FORUMAMONTRES
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
| |
 

 De la Haute-Savoie à Shanghai

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
ZEN
Rang: Administrateur
ZEN


Nombre de messages : 57505
Date d'inscription : 05/05/2005

De la Haute-Savoie à Shanghai Empty
MessageSujet: De la Haute-Savoie à Shanghai   De la Haute-Savoie à Shanghai EmptyJeu 16 Nov - 19:33

Citation :
De la Haute-Savoie à Shanghai
Entre jambon et tome, Gilles Perret a suivi Yves Bontaz, patron local et délocalisé, dans les chemins de sa mondialisation.

Ma Mondialisation,

de Gilles Perret



Inutile de chercher chez Yves Bontaz le patron de choc en costume cravate, genre tueur à la Men in Black. Savoyard comme son nom ne peut le laisser ignorer, il aime le jambon de pays, les repas entre copains, parfois patrons comme lui, dans sa maison chalet qui sent bon le bois et le feu de cheminée. Il aime ses montagnes et son Mont-Blanc qu’il a déjà gravi deux fois. Il ne cache pas son émotion quand il évoque son père, la maison de famille et les deux vaches qu’il possédait. Mais le petit patron de l’entreprise familiale, dans la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie donc, est devenu aussi le VRP international de son entreprise. L’entreprise Bontaz, de quelques salariés au départ, spécialisée dans l’usinage des pièces à destination de l’automobile, l’aéronautique, ce que l’on appelle le décolletage, Elle emploie maintenant quelque 1 000 salariés, dans la vallée mais aussi sur deux sites, en République tchèque et en Chine, à Shanghai.

Gilles Perret, le réalisateur de Ma mondialisation, a choisi dans ce documentaire ce personnage central. C’est lui que nous suivons, avec ses doutes, ses certitudes, ses interrogations, dans ses conversations avec ses amis, ses contacts avec les ouvriers de ses propres usines. Ainsi quand il échange quelques mots familiers avec l’un d’entre eux, en Savoie, non sans satisfaction : « C’est l’un des seuls ici qui me tutoie. » Ainsi, quand il s’inquiète du salaire de Wang, l’un des ouvriers de son usine chinoise dont la femme et l’enfant vivent à 10 000 kilomètres de là, faute de ressources suffisantes pour qu’ils puissent habiter ensemble. « Je ne savais pas ce qu’il gagnait, dit-il. On a délégué, ce n’est pas moi qui me suis occupé de ça. C’est triste qu’il ne puisse pas voir son enfant. » Sans cynisme, il ajoute : « Ce n’est pas moi qui ai fait le monde. »

Ici pas de méchants. Pas même peut-être de soif inextinguible de profits. « On ne cherche pas à faire de l’argent, dit un des amis d’Yves Bontaz, on veut garder des emplois. » Simplement, selon les mots mêmes du réalisateur comme de Frédéric Lordon, économiste qui intervient à plusieurs reprises, il s’agit d’une histoire du capitalisme. Héritière

de l’horlogerie suisse toute proche qui faisait travailler ici des familles dans l’usinage délicat des rouages, l’industrie du décolletage dans cette vallée a d’abord été un artisanat. Avec l’automobile en particulier, les entreprises sont devenues des PME, toujours familiales, employant jusqu’à 12 000 personnes. Aujourd’hui, plus d’un tiers des emplois dépendent des fonds de pension américains qui ont racheté les plus grandes sociétés, à l’exception de Bontaz, toujours majoritaire dans son capital. Dans le même temps, les donneurs d’ordres, les grands groupes, ont pris les commandes. L’ancien PDG de Franck et Picard, 1 000 salariés, a vendu aux Américains. Il analyse froidement les méthodes des donneurs d’ordres. Ce sont les clients maintenant qui commandent et qui font les prix. Ils envoient négocier, explique-t-il en substance, des jeunes cadres tout frais émoulus des écoles de commerce. Ils savent que leur sort est suspendu à leurs résultats. Ils ont vingt-cinq ans, ils démarrent, ils viennent de se marier, ils ont acheté un appartement, ils jouent leur va-tout. C’est eux ou nous.

Pression des actionnaires, relayée par des directions qui sont, dit un ami d’Yves Bontaz, à Paris où « tout ce qu’ils veulent c’est gagner de l’argent et rouler en BMW ». La pression s’exerce sur les salariés au travers des gains de productivité. « Il y a ceux qui se plaignent et ceux qui ne disent rien mais qu’on retrouve à l’infirmerie parce qu’ils ont craqué et c’est le Tranxène, le Temesta. » Pression et tranquillisants remarque Frédéric Lordon, c’est aussi pour les patrons locaux. Une souffrance qui n’est pas celle des salariés menacés dans leur emploi, mais elle est réelle : « Il faut tout de même s’interroger sur un système qui génère tant de souffrance chez tant de gens. »

S’interroger. Yves Bontaz et ses amis le font, mais donnent aussi l’impression de tourner en rond, de rester impuissants non sans contradictions. Le même PDG, qui se flatte à un moment de son efficacité, exprime à un autre moment son malaise. « On est comme des animaux. » Il assure comprendre les colères de ceux qui manifestent contre les suppressions d’emplois quand, dit une salariée, « ce n’est pas vraiment dans notre éducation » mais il pense en même temps que c’est ainsi, que la mondialisation peut aider d’autres pays à vivre mieux, qu’il faudra peut-être, en France, changer de mode de vie.

La mondialisation, assure cependant Frédéric Lordon, ne vient pas de la planète Mars. À l’origine, il y a la dérégulation financière, des décisions politiques prises par les États. Pour un patron interrogé, « le capitalisme est allé trop loin ». Quand un des amis d’Yves Bontaz, autour de la table où circule jambon et tome de Savoie et sans que l’on sache s’il est totalement sérieux, affirme qu’il faut supprimer le Code du travail, les copains reprennent en choeur l’Internationale.

Maurice Ulrich

http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-11-15/2006-11-15-840378

_________________
Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
Revenir en haut Aller en bas
https://sites.google.com/site/hourconquest/
jemfi
Membre super actif



Nombre de messages : 409
Localisation : genève
Date d'inscription : 30/08/2006

De la Haute-Savoie à Shanghai Empty
MessageSujet: Re: De la Haute-Savoie à Shanghai   De la Haute-Savoie à Shanghai EmptyJeu 16 Nov - 20:04

J'espère que dans 5 ans ils mangeront de la tomme du vietnamm et du Jambon Coréen revenu chez nous par cargo avec le LOGO made in Haute Savoie....


Le discour tout économique est la fuite des compétences...



jemfi
Revenir en haut Aller en bas
 
De la Haute-Savoie à Shanghai
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» De retour de Haute-Savoie... (pub !)
» Les présentations , la suite (5) ...
» Réglage Seiko Haute-Savoie
» Actu : CLUSES (HAUTE-SAVOIE) Vol au musée de l'Horlogerie
» grande bourse d'horlogerie CLUSES ( Haute savoie) dimanche 9

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
FORUMAMONTRES :: Forum général de discussions horlogères-
Sauter vers: