Les montres de poche courantes
Ce guide a pour but de répertorier, de manière générale et non exhaustive, les modèles les plus courants de montres de poche.
J'ai mis des photos de nombreuses montres, ainsi qu'un commentaire pour chacune, donnant des informations sur le matériau, la période de production approximative, les particularités, le style,... Cela permettra, je l'espère, de renseigner ceux qui sont en possession de montres similaires et qui souhaitent en savoir plus.
Toutes les photos ont été faites par mes soins ; les montres photographiées font ou on fait partie de ma collection.
Vous trouverez, ci-dessous, de nombreuses montres populaires, ainsi que quelques montres plus intéressantes réservées à l'époque à une catégorie sociale relativement aisée (montres à verge, montres à complications, quantièmes, sonnerie...). Cependant, ces dernières se trouvent encore sans trop de difficulté de nos jours, ce qui explique pourquoi j'en parle dans ce guide consacré aux montres courantes. Toutes les montres présentées ici ont une valeur inférieure à 1000 euros.
Les montres populaires sont celles que l'on retrouve en abondance lors des vides greniers par exemple. Il s'agit, en fait, des montres de « monsieur tout le monde ». Peu chères, elles étaient assez robustes et la plupart fonctionnent encore aujourd'hui. Ces montres sont en général d'un intérêt horloger limité, mais leur valeur sentimentale est parfois très grande (dans le cas de montres de nos ancêtres par exemple). Voilà pourquoi j'ai décidé de rédiger ce guide : ces montres, dont un nombre énorme d'exemplaires fut produit, font partie intégrante de l'horlogerie, et il serait dommage de les ignorer. Je ne dis pas qu'il faut les collectionner, mais simplement qu'il ne faut pas ignorer qu'elles ont existé.
Différents types de boîtes furent employés. Tout d'abord, il faut distinguer la boîte « savonnette » de la boîte type Lépine. Les boîtes savonnettes possèdent un couvercle plein des deux côtés : il faut donc ouvrir celui qui cache le cadran (généralement en pressant sur la couronne) pour lire l'heure. Les boîtes de type « Lépine » sont les plus courantes. Le cadran est simplement protégé par un verre, ce qui facilite la lecture de l'heure.
Plusieurs matériaux furent utilisés. On retrouve des boîtes en acier (soit poli, soit bruni), en argent (parfois agrémenté de jolies ciselures), en argentan (alliage imitant l'argent), et parfois en or.
De manière générale, il est intéressant d'effectuer la distinction entre les montres qui se remontent à l'aide d'une clé, et celles qui se remontent par couronne. Cela permet en effet d'avoir une idée approximative de l'époque de la montre.
Les montres à clé sont les plus anciennes. Elles sont apparues au XVIIe siècle.
Les montres à remontoir sont apparues progressivement au milieu du XIXe, mais leur utilisation ne se généralisa qu'au début du XXe. Il y a donc eu, pendant plusieurs décennies, une cohabitation entre ces deux types de remontage.
Leur précision était plus ou moins bonne, en fonction du type d'échappement utilisé. C'est ce critère qui est à la base de la plupart des classifications suivantes.
1. Les montres à cylindre
Les montres dotées d'un échappement à cylindre sont les plus courantes. Il s'agit d'un échappement peu coûteux à fabriquer, mais il a le désavantage d'occasionner de nombreux frottements. Sa précision est donc généralement moyenne : il n'est pas rare d'avoir une dérive de plus d'une minute en 24 heures (bien évidemment, des exceptions sont toujours possibles).
Quelques exemples de montres à cylindre :
Montre en argentan, vers 1890-1900. Cadran décoré de feuillages polychromes. Boîte également décorée de motifs végétaux. Ces éléments permettent de dater la montre de l'époque Art-Nouveau (1880-1914).
Montre à clé en argent, vers 1880-1890. Cheval ciselé au dos.
Montre en argent manufacturée par Tribaudeau à Besançon, vers 1890-1900.
Petite montre pour dame (dite « montre de col ») d'un diamètre de 30 mm, en argent. Comme souvent, on retrouve un décor végétal sur la boîte. Vers 1890-1900.
Montre à clé en argentan, vers 1900.
Montre en vermeil (argent partiellement recouvert d'or rose), vers 1900-1910. Fond guilloché.
