Bonjour
-Dites donc Berthier, on va désigner quelqu'un pour la direction de nos marchés internationaux. On a quelqu'un de compétent en interne ?
-Non monsieur Mosbilo. Morizot est trop empétré dans ses petits dossiers et Paquot est à son niveau d'incompétence. Faites les venir et vous verrez qu'il ne sont pas au niveau.
-Bien appelez Paquot !
...
-Monsieur Paquot
-Oui monsieur Mosbilo.
-Nous avons besoin d'un directeur des marchés pour l'inter. Je viens d'évoquer le sujet avec Berthier et votre nom est venu naturellement comme celui qui s'imposait.
-Merci monsieur Mosbilo.
-Cependant le poste implique un partage managérial fort. Vous comprenez, je défends l'objectivation de cette évolution et vos qualités sont indispensables à la structure mais je dois aussi compter avec vos collègues qui seraient jaloux de votre promotion et le conseil d'administration n'a certainement pas conscience de votre valeur de sorte que je souhaite vous nommer mais ne le peux point.
-En fait monsieur Mosbilo vous m'annoncez une promotion virtuelle que vous n'avez pas l'intention de concrétiser.
-Ne le prenez pas comme ça. Je souhaite une évolution managériale à implication individuelle forte mais teintée de réalisme et sans idéologie.
-Bien ...
-Faites entrer Morizot en sortant cher Paquot.
-Bon.
-Ah Morizot !
-Je parlais avec Berthier du poste de futur manager des marchés internationaux. Un seul nom nous est venu! Le vôtre ! Bravo Morizot et c'est mérité.
-Merci bien monsieur Mosbilo et ça me touche !
-Vous êtes l'homme de la situation.
-Je le savais monsieur Mosbilo, vous voyez tout ce que je fais ...
-Oh que oui. Hélas, je n'ai pas les moyens de vous promouvoir. Paquot ne l'accepterait pas et le conseil d'administration ne m'a pas encore laissé libre de mener la politique managériale renouvelée que je souhaite entreprendre par une objectivation des promotions. Vous étiez un si bon candidat et je dois vous laisser passer à coté.
-Je ne serai pas promu ?
-Non hélas... Question de moyens et d'opposition internes. Je suis solidaire avec vous...
-Mais je ne comprends pas ça fait 10 ans qu'on me le promet...
-C'est une partie du problème. 10 ans c'est trop long... 10 ans c'est comme 15 ou 20 mais avec 5 ou 10 de moins , vous voyez ce que je veux dire?
-Non.
-Je vois que nous nous comprenons, j'ai besoin d'avoir des alliés comme vous dans la manufacture.
-Monsieur ?
-Oui Jeanne ?
-Votre colis d'UPS vient d'arriver !
-De la rue de Solférino ?
-Euh non ... le transporteur UPS l'a apporté ...
-Du PS ? Un cadeau de Dominique ?
-Non ce sont des montres ...
-Bon, Morizot merci d'être ce que vous êtes et je dois vous laisser, on m'attend.
...
-Alors Paquot ? Que vous a promis Mosbilo ?
-Une promotion en m'expliquant qu'il ne pouvait la faire ... Et vous ?
-Pareil !
-Ah vous voyez comme on avait parié la même chose on fera 50/50 au restaurant ...Mais vous croyez vraiment que ce con pense qu'on avale ses couleuvres ?
-Oui c'est le propre des incompétents de toujours croire que leur parole est écoutée.. Ils s'écoutent eux-mêmes et sont certains que les autres en font autant avec eux.
-Et vous avez vu ce tic ? Il se frotte le nez en se grattant l'oreille quand il pense avoir fait un bon coup...
-C'est vrai qu'il n'a pas arrêté... Vous lui avez répondu vous ?
-Oui, j'ai simulé la déception et vous ?
-Pareil ...
-Oui tant qu'on a notre couverture sociale ...
-Un loto monsieur Morizot ?
-Hmmm why not et un tiercé... Ca va nous occuper au moins deux heures... Oh le téléphone ...
-Ne décrochez pas monsieur Paquot. C'est Mosbilo, il n'a qu'à se débrouiller avec Berthier, ce con nous a plombés, il se tapera le travail ...
-Oui, vous avez raison ... Surbiquet ? Vous nous faites des cafés et allez donc nous chercher des tartes à la crème ! Ca nous fera du bien.
-C'est vrai que ça fait huit jours que je n'ai pas touché un dossier et même mastiquer me semble insurmontable ...
-C'est comme ça quand on n'est pas motivé.
-oui et la société pert de l'argent ...
-Ne vous inquiétez pas, plus haut ils sont, plus en sciant la branche sur laquelle ils sont assis, ils se feront mal en tombant.
-Je souffre déjà pour lui.