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Sujet: La non Rolex de personne ... Lun 24 Avr 2017 - 9:04
On connait les montres de marques, les montres gravées au nom de X mais la montre de personne ... Cette montre au cadran anonyme et sans inscription est décorée comme une montre d'école. Son calibre LeCoultre de 20 lignes et demi et l'anglage des ponts laisse supposer qu'il ne s'agit pas d'une montre du commerce. Son empierrement est joliment réalisé sur châtons et son réglage après révision est de l'ordre d'une seconde par jour ce qui ferait rougir certains fabricants. La pièce est ancienne (tout début du 20ème pour le calibre) et la boite en métal blanc. Les aiguilles sont d'un style fréquent au milieu des années 20. Calibre ancien + déco sablée et côte de Genève + aiguilles font penser à une montre d'un technicum... Jolie pièce en tous les cas et pas courante dans cette finition...
La précision la place comme beaucoup de ces LeCoultre 20 lignes dans la catégorie des chronomètres. Les anglages rentrants parfaits sont d'une qualité assez rare ... Voilà donc une montre très sympathique d'un prix léger et qui rend à l'art horloger la noblesse pure sans spéculation...
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Sujet: Les mouvements qui ont fait l'histoire : Le 478 de Jaeger LeCoultre Lun 24 Avr 2017 - 17:23
Pas plus d'une dizaine de mouvements horlogers par catégorie (montre de poche, montre bracelet à remontage manuel et montre automatique) ne pourrait revendiquer le statut de calibre exceptionnel. Nous allons sur FAM nous pencher sur les mouvements les plus emblématiques qui ont fait le 20ème siècle "horloger" en commençant ce soir par le calibre 478 de Jaeger LeCoultre.
JLC est une manufacture historique avec un fort ADN imprégné d'une multiplication de calibres, voire d'un foisonnement qui n'a pas toujours permis à la marque de valoriser son savoir-faire autant qu'elle l'aurait pu soit parce qu'elle ne laissait pas aux mouvements le temps de vivre commercialement plus d'un an ou deux, soit parce qu'elle vendait à ses concurrents des mouvements que la marque elle-même exploitait plus discrètement en ne poussant pas la finition au même niveau que les maisons que JLC livrait.
Le calibre 478 est l'exemple type de mouvement qui a souffert de ces 2 caractéristiques. Ce mouvement de 12,5 lignes, 18 000 alternances par heure est malgré tout sans doute l'un des meilleurs mouvements de l'histoire de l'horlogerie du siècle passé dans la catégorie des montres à remontage manuel. On le retrouve notamment dans des montres de Vacheron & Constantin sous une finition un peu plus poussée que dans les montres Jaeger LeCoultre mais l'efficacité du calibre est la même quel que soit le niveau de finition.
Très correctement anglé, sa finition rhodiée est irréprochable. Son architecture lui permet de disposer d'un grand balancier ce qui est l'un des secrets de la précision. Son barillet très doux au remontage, la souplesse du ressort et la finition de l'échappement sont des points qui sont sur ce mouvement totalement convaincants.
Une fois révisée, la version testée ici est à 1,5 seconde d'avance par jour (1sec 4 dixièmes pour être précis). Fabriqué à près de 85 000 exemplaires, ce mouvement fut décliné en version Chronomètre sur un peu moins de 1500 pièces.
On le connait doré avec côte de Genève, rhodié avec ou sans décoration et dans tous les cas avec ou sans col de cygne.
Il est difficile de parler de ce mouvement sans évoquer la montre, plus exactement l'un des modèles et c'est donc dans un boitier ici de 36 mm que l'on retrouve ce calibre 478. Aiguilles bleuies, radium, cadran patiné superbement par les radiations, index superbe, lisibilité unique, Jaeger LeCoultre avait inventé une montre parfaite mais cette manufacture qui n'en était pas à son galop d'essai en a fait bien d'autres ensuite. Fait rare, cette montre a été retrouvée avec ses papiers d'origine et son certificat de vente par un bijoutier parisien.
