Bonjour à tous,
Comme les postes sur la Nautilus sont nombreux ces derniers temps, j'ai pensé que ça pourrait vous intéresser de poster ici une revue faite de la
5712 à l'époque de son acquisition.
Je passerai sur son histoire et certains aspects techniques qui ont déjà été traités maintes et maintes fois.
Mais avant tout, j'aimerais vous exposer mon cheminement et mon état d'esprit concernant ce choix (sinon vous pouvez sauter directement aux photos)
Pour la petite histoire, je n'avais jamais été un très grand fan de Patek Philippe (de rares modèles très compliqués mis à part). J'éprouvais cependant une très grand admiration pour leur héritage et donc leur histoire, leur philosophie, leur évolution à travers les péripéties de l'histoire et leur compétence technique horlogère ainsi que dans le travail des matériaux. Mais il manquait la montre pour laquelle j'aurais pu avoir un vrai coup de cœur dans le budget lié à ce niveau de gamme.
J'ai bien-sûr entendu régulièrement parler de la Nautilus en général. Je l'ai parfois aperçue de loin, reconnue d'un bref coup d'œil au poignet de quelqu'un mais je n'y avais jamais fait particulièrement attention et encore moins essayée.
J'aime beaucoup la Royal Oak pour son travail bracelet-boitier-lunette et la véritable petite sculpture qu'elle représente. Sur les quelques photos que je voyais passer de la Nautilus, je voyais un concurrent plus sage esthétiquement, pour ne pas dire fade, et qui, du coup, ne me provoquais pas vraiment de sensation particulière.
"Mais ça c'était avant"...
J'ai eu l'occasion d'essayer peu de temps avant la 5711 de FGB, et ce fut là une véritable révélation, un coup de foudre.
Ici, ayant une taille de poignet sensiblement équivalente, je me souviens encore du confort procuré par le bracelet, l'élégance (par des formes moins affirmées, moins tranchées qu'une RO par exemple) et une chose que je ne recherchais plus dans une montre a priori, la finesse. J'ai vu beaucoup d'extra-plates ou autres ultra-thin et consorts mais plutôt dans un style de montres classiques-rondes, et ce n'est pas ce qui m'attire d'habitude (aujourd'hui en tout cas, la VC 1955 mise à part).
Or ici, ce détail visuel fut une des raisons principales de mon attirance. D'ailleurs, ce critère finesse était, pour cette montre, devenu une condition sine qua non lors du choix du modèle (budget mis à part). Et cela au détriment par exemple de la très belle 5726, à l'épaisseur de 12.3mm qui souligne une superbe montre mais visuellement moins séduisante par sa moindre finesse (et je ne parle pas de la 5980 en 13.3mm, couplé à l'ajout des poussoirs du chrono et du diamètre 0.5mm supérieur qui la rendent plus "sportive", mais encore moins fine donc).
J'aime les boitiers et les styles plus affirmés et c'est la tendance que j'ai suivi depuis ma 1815. En somme, j'ai ici aimé à nouveau ce qui semblait faire partie du passé à l'aune de mes goûts actuels. Comme quoi, les montres sont un domaine où "ne jamais dire jamais" prend tout son sens et où les certitudes ont la vie dure
Lors de cet essai, j'ai finalement eu en mémoire tout ce que j'avais vu écrit par les admirateurs de ces Nautilus et que je n'arrivais pas à comprendre ou ressentir à l'époque. Je me disais alors que c'était définitivement une question subjective et une montre dont je ne partagerai pas l'attachement.
Après avoir re-parcouru les revues, comparaisons et être passé à l'essai, voilà ou j'en suis arrivé finalement, pour mon plus grand bonheur aujourd'hui quand je prends du recul par rapport à ce que j'ai pu voir en horlogerie. Comme quoi, il faut toujours passer à l'essai.
La revue - Général Mais revenons-en à la montre présentée aujourd'hui.
Petit rappel technique tout de même.
Il s'agit donc :
- de la Nautilus 5712 en acier lancée en 2006 : 40mm entre 10h-4h, 38mm largeur lunette, 43mm hors tout 9h-3h, et 8.5mm d'épaisseur (8.3mm pour la 5711). 112 gr toute mouillée (beaucoup plus confortable au porté que ma Speed Mark IV bracelet cuir qui fait, elle, 102 gr) ;
- équipée du calibre 240 à micro-rotor, avec RdM à aiguille (45/48 heures), Phase de Lune, Date à aiguille (passage instantané) et petite seconde. Fréquence de 21 600 alt/H et reçoit le poinçon Patek Philippe. Il n'est pas équipé d'un dispositif de stop-seconde.
Comme toujours, la montre est présentée dans un magnifique écrin frappé de la croix de Calatrava et dont le fermoir reprend le dessin d'une des boucles ardillon de la marque. Pour la petite attention, sont joints le manuel de la 5712, un booklet pour le réglage de la PdL, celui des détaillants, un autre sur les publications Patek à commander depuis leur site, un dernier sur le musée Patek Philippe et le feutre de protection de l'écrin. Le tout est finalement complété par l'ajout du petit stylet pour le réglage de la PdL et de la date.
L'un des sentiments les plus présents lorsqu'on regarde la montre (en particulier au poignet) c'est l'harmonie entre les surfaces polies/brossées d'une part, la forme douce générale (boitier + lunette + maillons du bracelet) d'autre part et la couleur du cadran. Cet ensemble est particulièrement équilibré et je n'ai trouvé cela, à ce point, sur aucune montre que j'ai pu avoir entre mes mains. On trouve une sorte de reflet métallique dans la couleur bleu/gris du cadran qui s'accorde parfaitement avec l'acier.
