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Sujet: Chronographes Dim 23 Avr - 5:13
Sujets Chronographes
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Sujet: L’histoire exceptionnelle des premiers chronographes de série Dim 23 Avr - 5:13
Les premiers chronographes de série étaient américains
La manufacture Waltham fut créée en 1850
L’exposition universelle de Philadelphie en 1876 avait donné le spectacle d’une industrie horlogère en ordre de marche et de processus industriels de fabrication des montres parfaitement maîtrisés par les Américains. Sous les yeux de ses concurrents américains et des maisons suisses qui ont dépêché des émissaires afin de s’inspirer des méthodes de fabrication américaines, Waltham expose sa première machine totalement automatique servant à produire des vis de précision et une chaîne complète de production horlogère.
Waltham, pionnier de la montre de grande série
La démonstration de force est absolue. Waltham obtient à Philadelphie la Médaille d'Or du premier concours international de précision horlogère organisé pour l'évènement. La firme américaine présente la production réalisée en six jours de travail à raison de dix heures par jour. Le résultat est éloquent avec plus de 2200 montres or ou argent et calibres, le tout produit à près de 50% du prix des produits suisses. Les Américains ont une propension quasi intuitive à aller vers la fabrication de modèles de montres « rentables » et de bien connaître les goûts et attentes du public et de leur clientèle militaire ou des milieux industriels.
Les balbutiements du chronographe industriel.
Chacun de leur coté, Suisses et Américains travaillent sur une demande qui se fait jour avec l’industrie, l’armée mais pas encore le développement de l’automobile qui n’en est qu’à ses premiers balbutiements. La demande porte sur des instruments destinés à mesurer de manière précise des temps très courts. En Suisse, l’horloger Alfred Lugrin pour Longines, travaille sur un mouvement de chronographe simple, le calibre 20 H qui sera breveté par l’horloger et verra le jour en 1878. Les grandes manufactures suisses qui s’illustreront plus tard dans la fabrication d’excellents chronographes, mettront dans le meilleur des cas, une dizaine d’années pour aboutir dans leurs conceptions chronographiques. Ainsi Charles Reymond est en 1887 l’artisan d’ébauches de chronographes dits « Valjoux » achetés par de nombreuses firmes qui les revendent sous diverses marques. La fabrication de chronographes est si spéciale, que certaines maisons demandent à des finisseurs de calibres de « maquiller » les ébauches pour que l’origine des mouvements ne puisse être établie et que visuellement, leur mouvement ne ressemble à ceux d’aucun autre. Breiltling dépose sous son nom le 22 mai 1889, un brevet n°927 pour un chronographe simple. Nicolet et fils propose en 1895, 6 ans plus tard, un chronographe original et il faut attendre 1898 pour qu'Omega présente son propre chronographe appelé à l'époque Chronoscope, désignation plus appropriée d'ailleurs. C'est un calibre 19 chro LOA de 15 rubis au pont "cassé" qui illustre le début de la production des chronos par Omega.
Quel chemin parcouru depuis l’invention du chronographe par Rieussec en 1821 ou celle de ce compteur de Tierces de Louis Moinet en 1816. Evidemment, l’invention originelle d’un instrument est un pas immense mais sa mise en production industrielle pour une fabrication en série implique de maîtriser la dite fabrication et donc de pouvoir former la main d’œuvre nécessaire, et de simplifier la construction du mouvement pour en réduire le prix de revient tout en préservant la qualité d’exécution des pièces. Les Anglais excellent dans la fabrication de montres chronographes à trotteuse centrale sans totalisateur à l’inverse des calibres suisses et souvent sans trotteuse de secondes. Si la mesure de temps courts avec ces pièces reste dans des normes acceptables pour l’époque, la mesure de l’heure est en revanche un peu moins efficace et sauf quelques pièces soignées, ces chronographes ne peuvent rivaliser de qualité avec les chronographes suisses.
Un chronographe très « étudié »
Les Américains semblent assez peu intéressés par les montres à complications. Waltham fait en la matière office de pionnier. Les chronographes ne font pas encore l’objet d’une forte demande et d’ailleurs, hormis l’industrie, qui pourrait bien avoir besoin de figer des temps courts ? Dans le milieu de l’horlogerie, déjà en 1876, ce qui est pensé par l’un peut rapidement être imaginé par un autre. Sans parler d’espionnage industriel, le mimétisme mécanique pousse les Américains à travailler sur les projets que les Suisses entendent développer et inversement, les Suisses ne perdent pas une miette du travail accompli par les Américains. La concurrence est aiguisée et les voyages des uns et des autres, d’un continent à l’autre, ne se font pas sans quelques échanges d’informations. Ainsi Elgin se laisse volontiers visiter par les Suisses et des accords se nouent au point que certaines marques appellent certains de leurs mouvements « Elgin » comme ce fut le cas pour Omega.
Waltham travaille déjà en 1876 depuis 2 ans sur un calibre de chronographe. La firme américaine qu’on appelle encore American Watch C° - Waltham, imagine un mouvement de chronographe susceptible de recevoir une fonction rattrapante en option, un système avec départ, arrêt et remise à zéro par la couronne alors que la mise à l’heure demeure à l’américaine, c'est-à-dire accessible par une targette à une heure, placée sur le bord de la platine et accessible en soulevant la lunette. Ce mouvement d’une taille assez grande de 14 S (mesure américaine) soit 41,48 mm ou 18 3/8 lignes est très caractéristique de l’application mise par les Américains à réduire les coûts de fabrication. Sans négliger la qualité du mouvement quant à sa fiabilité, sa précision et sa finition, le système repose sur un pont de chronographe unique traversant toute la platine et porteur des trains de rouages. La finition est soignée et de grade variable au choix du client, entre 13 et 17 rubis, avec terminaison rhodiée ou dorée et raquette plus ou moins élaborée.
Le mouvement ne comporte pas de totalisateur des minutes. Il sera breveté le 28 septembre 1880. Le cadran ne comporte pas de tachymètre, au moins pour les premières versions. La voiture automobile n’a pas encore pris l’ampleur qu’elle connaîtra 20 ans plus tard. Le cadran comporte, outre les paramètres de lecture de l’heure, un découpage des minutes/secondes en 60 unités sur lesquelles pointent les aiguilles des minutes et celle de la trotteuse de chronographe.
A la différence des mouvements souvent complexes fabriqués en Suisse, le calibre de Waltham simplifié au maximum est basé sur une ébauche avec demie platine et un pont de balancier de type cassé. Sans aucun doute l’absence de totalisateur contribue-t-il à la faisabilité de ces simplifications. Le mouvement comporte des rubis sur chatons vissés et selon la finition, une raquetterie plus ou moins élaborée. La plus simple d’entre elles est malgré tout articulée et peu courante.
