Nous sommes en 1913, la montre bracelet n'est pas encore à la mode, c'est la guerre 14 qui va convaincre les hommes de faire passer leurs montres de la poche au poignet et pousser les manufactures à répondre à ce nouveau besoin.
Zenith produit des montre de dame, dites montres de col portées par les dames autour du cou. Si en Europe, pour une dame, porter une montre qui affiche l'heure d'un côté et une gravure sur le fond est un signe de modernité, la culture Nord-Américaine est plus réticente à accepter ce type de montre. Les couches sociales les plus aisées préfèrent donc des montre de col de type Savonnettes dans le couvercle desquelles on glisse une photo de son mari, de ses enfants ou d'un parent à moins que l'on ne fasse le choix d'un proche plus intime.
Cette mode de la montre de col est assez furtive et pour cause. La guerre 14 va créer une demande inattendue de montres bracelets d'abord produites avec des pièces de col de type savonnette, directement par les manufactures qui en rectifient la longueur du pendant. L'engouement est tel que les propriétaires de ces montres vont aller faire transformer leur garde temps chez les bijoutiers qui jouent de la lime et de la soudure pour attacher des anses qui permettront de passer un bracelet pour tenir la montre. D'autres vont recourir à des bracelets en cuir ou en acier qui vont pincer les montres et en permettre l'attache au poignet.
Les manufactures ne vont pas longtemps se satisfaire de ces "adaptations" et l'ampleur de la demande va les conduire à orienter leur fabrication de calibres savonnettes imaginés pour des montre de col, vers des boites spécialement adaptés aux montres de poignet. La mode fera le reste ...
Cette pièce est à la fois une rescapée et le témoin assez exceptionnel des aspirations de la clientèle d'Amérique du nord pour des montres de col de type savonnette. Elle vient du Canada, de Settler Alta (pour Alberta) et d'un détaillant répondant au nom de Whites qui sévit jusque dans les années 30.
Elle mesure 35 mm de diamètre et son mouvement témoigne de la technologie mise au point par Zenith de réduction des mouvements. Le calibre en effet est l'exacte réplique des mouvement de 18, 19 et 20 lignes . Très précis, il comporte la même raquette que tous ceux de la gamme. Les plus observateurs peuvent y voir légitimement la préfiguration du 135 qui fait la même taille et verra le jour 35 ans plus tard. Ephrem Jobin, concepteur du 135, expliquera d'ailleurs avoir voulu retrouver l'architecture des mouvements propres à Zenith et avoir joué surtout sur les éléments réglants.
L'ADN de Zenith s'est ainsi transmise de mouvements en mouvements ...
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).