Bonjour à toutes et à tous,
Avec le retour de l'automne, il est temps de rentrer les dériveurs qui ont passé l'été sur la plage, de ressortir les cirés et de retourner courir les pontons et les entraînements d'hiver, et aussi de vous faire le bilan de mes acquisitions de régatières pour l'année écoulée.
Avec déjà trente chronos de régate au yacht-club, c'est une chasse un peu plus compliquée chaque année qui consiste à trouver des modèles originaux, et des mouvements et des marques jusqu'alors étrangères à ma collection... J'ai tenté à nouveau de relever le défi, les lignes et les photos qui suivent résument ces douze nouveaux mois de recrutements sur toutes les mers du globe.
Tout a commencé fin 2013, dans le souvenir encore précis de l'une des plus formidables éditions de la Coupe de l'America qu'ait connu son histoire, et notamment le final terrible entre américains et néo-zélandais, qui s'acheva sur la victoire des américains au terme de 19 matches très indécis d'abord, puis de moins en moins, et des rebondissements dignes de la tragédie grecque classique. (c'est peu dire, tant les néo-Z en ont encore sûrement mal au c.. en y repensant !) Pour conserver le souvenir de ces moments très forts, et célébrer l'esprit des gentlemen navigateurs néo-zélandais presque aussi beaux dans la défaite que leurs opposants semblaient outrageants dans la victoire, il me fallait mettre la main là-dessus, même si je devais y laisser un bras
:
Tambour Louis Vuitton Cup Régate, chronomètre avec compte-à-rebours de régate sorti de chez Dubois-Depraz et référencé LV171, trop confidentiel pour être connu du docteur Ranftt, ce qui fait que je ne sais pas vous dire sur quelle base il a été développé.
Louis Vuitton n'est peut-être pas la marque horlogère préférée des FAMeurs, mais elle a indéniablement une histoire intimement liée à la Coupe. C'est en 1983 que fut organisée la première Louis Vuitton Cup, dans laquelle se départagent depuis à chaque édition, sauf en de rares occasions très particulières, les challengers pour désigner celui qui ira affronter le defender dans la Coupe de l'America elle-même.
Ici une affiche de l'une des éditions courues à Auckland:
J'adore l'esprit vraiment "Sailing" de son cadran bicolore barré par le V, les aiguilles de minutes et d'heures partiellement "évidées" (il doit y avoir un terme plus orthodoxe...) pour favoriser la lecture du guichet central de compte-à-rebours, le jaune de la trotteuse sur le bleu mer du cadran, les petits drapeaux du code international des signaux maritimes qui symbolisent le L et le V, et même l'épaisseur du gros boitier de la Tambour qui fait que la belle refuse de se cacher sous la manche de la chemise de ville...
Tout juste mon compte-épargne avait-il digéré ce premier recrutement que je me tournais vers l'actualité 2014. Année de transition essentiellement composée de courses transatlantiques, mais avec une grande épreuve par étapes, courue en divers points du globe tout au long de l'année sur des catamarans proches des bateaux de la Coupe, et baptisée Extreme Sailing Series (ESS) par une organisation essentiellement composée de British, et un panel d'équipages internationaux, dont un groupe de mangeurs de grenouilles conduits par Franck Cammas.
Ici un ES 40, le bateau réservé à l'épreuve, joue à saute-moutons devant la baie des Anges lors de l'épreuve de Nice en octobre 2013:
Pour célébrer le lancement de ce circuit très sélectif ou se retrouvent les équipages de la Coupe entre deux éditions, certaines maisons horlogères ont créées des modèles commémoratifs, comme cette Alpina Extreme Sailing Regatta Timer de 2013, qui a rejoint l'équipage en provenance directe de l'AD local:
Loin des chronographes trop vite maquillés en compte-à-rebours de régate que certaines marques ont pu sortir l'an dernier au moment de la coupe, et dont je préfère taire les noms car je finirais quand même par les acheter
, ce modèle, doté d'un calibre maison AL-881, est une vraie régatière avec les fonctions essentielles qu'elle doit embarquer: une rose des vents sur la lunette pour les caps de navigations au près et au portant, un réhaut qui décompte les secondes restantes dans la minute en cours, et un troisième cercle intérieur au cadran dans lequel une fenêtre affiche le nombre de minutes restantes avant le top. Et en plus, cerise sur le gâteau, un affichage pompeusement dénommé "tactical planner" au centre du cadran, qui permet de déterminer facilement le coté favorable de la ligne au moment du départ. J'ai du perdre la moitié des lecteurs sur les quatre dernières lignes donc je tente de les rattraper en résumant: une vraie régatière déjà, qui deviendra surement un collector pour les spécialistes.
