A la veille de l'Exposition Universelle de Paris en 1900, Georges Favre Jacot considère cet évènement comme essentiel à la promotion de la manufacture. Il a signé avec Alfons Mucha, un contrat exclusif qui permet à la manufacture de réaliser une montre représentant les 4 saisons de l'artiste, en collaboration avec le médailler Huguenin qui fabrique les boites.
Depuis 1897, la manufacture a déposé le nom de marque de Zenith et produit encore pour le moment, en petite quantités le nouveau calibre dénommé Zenith qui laissera en 1911 son nom à la manufacture. Ce mouvement est un enjeu industriel considérable pour la manufacture. Sa production est fondée sur une parfaite interchangeabilité des pièces et il sonne le point de départ d'un nouveau mode de fabrication basé sur une répartition des tâches au sein de la manufacture qui vise à améliorer sa productivité.
L'objectif est de réduire les coûts encore trop élevés de fabrication face à une concurrence. La manufacture a toutefois un problème, celui d'un surtstock que Georges Favre Jacot a constitué sans tenir compte de l'évolution des marchés. Il doit donc délester les stocks des anciens calibres avant de diffuser les nouveaux. Pour cette raison, la montre de Mucha renferme des 19 lignes en version ancienne.
La manufacture par ailleurs dispose de montres terminées de très belle qualité, non signées puisque destinées initialement à des marchés où les distributeurs imposaient le nom de leur maison sur le cadran. Ces noms étaient ajoutés à l'encre au moment des commandes au gré de celle-ci.
Cette montre fait partie de ces stocks, diffusés lors et après l'Exposition Universelle avec un calibre ancien (celui-ci date de 1895/96). Ces mouvements étaient d'une extraordinaire précision. 15 rubis, 19 lignes, pas d'empierrage au centre et 117 ans après, moins de 4 secondes de dérive par semaine au pendant comme à plat.
Le cadran de celle-ci est en émail blanc crème, une option plus chère que le blanc classique et le marquage des minutes est fait de paillons d'or appliqué à la main, là aussi c'est une option un peu plus onéreuse que le marquage classique. La boite est marquée "Grand prix 1900" avec toutes les médailles, signe que la montre a été commercialisée après ou pendant l'Exposition mais elle a été incroyablement préservée car la boite démontre que la pièce fut portée. La raquette au centre n'en a jamais bougé, ce qui est surprenant. Je teste cette montre depuis 8 jours et suis épaté comme à chaque fois par ce mouvement.
Il est rare de retrouver ces montres dans un état aussi bon et jamais massacrées par des horlogers plus ou moins habiles qui ripaient sur les têtes de vis ou déversaient des nettoyants sur la dorure. Pas de poussière, pas d'humidité, voici une montre qui a été épargnée.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).