ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: Quand les Suisses se mettent à l’heure anglaise Dim 25 Mar - 23:19 | |
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- Quand les Suisses se mettent à l’heure anglaise
26 Mars 2007
Eric Loth, patron de British Masters. La société horlogère est installée àla Chaux-de-Fonds. (PIERRE ABENSUR)
C’est un fait peu connu, mais pourtant bien réel. Jadis, aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’horlogerie la plus célèbre au monde n’était pas suisse. Mais britannique. Bien avant que les Helvètes ne commencent à fabriquer des montres, Thomas Tompion, considéré comme le père de l’horlogerie anglaise, inventa ainsi l’échappement cylindrique à repos, technique indispensable à la conception de montres plates. Son élève George Graham parvint en 1715 à mettre au point une pendule pouvant mesurant la durée d’un événement, plus connue aujourd’hui sous le nom de chronographe. Quelques années plus tard, John Arnold, l’horloger attitré de la Royal Navy, créa le spiral cylindrique pour chronomètres. Un exploit pour lequel bon nombre de célébrités lui rendirent hommage, à l’image d’ AbrahamLouis Breguet qui lui dédia l’un de ses tourbillons. C’est dire si l’héritage des maîtres du temps britanniques est exceptionnel. «Un véritable patrimoine et surtout une source d’inspiration incroyable », s’enthousiasme Eric Loth, patron de British Masters Stimulant Depuis dix ans, cet entrepreneur sis à La Chaux-de-Fonds s’applique à réinventer la tradition horlogère britannique à travers les marques Arnold et Graham, du nom de leurs créateurs. Un défi difficile qu’ Eric Loth, alors employé du Swatchgroup, n’a pas hésité à relever. «Je cherchais depuis un certain temps à reprendre une marque horlogère avec quelques associés. Lorsque j’ai découvert Arnold Son et Graham en 1996, j’ai tout de suite été attiré par le passé prestigieux de ces deux marques britanniques. Cela stimule ma créativité », raconte le fondateur de British Masters. Il n’empêche. D’un point de vue économique, concevoir des montres d’origine étrangère à La Chaux-de-Fonds, au coeur même de l’industrie horlogère suisse, peut se révéler un exercice périlleux. Mais qu’importe. Fin connaisseur de l’industrie du luxe, Eric Loth s’entoure de spécialistes en haute horlogerie, lie de précieux contacts avec des fournisseurs de composants et se plonge dans les archives horlogères de Sa Majesté. Objectif: créer des garde-temps à contre-courant, dans la plus pure philosophie british, mais estampillés «swiss made». Le résultat ne se fait pas attendre. Dotée d’un déclenchement situé à gauche de la montre – système initialement conçu pour les pilotes des bombardiers de la Seconde Guerre mondiale – la Chronofighter de Graham s’affiche comme révolutionnaire et suscite un engouement immédiat. Même phénomène pour les grandes complications d’ Arnold, réservées à un public plus averti. Créer la demande «Lorsqu’on est inconnu, il existe deux solutions pour arriver à se faire une place sur le marché de la haute horlogerie», explique le chef d’entreprise: «soit l’on crée un produit irrésistible qui stimule la demande et qui surprend la concurrence, soit l’on impose la marque en faisant un battage marketing très coûteux. A l’époque, mon budget était très limité», souritil. Allouant la totalité de son investissement de départ – 250 000 francs – dans la fabrication de ses montres, Eric Loth choisit de positionner ses deux marques sur les segments du haut et très haut de gamme, ciblant autant la clientèle masculine fortunée que les collectionneurs passionnés. Une stratégie qui, profitant de la croissance exponentielle des nouvelles richesses à travers le monde, semble promise à un bel avenir. «La montre fait aujourd’hui office de valeur de reconnaissance sociale, remarque l’entrepreneur. Elle étonne, suscite l’intérêt ou l’admiration. C’est en fait la seule réussite que l’on peut vraiment afficher». Gérées indépendamment l’une de l’autre, les marques de British Masters couvrent ainsi l’ensemble de la demande en matière de la haute horlogerie, de la montre mécanique sportive luxueuse mais abordable (prix de départ chez Graham: 7200 francs) au garde-temps Arnold Sn plus sophistiqué, agrémenté de complications spécifiques (de 20 000 à plus de 200’000 francs). Et témoignent d’une jolie progression: produisant un total de 5000 montres par an, la société forte de vingt-cinq employés vise une croissance de 50% et espère augmenter cette année sa production à 7500 montres afin de satisfaire une demande toujours plus importante.
«Industrialiser son mouvement? Folie!» Avez-vous de la difficulté aujourd’hui à satisfaire la demande?
Nous ne sommes pas une manufacture, et devons donc compter sur nos partenaires. Mais l’ensemble de la branche horlogère est sous pression. Cette année, l’un des plus gros fournisseurs suisses de mouvements (ndlr: ETA, membre de Swatchgroup) a considérablement restreint ses livraisons d’ébauches. Parallèlement, les délais d’obtentions de certains composants sont de plus en plus longs. C’est donc un problème très préoccupant. Ne serait-ce pas l’occasion pour British Masters d’entrer dans la phase manufacture? Je m’y refuse car cela comporte trop de risques. Il est impossible de développer un mouvement à un prix et à un niveau de qualité cohérent sans concéder un investissement de plusieurs dizaines de millions de francs sur un minimum de cinq ans. Non, aujourd’hui, industrialiser son propre mouvement serait de la folie pure. Quelles sont alors les alternatives? Nous avons choisi de renforcer nos liens avec nos partenaires dans un objectif de collaboration à long terme. Même avec des mouvements standards, on peut créer des montres exceptionnelles. Il suffit d’avoir de l’imagination. Mais il est vrai que sans une bonne complicité avec des fournisseurs, les sociétés horlogères indépendantes auront du mal à survivre seuls. Ce n’est heureusement pas notre cas. Le marché britannique représente- t-il une grande part de vos affaires? Les trois quarts de notre chiffre d’affaires se font sur Graham, la ligne Arnold étant plus exclusive. Curieusement, l’ Angleterre a démarré très doucement, les marques étant peu connues sur le territoire. Aujourd’hui, ce pays est en phase de devenir notre premier marché, suivi de près par la Russie, l’ Italie et l’ Allemagne, dont la clientèle masculine raffole de technique horlogère. Parallèlement, l’ Asie et les Etats-Unis affichent un fort potentiel Vos innovations pour Baselworld 2007? Nous avons créé dans la gamme Arnold un garde-temps muni d’une lune de précision calculée pour 120 ans. Chez Graham, la série Swordfish a été agrémentée d’une alarme et d’une date agrandie, tandis que la Chronofighter sera dotée de nouvelles fonctions, dont une spécifique à la plongée sous-marine. Tribune de Genève Florence Noël www.tdg.ch _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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