Montre de col en or, vers 1890-1900, signée Lefebvre à Charleroi. Fond guilloché et ciselé.
Montre de col en argent niellé (alliage d'argent, de plomb et de soufre), avec sa chaîne d'origine. Vers 1890-1900.
Montre en argent, vers 1900-1910. Décor équestre au dos. Mouvement de qualité très basique, avec peu de rubis.
Montre à clé en laiton, vers 1880. Boîte et cadran richement décorés.
Montre en vermeil, vers 1900. Scène équestre joliment ciselée à l'arrière.
Montre en laiton, vers 1860-1880. Cadran polychrome. Il s'agit d'un modèle de transition entre les montres à clé et à couronne.
Petite montre en argent à clé, avec une surboîte et une châtelaine filigranés. Vers 1870-1880.
Montre dite « de veuve » manufacturée par Charles Oudin, élève de Bréguet, palais royal n°52. Boîte en bois. Vers 1850. Charles Oudin s'enrichit grâce à sa production de montres de veuve, qui devinrent à la mode au milieu du XIXe siècle.
2. Les montres à échappement à chevillesL'échappement à chevilles fut inventé par Roskopf au XIXe siècle. Il s'agit d'un échappement robuste et peu coûteux. Cette invention permit de démocratiser considérablement les montres de poche, ce qui explique pourquoi on en retrouve tant aujourd'hui. Son tic-tac puissant, un peu comme les réveils mécaniques, est caractéristique. Niveau précision, encore une fois, il ne faut pas s'attendre à quelque chose d'exceptionnel.
Les boîtes sont très souvent en métal. Parfois, le fond possède une gravure (en général un train, mais d'autres décors plus ou moins originaux ont également existé).
Certains collectionneurs s'intéressent uniquement aux montres Roskopf, en raison de la grande diversité des décors.
Il existe également des modèles avec des cadrans décorés.
Cependant, on retrouve plusieurs qualités de mouvements au sein des montres Roskopf.
Montre GRE ROSKOPF, ce qui signifie « Genre Roskopf ». Il s'agit en fait d'une fausse d'époque. L'inscription « genre » était vraisemblablement une astuce pour ne pas avoir d'ennuis. Cadran et fond décorés d'une locomotive. Mouvement de qualité extrêmement basique, sans aucun rubis. Boîte en laiton chromé. Vers 1910-1930.
Montre Roskopf en acier, vers 1910-1930. Fond lisse, avec juste la signature au centre. Mouvement de meilleure qualité que le précédent.
Montre F.E. ROSKOPF (Fritz Edouard Roskopf) en acier, pour le marché belge. Le fond est gravé des neuf provinces de l'époque. Vers 1910.
Certains modèles (les Louis Roskopf principalement) étaient même accompagnés de certificats en papier.
Montre atypique en acier avec mouvement Roskopf. Les aiguilles tournent dans le sens anti-horloger ! Vers 1910-1920.
3. Les montres à échappement à ancrePlus chères que les montres décrites précédemment, elles étaient cependant accessibles pour la plupart des bourses. Bien révisées et réglées, elles peuvent s'avérer assez précises. Au XXe siècle, l'échappement à ancre s'imposa en raison de ses nombreuses qualités et finit par détrôner le cylindre. C'est l'échappement le plus répandu encore actuellement dans les montres-bracelet.
Montre savonnette en argent, vers 1880. Mouvement soigné.
Montre Moeris en argent, vers 1920-1930. Cadran noir, certains chiffres sont recouverts de radium. Pour le marché anglais.
Montre anonyme en argent, pour le marché anglais. Vers 1910-1920.
Montre américaine Elgin, en argent. Mouvement de bonne qualité avec chatons. Les Américains produisirent en masse des montres de qualité, ce qui fait le bonheur des collectionneurs actuellement. Elles sont en effet abordables et pas trop difficiles à trouver. Cadran décoré de cartes. Vers 1900-1920.
Montre « mi chronomètre » en laiton chromé, vers 1900-1910. Le mouvement possède un chaton central.
Montre savonnette en argent niellé, vers 1920-1930. Motif géométrique typique de l'époque Art-Déco.
Montre en argent pour le marché anglais. Aiguilles en acier bleui. Poinçonnée à Birmingham en 1919.
