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 Actu : ]«Le paysage horloger va passablement bouger ces prochaines années»

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ZEN
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ZEN


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MessageSujet: Actu : ]«Le paysage horloger va passablement bouger ces prochaines années»   Actu : ]«Le paysage horloger va passablement bouger ces prochaines années» EmptySam 28 Juin 2008 - 8:40

Citation :
«Le paysage horloger va passablement bouger ces prochaines années»




Georges-Henri Meylan: «Les secousses économiques ne restent pas sans effet sur notre activité. Il est prudent d’anticiper que les ventes de l’horlogerie vont se stabiliser après plusieurs années de très forte croissance.»



Georges-Henri Meylan, directeur général et administrateur délégué du groupe Audemars Piguet & Cie.


Jean-Claude Péclet
Samedi 28 juin 2008



Le Temps: Ces dernières semaines, différents journaux vous ont décrit alternativement comme «fidèle au poste» ou «préparant votre succession». Qu'en est-il?

Georges-Henri Meylan: La situation est claire à l'interne. J'ai dit à fin 2007 que je laisserais la direction générale à la fin de cette année ou au début de la prochaine. La date précise sera communiquée dans quelques semaines, ainsi que le nom de mon successeur. Je resterai au conseil d'administration d'Audemars Piguet, dont je suis actionnaire, parmi les membres de cinq familles de la région. Les médias s'intéressent beaucoup à moi depuis que mon départ se précise... (sourire)

- Et pour cause! «GHM», comme on vous surnomme, a façonné l'histoire de cette manufacture horlogère depuis plus de vingt ans. Entre votre arrivée, en 1985, et aujourd'hui, comment a évolué le chiffre d'affaires?

- Il a été multiplié par un facteur dix, de 50 millions de francs environ à plus de 500 millions aujourd'hui. Il faut préciser que le périmètre n'est plus le même. Ces dernières années, nous avons intégré les grossistes et contrôlons 80% des ventes à ce niveau. Nous avons ouvert une douzaine de boutiques en propre et des filiales dans tous les grands pays européens, d'Asie, et aux Etats-Unis. Audemars Piguet s'est beaucoup internationalisé, à tel point que nombre de réunions se tiennent désormais en anglais.

- Il y a quelques semaines, vous sabliez le champagne avec Kirsty Bertarelli et la chanteuse Anggun au Salon de la haute horlogerie. Ce matin, c'est le Combier sans façons qui me reçoit au Brassus. Comment conciliez-vous ces deux vies?

- A la base, je suis issu de la tradition des horlogers «montagnards», c'est ce qui fait notre force. Mais il faut aussi en cultiver la notoriété, cela passe par des contacts avec différents milieux. Rencontrer les vedettes «people» fait partie du métier. Nous avons surtout beaucoup de contacts avec les collectionneurs, généralement beaucoup plus discrets, parmi lesquels figurent des personnalités hors du commun.

- Précisément, leur discrétion rend ces collectionneurs mystérieux. Pouvez-vous en dresser un portrait-robot?

- Non, car ils viennent de pays et d'horizons très divers. J'observe que leur nombre continue de croître et qu'ils portent plus volontiers qu'avant leur montre au poignet - parfois plusieurs par jour - au lieu de les laisser dans un coffre. Contrairement à une idée reçue, ils ne recherchent pas forcément les montres les plus coûteuses. Certains sont attirés par des montres traditionnelles, des grands classiques, alors que d'autres chercheront plutôt ce qui sort des sentiers battus, l'innovation dans les formes ou les matériaux.

- Pour innover, il faut investir...

- Absolument. Nous construisons en ce moment un nouveau centre industriel au Brassus qui réunira 350 collaborateurs actuellement dispersés sur quatre sites. C'est un chantier à 35 millions. En 2000, nous avons investi 15 millions dans une extension de notre bâtiment principal, que nous occupons actuellement et qui est devenu trop étroit. Nous avons encore une usine de 160 personnes qui développent et fabriquent des mouvements au Locle, un autre pour les boîtiers à Meyrin. A ces investissements s'ajoutent plusieurs millions chaque année pour développer de nouvelles solutions techniques.

- En 2010, ETA (groupe Swatch) ne sera plus obligé de fournir des ébauches de montres mécaniques aux concurrents. Votre entreprise sera-t-elle prête?

- Nous ne travaillons pas dans la même catégorie, notre manufacture se concentrant plutôt sur les mouvements haut de gamme. Cela dit, nous achetons des composants à Swatch Group et avons de bons rapports avec eux. Mais pour répondre précisément à votre question: oui, nous avons fait en sorte d'assurer notre avenir en toute indépendance.