Une diffusion restreinte
Destiné essentiellement au marché anglais afin d’y concurrencer un chronographe à trotteuse centrale qui connaît un beau succès, notamment chez les amateurs de courses de chevaux, il ne sera fabriqué qu’en assez peu d’exemplaires. Les chronographes américains à trotteuse centrale sont probablement sortis trop tôt. Sans totalisateur des minutes, les armées et les automobilistes leur préférèrent soit des montres classiques chronomètres, soit des chronographes pouvant enregistrer des temps un peu plus longs jusqu’à 30 ou 45 minutes. En outre, les tachymètres et télémètres des chronographes suisses leurs donnaient une indéniable caution technique. De fait, Waltham ne put diffuser massivement ces chronographes et dut adapter son offre à la demande. Hamilton, plus patient dans le développement de cette complication, en fit une plus large diffusion d’autant que l’armée américaine en adopta le modèle.
Le chronographe Waltham était d’une excellente tenue et sa précision ne variait pas lors du déclenchement de la fonction chrono ou de sa remise à zéro. Le mouvement était assez fort pour tirer toutes les roues et la fonction chronographique suffisamment légère pour ne pas amputer la force motrice délivrée par le barillet pendant les mesures. Très peu distribué en Europe en dehors de l’Angleterre, le modèle ne fut même pas répandu sur le territoire américain, ce qui en soit lui aurait donné un potentiel de diffusion considérable.
Ce chronographe de 130 ans est l’un des plus vieux ancêtres de la chronographie moderne conjuguée à l’échelle industrielle pour une diffusion de masse. Si son succès fut limité, c’est indéniablement par défaut d’utilité parce qu’il était en avance sur son temps. Il reste aujourd’hui quelques pièces rescapées entre les mains des collectionneurs, et rares sont les modèles livrés à la vente dans leur état d’origine.
Voir aussi https://forumamontres.forumactif.com/t117027-waltham-une-manufacture-hors-du-temps
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Sujet: La guerre des chronographes: et si le premier n'était pas celui que l'on croit ? Dim 23 Avr - 6:14
Nous voici à 13 ans du début du 21ème siècle et à l'heure où l'on se demande encore qui de Rieussec ou Louis Moinet a inventé le chronographe, il est temps de se poser la question de savoir qui a mis au point le premier chronographe industriel fabriqué à grande échelle. La question n'est ni franco-suisse , ni helvético-suisse mais davantage americano-suisse. Clairement, les premiers chronographes industriels suisses remontent à 1878 quand Longines produit son premier chronographe simple, le calibre 20H, breveté par l’horloger Alfred Lugrin.
Charles Reymond est quelques années plus tard, en 1887, l'artisan d'ébauches de chronographes dits "Valjoux" achetées par diverses manufactures et vendues sous de nombreuses marques.
Breiltling dépose sous son nom le 22 mai 1889, un brevet n°927 pour un chronographe simple. Nicolet et fils propose en 1895, 6 ans plus tard un chronographe original et il faut attendre 1898 pour qu'Omega propose son propre chronographe appelé à l'époque Chronoscope, désignation plus appropriée d'ailleurs. C'est un calibre 19 chro LOA de 15 rubis au pont "cassé" qui caractérise le début de la production de ces chronos par Omega .
Zenith suivra en 1913 avec son premier chrono à saut semi-instantané qui se caractérise par sa simplicité.
On pourrait bien sur citer d'autres calibres suisses mais Excelsior Park, Le Phare et tous les autres ne sont pas plus anciens.
C'est en fait du côté américain qu'il faut jeter un oeil pour trouver, chez "American Watch C°- Waltham" un brevet du 28 septembre 1880. Dès lors, Waltham qui est l'une des plus dynamiques manufactures américaines va produire en quantité limitée certes, mais en volumes à son échelle, des chronographes dont les premiers exemplaires sont avec ou sans rattrapante et sans totalisateur des minutes. L'usage de ces chronographes est de mesurer des temps courts de moins d'une minute, tout en conservant à la montre sa précision. Waltham y réussit fort bien et se trouve ainsi à quasi égalité avec Longines dans l'antériorité de la fabrication industrielle des chronographes. Des maisons anglaises vont fabriquer un temps ce type de chrono mais avec infiniment moins de savoir faire et de qualité. Waltham propose un chronographe moderne, à roue à colonnes, une pièce en tous points comparables aux chronographes suisses. L'architecture du chronographe Waltham est très particulière puisque le pont de chrono est posé sur une demie platine. La finition de 13 à 17 rubis pour une taille de 14 s soit 41,48 mm ou 18 3/8 lignes.
L'industrie horlogère à la fin des années 1870 est en pleine compétition et les Etats-Unis et la Suisse se livrent une bataille serrée pour conquérir une fabrication industrielle où l'interchangeabilité des pièces est le maître mot. Waltham a fait à l'exposition universelle de Philadelphie en 1876, une démonstration de force en déplaçant une ligne complète de fabrication, scotchant les Suisses devant tant d'aisance industrielle.
Ce chronographe est aujourd'hui assez rare et en voici un exemplaire qui a conservé, 130 ans après sa fabrication en 1884, des qualités chronométriques.
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Sujet: Comment utiliser un chronographe ancien de voiture : A quoi servent les couleurs Lun 24 Avr - 18:52
Comment utiliser un chronographe de voiture
L'horlogerie à la conquête des automobilistes
Qu'ils soient en acier, en argent ou en or, les vieux chronographes de poche ont un charme extraordinaire. Témoins de l'essor industriel, de l'évolution des performances sportives, de la science appliquée aux armées et de l'évolution de l'automobile, ils furent le premier équipement permettant de mesurer la vitesse d'une voiture sur une distance parcourue quand les tableaux de bord ne comportaient pas encore de compteurs de vitesse.
Il y avait ceux qu'on installait sur un support en cuir ou en laiton fixé au tableau de bord et ceux qui restaient dans la poche du conducteur ou passager avant, un peu plus à l’abri des chocs inévitables sur les routes pavées et cabossées. Les plus matheux des conducteurs pouvaient évidemment calculer leur vitesse moyenne avec un modèle classique mais ce que voulaient les automobilistes était une lisibilité instantanée de leur vitesse.
Les fabricants de chronographes allaient rapidement leur offrir l'instrument chronographique adapté à leurs besoins. Au milieu des années 1880, les premières automobiles fabriquées en (petites) séries atteignent 40 à 60 kilomètres par heure. Les chronographes sont vite adaptés pour permettre à l’automobiliste de connaître sa vitesse moyenne. L'offre de chronographes dotés de tachymètres s'étend vite à de nombreux fabricants et Omega comprend sans doute parmi les premiers, l'intérêt de sa présence sur ce marché. Zenith qui diffuse dès les années 1890, des chronographes dotés de mouvements Valjoux, propose en 1913 son premier chronographe équipé d'un mouvement de manufacture fabriqué en interne.
Comment utiliser son chronographe en voiture ?