Grosse montre à clé en acier, vers 1890-1900. Le brevet 2732 fut déposé le 10 octobre 1890 par Emile Meystre. Cadran signé Waltham.
Montre à clé en argent, poinçonnée à Chester en 1890. Mouvement monté sur charnière, dans le style des montres à verge du début du XIXe siècle.
Montre en argent , pour le marché anglais. Cadran en émail noir, chiffres recouverts de radium. Vers 1910-1920.
Montre Chemin de fer TAVANNES, en acier. Vers 1910-1920.
Montre à clé en argent, poinçonnée à Birmingham en 1897.
Montre à clé en argent, poinçonnée à Londres en 1882.
Le mouvement démonté (il est doté d'une chaîne et d'une fusée, ayant pour but de réguler le déploiement de la force du ressort-moteur) :
Savonnette américaine Elgin, en plaqué or (gold filled) de plusieurs couleurs. Vers 1900.
Montre à clé en argent, poinçonnée à Londres en 1866. Signée M. Matt & Co. Cardiff. Contre-pivot en diamant.
Montre atypique en acier bruni, vers 1910-1920. Les chiffres romains noirs du cadran se transforment en chiffres arabes rouges lorsque l'on presse le poussoir situé au centre de la couronne.
Montre signée « Bonheur » en métal, vers 1901-1910. Le boîtier, tout à fait dans le style Art-Nouveau, est décoré d'une femme au dos. Balancier visible à 6h. Le brevet n°16598 a été déposé par Ernest Degoumois à St Imier (Suisse) le 4 mai 1898. Le brevet n°22280 a été déposé par la même personne le 26 avril 1901. L'inscription « SGDG » signifie « Sans Garantie Du Gouvernement ».
Savonnette américaine Waltham, en plaqué or (gold filled) de plusieurs couleurs. Vers 1900.
Montre qui fonctionne pendant huit jours d'affilée, de type Hebdomas. Boîte en argent. Cadran en métal. Vers 1900-1910. Le balancier visible est caractéristique de ce type de montre. De nombreuses variantes ont existé, avec souvent des cadrans en émail.
Régulateur Automobile, destiné à s'encastrer dans le tableau de bord d'une voiture. Gros diamètre (65mm). Boîte en acier. Seconde centrale indirecte. Vers 1900-1920.
Montre réveil en acier bruni, produite par Junghans vers 1910-1920. Les chiffres et aiguilles étaient à l'origine recouverts de radium.
Montre à clé en argent, poinçonnée à Birmingham en 1900.
Montre en acier manufacturée par Omega vers 1920. Les mouvements Omega, bien que produits à de nombreux exemplaires, étaient de bonne qualité et précis.
Gros régulateur en argentan à seconde centrale indirecte (diamètre : 66 mm). Mouvement signée Japy Frères (fabrique qui était située à Beaucourt). Vers 1900-1910.
Gros régulateur en acier bruni et laiton, signé Ernest Magnin à Besançon (diamètre : 70 mm). Cadran atypique sur 24 heures. Vers 1900-1910.
4. Les montres à échappement à vergeL'échappement à verge est le plus ancien. Il est apparu dans les toutes premières horloges au XVIe siècle, puis dans les montres oignon au XVIIe. Il fut utilisé jusqu'au milieu du XIXe, date à laquelle il fut détrôné par le cylindre, plus simple et un peu plus précis. Les montres à verge étaient généralement dotées d'une chaîne et d'une fusée, ayant pour but de réguler le déploiement de la force du ressort-moteur. Cependant, cet échappement n'est pas d'une grande précision, on observe fréquemment un décalage de 1 à 5 minutes par jour.
Montre à verge en argent d'époque Louis XVI, vers 1780. Boîtier entièrement travaillé. Signée Bordier à Paris. Joli coq à volutes typique de cette époque. Cadran et aiguilles probablement remplacés (le style du cadran correspond plutôt au début du XIXe).
Montre à verge en argent d'époque Louis XVI, vers 1780. Signée Le Noir à Paris. Toutes les pièces sont d'origine.
Grosse montre à verge en argent, signée Stauffer & Fils à La-Chaux-de-Fonds. Vers 1810-1820. Le mouvement est protégé par un cache-poussière.
