Match racing, n.m. (angl.) : Forme particulière de la régate, qui oppose deux bateaux concurrents identiques dans un affrontement sur l’eau à armes égales à un contre un où seule l’expérience, la combativité, le talent de l’équipage signent la victoire. Il s'est inspiré initialement de la Coupe de l'America, avant de devenir une discipline sportive à part entière.
Bonjour à toutes et à tous ! Il y a quelques mois, je vous présentais
ici les 10 membres de mon équipage 2011. Dix régatières affutées et ambitieuses, prêtes à en découdre sur l’eau pour virer les bouées en tête et connaître le frisson du coup de canon victorieux!
Oui mais voilà, pour vaincre, il leur fallait une opposition, un nouveau bateau, un nouvel équipage avec lequel se mesurer sur le plan d’eau ! Le recrutement fut donc lancé au début de cette nouvelle année afin de permettre la confrontation attendue. Et comme le match race, c’est fun, les concurrentes ne se sont pas faites prier pour embarquer…
Voici donc la présentation de mon équipage 2012.
Cette année, deux mots d’ordre : diversification (des mouvements), internationalisation (des marques), pour un équipage encore plus différencié.
Histoire de faire dans l’exotisme, je commence par recruter une suissesse, dotée d’un Lemania 1341, dans un format de boite identique à ma Lémania 2011 à cadran jaune, le traitement brillant du boitier en moins… C’est bien mal parti pour la diversification et l’internationalisation…
Tissot Navigator Yachting :
Mouvement Lémania 1341 (17 pierres et 28800 alternances/heure), très fiable, et 6 aiguilles sur le cadran. J’aime beaucoup son look à la fois coloré par les touches orange des trois aiguilles, et un peu austère par l’emploi du bleu profond. Une très belle montre qui sait facilement passer du costume-chemise de semaine à la veste de quart du week-end.
La même source bordelaise, elle-aussi sur FAM, qui se reconnaitra ici et que je remercie en passant, me propose d’en recruter une seconde, toujours suisse, mais cette fois une Oméga Seamaster. Ma première Seamaster ! En l’occurrence la Seamaster Yachting Calibre 1040, référence Oméga ST 176.0010 de 1973:
Même esprit que la précédente, mouvement très proche puisque amélioré par Omega sur la base du Lémania 1341 (22 pierres, 28800 a/h), avec son bracelet d’origine, elle est arrivée un peu fatiguée et est immédiatement repartie en révision. Elle vient d’en sortir en pleine forme et encore plus belle, et ne quittera plus le team ! Notons en passant que cette belle détient avec 7 aiguilles le record de ma collection.
A l’occasion d’un petit saut chez nos amis italiens, je crois à nouveau une suissesse (c’est vraiment bien parti pour l’internationalisation…), en l’occurrence une TAG Heuer, Aquaracer Calibre S Regatta :
J’ai beaucoup hésité à recruter cette équipière, dotée d’un mouvement à quartz. Les arguments qui m’ont finalement décidé à l’intégrer à l’équipe ont été les suivants : un mouvement « hybride » très novateur, avec une partie mécanique composée de 230 pièces et 5 moteurs, une présentation originale des aiguilles sur le cadran, finalement très lisible, une gestion des trois modes heure/chrono/compte à rebours sans équivalent connu sur le marché des régatières, et finalement une certaine élégance au poignet, tout au moins dans cette association du cadran anthracite et de la lunette rouge.
Car j’ai eu la chance de la trouver dans sa version limitée (et numérotée) à 2000 pièces, dont certaines fournies par TAG Heuer au « China Team » pour sa première participation à la Coupe de l’America en 2007, sur un bateau (Longtze, « Le fils du Dragon » en chinois, numéro de voile CHN95) composé de marins chinois et français issus du Défi Français de la précédente édition de la Coupe. Au dos de la boite on retrouve la tête de dragon spécifique à cette édition limitée.
C’est donc ma première équipière issue du monde de la Coupe, et j’espère qu’elle ne restera pas longtemps toute seule !
Pour la petite histoire, à l’usage le mouvement, a priori complexe selon ses concepteurs, est assez peu fiable dans le temps puisqu’en à peine huit mois, il a fallu le remplacer trois fois, heureusement dans le cadre de la garantie TAG… Une si jeune équipière, et déjà trois pontages, je l’ai mise au repos dans la cellule arrière…
Après cette incursion dans le monde dangereux de l’électronique, je reviens à mes chères vintages, et mes non moins chères Yema… Tout d’abord avec une Yachtingraf Croisière.