Quels qu'en soient les fabricants, les chronographes destinés aux automobilistes sont fondés sur le même principe de lisibilité par un affichage simplifié. Le tachymètre est ainsi mis à la portée de tous. L'usage est simple mais il s'est embrumé dans la nuit des temps de sorte que peu d'utilisateurs, aujourd'hui, sauraient l'utiliser pour calculer leur vitesse. Voilà pourtant un jeu parfaitement adapté sur nos autoroutes modernes pour les enfants, afin de rappeler à leurs parents noyés dans les bouchons, que la vitesse moyenne peut être inférieure à ce à quoi pourrait prétendre un piéton.
Ainsi donc, au moment où l'on passe devant une borne kilométrique, on presse sur le poussoir pour déclencher le chrono. La grande aiguille tourne. Devant la borne kilométrique suivante, on presse à nouveau sur le poussoir et on arrête le chrono. La grande aiguille s'immobilise. Il faut regarder sur quelle zone de couleur s'est arrêtée la petite aiguille du totalisateur des minutes (petit cadran à 3 heures). Cette couleur correspond à une zone de chiffres. La grande aiguille s'est arrêtée sur l'un d'eux. Ce chiffre permet de déterminer instantanément la vitesse.
Exemple : on enclenche le chrono en pressant sur le poussoir, la petite aiguille du totalisateur se fixe sur le rouge lorsqu'on arrête le chrono. On va regarder en périphérie du cadran dans la zone écrite en rouge. La grande aiguille donne la vitesse. Ainsi avec la petite aiguille dans le rouge, on va voir en zone rouge où la grande aiguille s’est arrêtée ce qui nous donne un chiffre rouge sous 60 kilomètres par heure. Si on a dépassé la minute la petite aiguille est en zone bleu foncé et donc on a roulé plus lentement et le chiffre indiqué par la grande aiguille sera plus faible.
Ici, le chrono Zenith permet de mesurer la vitesse jusqu'à 240 km/heure et la pièce Omega jusqu'à 250 km/heure. Des vitesses extrêmes pour l'époque. Evidemment ces vitesses n'étaient pas celles des voitures de monsieur tout le monde ou des trains mais l'industrie automobile évoluait extrêmement rapidement et en 1910 déjà, Barney Oldfield atteignit la vitesse de 210 km/h sur sa Blitzen Benz. Onze années plus tôt, le record n'était que de 100 km/heure et s'envolait en 3 ans de 20 km/heure. Pour se positionner sur les chronométrages sportifs, il était donc nécessaire de pouvoir mesurer ces vitesses et quand Zenith proposait son chronographe, la manufacture avait ajusté l'affichage de son cadran aux performances automobiles de l'époque avec une faible marge de progression.
Hélas, il n'y avait aucune couleur standard et d'une marque à l'autre, la référence de couleur pouvait changer. La première minute, rouge chez Zenith, est bleue chez Omega et peut être verte chez un autre fabricant.
Une offre technique diversifiée
Le système évitait de lourds calculs. Ces chronographes d'automobilistes étaient évidemment l'accessoire complètement indispensable pour calculer sérieusement sa vitesse mais aussi pour ensuite, attester de ses exploits. Il existait des chronographes à compteur à aiguille trainante, l'aiguille progressait au fur et à mesure que s'écoulaient les minutes, à saut semi-instantané où l’on voyait progresser l’aiguille dans les derniers moments de la minute engagée c'est-à-dire lorsque s'enclenchait la préparation du saut d'aiguille et à saut instantané lorsque l'aiguille sautait d'un seul coup vers la minute suivante.
Zenith a conçu son chrono avec saut instantané quand Omega laissait au client le choix de son mode de comptage instantané ou semi instantané. Le Chronographe Zenith est assez rare car fabriqué en petits volumes. Il s’en est assemblé dans l'atelier de Boudry, au Locle et à Besançon. Le marché français était en général fourni par la filiale franc-comtoise et il est donc exceptionnel de trouver une pièce avec le poinçon d'or français alors que Zenith France devait prendre en charge ce marché.
Ces chronos indiquaient aussi l'heure à la différence des compteurs de sport trop souvent appelés Chronographes, à tort puisque ces derniers ne donnent pas l'heure. L'indication de l'heure juste avait elle aussi une grande importance et la mise en marche ou l'arrêt du chronographe ne devait pas avoir d'incidence sur la bonne marche de la montre qui profitait du même barillet et donc du même ressort pour tirer toute son énergie.
Le choix d'une savonnette
Les modèles Lépine (montre classique) côtoient les savonnettes (avec couvercle devant le coté du cadran). La savonnette n'est pas adaptée à l'installation sur le tableau de bord et se veut élégante et discrète. C'était la version la plus chère, en particulier pour les modèles en or. La version Lépine, de loin la plus courante, facilitait la présentation de montres de grands diamètres. Sans nul doute, l'automobiliste qui avait une main sur le volant, une autre sur le levier de vitesse et tenait en même temps son chrono pour le déclencher, l'arrêter et ouvrir le couvercle de la montre pour mesurer sa vitesse, était-il un as du volant !
L'usage du chronographe automobile s'est perdu avec la généralisation des compteurs de vitesse. Ford en a installé en série dès 1910 sur certains de ses modèles. Le chronographe sera encore utile pour calculer des vitesses moyennes de ville à ville, mais c'est là une autre utilisation. Il n'est évidemment pas étonnant de retrouver des manufactures horlogères derrière la fabrication de Tachymètres, de montres de bord ou de compteurs de vitesse. C'est le cas entre autres, de Jaeger ou Zenith.
La production de ces chronographes fut assez abondante. Il reste de nos jours peu de modèles de luxe de cette époque. Les fontes répétées d'or au gré des cours élevés du métal précieux ont fortement amputé le patrimoine historique de ces modèles. Les arracher des mains des fondeurs est donc une noble cause pour préserver une page de l'histoire de nos grands-parents et de leurs premières voitures à moteur.
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Sujet: Un Chronographe anglais qui préfigure le chronométrage moderne Lun 24 Avr - 22:43
Un Chronographe anglais qui préfigure le chronométrage moderne
La montre est imposante, 60 mm de diamètre n’est pas chose courante pour une montre à gousset. Son poids aussi détonne en comparaison des pièces de l’époque. Le fait qu’elle soit à clé et non à remontoir intrigue nécessairement pour une pièce à seconde centrale qui affiche la qualité de chronographe sur son cadran.
Une montre issue d’une certaine tradition
Après de nombreux essais dans des pièces à verge au 18ème siècle et au début du 19ème siècle, les chronographes anglais à seconde centrale fabriqués en grandes séries, ont vu le jour en pleine époque victorienne, aux alentours de 1880. L’horlogerie anglaise a connu au 18ème siècle une période de gloire. Inventive et dynamique elle a cultivé de grandes signatures. John Harrison qui permit le calcul précis des Longitudes grâce à son chronomètre de marine, Georges Graham qui réinventa l’échappement et travailla sur la compensation liée à la déformation des métaux par le recours à des balanciers bimétalliques, font partie de ces héros mécaniques qui ont porté l’horlogerie d’outre Manche et fait sa réputation dans le monde entier.
