Bonjour à tous !
Je m’appelle Florian, et je suis le créateur de la jeune marque horlogère
Horae Volant dont j’ai dévoilé il y a peu le premier modèle, la
Black Meteorite.
J’aimerais vous présenter aujourd’hui un petit reportage s’intéressant à la fabrication de la pièce maîtresse de la montre, son cadran en météorite.
Cette idée, plusieurs FAMeurs me l’ont suggérée, et j’espère au travers de cet exercice vous communiquer un peu de la passion qui m’a conduit tout au long de cette aventure.
Mais avant tout, en guise de préambule, je tiens à vous raconter l’histoire du projet.
Horae Volant (les heures s’envolent, en latin) est le fruit de ma fascination pour les cadrans de montres faits de matériaux extraordinaires.
Cette fascination, c’est à une montre en particulier que je la dois : l’Omega Speedmaster Professional Apollo-Soyuz 35th Anniversary, au magnifique cadran en météorite, que j’ai eu l’occasion d’acquérir il y a quelques années.
Au fil du temps, loin de s’amoindrir, cette fascination s’est au contraire amplifiée. Je trouvais, et trouve toujours incroyable de pouvoir porter à son poignet un fragment extraterrestre vieux de plus de 4 milliards d’années.
Outre Omega, quelques marques proposent ou ont proposé par le passé certains modèles parés de cadrans en météorite, tous magnifiques. On peut citer Rolex, Jaeger-LeCoultre, Corum, Jaquet-Droz ou encore Parmigiani Fleurier.
Hormis la renommée de ces respectables maisons et la beauté de leurs cadrans extraterrestres, ces montres ont toutes en commun leurs prix élevés. La moins onéreuse de toute, la Speedmaster d’une édition limitée sortie en 2010 et aujourd’hui épuisée, était proposée à 6 200 €. Et aujourd’hui, impossible d’acquérir une de ces « montres météorites » pour moins de 9 950 € (pour la Romain Jerome 1969 Heavy Metal Meteorite).
Rien de choquant néanmoins, car ces modèles s’inscrivent sans jurer dans les plages tarifaires de ces grandes maisons, dont les prix sont à la hauteur de la renommée.
Mais plus que leur prix global, j’ai remarqué avec attention le prix que facturent ces marques pour le seul cadran météoritique, ces montres étant souvent proposées comme des éditions spéciales de modèles emblématiques : la Speedmaster pour Omega, la Daytona pour Rolex, la Master Calendar pour Jaeger-LeCoultre, la Tonda pour Parmigiani Fleurier…
De ce relevé, un constat : c’est en moyenne 3 000 € qui sont facturés pour leur cadran extraterrestre.
Pas de problème là non plus, c’est précisément ce surcoût que j’ai endossé en acquérant ma Moonwatch météorite.
On pourrait donc conclure que les montres météorites ne sont disponibles qu’à des tarifs élevés. Et comment pourrait-il en être autrement avec un tel coût que l’industrie horlogère facture homogènement pour ses cadrans extraterrestres ?
Une conclusion ? Pas tout à fait. Car une question germe alors dans mon esprit : un tel prix est-il inévitable ? Autrement dit, pourrais-je fabriquer une montre au sublime cadran en météorite pour un coût notablement inférieur, une fraction seulement du prix de marché ?
Des mois de recherches et de travail me l’ont confirmé. Et ce qui n’était à l’origine qu’un projet horloger individuel dont le dessein était d’obtenir de ses propres mains une montre fascinante a peu à peu pris une dimension altruiste et entrepreneuriale dans le but de proposer aux amateurs et passionnés comme moi une montre météorite sans concession à un tarif plus accessible.
C’est ainsi qu’est née la Horae Volant Black Meteorite.
Pour mes premiers modèles, vous l’aurez donc compris, c’est avec de la météorite que j’ai choisi de travailler. Et pas n’importe laquelle : la météorite Muonionalusta, la plus vieille connue des hommes !
D’un âge évalué à plus de 4,54 milliards d’années, elle s’est écrasée en Laponie il y a un million d’années. Là, elle attendit patiemment, traversant quatre ères glaciaires avant d’être découverte en 1906.
La Muonionalusta est une météorite ferreuse de composition complexe. Principalement constituée de fer et de nickel, elle renferme aussi des éléments rares tels l’iridium, le gallium et le germanium.
Si les chutes de météores sont déjà un phénomène rare, celles appartenants à ce groupe particulier ne représentent que 0,4 % des chutes recensées sur Terre.
Je m’en procure d’imposants blocs directement auprès des chasseurs de météorites qui ratissent encore de nos jours la zone d’impact.
(crédit : meteoritezone.com) Intervient alors une étape cruciale, la découpe de la météorite, qui, tout en étant très spécifique, présente des similitudes avec la découpe et la taille des diamants et autres pierres précieuses. Voilà pourquoi je fais appel à un tandem d’artisans lapidaires pour cette étape clé.
La découpe nécessite une analyse préliminaire approfondie afin d’établir les plans de coupe qui permettront d’obtenir un rendement optimal et de ne perdre que le moins possible de cette matière première rare et exceptionnelle. Cependant, malgré toutes les précautions prises, le taux de déchet reste à cette étape inévitablement élevé, de par la forme et le relief de la météorite, la présence d’inclusions, parfois grosses, et de fissures en son sein qui peuvent la rendre cassante.
La météorite étant un matériau d’une grande dureté, sa découpe, très longue, nécessite des outils de coupe diamantés et un grand savoir-faire.
Plusieurs cylindres, d’un diamètre de 34 millimètres et de différentes longueurs, sont alors découpés selon le plan établi.
De ces cylindres sont ensuite tranchés les cadrans, d’une épaisseur de quatre dixièmes de millimètres.
Je récupère alors les cadrans bruts.
À ce stade, après un minutieux ponçage, rien ne semble distinguer ce métal météoritique de son homologue terrestre.
C’est alors qu’intervient une étape fascinante. En attaquant le cadran à l’acide selon un procédé découvert au début du 19e siècle, d’étranges figures apparaissent à sa surface.
Peu à peu, la météorite nous livre son secret. En l’espace de quelques secondes, sa signature se dessine.
Cette signature, ce sont les figures de Widmanstätten, l’apanage des météorites, le reflet de leur origine extraterrestre, qui ne peuvent être reproduites artificiellement.
Elles résultent de la lente cristallisation de deux alliages Fer-Nickel, la taenite et la kamacite, opérée au sein de la météorite alors que celle-ci constituait encore le noyau d'un astéroïde gravitant entre Mars et Jupiter, avant qu'une collision céleste ne vînt l'en détacher pour amorcer son inéluctable chute vers notre planète.
Les cristaux de kamacite étant plus sensibles à l’action corrosive de l’acide que les cristaux de taenite, un relief va se dessiner, propre à la météorite Muonionalusta.
Sa signature donc, mais aussi son ADN. Car la morphologie et l’enchevêtrement de ces figures permettent de remonter sa filiation et d'estimer les dimensions du corps parent, l’astéroïde originel.
Chaque fragment de météorite offre alors une fenêtre poétique laissant entrevoir la grandeur d’un embryon planétaire depuis longtemps disparu, dont le diamètre avoisinait deux cents kilomètres.
Ultime étape : j’ai choisi, pour le magnifier, de revêtir le cadran d’un noir sidéral, non pas en utilisant une quelconque peinture qui dénaturerait le relief et la noblesse de la météorite, mais en modifiant sa constitution moléculaire même, grâce à un traitement chimique de ma conception dont je conserve le secret.
Et voilà le résultat, quatre milliards (d’années) au poignet :