Je sais c’est la troisième, mais celle –ci est dotée du Valjoux 7730 de la première génération des "Croisière", à deux cadrans. Elle aussi trouvée chez un FAMeur du coin, que je remercie ici aussi, elle est dans un état impeccable, et l’adoption du bracelet rouge par son précédent propriétaire, même s’il n’est pas toujours facile à assortir, sauf avec la veste de quart, lui donne un aspect général assez agréable.
Ces petites françaises se déplacent elles aussi souvent en couple, et je tombe enfin, après presque deux d’attente, sur mon Graal de débutant, la Yachtingraf Régate en version Jumbo :
Celle que Jecko référence sous la dénomination (un peu barbare) Digital 93 139 K AC, et dont il a fait de très belles photos
ici, était déjà superbe en version standard, dans sa boite ronde de 38mm. Sa grande sœur présentée dans une boite tonneau un peu plus grande est simplement magnifique, avec une vraie présence au poignet et un look indémodable certainement lié pour une part à sa lunette en bakélite. Un « must have » qui rejoint enfin l’équipe ! Avec deux française face à trois suisses, et 5 mouvements différents, j’améliore un peu ma progression vers les deux objectifs.
La seconde partie de mes recherches débute avec du saugrenu : Tutima Yachting Chronograph.
Waβ ? Une Allemande ? Ja Herr Skipper ; mais avec un Lémania 5100 à l’intérieur !(17 rubis, 28800 a/h, 45 heures de réserve de marche) C’est bien le seul motif qui m’ait décidé à la recruter. Certes, toutes les équipières de régate ne peuvent pas ressembler à Camille Rowe, mais quand même, nos amis de chez Tutima avaient dû taper sérieusement dans le Schnaps le matin du jour ou ils se sont mis à dessiner cette boite. Et encore ai-je échappé à la version « Sapin de Noël » présentée
ici par ZEN. Dans cette version à cadran en dégradés de pourpre sur bracelet cuir, elle est portable. En titane, elle se fait aussi oublier au poignet, ce qui n’est pas plus mal diraient certains… Malgré tout, elle semble assez solide, Tutima est fournisseur officiel de la Bundeswher (voire de la KriegsMarine ?), et puis c’était a priori une occasion pas si fréquente d’ajouter un Lémania 5100 à ma liste. Mais quand même, une boite sans cornes, ça n’est quand même pas très esthétique…
Croisée sur son lit d’hôpital à l’occasion d’une visite sur la baie, je découvre ensuite cette petite suissesse, une Lémania dotée d’un classique 1345, telle que celle déjà recrutée l’an dernier:
En fait son mouvement a semble-t-il été originellement pillé de sa balance complète, et du coup la belle est restée au fond d’un tiroir, sans jamais subir les affres du temps ni voir les risées du plan d’eau. Elle m’est donc apparue dans son état d’origine et sa boite sans aucune trace. Il m’a pas fallu quelques jours pour lui trouver la pièce, du côté de Sidney, et son petit cœur fait à nouveau tic-tac… Caractéristique amusante, le cadran décoré d’un joli voilier et d’une marque inconnue, « Intermar », vraisemblablement une commande pour une course unique ou un club de voile, pourquoi pas sur un lac suisse, sorte de petite mer intérieure. Si l’un d’entre vous a une autre explication en me lisant, ses suggestions sont bienvenues ! J’aime en tout cas toujours autant la fluidité de son design et la simplicité absolue de la fonction « fly back » utilisée en compte à rebours de régate.
Les américaines ne sont pas si fréquentes sur les plans d’eau européens. Mon Hamilton, recrutée l’an dernier, se sentait un peu seule au milieu des suissesses, aussi n’ai-je pas hésité une seconde quand j’ai croisé cet autre modèle quasi unique, en tout cas siglé d’une marque inconnue : Seabord Yacht :
J’ai immédiatement trouvé ce petit chronographe très élégant, avec ses cornes de Seamaster et son design ultra simple. Malgré sa boite de 38 mm, je trouve sa présence réelle, mais élégante au poignet. Mais la bonne surprise a été de découvrir que le vendeur qui affirmait que la belle était dotée d’un Valjoux 7733 s’était trompé ! Il s’agit bien d’un 7733S, qui marque les demi-minutes en faisant effectuer à l’aiguille du guichet de compte-à-rebours un mouvement d’une demi-graduation, comme vous pouvez le constater sur la seconde photo. Voilà le genre de petites émotions qui me qualifient désormais sans problème pour le diner de cons du mercredi, mais j’assume ce nouveau statut… Elle est partie quelques semaines en révision complète et se trouve désormais prête à en découdre face aux suissesses… En tout cas elle est déjà dans le top 5 de mes préférées.