A la fin du 19ème siècle, les grandes manufactures suisses et américaines se lancent dans une bataille effrénée pour présenter des instruments permettant la mesure de temps courts. Hérité de Nicolas Mathieu Rieussec et peut-être de Louis Moinet, le chronographe moderne de la fin du siècle donne l’heure en même temps qu’il mesure des temps courts. Pendant que les Suisses totalisent les minutes mesurées sans altérer la lecture de l’heure, les Américains d’American Watch C° - Waltham et les Anglais se focalisent sur la minute par trotteuse centrale. Les Américains imaginent en 1880 un chronographe à roue à colonnes dont la trotteuse de chronographe est indépendante et commence la mesure en appuyant sur la couronne. Ils vont même jusqu’à produire très tôt un mécanisme de rattrapante qui permet de mesurer 2 temps simultanément. Le chronographe américain dispose d’une trotteuse pour les secondes et donc d’une heure complète affichée indépendamment des temps mesurés s’ils sont inférieurs à une minute. Au-delà, l’utilisateur doit recaler les aiguilles s’il veut mesurer des minutes ou totaliser des heures. Il lui faudra après utilisation régler à nouveau sa montre sur la bonne heure au moyen d’un autre instrument de lecture de celle-ci. Les Anglais ne vont pas jusque là et s’ils optent pour une trotteuse centrale, c’est au détriment de la trotteuse classique et pour cause, la trotteuse centrale remplace cette dernière. Un mécanisme de stop seconde venant au moyen d’un ressort fil bloquer le balancier permet simplement d’ajuster l’heure et de commencer la mesure. C’est la montre qui viendra totaliser les minutes depuis la remise à zéro. L’utilisateur perd la lecture de l’heure juste mais dispose d’une montre qui lui indique le nombre de secondes, minutes et heures écoulées depuis le commencement d’utilisation de la pièce horlogère.
Waltham a un temps signé ce type de chronographe dont la manufacture sous-traitait la fabrication. La marque américaine n’aurait d’ailleurs élaboré son propre chronographe à trotteuse centrale que pour concurrencer le modèle anglais. D’ailleurs, le modèle Waltham fut presque exclusivement exporté vers le marché anglais.
Un instrument particulier
Cette montre n’est ainsi ni véritablement une montre classique, ni un compteur sportif. C’est une montre qui se met entièrement au service du temps mesuré. Il faut après utilisation la remettre à l’heure soit au moyen d’une pendule, horloge ou d’une autre montre qui aura conservé sa fonction originelle.
Le stop seconde assez inhabituel
Etonnamment précis, le mécanisme à remontage à clé, repose sur un mouvement monté sur une platine ¾ dotées de chatons vissés. Le balancier de type à pont cassé est bimétallique à vis de compensation. Le balancier est arrêté à la demande par un poussoir situé sur la carrure et qui est relié par un ressort fil à un dispositif qui va stopper la course du balancier et donc immobiliser le mécanisme et les aiguilles. Le cadran émaillé est de belle qualité, en deux parties, un disque central qui ne comporte en général que la mention « « Centre seconds – Chronograph » et le cas échéant, le nom d’un détaillant ou de fabricants dont Waltham fut un temps désigné. Parfois le cadran est vierge de toute inscription. Le disque extérieur quant à lui comporte les graduations des heures et des minutes et secondes ainsi qu’un tachymètre sur la périphérie. Si les aiguilles horaires sont de type « poires » classiques, la trotteuse est élégante, longue et fine allant pointer sur chaque seconde et dotée d’un contrepoids lui aussi en forme de poire. La qualité de la boite en argent, lourde et massive, est indéniable. Son cache poussière est lui aussi en argent massif poinçonné des marquages anglais de titre, orfèvre et origine. L’épaisseur et la qualité de l’argent montrent l’intérêt porté à ces pièces. Le montage de la platine et la présence de vis bleuies donnent à la pièce un aspect soigné.
Des chevaux de courses aux chevaux mécaniques
Bien que le mouvement soit accessible en soulevant le cache poussière, on découvre en ouvrant la lunette articulée sur une charnière située en 9 heures que le mouvement est lui-même monté sur une charnière placée à midi. Héritage des montres à coq du siècle précédent, montage particulier pour une polyvalence de boite ? Ce double moyen d’accéder au mouvement est plutôt rare. Il reste enfin à déterminer l’usage de ces chronographes assez courants en Grande-Bretagne à la fin du 19ème siècle. Le tachymètre est en cela un indicateur intéressant car il fait référence à un usage pour des personnes qui voyagent et ont besoin de connaître la vitesse à laquelle ils se déplacent afin d’évaluer leur heure d’arrivée. En 1880, il est encore trop tôt pour que cet instrument soit utilisé par des automobilistes. En revanche, il est probable qu’il prit le relai de chronographes plus anciens, à coq munis de systèmes à fusée-chaine et qui servaient à évaluer à quelle vitesse se déplaçaient les chevaux lors des courses et lors des déplacements. On peut aussi décliner tout les usages où le déplacement d’un point à un autre est l’enjeu central et le temps utilisé pour cela, un paramètre essentiel.
L’utilisation du terme de Chronomètre fut largement contestée par les Suisses à l’aube du 20ème siècle, quand celui-ci fut galvaudé sur des cadrans de montres dont la précision était aléatoire. En 1880, l’horlogerie hésitait entre plusieurs désignations pour les instruments destinés à mesurer des temps courts. Omega se fixa un temps sur le terme de Chronoscope, qui dès lors que le Chronographe de Rieussec avait reçu ce nom parce qu’il laissait une trace d’encre, semblait plus exact au plan scientifique. Le chronographe anglais à seconde centrale donne l’heure ou mesure des temps courts, ceci alternativement. Il ne possède pas de dispositif de remise à zéro, ce qui l’éloigne des chronographes classiques. Le fait qu’il puisse donner l’heure n’en fait pas un simple compteur et son stop seconde en fait selon les Anglais, un chronographe. Voilà de quoi s’interroger sur la définition du chronographe. Les Anglais avaient clairement répondu en considérant qu’un poussoir indépendant actionnant l’arrêt du mouvement d’une montre à clé, permettait à la montre de remplir cette fonction. Même si sa polyvalence n’est pas simultanée, ce chronographe simplifié remplit parfaitement sa fonction alternative de mesure des temps courts ou de conservation de l’heure. Après tout, il suffit de lire le cadran pour se convaincre que cette montre est bien un chronographe.
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Sujet: Zenith a -t-il vraiment inventé le chrono automatique ? Lun 24 Avr - 22:47
Zenith a -t-il vraiment inventé le chrono automatique ?
La question m'étant posée de multiples fois, voici la réponse que je peux formuler.
La réponse est plus compliquée qu'il n'y paraît. Nous ne parlerons ici que des chronographes bracelets.
