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 Interview N. Hayek dans journal "Le Temps"

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MessageSujet: Interview N. Hayek dans journal "Le Temps"   Interview N. Hayek dans journal "Le Temps" EmptySam 23 Juin 2007, 2:53 pm

«Swatch Group peut désormais produire des composants à des prix similaires à l'Asie»

http://www.letemps.ch/template/economie.asp?page=9&article=209915
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ZEN
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ZEN


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MessageSujet: Re: Interview N. Hayek dans journal "Le Temps"   Interview N. Hayek dans journal "Le Temps" EmptySam 23 Juin 2007, 5:20 pm

Citation :
«Swatch Group peut désormais produire des composants à des prix similaires à l'Asie»





Nicolas G. Hayek, administrateur délégué de Swatch Group.


Bastien Buss
Samedi 23 juin 2007

Jeudi prochain, les membres de la Fédération horlogère (FH) décideront s'il convient de renforcer le Swiss made, devenu une coquille vide et appliqué de manière laxiste. La nouvelle mouture prévoit, entre autres, qu'un minimum de 80% des composants devront être produits en Suisse pour les garde-temps mécaniques, et 60% pour les montres électroniques. Malgré cet enjeu crucial, la cause semble entendue puisque les grands groupes (Richemont (CFR.VX), Rolex, Swatch (UHR.VX) Group) la soutiennent. Nicolas Hayek, président du numéro un mondial de l'horlogerie, s'exprime pour la première fois - et de manière exclusive pour Le Temps - sur les raisons de cette refonte, qui ne fait de loin pas l'unanimité et que son propre groupe rejetait il y a encore peu.

Le Temps: La Suisse veut renforcer le Swiss made. Pourquoi?

Nicolas G. Hayek: Pour commencer, il faut peut-être préciser que nous étions à l'origine de cette initiative. Mais elle était dans l'air du temps puisque nous n'avons pas eu à convaincre Rolex ou le groupe Richemont ni la Fédération horlogère, par exemple. L'ordonnance actuelle sur le Swiss made ouvre la possibilité dans le contexte mondial actuel, surtout en Asie, à quelques abus parfois excessifs. Il faut protéger le consommateur final qui associe la dénomination Swiss made à une provenance suisse véritable. Pour préserver l'authenticité et la crédibilité de l'industrie suisse dans son ensemble, la réglementation se doit d'être revue. Sinon, à moyen terme, avec l'émergence des pays asiatiques, notre industrie - qui rappelons-le emploie 44444 collaborateurs, plus d'innombrables sous-traitants de service - serait en danger de disparition totale.

- La nouvelle ordonnance va impliquer de sacrés défis pour certains acteurs de la branche, notamment dans le milieu de gamme, où vous-même possédez des marques comme Tissot ou Longines...

- Cela ne peut être que positif, puisque des activités, d'habillage surtout, devront être rapatriées en Suisse. Un processus que nous avons déjà en grande partie mis en place. La réponse à cette question est très simple. Il faut innover et développer de nouveaux outils de production. Nous avons parfaitement su utiliser les nouvelles technologies, comme notamment la création assistée par ordinateur. Notre groupe utilise aussi le digital printing, la découpe au laser et bien d'autres procédés modernes. Au final, et dans tous les échelons de la production, nous réalisons un gain de temps et de productivité, et donc d'argent. Avec une qualité encore accrue. D'ailleurs, au jour d'aujourd'hui, Swatch Group peut désormais produire des composants d'habillage comme les cadrans, les boîtiers et les aiguilles à des prix similaires à ce qui se fait en Asie.

- Tout le monde n'a pas vos capacités de production. Certaines marques hors périmètre Swatch Group sont condamnées à souffrir.

- Pour commencer, plus de 90% des horlogers suisses sont d'accord avec nous dans cette opération. Si la nouvelle directive passe - et j'en suis convaincu -, elle n'entrera pas en application immédiatement. Les horlogers ont donc amplement le temps de s'adapter. Il faut que les choses soient claires une fois pour toutes: nous n'avons pas lancé ce processus parce que nous voulons avoir le monopole sur l'habillage comme certains nous reprochaient de l'avoir sur les mouvements de montres. Il s'agit de préserver une industrie et un savoir-faire extraordinaire, aujourd'hui menacés par les copies, les falsifications et des personnes malintentionnées. Nous continuerons quoi qu'il en soit à livrer les autres horlogers suisses. Et cela malgré le fait que nos bénéfices se fassent en grande partie dans la vente de montres terminées et non pas via la vente de composants qui ont des marges bien plus limitées.