A ce sujet, j'ai compris que le cadran est en laiton ou maillechort, qu'il est embouti pour lui donner son relief et qu'il est ensuite placé dans des bains successifs dans lesquels une réaction chimique lui donne sa couleur.
(Au passage, si quelqu'un a un lien vers des infos plus techniques concernant la Nautilus, matériaux et processus de fabrication, je suis preneur)
L'harmonie entre les lignes est plus homogène et joue moins sur les juxtapositions que sur les transitions plus douces entre les matériaux et les couleurs chez la Nautilus que chez la RO (la RO ayant le curseur Sport/Chic un peu plus prononcé du coté Sport).
C'est définitivement ce que j'ai pu percevoir à l'époque, à tort, comme de la fadeur et un manque de caractère à partir des photos de la Nautilus. Dans la réalité, il en est tout autrement et je dois dire que cela me charme d'autant plus.
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Le mouvement - La finitionLe calibre utilisé ici sur la 5712 est le 240 qui se reconnaît en particulier à son micro-rotor. Pour un diamètre de 31mm, il est plutôt plat, en raison surement du choix du micro-rotor (3.98mm avec ce modèle et ses complications supplémentaires, mais 2.5mm à l'origine). D'après les quelques jours que j'ai passés avec elle, le remontage est très efficace (remontage en sens antihoraire par un système à roulements à billes et 6 rubis).
Esthétiquement, comme pour d'autres montres particulièrement bien finies, aucune photo ne rend compte de la qualité de la finition telle qu'on peut la voir de nos propres yeux. Le style est ici aéré, fin, élégant, particulièrement équilibré en terme de couleurs (rubis, gravures, maillechort) et discret. En deux mots : reposant et raffiné.
En comparaison par exemple avec le calibre platine 3/4 de la 1815 (dont j'avais posté la revue ici à l'époque), je dirais que ça n'est pas la même philosophie. Celui de la Lange est déjà plus grand dans le sens ou on le voit avec un "agrandissement" par rapport au 240. Il est plus facile de voir la qualité du travail notamment au niveau des anglages polis, des décorations et du travail sur l'ancre et les roues. Les ponts semblent aussi plus épais sur la 1815 alors que ceux de 5712 sont très minces.
Enfin, la philosophie concernant les vis est radicalement différente. Il y a le strict nécessaire sur la 240, très bonne finition, discrétion et apparente légèreté. Dans la Lange, les vis bleuies participent à affirmer un caractère plus trempé, plus présent (sur certains mouvement parfois un peu trop d'ailleurs). De plus, ces vis servent aussi à fixer les chatons sur la 1815 (décoration), ce qui en augmente leur nombre et ainsi l'effet visuel (2 à 3 par chaton en or). La 1815 possède en outre un pont de balancier gravé à la main.
Il n'aura échappé à personne que le style de la Nautilus est définitivement plus sportif que celui de la 1815 (c'est un euphémisme) et qu'un tel travail sur le 240 de la 5712 serait totalement incohérent (ce qui n'est d'ailleurs pas le style adopté par Patek de toute façon) :
Deux styles très différents en fin de compte et plus une différence philosophique que de savoir-faire.
Mais pour aborder le critère qualitatif de la décoration, je dirais qu'ils sont très proches. Je dirais cependant que les anglages des arêtes des ponts de la Patek sont moins finement travaillés, moins finement polis que ceux de la 1815. Mais dans le 240, les anglages rentrants au niveau des sorties sur les ponts des axes de roues (autour des rubis donc) sont, eux, traités différemment et apparaissent plus brillants (surfaces plus lisses) que les arêtes extérieures des ponts (étant ainsi identiques à la Lange). Il s'agit peut-être donc d'un choix volontaire.
En somme, il s'agit simplement de deux mouvements assez différents ... et il faudrait juste avoir les deux
Le disque de phase de lune est un support saphir sur lequel on a projeté sous vide des particules d'or à l'aide de caches réalisés au bon format. J'ai noté par contre une modification entre les photos trouvées sur le net et mon modèle. Les étoiles ne sont plus entourées d'une bordure en relief noire (ce qui n'est pas pour me déplaire bien que ce soit visible principalement sur des macros) :
Cette PdL ainsi que la date se règlent par 2 petits poussoirs "invisibles" distincts, situés à 8h et 4h.
Le fermoir, gravé de la croix de Calatrava chère à la marque, se verrouille grâce à 2 petites billes en céramiques de part et d'autre de celui-ci. L'ouverture est plutôt facile et on ne violente pas trop la montre à chaque ouverture.
La couronne :
Les maillons du bracelet sont plus fins que pour la 5726 (QA) ou la 5980 (chrono) et il en est de même pour le boitier. J'ai pour ma part eu recours au maillon 1.5 qui m'a permis de régler le bracelet à la taille idéale. Le 1.5 ne se voit absolument pas à l'usage.
La finition "sablé" (ou "micro-billé") de la face intérieure du bracelet (et du boitier) est très agréable au toucher et l'usinage des maillons et leur assemblement est sans accroche pour le poignet.
L'aspect poli/brossé des charnières (à gauche et à droite avec la couronne) rendent particulièrement bien : ni clinquant, ni terne. Parfait.
Enfin, dernier mot concernant ce micro-rotor, décoré de cote de Genève, anglage strié, gravé d'une croix de Calatrava, placé sur un fond perlé. Magnifique.
Voilà, je pense en avoir fait un peu le tour, c'est une montre dont on parle pas mal et j'espère que ça vous a permis d'en connaître un peu plus sur ce modèle et que vous profiterez des clichés.
N'oubliez pas : rien ne remplace une prise en main pour juger d'une montre
Bonne journée !
BoréaleLes petits wristshots pour le happy end :