Lémania en 1947 a élaboré et produit un calibre de chronographe automatique à remontage intégré.
Buren en 1967 a déposé un brevet de remontage automatique d'un chrono modulaire adapté d'un calibre à remontage manuel. Ce projet donnera naissance au calibre 11 présenté en 1969.
Zénith via Martel Watch se voit en 1962 commander pour fêter le centenaire de la manufacture un chronographe automatique. Le projet initial n'intègre pas la haute fréquence. Celle-ci n'arrivera dans le projet qu'en 1965 ce qui va contribuer à retarder la sortie du calibre El Primero.
Clinergic 21 n'est pas un échappement mais une roue à 21 dents. Les Suisses craignaient, dès la première moitié des années 60, l'arrivée des mouvements à quartz et imaginaient une précision au dixième de seconde accessible avec des calibres mécaniques. Ils se sont réunis à partir de 1965 en une sorte de consortium pour trouver une parade à cette technologie. La difficulté était de pouvoir partager l'exploitation d'un brevet quand tout opposait des marques qui étaient dans une situation de crise.
Certaines marques comme Breitling, Omega et Lémania avaient déjà renoncé à la haute fréquence et avaient communiqué sur le sujet. JLC rejetait aussi ce type de mouvement. Par contre Girard Perregaux et Longines étaient très intéressés car leurs développements internes fonctionnaient mal.
En 1966, André Simon Vermot publia dans le Bulletin de la Société Suisse de Chronométrie, une série d'informations sur un travail mené au sein de la FAR (Fabrique d'assortiments réunis) aujourd'hui intégrée à Nivarox, sur des travaux qui rendaient opérationnelle la haute fréquence grâce à un échappement faisant appel à une roue de petit format à 21 dents.
La réalité est que le système fonctionnait mais la lubrification éclaboussait tout les éléments réglants ...
Il fallut deux ans de plus pour qu'en 1968 GP, le premier sur un calibre à remontage manuel, puis Longines, sur un mouvement à remontage automatique, intègrent ce système qui s'est vite avéré inefficace faisant notamment revenir Longines à du 28 800 alternances.
Plusieurs marques emboîtèrent le pas dont Zodiac, Ebel, Cyma aussi et Juvénia et quelques autres.
Zenith fut client pour Movado et son El Primero. Hélas, la manufacture du Locle rencontra les mêmes problèmes de lubrification que les autres et arriva à la même conclusion que Longines ... Le système ne pouvait être commercialisé sans aller plus loin dans le développement sur la lubrification. La Clinergic 21 n'était qu'une partie de la solution finalement adoptée, sinon le El Primero serait sorti en 1968.
Dire que, sans cette roue, le El Primero n'aurait pas existé serait faux car la manufacture avait sa solution mais il était plus facile de transiter par cette roue qui était susceptible de devenir un standard. Tout le monde l'a abandonnée en moins de 2 ans sauf Zenith qui avait les brevets annexes sur les modes de lubrification et surtout avait investi dans la recherche sans se laisser porter par cette seule solution externe.
Le El Primero aujourd'hui ne comporte plus cette roue que Nivarox ne fabrique plus (Cf Série Z) depuis 1997.
La haute fréquence dans un chronographe à roue à colonnes fut mise en œuvre de manière industrielle par Lémania pour Omega en 1932.
Alfred Meylan est constructeur chez Lémania en 1932. C’est lui qui depuis plus de 2 ans, travaille activement à la mise au point d’un chronographe sportif doté d’un mouvement évoluant à 36 000 alternances par heure et proposant une rattrapante nécessaire aux juges qui bordent les pistes. Meylan remarque que plus le diamètre d’un calibre est grand, plus il est facile de pousser la fréquence de ses éléments régulateurs en en adaptant corrélativement la taille. Il opte donc pour un mouvement de 24 lignes, soit un diamètre de 53,7 mm doté de 18 rubis, d’un balancier bimétallique à vis de compensation en or, d’un spiral Breguet en acier trempé. A l’époque, plusieurs maisons travaillent aussi sur des chronographes à haute fréquence. Les firmes chercheront à adapter un peu plus tard cette caractéristique à des montres bracelets avec plus ou moins de succès, certaines maisons devant même revenir à des fréquences plus lentes telles que 28 800 alternances en raison de problèmes d’usure prématurée et de lubrification insatisfaisante des mouvements. Les Fabriques Réunies trouveront en 1967 une solution technique qui fera 2 ans plus tard la fortune de Zenith en permettant à cette manufacture de réaliser le premier chronographe à haute fréquence de 5 hertz de l’histoire. Les autres maisons qui se lanceront dans la production de mouvement à haute fréquence y renonceront finalement.
Tout existait mais personne ne l'avait encore conçu sur un seul calibre, ce qui fit la fortune de Zenith.
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Sujet: Le premier chronographe bracelet automatique daterait de 1947 Mer 26 Avr - 19:45
Le premier chronographe bracelet automatique daterait de 1947
Amusante coïncidence, au moment où je travaille sur un article sur les chronos anciens et en particulier ce sujet, Grégory Pons publie des images et un commentaire fort intéressants. Bravo à lui d'avoir déterré si vite et dégainé le premier !
Ainsi donc Lémania aurait en 1947 mis au point grâce à son calibriste Albert Piguet que l'on retrouve parmi les pères de la Speedmaster Omega, un calibre de chronographe bracelet à remontage automatique. L'info n'est pas totalement nouvelle et Marco Richon (si ma mémoire est bonne) avait déjà soulevé ce sujet. Lémania, rappelons-le, maîtrisait déjà le 36 000 aternances depuis 1932 avec son chrono "Olympic" et s'intéressait de très près aux développements chronographiques pour la maison dont il était devenu partenaire depuis son rachat par la Société de microélectronique et d'horlogerie (SMH) dont Omega était déjà l'une des composantes (cette structure donnera lieu plus tard à la naissance de Swatch Group).
En 1945 donc, Lémania se concentre sur la production de montres à remontage automatique. Le concept des premières montres automatiques est un système à Bumper (butées) bruyant et parfois fragile. Toute le monde fait de la montre à remontage automatique sur des bases assez proches et Jaeger LeCoultre, Zenith, Omega, Movado, etc. ont des propositions de produits assez proches.
Sans qu'il n'y ait de compétition entre les marques sur le sujet (ou pas encore), Lémania via Albert Piguet imagine un calibre de chrono à remontage automatique ou plutôt greffe sur un calibre de chrono CH27-C12A, un système de remontage à butée, très bruyant mais efficace. Le calibre est épais ce qui n'est pas à la mode et va imposer un diamètre de montre plus important qui lui aussi n'est pas dans les canons de la mode.
Lémania a déjà étudié la transposition du 36 000 alternances sur des pièces bracelet et y a renoncé en estimant inadaptée la haute fréquence aux petits diamètres de mouvements. Omega ne reçoit donc qu'une proposition de calibre classique mais à remontage automatique. Le tout est fiabilisé et comme l'explique Grégory Pons la livraison se fait sur une série de 10 calibres. Deux sont conservés chez Lémania soit un total de 12 pièces hors prototypes.
