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Swatch victime d’un fraudeur
Voulant sans doute blanchir de l’argent, un individu diffuse des annonces d’emploi fictives en utilisant le logo de Swatch Group. Le groupe horloger biennois porte plainte.
Vincent Donzé - le 07 mars 2011
Le Matin
Le plus grand groupe horloger du monde recrute-t-il des experts financiers sur Internet? C’est ce que fait croire une offre d’emploi diffusée par e-mail. Mais Swatch Group n’y est pour rien: victime d’un fraudeur, la société biennoise a porté plainte contre inconnu. Elle met le public en garde sur sa page Web, en barrant l’annonce en question du mot «Illégal». Le géant horloger explique qu’il «n’a rien à voir avec cette offre d’emploi malveillante accessible depuis divers sites Internet» et qu’il «décline toute responsabilité par rapport à d’éventuelles candidatures».
Selon l’annonce envoyée tous azimuts par courrier électronique, le job proposé permet de gagner «facilement» 300 dollars par semaine, voire davantage. La tâche de l’«employé» consiste à réceptionner des flux financiers sur son compte bancaire et à reverser 90% du montant perçu à un guichet de Western Union.
«Un jeu d’enfant»Et si le prétendu expert financier ne renvoie pas les 90% du montant reçu? «C’est un risque assumé par le fraudeur», indique Max Klaus, responsable adjoint de la Centrale d’enregistrement et d’analyse pour la sûreté de l’information Melani. Selon lui, le libellé de l’annonce dévoile l’intention du pirate informatique: «Il s’agit d’une opération de blanchiment d’argent.» Qui en est l’auteur? «Il peut s’agir d’un fraudeur qui s’est fait verser de l’argent par e-banking en dérobant un login et qui veut effacer la traçabilité du transfert», suggère Max Klaus.
Retrouver l’auteur des annonces fictives, c’est mission impossible: «Faire apparaître dans un e-mail l’adresse électronique de Swatch Group à la place de la sienne, c’est un jeu d’enfant», relève Max Klaus. Dans l’offre d’emploi, les candidats sont invités à remplir un formulaire en ligne en fournissant leurs données personnelles, ce qui fait aussi penser à du phishing, cette technique de filoutage (appelée aussi hameçonnage) qui consiste à soutirer des données personnelles, comme un numéro de carte de crédit ou un mot de passe, en faisant croire à la victime qu’elle s’adresse à un tiers de confiance.
«Cette annonce fictive porte atteinte à l’image de Swatch Group», indique sa porte-parole, Béatrice Howald. Ce sont des privés ayant reçu l’offre d’emploi qui ont informé le groupe biennois. «Certains nous ont contactés pour décliner l’offre en nous priant d’effacer leur adresse de notre fichier», indique-t-elle.
Quand Swatch Group ne passe pas par un bureau de placement ou un chasseur de têtes, c’est sur son site Internet qu’il met en ligne ses offres d’emploi. Horlogers, mécaniciens, vendeurs, comptables: aucune des 179 offres en ligne hier ne visait un expert financier: «Nous ne les recrutons pas par petites annonces», précise Béatrice Howald.
http://www.lematin.ch/actu/economie/swatch-victime-fraudeur-390859