Parmigiani Fleurier
Il est quelques fois difficile de parler avec une totale objectivité d’une marque historique et encore plus quand il s’agit d’une marque qui possède un héritage horloger centenaire. Les nouveaux modèles sont toujours comparés aux anciens – qui plus est dans un environnement où les rééditions et les réinterprétations surfant sur la vague rétro sont particulièrement répandues – et il devient difficile de regarder la montre pour ses réelles qualités. A côté des marques historiques, l’arrivée de nouvelles marques donne le sentiment de profiter d’une vague de fraicheur destinée à rajeunir le secteur horloger dans lequel les grands groupes restent prépondérants. Mais qu’est-ce qui change réellement ? L’innovation dans le design des modèles de nombreuses jeunes marques n’est pas vraiment mirobolante, à quelques rares exceptions près. L’innovation dans les mouvements l’est encore moins. Au milieu d’une offre pléthorique, il existe en vérité peu de marques récentes alliant à la fois de la créativité dans le design et dans les mouvements. Il faut pousser les portes de la Haute Horlogerie pour découvrir une marque réunissant ces deux qualités.
Parmigiani Fleurier est certainement l’une des quelques marques qui m’a le plus attiré l’attention ces derniers temps. Entraperçus au 1er étage de Bucherer à Paris, il était normal de partir examiner au plus près les modèles en se rendant au studio Parmigiani situé dans l’une des belles arcades du Palais Royal (ex-Palais Cardinal qui fut légué par le Cardinal-Duc de Richelieu pour la petite histoire).
L’histoire de la marque ayant été rappelée par matthieu14 (
Histoire de la manufacture Parmigiani Fleurier), les modèles actuels de la marque seront véritablement au cœur de ce reportage.
Mesure…Le premier élément qui peut être remarqué chez Parmigiani Fleurier c’est le travail effectué sur les mouvements : il ne s’agit pas d’habiller un mouvement générique plus ou moins modifié et décoré pour l’intégrer par la suite dans un joli boitier. Les mouvements sont élaborés directement par la marque via Vaucher Manufacture Fleurier, l’entité en charge chez Parmigiani Fleurier de la conception et de la production des mouvements.
Il est à noter que la marque a le label 100% Swiss Manufactured et, effectivement, la totalité des composants de la marque est réalisée par la marque elle-même – cadrans, vis, spiraux… Les seuls éléments qui ne sont pas réalisés par la marque elle-même sont les bracelets – Hermès – et les verres saphir.
Avec, selon les années, entre 4000 et 6000 montres par an, Parmigiani Fleurier a une diffusion qui reste plutôt confidentielle par rapport à d’autres marques détenues par les grands groupes horlogers même si la marque est également un fournisseur pour d’autres entreprises sans oublier la restauration qui est son activité historique.
Depuis 1996, la marque a développé 33 calibres de manufacture. Cela donne une certaine idée de l’importance accordée aux mouvements par la marque et cela vous permet d’apercevoir la démesure prise dans la mesure du temps chez Parmigiani Fleurier. Et en parlant de démesure, il est temps de découvrir les modèles de la marque.
… et DémesureTonda 1950 édition spéciale météoriteLe modèle Tonda 1950 est certainement le modèle le plus en vogue chez Parmigiani Fleurier. Les fameux cadrans météorites bleu et noir ont été lancés en 2015, le cadran blanc en 2017.
En dehors des photos officielles, je trouvais relativement peu de photos permettant de découvrir les subtilités de ces cadrans, chacun a évidemment ses propres spécificités (même pour deux montres du même modèle) et il appartient vraiment à l'acheteur séduit par un cadran météorite de choisir celui qui lui plaira le mieux.
Le mouvement PF702, successeur du PF701 aperçu dans la première partie :
Le modèle présenté est en titane. J'avoue n'avoir jamais été très sensible à ce métal aux caractéristiques techniques pourtant irréprochables. Aimant "ressentir" une montre à mon poignet (sans pour autant apprécié les montres disproportionnées ou trop lourdes), je préfère généralement l'or ou l'acier. Ce modèle m'a surpris : au poignet, le ressenti était fort agréable, elle bénéficie d'un bon équilibre : ni trop légère ni évidemment trop lourde.