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Sujet: Il est quelle lune ? Mar 25 Avr 2017 - 13:03
Je vous présente une montre à triple quantième annuel (rare en montre de poche) et phase de lune. Le cadran est en argent d'où quelques marques. J'ai acheté cette montre avec son calibre LeCoultre chronomètre sur un coup de tête. La pièce, niellée est sympathique et fut vendue, il y a bien longtemps, par l'un des plus grands détaillants de Bruxelles. Ce type de pièce est assez rare car si on trouve facilement des "régulateurs à phase de lune et triple quantième", ils sont rarement en argent et les mécanismes sont souvent basiques. Par sa taille et sa qualité, on sort ici du "Régulateur". Une très belle pièce dont la lunette une fois soulevée (comme sur une savonnette) dissimule les poussoirs pour régler la date et la phase de lune.
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Sujet: La Torpedo Boat watch Lecoultre d'un horloger français : Edmond Lefebvre Dim 6 Aoû 2017 - 20:51
On ne comptabilise pas les ébauches Lecoultre qui ont équipé les montres de pratiquement toutes les marques soit pour des pièces à complication, soit pour des simples montres 3 aiguilles et parfois des chronomètres un peu spéciaux.
LeCoultre vendit ainsi à une maison française certaines ébauches de 21 rubis. Il s'agissait de précieux chronomètres que les assembleurs soumettaient parfois à des concours quand Lecoultre ne pratiquait pas lui-même l'épreuve des concours. Les mouvements ainsi soumis aux tests des Observatoires pouvaient subir des épreuves en Suisse à Neuchâtel ou Genève mais aussi parfois à Kew-Teddington ou Washington.
Les Américains prêtaient une très grande attention à ces montres car ils recherchaient pour les navires de leur marine militaire, des chronomètres de bord plus faciles à manipuler que les chronomètres de marine. Les chronomètres des manufactures américaines n'ont pas encore avant 1913 acquis la précision exigée des militaires. Les montres elles-mêmes nous renseignent sur leur histoire. Celle-ci par exemple fut livrée aux tests et épreuves de l'Observatoire de Washington et le N entouré d'un O qui précède le numéro d'inventaire renvoie à l'Observatoire de la Navy. C'est donc après avoir été emboitée par E Lefebvre, galerie Montpensier au Palais Royal à Paris que la montre fut expédiée aux USA puis remise à l'US Navy.
Jaeger Lecoultre fit l'acquisition de cette pièce historique pour un peu plus de 12 000 dollars il y a quelques années et la rapatria dans sa collection en Suisse.
Le marchand (http://www.bogoff.com/pocket/5793.html) indique (traduction) :
Citation :
Ce chronomètre historiquement important est l'un des premiers d'un groupe de six montres torpilleurs achetées par la marine américaine le 31 mars 1899. Lefebvre avait fourni des montres à la Marine française et ces montres avaient passé les normes du chronomètre du bureau hydrographique français avant d'être offertes à la Marine des États-Unis où elles furent ensuite testées à l'Observatoire naval de Washington DC et à bord de deux torpilleurs américains : l'USS McKinsie et l'USS Winslow. Ces montres ont été réglées avec un haut degré de précision et testées attentivement avant d'être mises en service. Le n ° 1095 a ensuite été assigné à l'USS Cushing, le plus ancien bateau torpilleur dans la flotte US qui a servi dans la guerre hispano-américaine et sur la côte atlantique jusqu'à la Première Guerre mondiale.
La montre comprend un nombre important de documents obtenus auprès des Archives nationales, y compris des copies du contrat d'achat préliminaire, la facture originale indiquant le numéro de série de la montre, les résultats des tests de l'Observatoire naval américain, un document de transfert du chantier Naval Norfolk indiquant l'attribution de la montre au Cushing, une photographie du Cushing avec un synopsis de l'histoire, les discussions avec les restaurateurs et les conservateurs des principaux musées navals et nautiques à travers le pays. Le Smithsonian et Greenwich indiquent que c'est probablement le seul exemple survivant de ces montres chronomètres originales achetées par la Marine.
