Le Petit Trianon restauré grâce à Breguet

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Le Petit Trianon restauré grâce à Breguet

le 3 Janvier 2006




Entrer à Versailles, c'est être admis à la cour de Louis XIV. Mais pouvoir se glisser au Petit Trianon est sans doute un plus grand privilège encore. On entre là dans l'intimité de Marie-Antoinette. Mais explorer ce petit palais des délices de la reine était jusqu'alors chose difficile. En réalité, bien des plaisirs étaient encore défendus et l'on ne peut aujourd'hui visiter que 30% du site. «C'est tout Trianon qui est sous-exploité», déplore Christine Albanel, la présidente de l'Établissement public du musée et du domaine de Versailles.


Il fut donc imaginé le grand projet d'un «domaine de Marie-Antoinette», pour permettre au public de découvrir tout l'ensemble qui entoure le Petit Trianon. Le lieu sortira de sa torpeur, notamment par la grâce d'un important mécénat. Breguet, prestigieux horloger suisse qui fait partie du Swatch Group, doit en effet s'engager dans un partenariat sur plusieurs années et d'un montant de plusieurs millions d'euros. L'opération permettra la restauration de plusieurs bâtiments du site.


La belle histoire avait, en réalité, débuté sur une note triste. En février dernier le chêne de Marie-Antoinette s'effondrait dans un craquement sinistre. L'arbre n'avait pas résisté aux assauts de la canicule de 2003 et il avait fallu abattre celui que la légende désignait comme le favori de la reine. La maison Breguet désira alors en récupérer le bois pour en faire des écrins de montre. Pas de n'importe quelle montre : la montre Marie-Antoinette.


La jolie souveraine qui goûtait les belles choses affectionnait en effet les créations d'Abraham-Louis Breguet, cet artiste horloger venu de Suisse et installé depuis 1775 sur le quai de l'Horloge, à Paris. Son amour pour les Breguet était en tout cas si grand que, cinq ans avant sa mort, «un admirateur secret commanda pour elle une montre de poche unique, sans doute la plus complexe de monde», raconte Nicolas G. Hayek, le fondateur du groupe Swatch et président de Breguet. L'objet fut si délicat à mettre au point que la reine était morte depuis bien longtemps quand enfin il fut achevé. La montre devait ensuite devenir un véritable mythe. Conservée dans un musée de Jérusalem, elle fut dérobée en 1983 et ne fut jamais retrouvée.


Aujourd'hui, la manufacture suisse souhaite faire renaître ce bijou et le chêne de Marie-Antoinette devait apporter une touche d'authenticité à l'aventure. Grand prince, Versailles fit don de quelques pièces de l'arbre et profita de l'occasion pour évoquer ses projets. Le domaine trouva alors une oreille très attentive. «Versailles, c'est notre histoire, notre héritage, estime Nicolas G. Hayek. Nous avons donc toute légitimité pour nous y intéresser.» Et pour participer à faire revivre le Petit Trianon.

Caché dans la verdure


Le charmant petit château avait été commandé par Louis XV pour Mme de Pompadour à Ange-Jacques Gabriel. Celui-ci, suivant la dernière mode de l'architecture «à la grecque», réalisa ce que d'aucuns considèrent comme son chef-d'oeuvre. Louis XVI offrit le petit édifice tout de sobriété et d'élégance, caché dans la verdure, à Marie-Antoinette l'année de leur accession au trône, en 1774. On veut croire vraie cette anecdote selon laquelle le roi aurait fait ce cadeau par cette jolie formule : «Madame, vous aimez les fleurs, je vous offre un bouquet.»


Madame, en tout cas, apprécia le geste sans doute au-delà des espérances du roi. «Elle s'y est aménagé un agréable cadre de vie privée, raconte Pierre-André Lablaude, l'architecte en chef des Monuments historiques en charge du site. C'était le lieu de ses distractions, là où elle venait pour échapper au lourd protocole de la cour.» Elle modela donc le site selon ses envies, fit remanier les jardins pour y faire pousser un jardin anglais du dernier cri, y eut son petit théâtre ou encore son temple de l'Amour.


«On sent bien que l'endroit est un espace de raffinement et d'amitié. Il est beaucoup plus féminin, totalement différent du château», estime Christine Albanel. Et Pierre-André Lablaude de résumer l'esprit de la renaissance du lieu : «Nous voulons donner le sentiment que c'est un lieu habité.»

Dès l'été prochain, le public devrait pouvoir découvrir des éléments méconnus comme la chapelle ou le petit théâtre. Le jardin anglais également, qui, fermé à la suite de la tempête de 1999, a depuis retrouvé l'aspect qu'il avait en 1789. Quand au partenariat avec Breguet, il permettra ensuite la restauration d'une partie des intérieurs du Petit Trianon, où il faut reconstituer tapisseries, tentures ou papiers peints. Le projet en est encore au stade des études mais la convention de mécénat prévoirait également d'intervenir sur le Pavillon français et le Belvédère, sorte de pavillon de musique. Une autre opération, menée cette fois avec les American Friends of Versailles, devrait permettre de reconstituer les décors du jardin du Pavillon frais. Ainsi tout sera fait pour recevoir comme il se doit amis et admirateurs de la reine qui aimait les roses.

Le Figaro - Marie-Douce Albert

http://www.lefigaro.fr/culture/20060103.FIG0057.html?074108

Disponible en kiosque, Versailles – Le Château . Hors-série du «Figaro»,collection L'Esprit des lieux, 7,50 €.

Bonsoir,

La chose était évoquée l'autre soir lors d'un Spécial Versailles sur Fr3.
Un NH portant pas moins de 4 montres se voyait visité par une équipe de "démarcheurs-restaurateurs" de Versailles.

Le programme était sympa dans l'ensemble, du bon Service Public à mon humble avis... encore !

Alain