Je n'hésite pas à dire que le cadran météorite bleu abyss me séduit particulièrement. Le diamètre de 39mm est parfait pour ce modèle.
La nouveauté 2017 avec le cadran blanc grené. Il est plus difficile de faire ressortir les subtilités du cadran avec un appareil photo, son charme est beaucoup plus discret. Le mouvement a été perfectionné et la réserve de marche est passée sur ce nouveau modèle de 42h à 48h.
Le modèle avec le cadran graphite. Les aiguilles - delta le cas échéant - sont luminescentes sur la plupart des modèles de la marque.
Tonda MétrographeAutre coup de cœur, un chronographe que je trouve bien réussi. Ce modèle en acier (40mm) était agréable et élégant au porter. Par rapport à la Tonda 1950 où on était sur du 8mm d'épaisseur, ce modèle fait un peu moins de 12mm d'épaisseur.
Ce modèle me plaît particulièrement et le système de boucle déployante (j'aurais l'occasion de revenir sur ce sujet plus tard) permet un réglage fin pour une bonne tenue au porter.
Un modèle avec un cadran blanc argenté est également disponible. Le mouvement automatique PF315 affiche 42h de RDM.
Bugatti AerolitheAutre nouveauté 2017, avec ses 41mm, la Bugatti Aerolithe est un chronographe en titane avec 50h de RDM, flyback et double échelle tachymétrique (affichant les km/h et les miles) ainsi que la double lecture (vitesses rapide et lente).
Un aspect diabolique sous certains angles !
Quoique intrigué, j'étais un peu réservé au départ : le partenariat avec une marque automobile, la forme en pointe-de-diamant utilisée pour le cadran... Au porter, le rendu me semble au final plus harmonieux. J'apprécie particulièrement la forme du boitier et les poussoirs intégrés aux cornes.
Toric ChronomètreIl existe également plusieurs modèles de Toric mais celle qui a retenu mon attention est le modèle avec cadran noir et boitier en or rouge. Le mouvement automatique PF331 qui l'anime est certifié COSC et dispose de 55h de RDM.
Le modèle avec le cadran noir opalin me semble particulièrement beau : les aiguilles javelot et la couronne assez imposante se marient agréablement dans une montre habillée qui garde néanmoins une certaine originalité.
Tonda 1950 LuneA mentionner également, les phases de lune ne sont pas absentes de la collection, reprenant le boitier des Tonda 1950, ce modèle possède un mouvement automatique fin : 4mm (le PF708 avec 48h de RDM).
Tonda MétropolitaineLes dames ne sont pas en reste, j'ai pour ma part apprécié ce modèle en acier de 33mm de diamètre avec un mouvement automatique disposant de 50h de RDM et avec un beau cadran bleu.
Féminine mais pas trop "girly" (à l'exception du bracelet peut-être) !
Pour conclure ce reportage, s’il y a bien une chose qui est à remarquer chez Parmigiani Fleurier, c’est l’alliance de la créativité sur la plan esthétique et une ambitieuse politique de développement de ses propres mouvements. Ce choix - celui de la différenciation - est facilité par le fait que la marque fait partie d'une fondation, la fondation Sandoz, plutôt que d'être une énième composante d'un grand groupe horloger. Cela lui donne une certaine indépendance financière mais aussi industrielle/artisanale en intégrant verticalement toutes les étapes, de la conception à la production, du design aux boitiers en passant par les mouvements.
Pour revenir au studio de la marque situé à Paris, le lieu est excentré par rapport à la majorité des boutiques horlogères traditionnelles en choisissant un emplacement situé à proximité immédiate avec le ministère de la Culture, le Conseil d’État et le Conseil Constitutionnel.
Pour les membres qui souhaitent découvrir davantage les modèles de la marque, une visite du studio réservée aux membres est organisée (inscriptions) :
Evenement : Studio Parmigiani Fleurier à ParisL'équipe de Forumamontres.