- Qu'en est-il dans la branche en général? Nick Hayek Jr. se disait récemment «troublé» par le fait que le secteur horloger n'investit pas assez pour étoffer son outil industriel.

- Je pense qu'il a raison. Les chiffres que je citais plus haut montrent que les efforts dans ce sens coûtent cher, et il n'y en a pas assez. Il est trop facile de compter sur les autres pour la partie ingrate et compliquée du travail. Le temps où n'importe qui pouvait arriver sur le marché en clamant: «J'ai une idée de marque géniale!» puis en sous-traitant l'essentiel de la fabrication, tire à sa fin.

- A cause de la crise des marchés?

- Entre autres. Mes années passées dans ce milieu m'ont montré que les secousses économiques ne restent pas sans effet sur notre activité. Il est vrai que les chiffres de la Fédération horlogère pour le début de l'année restent bons; nous-mêmes ne ressentons pas encore de ralentissement. Il est néanmoins prudent d'anticiper que les ventes de l'horlogerie vont se stabiliser après plusieurs années de très forte croissance.

- Et la hausse des prix se calmer? Celui de certaines montres dites de «haute horlogerie» n'a plus aucun rapport avec la réalité...

- Nous vendons des produits à forte valeur ajoutée. Il faut être conscient de ce qu'on fait et tenir ses promesses face à un public de connaisseurs. L'exclusivité authentique finit par faire la différence. Mais je suis d'accord sur le point qu'il faut faire attention avec le slogan «no limits» à propos de la hausse des prix.

- Quelle part du budget consacrez-vous au marketing? Continuez-vous de sponsoriser Alinghi?

- Environ 15% du chiffre d'affaires récurrent. En ce qui concerne Alinghi, nous négocions actuellement la prolongation du contrat. C'est une belle épreuve, et nous restons intéressés à la soutenir.

- Que représentent les ventes de votre ligne-vedette Royal Oak dans votre chiffre d'affaires?

- Environ deux tiers. Il est assez remarquable qu'un modèle créé il y a trente-six ans continue de se développer et de gagner de nouveaux adeptes. C'est à la fois notre force et notre faiblesse. L'objectif est de maintenir la part de cette ligne à 60% de nos ventes mondiales. Nous faisons de gros efforts pour développer et promouvoir d'autres collections, ainsi celle de montres ovales Millenary. Comme celui d'autres marques, notre public est aussi plus masculin - deux tiers du total environ - et nous nous efforçons de convaincre davantage de femmes.

- Après la prise de participation de PPR dans Sowind et le rachat de Hublot par LVMH, faut-il s'attendre à d'autres rachats et consolidations dans l'horlogerie suisse, comme semblent l'anticiper les analystes?

- Certainement. Cela participe au processus entrepris par les marques afin de renforcer leur outil industriel. L'objectif pour chacun étant d'assurer son autonomie et d'étendre son territoire d'activité. Je pense que le paysage horloger va passablement bouger ces prochaines années.

- Audemars Piguet est connu pour ses complications horlogères. Laquelle incarne-t-elle selon vous le savoir-faire de la maison?

- Une des plus méconnues: la grande sonnerie carillon pour montre-bracelet, qui n'a pas eu le succès qu'elle méritait. Il est vrai que ce n'est pas une pièce dont l'apparence extérieure est spectaculaire, pourtant c'est un des procédés les plus complexes à maîtriser en termes de microtechnique.

- La prouesse n'était pas assez «tape-à-l'œil»... Est-ce symptomatique de l'évolution de la branche, qui se livre à une débauche de complications parfois illisibles?

- On exagère parfois dans cette direction. Ce n'est d'ailleurs pas ce que recherche le vrai collectionneur. Il y a aussi des marques qui présentent des choses qu'elles n'ont pas. Grâce à l'informatique, n'importe qui peut réaliser une superbe complication en simulation 3D! Encore faut-il la fabriquer, et la faire fonctionner de façon fiable...

- Quel est le développement technique qui vous titille le plus?

- Nous travaillons, comme d'autres, à faire qu'une montre mécanique soit plus fiable, plus longtemps, ce qui suppose de résoudre le problème de la lubrification. Nous avons déjà lancé un nouvel échappement qui représente un progrès important dans ce sens, mais le secteur dans son ensemble n'a pas encore fait toutes les recherches qu'il fallait. Au fond, c'est le même enjeu que dans l'automobile, où on a réussi à réduire considérablement la fréquence des services.