Omega rejette le projet d'abord parce que la masse, lorsqu'elle bute sur les ressorts, donne l'impression d'une mécanique défaillante mais aussi parce que les montres classiques automatiques "cassent" régulièrement et donnent un résultat qui est sujet à réclamations des clients. Le seul calibre à butée vraiment fiable ou en tous les cas le plus fiable, est celui mis au point par Ephrem Jobin pour le calibre 133 puis 133-8 de Zenith. Il fut lui aussi un échec commercial au regard de la renommée des calibres à butée. Sa diffusion commerciale date de ...1948.
Omega ne prend pas le risque de diffuser ce mouvement, à tort sans doute et cela renvoie à 1969, la diffusion de mouvement de chronos à remontage automatique. Buren en déposant les premiers brevets en 1967. Officiellement selon Grégory Pons, il ne resterait qu'un seul exemplaire de ce calibre chez Lémania (donc un des deux non livrés à Omega) mais il me semble que Marco Richon était sur une piste à une certaine époque ...
On imagine sans peine ce qu'aurait pu anticiper Lémania si on avait laissé cette manufacture s'épanouir mais on sait qu'Omega a su aussi anticiper certaines erreurs industrielles et il est très difficile d'établir si ce refus fut une erreur ou au contraire une bonne idée sur un mouvement qui aurait créé des déconvenues à ses possesseurs.
C'est en tous les cas très bien d'avoir pu obtenir ces images et de les diffuser. Je ne suis pas certain que cela change réellement la donne et arbitre la discussion sur qui a eu le premier mot en 1969 puisque sur un plan industriel, Zenith comme Seiko ne sont pas du tout sur ce type de produit mais au contraire dans une démarche de remontage intégré. En tous les cas, le projet de Lémania est très très proche de celui breveté par Buren en 1967, projet qui donnera naissance au calibre 11 dans l'association Buren, Hamilton, Breitling, Heuer... Rappelons que ce calibre fonctionnait très mal et que le remontage avait été ajouté modulairement à un calibre créé pour un remontage manuel.
Voir l'article de Grégory Pons sur certains dessins de Lémania.
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Sujet: Comment utiliser un chronographe ancien de voiture : A quoi servent les couleurs Jeu 10 Aoû - 4:54
Comment utiliser un chronographe de voiture
L'horlogerie à la conquête des automobilistes
Qu'ils soient en acier, en argent ou en or, les vieux chronographes de poche ont un charme extraordinaire. Témoins de l'essor industriel, de l'évolution des performances sportives, de la science appliquée aux armées et de l'évolution de l'automobile, ils furent le premier équipement permettant de mesurer la vitesse d'une voiture sur une distance parcourue quand les tableaux de bord ne comportaient pas encore de compteurs de vitesse.
Il y avait ceux qu'on installait sur un support en cuir ou en laiton fixé au tableau de bord et ceux qui restaient dans la poche du conducteur ou passager avant, un peu plus à l’abri des chocs inévitables sur les routes pavées et cabossées. Les plus matheux des conducteurs pouvaient évidemment calculer leur vitesse moyenne avec un modèle classique mais ce que voulaient les automobilistes était une lisibilité instantanée de leur vitesse.
Les fabricants de chronographes allaient rapidement leur offrir l'instrument chronographique adapté à leurs besoins. Au milieu des années 1880, les premières automobiles fabriquées en (petites) séries atteignent 40 à 60 kilomètres par heure. Les chronographes sont vite adaptés pour permettre à l’automobiliste de connaître sa vitesse moyenne. L'offre de chronographes dotés de tachymètres s'étend vite à de nombreux fabricants et Omega comprend sans doute parmi les premiers, l'intérêt de sa présence sur ce marché. Zenith qui diffuse dès les années 1890, des chronographes dotés de mouvements Valjoux, propose en 1913 son premier chronographe équipé d'un mouvement de manufacture fabriqué en interne.
Comment utiliser son chronographe en voiture ?
Quels qu'en soient les fabricants, les chronographes destinés aux automobilistes sont fondés sur le même principe de lisibilité par un affichage simplifié. Le tachymètre est ainsi mis à la portée de tous. L'usage est simple mais il s'est embrumé dans la nuit des temps de sorte que peu d'utilisateurs, aujourd'hui, sauraient l'utiliser pour calculer leur vitesse. Voilà pourtant un jeu parfaitement adapté sur nos autoroutes modernes pour les enfants, afin de rappeler à leurs parents noyés dans les bouchons, que la vitesse moyenne peut être inférieure à ce à quoi pourrait prétendre un piéton.
Ainsi donc, au moment où l'on passe devant une borne kilométrique, on presse sur le poussoir pour déclencher le chrono. La grande aiguille tourne. Devant la borne kilométrique suivante, on presse à nouveau sur le poussoir et on arrête le chrono. La grande aiguille s'immobilise. Il faut regarder sur quelle zone de couleur s'est arrêtée la petite aiguille du totalisateur des minutes (petit cadran à 3 heures). Cette couleur correspond à une zone de chiffres. La grande aiguille s'est arrêtée sur l'un d'eux. Ce chiffre permet de déterminer instantanément la vitesse.
Exemple : on enclenche le chrono en pressant sur le poussoir, la petite aiguille du totalisateur se fixe sur le rouge lorsqu'on arrête le chrono. On va regarder en périphérie du cadran dans la zone écrite en rouge. La grande aiguille donne la vitesse. Ainsi avec la petite aiguille dans le rouge, on va voir en zone rouge où la grande aiguille s’est arrêtée ce qui nous donne un chiffre rouge sous 60 kilomètres par heure. Si on a dépassé la minute la petite aiguille est en zone bleu foncé et donc on a roulé plus lentement et le chiffre indiqué par la grande aiguille sera plus faible.
Ici, le chrono Zenith permet de mesurer la vitesse jusqu'à 240 km/heure et la pièce Omega jusqu'à 250 km/heure. Des vitesses extrêmes pour l'époque. Evidemment ces vitesses n'étaient pas celles des voitures de monsieur tout le monde ou des trains mais l'industrie automobile évoluait extrêmement rapidement et en 1910 déjà, Barney Oldfield atteignit la vitesse de 210 km/h sur sa Blitzen Benz. Onze années plus tôt, le record n'était que de 100 km/heure et s'envolait en 3 ans de 20 km/heure. Pour se positionner sur les chronométrages sportifs, il était donc nécessaire de pouvoir mesurer ces vitesses et quand Zenith proposait son chronographe, la manufacture avait ajusté l'affichage de son cadran aux performances automobiles de l'époque avec une faible marge de progression.
Hélas, il n'y avait aucune couleur standard et d'une marque à l'autre, la référence de couleur pouvait changer. La première minute, rouge chez Zenith, est bleue chez Omega et peut être verte chez un autre fabricant.
