Nombre de grandes entreprises furent créées dans la seconde moitié du 19ème siècle. C'est le cas de Zenith mais aussi de nombreuses grandes maisons horlogères. C'est aussi le cas de grandes banques Suisses et en particulier ce que l'on appelle en français de la société de
Banque Suisse "Schweizerische Bankverein" (SBS). Cette
banque est née de la fusion en 1872 du Basler Bankverein et du Zürcher Bankverein.
A l'origine six banquiers privés fondèrent en 1854 à Bâle la Bank-Verein. Il s'agissait d'une sorte de consortium dont la principale mission était le financement des grands projets Suisses industriels et ferroviaires. L'essor industriel de l'Europe plaça ce consortium face à une demande financière beaucoup plus importante que les prévisions ne le laissaient envisager. La
banque dut donc s'adapter après la guerre franco-allemande de 1870 et créa avec des capitaux allemands et autrichiens la Basler Bankverein. Cette
banque fusionna une nouvelle fois en 1895 avec la Zürcher Bankverein, puis avec l'UnionBank de Saint Gall en 1896 et la Basel Depositen-Bank en 1897 pour devenir la Schweizerisher Bankverein (Société de
banque Suisse).
La
banque fut très pospère et ouvrit plusieurs succursales prenant de vitesse la concurrence. Ainsi, elle reprit la
banque d'Espine, Fatio & Cie à Genève en 1906. Conscients que la
banque devait se développer au plan international, ses dirigeants ouvrirent une succursale à Londres en 1898, puis la société reprit la
banque d'escompte et de dépôts à Lausanne en 1912 et la
banque Fratelli Pasquali à Chiasso en 1908. La SBS devint ainsi une
banque quasi institutionnelle dans l'ensemble de la Suisse par le grand nombre de fusions absorption qui au fil des années la transformèrent en un immense groupe financier. La
banque s'installera à New York en 1939 .
En 1922, pour le jubilé de ses 50 ans, la
banque devenue un empire financier offre à une partie de ses collaborateurs une montre de poche niellée avec gravé sur le fond, le visage symbole de l'Helvétie et sur la lunette, le nom de la
banque et l'année de sa création et celle de ses 50 ans. Sans doute, la
banque voulait-elle à la fois récompenser ses collaborateurs et les motiver à rester au sein de la société tout en leur offrant avec cette pièce d'horlogerie un standard de qualité qui constituait un objet de luxe utilisé par les cadres face à la clientèle.
Dans la première moitié du 20ème siècle et encore moins dans les années 20, la montre n'a rien d'un objet de collection et même si ses carctéristiques commémoratives en font une pièces remarquable, c'est bien un objet d'usage que la
banque offre à son personnel. Le geste est d'autant plus symbolique qu'il s'adresse aux collaborateurs et non aux clients. A l'époque nombre d'entreprises Suisses recherchent à sédentariser durablement leur personnel happés par l'ensemble des grandes entreprise qui sont entrain de se créer ou de prospérer.
La boite est en argent au haut titre de 900 millièmes, témoignage d'une recherche de qualité. Zenith travaillait l'argent dans plusieurs titres selon les pays destinataires du 750 millièmes au 935 millièmes. Sur la cuvette une gravure explicite la génése de la montre au travers du jubilé de la
banque qui en a voulu la création.
Le calibre est un 19 lignes doté de 17 rubis, il entre dans la catégorie des "Prima" et donc des mouvements de haute qualité disposant d'un bulletin de marche certifiant la haute précision qu'ils sont suscptible de respecter. La raquette à disque excentrique breveté en 1904 et le balancier Guillaume coupé à vis de compensation sont un grand classique des montres de poche de cette époque. La boite signée Zenith fut niellée par une société qui pourrait être Huguenin qui travaillait beaucoup avec Zenith. La qualité exceptionnelle par sa finesse du nielle et de la gravure sont liée à la qualité des dessins. L'écriture de la lunette est nette et le visage du fond de boite encerclé par une couronne de blé sont particulièrement réussis. Les aiguilles pommes sont celles que Zenith utilise le plus fréquemment dans ces pièces des années 20. La trotteuse est remarquable pour son contrepoids qui assure un équilibre parfait de l'aiguille sur son axe.
Cette montre recherchée des collectionneurs correspond à une page de l'histoire économique de la Suisse et à ce titre peut recevoir le qualificatif de pièce patrimoniale. Ses attibutaires l'ont conservée précieusement pendant de longues années avant que les héritiers de ces collaborateurs de la
banque ne finissent aujourd'hui par en céder quelques modèles dans une époque qui oriente les goûts davantage vers les montres bracelets.