On est en 1952/53. Léon est agriculteur en Seine et Marne et il élève des vaches qu'il revend une fois qu'elles lui ont donné des veaux. Chaque matin, il traverse la commune et fait 2 kilomètres avec son tracteur et une remorque pleine de foin pour aller nourrir ses vaches. Ce jour là, il a fait très sec comme c'est le cas depuis plusieurs semaines et Léon descend de son tracteur pour décharger le foin avec sa fourche. Il ne porte pas de montre bracelet mais conserve l'heure juste grâce à une LIP de poche en argent qu'il attache à son bleu avec une chaine en métal argenté. La chaine est très usée et surtout bien trop fine pour l'usage qu'en fait Léon qui, la plupart du temps, laisse pendre la montre sans y prêter attention.
Ah ces vaches ! Habituées à retrouver Léon, elles lui mangent dans la fourche et au bout de la main. Il s'est même déjà fait dévorer son mouchoir par une normande. Elles sont braves ces normandes, surtout la Princesse, une vache de trois ans qui répond à son nom en venant à la rencontre de Léon. Elle est bien démonstrative ce matin ... La bête est si affectueuse qu'elle avale la montre de Léon et arrache la chaine dont 30 centimètres restent accrochés au vêtement de Léon.
Léon ne se rend d'abord compte de rien mais quand la vache vient tenter de consommer le reste de la chaïne, alors là, Léon comprend que sa montre est quelque part dans la panse du bovin. Fataliste, Léon se dit qu'elle va bien ressortir ... Oui mais comment retrouver au milieu des bouses de 18 bovins, celle qui est susceptible de contenir la montre ? "Il faut isoler la bête" conseille un autre éleveur qui peut accueillir l'animal. Quelques jours plus tard, la bouse miraculeuse rend à léon sa montre entièrement envahie par les acides de digestion de l'animal et la fermentation des herbes consommées. Léon porte vite sa montre à l'horloger de la ville la plus proche. La montre par miracle n'a quasiment rien de détruit pas même le verre et l'horloger la remet en marche. La montre a perdu toutefois sa précision et Léon retourne voir l'horloger qui lui en échangera le spiral.
Cette fois la montre de Léon fonctionne comme avant et Léon s'achète une vraie chaine de montre en acier. La montre de Léon est célèbre dans le village et valut à cet éleveur les quolibets de plusieurs générations. Léon commentait cet incident en expliquant que l'argent de la boite s'oxydait plus facilement depuis que sa vache l'avait avalé. Léon est mort dans les années 1980. Sa montre est restée dans les affaires de sa veuve qui a disparu à son tour dans les années 1990. Le couple n'avait pas d'enfant mais une nièce qui se sépare cette montre en cours de révision...
Evidemment, les gens du village veulent s'approprier cette légende mais la nièce de Léon explique que son oncle avait fini par se lasser de cette histoire jusqu'à ne plus en rire quand pour la millième fois, on le tournait en ridicule. La montre n'ira pas à quelqu'un du village. Léon peut en être certain, cette histoire restera dans les mémoires sans que Léon ne soit moqué.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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