Une offre technique diversifiée
Le système évitait de lourds calculs. Ces chronographes d'automobilistes étaient évidemment l'accessoire complètement indispensable pour calculer sérieusement sa vitesse mais aussi pour ensuite, attester de ses exploits. Il existait des chronographes à compteur à aiguille trainante, l'aiguille progressait au fur et à mesure que s'écoulaient les minutes, à saut semi-instantané où l’on voyait progresser l’aiguille dans les derniers moments de la minute engagée c'est-à-dire lorsque s'enclenchait la préparation du saut d'aiguille et à saut instantané lorsque l'aiguille sautait d'un seul coup vers la minute suivante.
Zenith a conçu son chrono avec saut instantané quand Omega laissait au client le choix de son mode de comptage instantané ou semi instantané. Le Chronographe Zenith est assez rare car fabriqué en petits volumes. Il s’en est assemblé dans l'atelier de Boudry, au Locle et à Besançon. Le marché français était en général fourni par la filiale Franc-Comtoise et il est donc exceptionnel de trouver une pièce avec le poinçon d'or français alors que Zenith France devait prendre en charge ce marché.
Ces chronos indiquaient aussi l'heure à la différence des compteurs de sport trop souvent appelés Chronographes, à tort puisque ces derniers ne donnent pas l'heure. L'indication de l'heure juste avait elle aussi une grande importance et la mise en marche ou l'arrêt du chronographe ne devait pas avoir d'incidence sur la bonne marche de la montre qui profitait du même barillet et donc du même ressort pour tirer toute son énergie.
Le choix d'une savonnette
Les modèles Lépine (montre classique) côtoient les savonnettes (avec couvercle devant le coté du cadran). La savonnette n'est pas adaptée à l'installation sur le tableau de bord et se veut élégante et discrète. C'était la version la plus chère, en particulier pour les modèles en or. La version Lépine, de loin la plus courante, facilitait la présentation de montres de grands diamètres. Sans nul doute, l'automobiliste qui avait une main sur le volant, une autre sur le levier de vitesse et tenait en même temps son chrono pour le déclencher, l'arrêter et ouvrir le couvercle de la montre pour mesurer sa vitesse, était-il un as du volant !
L'usage du chronographe automobile s'est perdu avec la généralisation des compteurs de vitesse. Ford en a installé en série dès 1910 sur certains de ses modèles. Le chronographe sera encore utile pour calculer des vitesses moyennes de ville à ville, mais c'est là une autre utilisation. Il n'est évidemment pas étonnant de retrouver des manufactures horlogères derrière la fabrication de Tachymètres, de montres de bord ou de compteurs de vitesse. C'est le cas entre autres, de Jaeger ou Zenith.
La production de ces chronographes fut assez abondante. Il reste de nos jours peu de modèles de luxe de cette époque. Les fontes répétées d'or au gré des cours élevés du métal précieux ont fortement amputé le patrimoine historique de ces modèles. Les arracher des mains des fondeurs est donc une noble cause pour préserver une page de l'histoire de nos grands-parents et de leurs premières voitures à moteur.
Droits réservés - Forumamontres - Joël Duval - Mai 2015
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Sujet: Un beau chronographe peut en cacher un autre Dim 25 Mar - 5:36
Les beaux chronographes d'antan ...
En des temps immémoriaux, les grandes manufactures abandonnaient la mention de leur nom de marque sur les cadrans pour laisser aux distributeurs le soin d'inscrire leur propre patronyme. Parfois les deux noms coexistaient puis vint le temps où la marque, gage de qualité, occupa définitivement l'espace du cadran entre l'axe des aiguilles et midi. Sur ce Chronographe de 1905, le nom Omega est discrètement gravé sur le pont de balancier. Ces chronographes furent présentés au public en 1898. Omega présente alors son premier calibre de chronographe, un 19 lignes que le client pouvait choisir à saut demi-instantané ou instantané. Baptisé 19"' chro 15 Pou 16 P selon le nombre de rubis, ce mouvement pouvait selon le cas recevoir une trotteuse horaire ou ne pas en être équipé. La version Lépine plus répandue que la version savonnette était livrée en boite en acier noirci, nickel, métal blanc, argent, argent niellé ou or. La finition du mouvement variait avec soit la partie chrono non empierrée, soit avec un empierrement avec ou sans chatons. La raquette était pour certaines versions munie d’un col de cygne pour un réglage fin très précis. Le calibre a aussi reçu une raquette très spéciale équivalente aux mouvements Omega de qualité C et D avec un disque excentrique.
Omega 19 Chro créé en 1898 Savonnette
La production de ce mouvement cessa progressivement en 1906 quand Omega recourut à un calibre 18"' chro de 18 lignes qui remplaça la première version. Les calibres exploités ensuite furent ceux produits par Lémania. Il serait à ce sujet faux de considérer que la manufacture Omega a totalement abandonné la conception des mouvements de ses chronographes car elle a toujours été associée voire à l'initiative de ces conceptions nouvelles qu'elle fit exécuter par Lémania puis ETA. Les versions savonnettes avaient chez Omega cette particularité sur le calibre 19 Chro d'avoir le poussoir de déclenchement du chrono au dessous de la carrure. Le sujet divisait à l'époque et si les forums sur internet avaient existé, il ne fait aucun doute que les discussions seraient allées bon train entre les partisans du poussoir au dessous, au dessus et sur le côté de la couronne. Une lettre adressée par un détaillant à une grande maison sollicitait ainsi de savoir s'il était possible d'avoir un chronographe pour un client particulier qui souhaitait un poussoir positionné différemment de ce que la marque proposait.
Longines calibre de chrono 19-73 N version savonnette
Omega a bien conçu certains de ses calibres en prévoyant une alternative au positionnement de la tige de remontoir et de mise à l'heure mais le déclenchement du chrono ne semble pas avoir eu de mobilité capable de satisfaire toutes les demandes. Le poussoir bas se déclenche avec le pouce alors que le poussoir haut se déclenche avec l'index. Il en va de même pour le poussoir qui serait situé à droite de la couronne plus accessible que celui qui se situerait à sa gauche. Les américains réglait ce "conflit" de la manière la plus simple en installant des calibre Lépine dans les savonnettes. Le poussoir indépendant ne servait plus alors qu'à débloquer le couvercle.
Omega fut précédé dans la mise en vente de ses chronographes par Longines notamment, LeCoultre et Valjoux qui inondait déjà le marché au travers de diverses marques avant de subir la concurrence de divers fabricants.
Chronographe Ulysse Nardin Ebauche LeCoultre haut de gamme 1904
La création d'un calibre de chronographe demandait deux à trois ans, parfois cinq ans de développement. Zenith qui présenta son modèle in house en 1911 cogitait sur celui-ci depuis 1909. La conception de ces instruments se heurtait à plusieurs difficultés. Le coût de fabrication était important pour un volume de vente qui ne commença à devenir intéressant qu'à partir de 1909. Les demandes de l'aviation, du sport en général n'étaient pas encore d'un très grand volume et c'est l'essor de l'automobile qui fit connaître un bond en avant des commandes. Les armées trouvèrent dans le même temps, un intérêt certain dans l'utilisation des chronographes tout comme l'industrie qui voulait maîtriser le cadencement de la production.