J'ai par chance, le frère jumeau de ce redoutable mouvement dont la roue de Rocher et la roue de barillet sont à dents de loup. C'est réellement un excellent chronomètre, une perle rare dans cette série particulière dont les roues précitées sont sablées de manière très exceptionnelle. Ce mouvement était sorti de chez LeCoultre dans cet état de finition. Il est rare de retrouver autant de documentation sur une montre mais l'US Navy est très bien documentée. Cette montre a une fantastique histoire. Je ne serai pas aussi pessimiste que les conservateurs de musées interrogés sur le fait qu'il ne reste qu'une seule montre de cette série de six. J'ai moi-même fait l'expérience d'une série extrêmement rare de 6 montres Zenith de sous-marins anglais dont j'ai à 10 ans d'intervalle retrouvé 2 exemplaires...
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Sujet: Les chronomètres Jaeger LeCoultre de l'armée anglaise Sam 2 Nov 2019 - 14:19
Des chronomètres Jaeger LeCoultre dans l’armée anglaise
Après 1943, Jaeger LeCoultre livra à l'Armée britannique un important lot de montres de poche en laiton chromé dotées de son Calibre 467 fabriqué dans les ateliers du Sentier. Une partie des livraisons était destinée à l'Armée de terre (montres gravées G.S.T.P. surmonté de la Broad Arrow), et la seconde partie à la Royal Air Force (gravées 6E/50), pour son personnel au sol. Ces montres n'ont pas été utilisées par le personnel volant de l'Armée britannique. Elles sont issues d'un programme lourd d'équipement des militaires de l'Armée de terre anglaise qui déboucha sur des commandes simultanées auprès de plusieurs grandes maisons. Outre ses troupes postées en Europe, l'Armée anglaise s'est beaucoup consacrée à équiper son armée coloniale. Elle fit appel à plusieurs manufactures suisses et américaines pour la dotation de ses hommes en pièces d'horlogerie fiables, précises et de bonne qualité de finition.
Si l'Armée anglaise a commandé pour ses sous-marins certaines pièces avec des calibres de 21 rubis, la plupart des montres militaires anglaises furent livrées en 7 ou 15 rubis notamment en Inde. Les hommes du rang et les sous-officiers disposaient de montres à 7 rubis (réputées être précises à 5 minutes par semaine) tandis que les officiers se voyaient en général remettre des montres dotées de mouvements de 15 rubis précis à 1 minute par semaine.
Le modèle GSTP de Jaeger LeCoultre était une référence pour sa précision parmi les meilleures dans cette catégorie de pièces. Les maisons suisses qui ont livré des pièces aux GSTP répondaient à un cahier des charges très pointu et s'il est indéniable que la qualité des boites simplement chromée ne fut pas l'essentiel des critères de l'exigence britannique, un soin tout particulier fut, en revanche, placé dans la qualité supérieure des mouvements. Jaeger LeCoultre proposa des montres dont les normes de précision étaient supérieures à l'exigence formulée par l'armée. Il n'est pas rare encore aujourd'hui que 80 ans après la livraison des pièces, celles-ci soient encore capables des prouesses initiales.
Le radium des aiguille a fortement oxydé l'acier mais le bleu originel reste détectable
La boite anglaise des GSTP se caractérisait par un métal chromé et une couronne boule
La qualité de fabrication du mouvement est exceptionnelle au point qu'il semble neuf 80 ans après sa sortie des ateliers de la manufacture
Le calibre 467 de Jaeger LeCoultre avait des caractéristiques chronométriques
Le marquage des pièces s'est fait exclusivement sur le fond de la montre avec rappel du numéro d'inventaire, ce numéro pouvait être complété d'un rappel sur la carrure en général à 3 heures. Le cadran, enfin, mentionnait la marque juste au-dessus du compteur de secondes et à midi une inscription de millésime correspondant à l'année de mise en service de la montre. Les pièces livrées par Jaeger LeCoultre étaient emboitées soit dans une carrure en acier bruni, soit dans des boites chromées de type anglais avec une couronne de remontage dite boule en raison de sa forme caractéristique. Ces montres très précises comme toutes les pièces retenues pour équiper les GSTP avaient des boites bien étanches afin de bien protéger les mouvements. La dorure de ces derniers était d'une qualité supérieure et l'éclat de celle-ci 70 ans après donne l'impression de pièces à peine sorties des ateliers. Le savoir-faire de Jaeger LeCoultre est ici mis en valeur car l'absence de vieillissement dénote autant une parfaite étanchéité des boites qu'une maitrise absolue de la dorure et de la finition des mouvements.