- De nombreuses marques suisses s'opposent à ce durcissement.

- Lors de la dernière réunion des acteurs de la branche sur cette thématique, seuls 8 ou 9 horlogers sur à peu près 600 ont fait part de leur scepticisme. Ce qui fait à peine plus de 1%. On ne peut pas parler d'un mouvement majoritaire.

- La fronde agite l'étranger aussi. Des Français ont fait des remarques assez négatives sur le futur Swiss made...

- Certes, mais leurs propos sont dénués de tout sens stratégique. De plus, comme les activités de production seront augmentées dans les régions dites horlogères, comme le Jura français, les dizaines de milliers de frontaliers français en Suisse pourront aussi profiter de cet essor.

- Bruxelles ne semble pourtant pas du tout acquis à votre cause... Et l'Union européenne doit in fine avaliser le texte puisqu'il fait partie des accords de libre-échange...

- Détrompez-vous. De nombreux fonctionnaires, et pas des moindres, partagent notre point de vue. Et je suis bien placé pour le savoir, puisque j'ai siégé dans deux commissions de l'Union européenne en tant que membre ou consultant. J'ai donc toutes les raisons d'être optimiste. L'Europe acceptera le renforcement de l'ordonnance sur le Swiss made car c'est aussi dans son intérêt. Je me permets de rappeler que la création de valeur suisse à 100% n'est pas requise. Le texte parle de 80% pour les montres mécaniques et de 60% pour les non-mécaniques. Ce qui n'en fait pas une hypothétique tentative protectionniste.

- Dans six mois, au 1er janvier 2008, Swatch Group va réduire de 25% les livraisons d'ébauches, composants d'un mouvement (mécanique) en vrac. C'est une menace réelle pour les nombreuses marques qui se fournissent chez vous...

- Non, car cette décision a été annoncée depuis de nombreuses années. Dans les faits, et tout en respectant à 100% l'accord avec la Commission de la concurrence, nous allons en effet réduire la production d'ébauches dès 2008, production qui cessera en janvier 2011. En 2006, nous avons produit à peu près 1,28 million de pièces, contre environ la même quantité, soit 1,3 million, lors de l'annonce de notre décision. Je ne crois pas que l'horlogerie en a pâti. Au contraire, le secteur s'est rarement aussi bien porté. Il convient à ce stade de dire que nous avons en parallèle fortement augmenté la production de mouvements mécaniques terminés. A contrario, Swatch Group a complètement cessé de livrer des mouvements en quartz en Asie il y a environ dix-huit mois. Pour en revenir à votre question, le panorama de l'horlogerie ne va pas être modifié. On va vers un accroissement de la production pour tous. Depuis des années, surtout grâce à nous, l'horlogerie suisse augmente ses livraisons constamment et d'une façon substantielle.

- Mais avec une nouvelle diminution de 25% en 2009 et une cessation complète en 2011, vos clients vont se retrouver dans une situation délicate, désespérée pour certains.

- Je ne le pense absolument pas. Ni la Comco, ni Swatch Group ne partagent cette estimation tout à fait dramatisée. Il s'agit là d'une vision largement exagérée. Ils ont d'ailleurs eu tout loisir, pendant de nombreuses années, de se préparer à cette échéance. J'en veux aussi pour preuve que de nombreux horlogers ont commencé à produire leurs propres mouvements, grâce à notre impulsion. Il existe donc beaucoup d'alternatives. Nous voulons éviter que nos ébauches se retrouvent dans des montres contrefaites de marques suisses mais aussi pour obliger les horlogers à innover et ainsi à développer leur propre outil de production et en particulier les mouvements. Récemment, la présidente d'Audemars Piguet a déclaré que cette initiative avait été salutaire pour l'industrie car beaucoup de nouveaux développements se font en Suisse maintenant. De nombreuses marques horlogères ont d'ailleurs affirmé être autonomes par rapport à Swatch Group. Tant mieux pour elles, et pour nous tous.