Chrono Breitling 1942 pour l'US Navy
Très rare chronographe à rattrapante Heuer Breveté de 1887
Compétition sportive, armée, aviation, industrie vont ouvrir aux chronographes des perspectives qui rendront économiquement intéressant le déploiement d'outil et l'industrialisation de mouvements de chronographes de plus en plus diversifiés. La conception d'un chronographe est plus complexe que celle d'un tourbillon. Le moindre souci lors du déclenchement du chrono arrête la montre toute entière. La performance est donc de faire fonctionner sur un même mouvement deux fonctions simultanées de mesure du temps dont l'une doit pouvoir s'arrêter, repartir et pour les chronographes à rattrapante, en ayant deux mesures distinctes de temps courts.
Les manufactures vont travailler le sujet dans deux sens, soit en développant leurs propres calibres et en le perfectionnant, soit en abandonnant leur production interne et en allant chercher à l'extérieur des ébauches. Ulysse Nardin, Zenith ont par exemple commencé en achetant des calibres extérieurs avant de créer leur propres calibres. Longines a créé son calibre puis a fait évoluer ses propres ébauches. Omega a préféré le partenariat de Lémania dès 1906, Heuer a fini par acheter des calibres après en avoir conçu. Chaque maison a développé sur le sujet sa propre stratégie industrielle et commerciale. Les besoins du sport vont pousser les grandes maisons à proposer des mouvements à haute fréquence, au dixième de seconde (36 000 alternances). De 1880 à 1930, ce sont des centaines d'ébauches différentes qui vont équiper les montres proposées par les Suisses. Les Américains, les Anglais conservent une production mais elle n'est en rien comparable à l'offre suisse.
Les Américains seront plus économes d'inventions en ce domaine et plus frileux dans la commercialisation. Ils développent dans un premier temps des mouvements de chronos simples, sans totalisateurs. La vraie concurrence à l'égard des calibres suisses viendra tardivement pendant la seconde guerre mondiale avec Hamilton qui tentera de rattraper son retard après avoir enregistré des commandes massives de l'armée américaine.
Chronographes Waltham
Chronographe anglais sans totalisateur (fin 19ème siècle)
Chronographe de l'US Navy Hamilton 1942
Globalement, l'industrie suisse a varié son offre avec des concepts et des brevets intéressants. Ulysse Nardin en 1911 a ainsi mis au point un système qui simplifie le démarrage des chronographes mais chaque maison a apporté sa pierre à l'édifice du chronométrage. Les manufactures d'abord installées dans la création de complications et la mise en place de calibres complexes ont assez vite compris qu'il fallait aussi penser à la maintenance des mouvements et que de ce fait l'accès à des pièces telles que le barillet devait entrer en ligne de compte pour qualifier un bon mouvement. On trouve donc de superbes calibres comme le LeCoultre mais avec un inconvénient qui est celui du démontage nécessaire pour assurer la moindre intervention. Toute l'intelligence de maisons comme Valjoux, Le Phare, Omega, Longines et encore davantage Zenith va être de simplifier les mouvements en leur conservant les qualités des conceptions originelles.
Chronographe Le Phare
Concevoir et fabriquer des chronographes fiables, précis qui ne dérivent pas lors du déclenchement et dont l'affichage de l'heure est insensible à la manipulation des commandes de chrono va donc être le défi industriel des fabricants aux cours des 2 dernières décennies du 19ème siècle et des trois premières décennies du 20ème siècle. Il restera, au moins jusqu'à la seconde guerre mondiale, difficile pour une maison d'amortir par ses seules ventes les investissements liés à la création de nouveaux mouvements. C'est donc plus un choix économique que technique pour les grandes maisons que d'opter pour des développements internes ou d'externaliser la création ou la fabrication de ces pièces. Omega et Longines sont sans doute parmi les maisons qui ont le plus investi dans la fabrication de chronographes. Ce sont aussi les rares dont cette seule activité était clairement rentable.
L'apparition des chronos bracelets avec des calibres de petit diamètre a évidemment fait évoluer le champ du possible pour les horlogers. Zenith attendra 1969 pour présenter son premier calibre de chrono bracelet soit 60 ans après son premier calibre de chrono de poche. La phase intermédiaire ne servira que des calibres externes Valjoux, Le Phare ou Excelsior Park. Breitling a conçu très peu de mouvements de chrono à 100%. Un seul sans doute. Les calibres Vénus ou Valjoux étant plus faciles à distribuer et intégrer. Heuer a finalement préféré Valjoux essentiellement. Les exemples sont nombreux de maisons qui malgré l'absence de fabrication de mouvements de chronographes en interne se sont fait une image de spécialistes du chronométrage. La réalité économique a imposé parfois d'autres choix que la production internalisée. Les maisons qui l'ont oublié ont souvent perdu pied. L'ambition technique ne peut se conjuguer qu'avec des débouchés sur les marchés. Cette vérité économique est restée vraie même si un chronographe aujourd'hui peut être bon marché avec un calibre produit en masse comme le 7750 ou à un tarif inaccessible s'il relève de productions en très petites quantités.
Les chronos de manufactures sont des pièces dont le prix n'est pas seulement dépendant du placement produits cher aux responsables du marketing, il est aussi le fruit d'un calcul de coût de fabrication. Il arrive que celui-ci soit si élevé que la commercialisation n'ait jamais lieu. Les grandes maisons ont dans leurs cartons des mouvements de chronographes qui n'ont jamais vu le jour mais comme la mémoire patrimoniale n'est pas la chose la mieux cultivée, beaucoup de ces inventions furent purement et simplement oubliées.
Parmi les inventions perdues, ce Lémania
Ainsi donc Lémania a en 1947 mis au point grâce à son calibriste Albert Piguet que l'on retrouve parmi les pères de la Speedmaster Omega, un calibre de chronographe bracelet à remontage automatique. Marco Richon avait soulevé ce sujet. Lémania, rappelons-le, maîtrisait déjà le 36 000 aternances depuis 1932 avec son chrono "Olympic" et s'intéressait de très près aux développements chronographiques pour la maison dont il était devenu partenaire depuis son rachat par la Société de microélectronique et d'horlogerie (SMH) dont Omega était déjà l'une des composantes (cette structure donnera lieu plus tard à la naissance de Swatch Group).
En attendant de découvrir d'autres chronographes, réjouissons nous de ces trésors qui ont vu le jour et sont d'authentiques merveilles technologiques. Les chronographes renferment une magie que nulle autre montre ne détient, ils ont cette interaction avec celui qui les manipule que peu de mouvements ont à ce degré ultime.
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