montre de demain, de séduire de jeunes gens avec des idées et des visions moderne. Il y a par contre, un grand nombre de très belles marques qui offrent heureusement toujours des modèles traditionnels.

Interview de Jean-Claude BIVER Président de HUBLOT HublotbigbangcloseupbackandfacepublInterview de Jean-Claude BIVER Président de HUBLOT Hublotbigbang301b31

La Big Bang Icône de la marque HUBLOT



Vous prêchez pour l’allégement des montres et le recours aux matériaux optimisant les gains de poids. On voit également d’autres marques qui s’orientent dans ce sens. Qu’est-ce qui vous persuade que cette voix est la meilleure ?

Je ne prétends pas que notre voie est la meilleure. Toutes les voies sont bonnes pour autant qu’elles aient leurs clients ou leur marché. Je prétends simplement qu’il existe une clientèle que souhaite regarder vers le 21ème siècle et qui se passionne pour les innovations et les interprétations en harmonie et symbiose avec leur siècle et leur génération.


Le prix des Hublot a sensiblement évolué et la collection se veut davantage dans une logique de mode qu’elle ne l’était dans les années 80 ou 90. Ne craignez-vous pas que les modèles ne soient d’un style très « marqués » début des années 2000 et que tant les designs que les matériaux de haute technologie ne subissent les conséquences d’effets de mode?

Hublot était déjà très typé en 1980. Et le modèle n’a pas changé, mais évolué. Nous avons donc la preuve que le modèle résiste aux attaques de la mode, pour autant que nous réussissions à le maintenir dans le courant du temps. C’est un peu comme la 911 de Porsche. La forme de base n’a pas changé, mais son évolution s’est constamment adaptée à la nouvelle technologie et au goût ou trend du temps.

Interview de Jean-Claude BIVER Président de HUBLOT HublotEvolutioncopie
Evolution du design des modèles de la collection



D’une manière plus générale et au-delà de Hublot quel est votre sentiment sur les tendances actuelles des designs horlogers qui s’orientent vers des montres de plus grand diamètre, plus épaisses. Pensez-vous que cette tendance va perdurer sur le long terme ?

Aucun trend ne dure « pour toujours », sinon ce n’est plus un trend. Mais je pense que les grandes montres vont encore durer une demi génération au moins. En effet, il est difficile de porter une montre petite lorsque l’on a été habitué à une montre grande. Je pense donc que les personnes qui portent aujourd’hui des montres grandes ne reviendront pas vers des petites. Mais la génération suivante peut-être.


Y a-t-il dans le paysage horloger d’autres marques que Hublot que vous rêveriez de diriger aujourd’hui ?


Qui n’aimerait pas diriger des temples comme Breguet ou Patek ? Mais je suis passionné de Hublot et j’ai la marque dans mon sang, mes poumons et mon cœur. Et je ne rêve qu’à élever Hublot là où il appartient.


On trouve chez Hublot peu de modèles à quartz. Quelles sont vos sources d’approvisionnement en calibres et envisagez-vous de développer vos propres mouvements ?


Oui, nous avons des Hublot à quartz. Hublot n’est pas un intégriste du mécanique comme j’ai pu l’être à l’époque de Blancpain. Nous offrons donc l’alternative. Et il y a beaucoup de femmes, quoiqu’on dise qui préfèrent encore le quartz. Nous achetons la plupart de nos mouvements chez le meilleur fabricant de mouvements au monde ! Et nous essayons de développer de plus en plus de mouvements spéciaux, mais en petite série chez nous. A cet effet, nous venons d’acquérir une Mikron a 5 axes et allons encore en rentrer 4 autres dans les deux ans qui viennent. C’est pour cette raison que nous construisons une nouvelle fabrique de 3000m2 à quelques mètres de notre fabrique d’aujourd’hui.


Hublot a présenté un Chronographe tourbillon le « Bigger Bang » qui fait appel aux technologies les plus sophistiquées. C’est indispensable pour la notoriété d’une marque de présenter un tourbillon dans ses collections ?

C’est indispensable de présenter, lorsqu’on s’appelle Hublot et que l’on veut être la référence en matière de « fusion », des mouvements qui sont issus et imprégnés de « fusion ». Que ce soit un tourbillon ou une répétition minutes ou quantième perpétuel ne joue en soit pas un rôle déterminant.

Interview de Jean-Claude BIVER Président de HUBLOT Hublottourbillonwhitegold
Tourbillon Hublot en or blanc


Quels sont les marchés sur lesquels Hublot est aujourd’hui le mieux placé et quels sont ceux à la conquête desquels vous allez engager votre action ?

Nous sommes toujours très présents en Espagne ou nous arrivons encore et toujours à développer notre part du marché. Je pense que nous devons être la 3ème ou 4ème plus grande marque de luxe dans ce pays (derrière Rolex, Omega et peut-être Cartier ?). Nous sommes aussi redevenus très forts aux USA où avec nos 20'000'000 $ de chiffre d’affaires, nous appartenons au peloton de tête, ainsi qu’au Japon. Par contre nous ne sommes pas présents en Inde, en Chine et peu présent en Russie et Pays de l’Est.


Comment voyez-vous les années à venir dans l’horlogerie ? Pensez-vous que l’on va assister comme beaucoup le disent à des recompositions de pôles horlogers et des marques qui passent d’un groupe à l’autre et que ces jeux de Monopoly profitent aux marques ?

Les pôles horlogers existent déjà et je peux m’imaginer qu’ils vont encore devenir plus grands. Je pense notamment au plus grand d’entre eux, Swatch Group et je peux m’imaginer que ce groupe va encore devenir considérablement plus fort. Par contre les petites marques privées vont devoir exceller dans leurs niches et se démarquer ainsi des marques appartenant aux grands groupes. Si elles y arrivent, elles auront un bel avenir, sinon elles vont sombrer ou se faire racheter. Le marketing de niche est merveilleux, car une niche est par définition petite et particulière. Cela permet en conséquence de faire des objets et des choses particulières et spéciales. Des objets qui s’adressent à quelques privilégiés. C’est en cela que le concept de « fusion » que nous offre la Big Bang reste pour quelques uns seulement et c’est à cause de cela que vous devez aussi attendre pour avoir ce produit. En quelque sorte c’est une vraie spécialité que l’on doit repérer et ensuite attendre pour se l’offrir. C’est aussi cela la vision du luxe



Qu’est-ce qui est le plus important pour faire le succès d’une montre selon vous, un bon design, un bon mouvement ou un bon marketing ?

Heureusement TOUT ! Il est impossible aujourd’hui de construire un succès durable, si nous n’avons pas maîtrisé tous les ingrédients qui le composent. Le produit, la qualité, la distribution, la communication, etc. tout doit être en harmonie et tout doit être parfaitement maîtrisé. Sinon on n’aura au mieux qu’un succès éphémère.



Quel est votre sentiment quant au développement d’internet dans le cadre de l’horlogerie ? Les marques font-elles selon vous assez d’efforts pour y être présentes et les ventes par internet de montres neuves sont-elles susceptibles de se développer dans la haute horlogerie ?

Je n’ai pas d’avis sur ce que font ou ne font pas les marques sur internet. Et je m’en soucie assez peu. Il n’empêche que internet est un moyen de communication et d’échange que l’on ne peut ignorer.




Monsieur Biver, merci infiniment de vos réponses au nom des lecteurs de Forumamontres et de Worldtempus

Interview réalisée le 23 septembre 2006 - Tous droits réservés -Reproduction interdite

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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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