Son affichage central des minutes restantes m'a d'ailleurs immédiatement fait penser à celui de la Memosail des années 70, dotée à l'époque d'un Valjoux 7737, modification du 7733 pour y apporter le disque des minutes, et déjà dans ma collection depuis deux ans. Je les ai immortalisées ensemble pour illustrer cette filiation:
Une quarantaine d'années entre ces deux modèles, ou comment l'on fait toujours du neuf avec du vieux !
Avant de risquer de me faire virer du sous-forum des vintages, je suis alors retourné bien vite chasser les vieilles dames, avec un de mes modèles de prédilection, le fameux 15640 Skipper de Heuer, apparu dans le courant des années 70 et disparu au milieu des années 80, dont j'ai trouvé en Allemagne un modèle bleu:
Equipé du Calibre 15 maison, je trouve sa boite assez épaisse taillée pour le large par la solidité qu'elle dégage, et je lui ai cherché un NATO, le bracelet du baroudeur. J'ai pas mal tâtonné sur le nato (ou l'inverse ?
) pour trouver finalement celui-ci qui, je crois, lui restera:
A l'occasion de ce recrutement, je me suis aperçu que mon premier 15640, acquis il y a 4 ans à l'époque ou je découvrais un peu les offres, n'était pas entièrement conforme à l'origine puisque doté d'un cadran bleu et d'une lunette noire, combinaison totalement impossible ! Après avoir consulté un expert Heuer qui m'a confirmé qu'il s'agissait bien d'un modèle noir de la dernière série des Skipper (15640 BlackLate pour les intimes), je me suis mis en chasse d'un cadran noir sans trop d'espoir de toucher au graal. Et pourtant, avec la chance du débutant, j'ai fini par mettre la main dessus, et voilà donc le résultat après passage chez mon horloger préféré:
Merci Christophe ! Du coup j'ai un cadran bleu en spare si ça intéresse quelqu'un ...
Allez, en bonus, un recto verso du Calibre 15 Heuer:
Mais 2014 fut aussi une année de voile olympique avec les Championnats du monde ISAF à Santander en septembre. Une bonne entrée en matière avant les prochains jeux olympiques qui se tiendront au Brésil en 2016. Pour s'y préparer, l'idée me vint de chercher un modèle conçu pour la régate olympique, et le modèle qui me sauta aux yeux fut cette Certina DS Chronolympic "Regatta" créée en 1971 sous la référence 8701 504 pour les JO de 1972:
J'ai toujours autant de difficulté avec les boitiers carrés qui se passent de cornes, mais je trouve à son cadran une vraie originalité. Sous ce cadran, on trouve un Valjoux 728, l'une des nombreuses déclinaisons du célèbre Valjoux 72, auquel on a cette fois enlevé une roue:
Une rareté que je suis allé chercher en sollicitant un propriétaire Suédois qui a bien voulu me la confier (contre quelques couronnes tout de même) après avoir consulté ma collection. Merci à lui d'avoir accepté d'apporter sa contribution à mon projet !
Pendant que j'étais à tourner autour des trois bouées du triangle olympique ...
(C) c'est marqué dessus
... je m'y suis trouvé bien et j'ai décidé d'y rester un peu ! J'ai alors dirigé mes recherches vers un grand nom (vintage) de l'olympisme: Paul Elstrom, quatre fois champion olympique et 11 fois champion du monde sur à peu prés tous les bateaux de l'olympisme des années 50 et 60: 505, Finn, Snipe, Flying Dutchman, Soling et Star.
Ce très grand champion aujourd'hui âgé de 86 ans, a couru ses derniers jeux en 1988 à l'age de 60 ans, au Danemark, avec sa fille... Respect Paul !
Il avait entre-temps créé une voilerie à son nom, laquelle est encore aujourd'hui une marque très performante dans le monde de la régate.
En 1990, il vient aux horlogers de la maison Lemania l'idée de ressortir du placard le bon vieux 1345, surement le mouvement le plus employé dans les régatières, pour l'associer au nom de Paul Elstrom, ou comment (re)faire du neuf avec du vieux encore très neuf !
Je cherchais à acquérir ce modèle à un prix raisonnable, et finalement j'ai même pu m'en offrir deux pour le prix d'un !