Le marquage du fond était caractéristique avec sa Broad Arrow
Les aiguilles bleuies à la flamme se détachaient des cadrans peints noirs ou blancs puisque le modèle était livré dans les deux versions. Le marquage des cadrans par une peinture au radium rendait visible la nuit les heures situées à 12, 3 et 9 heures tandis que les autres balises horaires étaient marquées par des points lumineux. Les aiguilles remplies de radium ont souvent été avec le temps oxydées par l'agressivité de ce produit luminescent dont les méfaits sanitaires étaient déjà connus mais que l'armée anglaise avait préféré ignorer.
La trotteuse à 6 heures surdimensionnée offre un confort de lecture de l'heure à la seconde près laquelle est d'autant plus utile que la précision chronométrique des pièces permettait une coordination des actions très efficaces.
Ces pièces d'horlogerie sont d'authentiques Jaeger LeCoultre de haute qualité. D'une finition très soignée, leur mouvement renvoie au savoir faire unique de la manufacture du Sentier qui démontrait une maitrise totale de la fabrication des mouvements, savoir faire qui est un atout exceptionnel que n'a cessé de démontrer Jaeger LeCoultre au cours de son histoire. Cette maison au passé glorieux est aujourd'hui l'héritière de près de 200 ans de connaissances accumulées ce qui lui promet un avenir exceptionnel. Jaeger LeCoultre a fourni de nombreuses pièces à diverses armées et construit dans l'univers militaire une réputation aussi solide que celle forgée auprès des amateurs d'horlogerie de haut niveau.
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Sujet: Une Jaeger LeCoultre en mouvement auprès de l'armée anglaise Sam 24 Oct 2020 - 15:25
Une Jaeger LeCoultre en mouvement auprès de l'armée anglaise
En 1943, tandis que la seconde guerre mondiale semble s'éterniser, le département de la défense anglais multiplie les commandes de montres auprès de nombreuses maisons suisses. Celles-ci répondent à un cahier des charges précis, écrit pour avoir d’excellents mouvements dans des emboitages dont le coût de revient est optimisé pour limiter le prix des montres.
Un mouvement de qualité chronomètre
La plupart des pièces livrées aux Anglais par les diverses manufactures suisses sont équipées de mouvements de 15 rubis avec des caractéristiques de précision qui les rapprochent des chronomètres. Tandis que certaines maisons ne signent même pas les montres, d'autres comme Jaeger LeCoultre assument la fabrication de ces pièces dont les boites, pour répondre aux exigences militaires, sont en laiton chromé, moins cher que l'acier massif ou l'argent. Une partie des livraisons était destinée à l'Armée de terre (montres gravées G.S.T.P. surmonté de la Broad Arrow), et la seconde partie à la Royal Air Force (gravées 6E/50), pour son personnel au sol.
Outre ses troupes postées en Europe, l'Armée anglaise s'est beaucoup consacrée à équiper son armée coloniale. Elle fit, là aussi, appel à plusieurs manufactures suisses et américaines pour la dotation de ses hommes en pièces d'horlogerie fiables et précises. Jaeger LeCoultre équipe ses montres de poche de son fameux calibre 467/2 de 19 lignes fabriqué dans les ateliers du Sentier. Les recettes de ce mouvement sont assez simples et fondées sur un train de rouage et un balancier de grande taille. L'architecture du mouvement est si efficace que Jaeger LeCoultre la décline en en réduisant la taille dans ses montres bracelet.
Le modèle GSTP de Jaeger LeCoultre était une référence pour sa précision parmi les meilleures dans cette catégorie de pièces. La précision était au rendez-vous quasiment sans retouche du réglage du mouvement après son assemblage ce qui induit une maîtrise remarquable de la fabrication. Il n'est pas rare encore aujourd'hui que, 80 ans après la livraison des pièces, celles-ci soient encore capables des prouesses initiales.