Le mouvement démonté :
Montre à verge en argent dite « Campagnarde » en raison de sa boîte massive caractéristique. Signée Becquet à Neufchâtel. Aiguilles « soleil ». L'ébauche du mouvement a été produite par Chopard. Vers 1820-1840.
Montre à verge campagnarde en argent signée Lebrun à Marbais, vers 1820-1840. Ebauche du mouvement Chopard.
Montre à verge produite par Baillon à Paris, vers 1760-1770.
Les Anglais ont également produit de nombreuses montres à verge. Leurs coqs possèdent souvent un seul pied, et sont richement décorés (personnages grotesques,...). Elles se remontent pas l'arrière et non par l'avant comme les montres à verge françaises.
Leurs cadrans sont souvent décorés d'émail polychrome (alors que les Françaises émaillées sont plus rares ).
5. Les montres à échappement DuplexL'échappement duplex a été inventé afin de permettre à l'aiguille des secondes d'avancer une fois par seconde, comme les montres à quartz (c'est ce qu'on appelle une seconde morte). Il fut principalement utilisé dans des montres destinées au marché chinois dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Cet échappement n'est pas d'une grande précision et sa fiabilité est également loin d'être excellente (il doit être parfaitement réglé pour que la montre fonctionne correctement). Par contre, les mouvements très souvent décorés de motifs végétaux et dorés sont particulièrement beaux à regarder.
Savonnette en argent, vers 1870. Aiguilles en acier bleui. Balancier à masselottes. Le mouvement est protégé par un verre.
Montre en vermeil, vers 1870. Fabriquée par Fiebelmann à Rotterdam.
Montre en vermeil, vers 1870. Avec sa surboîte de protection. Mouvement richement décoré.
6. Les montres à complicationsCertaines montres de poche étaient également dotées de complications : quantième, phases de lune, sonnerie, réveil... Celles présentées ci-dessous sont de qualité courante, et donc relativement abordables (par contre, la plupart des montres à complications de très bonne qualité ont une valeur de plusieurs milliers d'euros).
Chronographe de poche, en acier. Signé Ch. Brisebard à Besançon. Echappement à ancre. Vers 1900-1910.
Chronographe en argent niellé, Signé J. Auricoste. Mouvement Lémania. Echappement à ancre. Vers 1900-1910.
Le mouvement démonté :
Montre en argent à double quantième : elle indique le jour de la semaine et le jour du mois. Ils changent automatiquement à minuit. Echappement à cylindre. Vers 1880-1900.
Montre en acier bruni, à répétition des quarts. Echappement à ancre. Vers 1900.
Mais à quoi cette complication sert-elle ? En fait, les montres à sonnerie ont été conçues pour que les gens puissent avoir l'heure la nuit en écoutant la sonnerie de leur montre, car il n'y avait pas beaucoup d'éclairage et les chiffres luminescents n'existaient pas encore.
Les montres à répétition des quarts sont les plus courantes. Elles donnent l'heure au quart d'heure près (il a aussi existé des répétitions minutes, mais nous n'en parlerons pas ici). Par exemple, imaginons qu'il est 10h52. Si on enclenche la sonnerie, la montre sonnera 10 coups (10h), puis trois fois deux coups (pour les trois quarts), chaque série de deux coups correspondant à un quart d'heure. On sait donc qu'il est entre 10h45 et 11h. La sonnerie s'enclenche soit en pressant un poussoir, soit par glissière comme sur la montre ci-dessous.
Grosse montre « demi-boule » en acier et verre, à triple quantième et phases de lune. La montre indique le jour de la semaine, le jour du mois, les phases de lune et le mois. Les complications changent automatiquement une fois par jour, sauf le mois qui doit être réglé manuellement. Quatre poussoirs, sur le côté, permettent de régler rapidement les complications. Le mouvement, visible à travers le fond, est agrandi par le verre qui fait un effet loupe. Echappement à cylindre. Vers 1890-1910.
Gros régulateur à triple quantième et phases de lune en acier bruni, vers 1910 (diamètre : 65 mm). Echappement à ancre. Le mouvement est protégé par un verre. Cadran polychrome.
Montre à verge en argent, vers 1820, dotée d'une répétition des quarts (en pressant le pendant). Aiguilles de style Breguet en acier bleui.
Montre à clé en argent à répétition des quarts, vers 1870-1890. Echappement à ancre.
Voilà, j'espère que vous avez trouvé ce guide utile
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