(C) Christophe Phelippeau pour la seconde et la troisième photo
Selon la réclame officielle de l'époque il s'agit des références WA 322 et WB 303 (mais sur bracelet acier):
Une fois encore, deux régatières complètes équipées des mêmes dispositifs que l'Alpina présentée plus haut. J'ai découvert à cette occasion que le "tactical planner" est en fait une invention de Paul Elstrom, reprise ensuite par d'autres marques.
Je pensais en avoir fini avec mon stock de 1345 pour la saison et m'apprêtais à partir en vacances lorsque mon regard croisa celui d'une suissesse sur un site de rencontre:
Une marque jusqu'alors inconnue pour moi: Pierce; un design super épuré aux antipodes des productions de Paul Elstrom et de son associé Jean-Louis Dubois, et surtout un bracelet très typé seventies, genre écailles de dinosaure, mais en acier brossé. Bref le jouet idéal pour frimer dans les salons du yacht-club après la régate... Je l'adore !
C'est en vacances que je croisais la suivante tandis que j"étais parti loin du Web tenter de soigner cette passion hystérique sur des plages ibériques... Un vieux rêve chimérique...
Une petite ibère justement, une très modeste Sicura dotée d'un mouvement low cost à 50 pièces (peut-être même pas) comme certaines déjà recrutées l'an dernier:
Pas franchement belle, plutôt cabossée, mais dotée d'une mécanique étrange de trotteuse de compte à rebours. En effet la première aiguille orange qui marque les minutes écoulées, dont la remise au zéro se fait par pression sur le poussoir de 2 heures, est ensuite "asservie" ou "entrainée" par l'aiguille standard des minutes. Elle montre donc bien le temps écoulé, au moins en minutes, et elle est en réalité formée de deux aiguilles (la seconde orange elle-aussi) qui est solidaire de la première et forme un angle de presque 90°, mais pas tout a fait... Pas facile à expliquer, surtout quand on a pas bien compris comment ça marche, mais je continue à chercher ! Dans l'intervalle elle a récupéré le premier nato de l'heuer, ce qui a immédiatement multiplié sa valeur par deux...
Dans la série des affichages inhabituels, je croisais ensuite cette Breitling Chronomat Yachting, du début des années 90, motorisée par le classique Valjoux 7750, mais modifié pour afficher le comte à rebours de régate dans un disque placé à 12 heures:
Breitling n'a pas,a priori, rebaptisé le 7750, mais a bien déposé un brevet pour ce système d'affichage très particulier. Je ne vais pas m'apesantir sur son fonctionnement, pour les fanas des brevets (salut GG !) vous trouverez le détail ici !
Et un détail de la brochure ci-dessous:
Mon quota annuel était presque atteint, et je cherchais fiévreusement celle qui pourrait venir clore cette saison 2014 lorsque ma femme, sans doute fatiguée par la rentrée des enfants, me hurla un soir un "STOP !!!" tonitruant, espérant sans doute mettre définitivement fin à mes investigations...
STOP ! Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Une Seamaster ChronoSTOP bien sûr ! A mon sens l'une des plus belles Omega de régate, avec son mécanisme de retour en vol (Fly Back) simplissime installé sur le mouvement maison 865:
Certes, en régate, la montre nécessite deux manipulations pour visualiser le temps restant avant le départ:
1) déclencher l'aiguille de chrono au coup de corne,
2) Tout de suite après, avec la couronne à 10 heures, ajuster le réhaut de régate sur l'aiguille des minutes
ce qui n'en fait pas la régatière la plus simple à utiliser, mais cette technologie un peu surannée associée à une esthétique épurée en fait pour moi un modèle phare de ma collection.
Bon, cette fois la saison est finie. 40 chronos au yacht-club, ça commence à poser des problèmes de logistique. Je ne peux plus stocker en horizontal, alors je viens de commander une boite murale avec 30 emplacements. Je vous en ferai une petite photo à réception. Et si ça me va, il faudra donc en commander une seconde avec de nouvelles cases à remplir !
Mais si l'été s'achève, la régate se poursuit! Les concurrents de la Volvo Océan Race ont quitté Alicante la semaine dernière en direction du Cap, et dans quinze jours, ce sont les concurrents de la célèbre Route du Rhum qui s'élanceront vers la Guadeloupe !
Sans doute de nouvelles histoires à vous raconter en 2015 !
Amitiés à tous les FAMeurs !
JM