Une montre faite pour traverser le temps
Le marquage des pièces s'est fait exclusivement sur le fond de la montre avec rappel du numéro d'inventaire. Les montres des GSTP étaient livrées emboitées soit dans une carrure en acier bruni, soit dans des boites chromées de type anglais avec une couronne de remontage dite boule en raison de sa forme caractéristique. Les pièces retenues pour équiper les GSTP avaient des boites bien étanches afin de bien protéger les mouvements. La dorure de ces derniers était d'une qualité supérieure et leur est restée intacte depuis des décennies. Le savoir-faire de Jaeger LeCoultre est ici mis en valeur car l'absence de vieillissement dénote autant une parfaite étanchéité des boites qu'une maitrise absolue de la dorure et de la finition des mouvements.
Les aiguilles bleuies à la flamme se détachaient des cadrans peints noirs ou blancs puisque le modèle était livré dans les deux versions. Le marquage des cadrans par une peinture au radium rendait visible la nuit les heures situées à 12, 3 et 9 heures tandis que les autres balises horaires étaient marquées par des points lumineux. Les aiguilles remplies de radium ont souvent été avec le temps oxydées par l'agressivité de ce produit luminescent dont les méfaits sanitaires étaient déjà connus mais que l'armée anglaise avait préféré ignorer. La trotteuse à 6 heures surdimensionnée offre un confort de lecture de l'heure à la seconde près laquelle est d'autant plus utile que la précision chronométrique des pièces permettait une coordination des actions très efficaces.
Des montres de poche "civiles"
La période de l'après-guerre est encore propice aux montres de poche qui ont leurs adeptes même si la montre bracelet a conquis la plupart des poignets. Jaeger LeCoultre a fabriqué pendant la dernière année de guerre de grands volumes de calibres. La manufacture fut très présente depuis 1833 dans la fabrication de pièces de poche sous la marque LeCoultre mais aussi comme fournisseur des plus grandes maisons dont Patek Philippe et bien d'autres qui équipaient leurs modèles des mouvements fabriqués dans la manufacture du Sentier. Jaeger, de son côté, disposait aussi d'un passé où les montres de poche étaient très présentes dans les collections. En revanche, de l'association des deux maisons rebaptisée Jaeger LeCoultre en 1937, il existait relativement peu de pièces de poche. La demande du public était pourtant bien présente et la manufacture produisit après-guerre des pièces en métal blanc chromé et en acier inoxydable. Les aiguilles "lances" bleuies à la flamme et la trotteuse surdimensionnée qui couvre le plus grand diamètre du bord inférieur du cadran jusqu'à l'axe des aiguilles sont caractéristiques d'un design propre à Jaeger LeCoultre. Le cadran peint de la version civile tout comme les aiguilles ne comportent pas de matière luminescente. La montre, toute en finesse, est peu épaisse et son élégance est digne des montres contemporaines. L'éclat de la dorure du mouvement est le même que sur les pièces militaires. Qui donc achetait encore des montres de poche après la seconde guerre mondiale ?
L'après-guerre connut un engouement immense pour les montres bracelets et l'émergence des montres à remontage automatique ne fit qu'accélérer la demande envers ces pièces "magiques" qui n'imposaient pas de remontage manuel et qui allaient bientôt acquérir la date. Les clients amateurs de ce type de pièces destinées aux goussets, soit la poche des gilets, étaient souvent des séniors qui n'avaient connu que ce type de pièces et quelques dandies qui refusaient par principe de porter des montres au poignet. La clientèle civile était aussi composée de personnes, qui pour des raisons souvent professionnelles, ne pouvaient porter leur montre au poignet où celles-ci seraient abimées soit par des chocs, soit par une immersion inappropriée. Après 1945, beaucoup de professions sont encore manuelles et interdisent des montres bracelets dont l'étanchéité serait mise à mal. Ces pièces d'horlogerie d'une finition très soignée, ont toutes les caractéristiques qualitatives des montres bracelet. Jaeger LeCoultre a fourni de nombreuses pièces à diverses armées et a construit dans l'univers militaire une réputation aussi solide que celle forgée auprès des amateurs d'horlogerie de haut niveau.
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