Histoire d'une rencontre programmée : Camille Flammarion et Zenith Les débuts de la photographie en couleur et Flammarion La seconde moitié du 19ème siécle et les premières années du 20ème sont ponctuées à Paris par les expositions universelles. En 1844, 1855, 1867, 1878, 1889, 1900, puis 1925 et 1937 la capitale française s'anime avec des manifestations internationales qui font rayonner la France dans le monde entier.
Pour l'ensemble des secteurs industriels naissants, ces manifestations sont essentielles et un moyen performant de faire connaître leur savoir faire et leurs produits. On vient de toute la France mais aussi du monde entier exposer à Paris et plus généralement dans la plupart des capitales qui organisent ce type de manifestations.
Le pavillon suisse fait naturellement connaître le savoir faire national en particulier celui de l'horlogerie et les manufactures profitent de ces expositions internationales pour concourir et récolter des prix qui récompensent aussi bien la précision, la technique que l'esthétique des pièces. Ces prix sont si importants que la plupart des grandes marques affichent jusqu'aux années 60 les médailles obtenues sur les cuvettes des modèles de poche aux boites en or ou en argent. Les pavillons suisses sont largement occupés par nombre de manufactures qui y présentent leurs pièces des plus populaires et meilleur marché aux plus sophistiquées.
Au delà de l'industrie, la science est mise en avant lors de ces expositions. Il faut concevoir qu'à l'époque, tout au moins avant 1925, le savoir se diffuse par l'écrit et donc par les journaux et les livres. Les éditeurs les plus actifs sont entrés dès le milieu du 19 ème dans la production d'ouvrages de vulgarisation scientifique. Jules Hetzel fait fortune grâce à Jules Verne, Louis Hachette publie certains ouvrages de Camille Flammarion. Hachette en avant gardiste invente une collection encyclopédique sous la direction d'Edouard Charton qu'il appelle "La bibliothèque des merveilles". Thématique et éditée en petit format, celui de la bibliothèque rose, chaque ouvrage de la collection est écrit par l'un des meilleurs auteurs du moment dans la spécialité qui est la sienne. Il ne suffit pas pour être choisi par Hachette d'être un bon scientifique, il faut aussi être un auteur capable de captiver le lectorat afin de lui donner l'envie d'acheter toute la collection.
Le premier auteur retenu est un jeune astronome né en Champagne, plus précisément en Haute Marne dans la commune de Montigny le Roi le 26 février 1842 et qui répond au nom de Nicolas Camille Flammarion qui rédige le premier titre de la collection "Les Merveilles Célestes". Flammarion est si brillant et pédagogue que Charton lui demande de rédiger d'autres ouvrages. Camille Flammarion accepte mais ne souhaite pas officiellement se disperser, il optera pour la signature d'autres titres sur les ballons, l'optique ou les merveilles de la végétation sous le pseudonyme de Fulgence Marion.
Jules Verne y puise des idées pour ses livres et dans un univers fondé sur la connaissance scientifique de l'époque bâtit des ouvrages d'anticipation.
Flammarion publiera une multitude d'ouvrages sur l'astronomie et reste encore aujourd'hui une référence historique internationale. Le talent avec lequel il a diffusé son savoir et son sens de la communication l'ont indéniablement conforté dans son art à une époque où il fallait encore prouver que la terre était ronde...
Camille Flammarion qui gardait en permanence un oeil sur les étoiles, fixa l'une d'entre elle plus particulièrement. C'était celle de la manufacture Zenith dont il possédait l'une des montres de poche, une pièce en or qu'il gardait dans sa poche et qu'à la différence de nombre de ses contemporains, il ne fixait pas toujours au bout d'une chaine accrochée à son gilet. Le photographe Nadar dans sa galerie de portraits démontre à quel point la montre était un accessoire masculin. Rares sont les images des hommes qu'il photographia ne laissant pas apparaître la chaine de montre sortant du gilet.
Flammarion posséda une Zenith vers 1910, une pièce en or car si l'homme attachait peu d'importance au luxe, il était à l'époque âgé de presque 70 ans et se livrait toujours à sa passion. Il fut très content de cette pièce au point qu'il ressentit le besoin de signaler à la manufacture qui tenait un livre d'or, l'ampleur de sa satisfaction. Ce document est toujours entre les mains de Zenith. Flammarion était sans nul doute exigeant quant à la précision de sa montre. C'est pour un astronome, la moindre des choses. Flammarion qui passa durant sa vie un temps inouï derrière le télescope des observatoires ne pouvait qu'avoir une relation fusionnelle avec la montre sortie des ateliers de la manufacture qui cumulait les prix des concours de chronomètrie de l'observatoire de Neuchâtel.
En bon scientifique, il savait qu'une montre devait rester à l'abri de la poussière et c'est naturellement qu'il eût plus que probablement une pièce dont la boîte étanche ne pouvait laissait pénétrer aucune d'elles. Zenith excellait dans la fabrication de ces boîtes qui plaçaient les calibres à l'abri des agents extérieurs tels que l'humidité outre la poussière mais qui aussi limitait les réglages intempestifs et dévastateurs des porteurs de ces montres qui avaient des difficultés à réprimer leur envie d'accéder au mouvement.
La plupart des montres en or étaient faites d'or jaune, l'or rose n'était pas encore recherché... Une montre dans la main, un oeil placé au bout de la lunette pour rechercher de nouvelles étoiles, Camille Flammarion fût sans le savoir l'un des meilleurs ambassadeurs dont la manufacture Zenith pouvait rêver. Il disparut le 3 juin 1925 à Juvisy sur Orge dans l'Essone laissant telle la comète, des poussières d'étoile en forme d'ouvrages et de rêves des générations qui ont lu ses ouvrages avec passion.
Droits réservés - Joël Jidet pour Forumamontres - Texte déposé. Août 2011