Mes recherches sur le net pour trouver les origines de la dame n’ont pas été très fructueuses, voici les deux seules images trouvées d’une grande sœur assez ancienne, et d’une « réclame » d’époque !
Comme souvent dans ces cas-là, la coïncidence m’a fait croiser rapidement une seconde américaine : Wakmann Yachting Chronograph :
J’en avais vu passer plusieurs en boitier doré, mais les boites dorées ne sont pas ma tasse de thé. Ce modèle est plus rare en boitier acier, et je n’ai donc pas hésité non plus très longtemps. Elle nous arrive tout droit de Californie, et elle est encore dans son jus comme vous pouvez le voir. C’est à nouveau un Lémania 1341 inside, mais son look se différencie par la présence d’une lunette intérieure supplémentaire et très colorée (trop à mon goût) qui fait office de calendrier mensuel « perpétuel », pour peu qu’on le mette à jour chaque mois avec la couronne à 11 heures. Autre détail amusant, sur mes trois autres régatières conçues autour du même mouvement/boitier (la Tissot Navigator et l’Oméga Seamaster Yachting présentées plus haut, ainsi que la Lémania Yachting présentée l’an dernier) le réhaut qui intègre les trois zones de 5 mn de compte à rebours est imprimé du terme « Yachting ». Sur celle-ci, destinée au marché américain, il est imprimé du terme « Régate » ! La mécanique du snobisme est la même des deux côtés de l’Atlantique… Elle partira en révision dans quelques jours. Si par ailleurs vous avez des suggestions de bracelet qui pourrait s’adapter à son coté « multicolore », elles sont bienvenues, je trouve que ce bracelet noir ne lui va pas du tout.
Il me manquait une dernière équipière pour compléter le bateau 2012. Souvenez-vous : 1995, nouvelle édition de la coupe de l’America à San Diego. Les néo-zélandais sont venus avec un bateau au nom désormais mythique : « Black Magic », numéro de voile NZL-32. Le bien nommé remporte 9 des 11 régates des demi-finales de la Louis Vuitton Cup, puis 5 des 6 régates de la finale contre « Australia ». Accédant ainsi à la Coupe de l’America où les américains l’ attendent en tremblant un peu, il inflige un brutal 5-0 aux Yankees de « Young America », sans doute encore un peu jeunes, et rentre à Auckland avec la Coupe pour la première fois de l’histoire. A sa tête, un jeune skipper surdoué : Russel Couts. Les « blacks » rééditeront l’exploit en 2000 à Auckland, infligeant un nouveau 5-0, aux Italiens cette fois, puis se feront battre en 2003 par les Suisses d’Alinghi, avec à leur tête… Russel Couts, passé à l’ennemi… Celui-ci infligera une nouvelle défaite à ses compatriotes en 2007, toujours avec Alinghi, et possède aujourd’hui avec 4 victoires le plus beau palmarès de l’histoire de la Coupe. En 2007 justement, pour commémorer l’exploit de « Black Magic », Oméga présente une Seamaster NZL-32 qui sera bien sûr le chronomètre officiel du team néo-zélandais cette année là. Depuis lors, ces belles régatières se sont dispersées dans la nature et j’ai récemment croisé le chemin de l’une d’entre elles :
Chrocomètre certifié COSC, Calibre Oméga 3602 (44 heures de réserve de marche), une boite de 43 mm, ma seconde Seamaster, mon premier chrono COSC et pour moi, surtout, un charme fou. Mi-suisse, mi-néo-zed’, pour ma seconde montre de la Coupe, que demander de plus ? En tout cas une belle manière de boucler le recrutement de cet équipage 2012.
Au final 5 suissesses, 2 françaises, 2 américaines et un allemande. Et 8 mouvements différents pour cette seconde année.
Voici les photos des deux teams 2011 et 2012 réunis (devant un autre bateau célèbre) :
Et comme toutes les histoires un peu longues, celle-ci s’achèvera non pas en queue de poisson mais en queue de mésange ! (pour ceux qui lisent le breton…)
Bonnes vacances à toutes et à tous ! A la voile bien sûr...
Kénavo,
JM