A la demande expresse de Caput, je me fends donc d'une petite présentation de ma Bréguet n°3931.
Tout a commencé lorsque j'ai hérité d'une montre de poche Sarda, à laquelle manquait l'aiguille des secondes. Je suis donc allé voir un sympathique horloger qui officie dans l'un des passages du 2ème arrondissement. Collectionneur de montres de poches, il propose quelques pièces à la vente. Aussi, après lui avoir laissé ma Sarda, je jette un oeil à sa vitrine, et je vois cette montre, présentée comme celà :
Je rentre à nouveau et demande à la voir, en lui demandant :
-c'est une vraie ?
- Cà Monsieur, je ne vous le garantis pas ! je la vend pour une montre de poche en argent mi-19ème.
Il m'explique que Bréguet fait payer ses expertises une fortune, et qu'il ne souhaite pas la faire certifier. Il m'explique qu'à son avis, il s'agit probablement d'une montre militaire, et pense que "NE49" correspond à un régiment...
J'hésite. le prix est très raisonnable. Je me dis qu'au pire un fake de plus d'un siècle, celà a aussi son intérêt.
Nous faisons affaire. Je me précipite aussitôt chez Bréguet (à 500 m de chez mon boutiquier), et je présente ma montre à un jeune vendeur, poli et policé, qui l'examine et me dit :
- à mon avis c'est une fausse (déception
),...mais le mieux c'est de demander à Monsieur Bréguet. Il reçoit sur rendez-vous.
Rendez-vous est donc pris pour le mardi suivant. Je me dis que tout n'est pas perdu, et que rencontrer le descendant de l'illustre horloger est en soi une satisfaction de nature à compenser l'éventuelle déception si la montre est fausse.
Me voici donc de retour à la boutique quelques jours plus tard. Accueil chaleureux et sympatique d'Emmanuel Bréguet, qui me fait visiter le musée du 1er étage, et regarde enfin ma montre. Derrière une porte digne de la salle des coffres de la Banque de France, sont soigneusement classés les registres. Il commence par me montrer l'un des registres comprenant des noms célèbres, puis me dit : "passons à la vôtre"
Suspense..........
Il ouvre un livre, feuilette, prend ma montre, scrute les numéros, regarde à nouveau la montre, et finit par lâcher :
- eh bien, c'est une vraie. Elle a été vendue le 30 Novembre 1861 (99 ans avant ma naissance, à quelques jours près !) à la Compagnie des Chemins de Fer du Nord de l'Espagne. Il s'agit d'une série de montres qui leur a été vendue. Votre montre est la 49ème, sur une série de 60 (après comptage du nombre d'exemplaires dans le livre).
Emotion !
Emmanuel Bréguet accepte de m'envoyer une attestation, sans frais.
Je sors de la boutique le sourire aux lèvres.
Et quelques semaines plus tard, je reçois le courrier suivant :
Courrier daté du 24 XII. Joli cadeau de Noël
Merci beaucoup Monsieur Bréguet
.
Portrait de famille avec ses consoeurs (la Sarda réparée -aiguille remplacée par le même horloger pour 10 €) et une Zénith en or, neuve de stock des années 40, du même horloger :