-... Enjeu d'autant plus crucial pour l'horlogerie que les services après-vente sont débordés, une faiblesse difficilement pardonnable pour des produits de ce prix...

- Le client a raison de se plaindre. Nous avons des difficultés dans ce domaine, ce n'est pas normal.


Citation :
Soucieux d'écologie, dans le monde et à la Vallée
Georges-Henri Meylan croit à l'avenir de la vallée de Joux et y investit.
Jean-Claude Péclet
Le Temps: Que pensez-vous du renforcement du «swiss made» proposé par la Fédération horlogère?

Georges-Henri Meylan:Nous sommes moyennement concernés, fabriquant déjà nos montres en Suisse. D'une manière générale, j'ai du mal à comprendre qu'on achète des composants en Chine pour les assembler en Suisse, puis les revendre à des Chinois comme montres «suisses». J'admets aussi qu'il est facile de dire cela quand on travaille dans le segment supérieur. Les horlogers travaillant dans le moyen de gamme n'ont pas les mêmes marges. Je pense qu'il faut durcir le «swiss made», mais les règles ne peuvent pas changer radicalement d'un jour à l'autre.

- Et les contrefaçons?

- Nous en souffrons, mais nous nous battons, même si c'est parfois avec le sentiment d'affronter des moulins à vent. J'ai néanmoins remarqué que, quand nous avons fait savoir, en France et en Italie notamment, que nous étions prêts à réclamer de forts dommages et intérêts, les contrefaçons diminuaient. Ce n'est pas parce que les succès de la lutte sont parfois mitigés qu'il faut se laisser faire.

- Audemars Piguet a créé une fondation pour l'environnement en 1992, soutient celle de Bill Clinton. Quelle place occupe l'éthique dans votre vie d'entrepreneur?

- Ma philosophie est assez simple. Je pense qu'on peut faire des affaires tout en restant correct et en se préoccupant aussi des autres. Il est vrai que, quand nous avons créé la Fondation Audemars Piguet pour la conservation des forêts dans le monde, il y a plus de quinze ans, le thème n'était pas encore à la mode. A ce jour, elle a soutenu plus de 60 projets dans 30 pays. Depuis, elle a également développé un deuxième axe autour de la formation des jeunes sur ce thème, parce qu'il reste encore énormément à faire pour l'environnement.

- Vous vous préoccupez aussi de l'environnement dans un rayon plus restreint...

- Nous essayons d'assumer notre responsabilité sociale à la vallée de Joux - dont les chiffres du Secrétariat d'Etat à l'économie soulignent d'ailleurs qu'elle figure parmi les régions les plus dynamiques de Suisse en tant que contributeur au produit intérieur brut régional. Regardez par la fenêtre: quatre grues, quatre gros chantiers sont en cours au Brassus... Par souci d'écologie, nous proposons notamment aux employés un projet de mobilité douce en subventionnant l'utilisation des transports publics ou le covoiturage. Convaincre les gens n'est pas facile. Avec l'augmentation du prix de l'essence, ils finiront par réaliser que 50 francs économisés ici ou là sont bons à prendre.






Sobre et opiniâtre
Jean-Claude Péclet
Georges-Henri Meylan est né à la vallée de Joux en 1945. Diplômé en ingénierie mécanique de l'EPFL, il a travaillé successivement pour un fabricant d'instruments d'aviation en Angleterre, Jaeger-LeCoultre et Interdica (Cartier). Il a également suivi une formation de management à l'IMD à Lausanne avant de prendre la direction des opérations chez Audemars Piguet en 1985. Iloccupe le poste de directeur général et d'administrateur délégué depuis 1997.

Marié, père de trois enfants, Georges-Henri Meylan pratique le ski et le golf, après avoir été un passionné de courses automobiles dans sa jeunesse.

Fils d'hôtelier, il est à l'origine de la relance de l'Hôtel de France au Brassus, racheté en 2002 par Audemars Piguet et aujourd'hui géré par Philippe Guignard. L'établissement ne tournerait pas sans le coup de pouce de la manufacture: c'est un des gestes que consent «GHM» en faveur de sa région natale.

«Un bosseur», «exigeant», «accessible»: tels sont les qualificatifs qui reviennent souvent au sujet de ce patron qui a su imposer le respect par sa sobriété et son opiniâtreté dans un milieu où d'autres misent sur des «coups».



http://www.letemps.ch/template/economie.asp?page=9&article=235068

_________________
Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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https://sites.google.com/site/hourconquest/
 
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