- Vous investissez entre 200 et 250 millions de francs par année dans la production en Suisse. Mais est-ce vraiment suffisant pour pouvoir résorber les goulots d'étranglement?

- Difficile de faire plus, car nous investissons partout où la demande existe. Quelques exemples: 20 à 30 millions chez Nivarox et 150 millions chez Breguet, des dizaines de millions chez ETA, et Frédéric Piguet est en élargissement, tout comme Comadur. A Bienne, Swatch va être doté d'un nouvel édifice. Cela dit, dans l'absolu, nous avons davantage besoin d'horlogers que de machines et de bâtiments. L'argent pour investir ne manque pas, ce sont les horlogers qui font défaut. Et puis, les autres producteurs horlogers suisses investissent aussi.

- La pénurie d'horlogers perdure donc?

- Oui et non. Nos efforts très poussés dans la formation commencent à porter leurs fruits, avec l'ouverture de différentes écoles, notamment aux Etats-Unis, en Allemagne et ailleurs à l'étranger, mais aussi en Suisse, à l'intérieur de nos propres marques. Par ailleurs, certains métiers horlogers peuvent s'apprendre relativement rapidement, notamment dans la décoration. La formation continue à l'interne, sur le terrain. C'est un facteur clé du savoir-faire de Swatch Group. Cela dit, il nous manque encore beaucoup d'horlogers hautement qualifiés. Environ 200, pour donner un chiffre.


Citation :
«Je ne peux pas dire que l'avenir m'appartienne»
L'heure de la retraite n'a pas encore sonné.
Bastien Buss
- Monsieur Hayek, vous avez 79 ans. Songez-vous à vous retirer?

- Comme je l'ai toujours dit, je ne travaille pas mais je m'amuse tous les jours. Cela n'est donc pas à l'ordre du jour. Mais j'ai remis à mon fils il y a déjà quatre ans l'opérationnel au niveau du groupe, même si, à la demande de mes collaborateurs, de mon fils, du conseil d'administration, et finalement des actionnaires je reste président du conseil d'administration de Swatch Group, et directeur des marques Breguet et Swatch.

- Un jour, il faudra tout de même céder la barre...

- Bien sûr. Un jour, la mort me rattrapera. Ou alors mes collaborateurs me diront qu'ils sont devenus plus visionnaires que moi et qu'ils travaillent plus rapidement et qu'ils n'auront plus besoin de mes contributions. Ce jour-là, je me retirerai à 100% dans ma maison du Cap d'Antibes et j'écrirai un livre.

- Vos Mémoires?

Non, un livre philosophique sur notre planète et ses habitants.

- Le temps s'égraine inexorablement même pour le sauveur de l'horlogerie suisse. Ce jour-là craignez-vous une lutte de succession ou de pouvoir, comme l'histoire en a fourni un florilège d'exemples lorsque le fondateur d'un empire s'en va?

- Fondamentalement, on ne peut l'exclure. Mais j'ai tout mis en œuvre pour que cela ne se produise pas. Préparer une succession harmonieuse fait partie entre autres de mon métier d'entrepreneur et a déjà eu lieu en partie, avec succès et sans lutte, depuis plus de quatre ans. Grâce à la majorité que détiendra ma fille Nayla, membre du conseil d'administration et responsable opérationnelle du Moyen-Orient, de l'Inde et d'une marque de montres, mon fils Nick, directeur du groupe, et Marc-Alexander, directeur de la marque Blancpain ainsi que d'autres parties importantes du groupe, il n'existe pas de risque de démantèlement. Je suis en tout cas persuadé qu'ils ne vendront jamais le groupe à un hedge fund ou à quelqu'un d'autre, car ils font leur métier avec amour, conviction et engagement, et possèdent des revenus substantiels en dehors de Swatch Group. Mais, évidemment, je ne peux pas dire, comme Napoléon Bonaparte, que l'avenir m'appartienne. Mais toutes les données prévisibles indiquent plutôt un développement harmonieux et positif pour notre groupe, comme durant ces vingt-deux dernières années.

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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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