On peut s'amuser de ce qu'on lit chaque jour sur l'univers impitoyable de l'horlogerie. Il faut toutefois bien décoder les choses.
"Ca va mieux" par exemple est ce qu'on entend le plus depuis 15 jours. C'est vrai indéniablement mais sûrement pas comme on voudrait nous le laisser croire. Une grande maison du Sentier par exemple connaît une baisse de son chiffre d'affaires de 25% par rapport à l'avant crise. Cette maison vit donc avec 25% en moins par rapport à 2015.
Une autre maison du Canton de Neuchâtel peine à 13 000 ou 15 000 pièces à reprendre son souffle et surtout à retrouver son point d'équilibre qui est à 22 000 pièces.
Ceux qui vont mieux que l'an dernier ne sont pas sortis d'affaire, loin s'en faut.
Quand Georges Kern indique dans une interview au Temps qu'il met fin aux soirées gargantuesques lors de Baselworld, c'est bien qu'il siffle la fin de la récréation. Le train de vie des marques s'est envolé et le réajustement sera douloureux pour ceux qui tels les morpions sont accrochés à ces petits avantages de caste que les marques leur consentaient sans vraiment mesurer si l'effet était ou non positif.
Chez Richemont, tout le monde est revenu sur terre. Les dépenses inutiles sont abandonnées et le tri est fait. Chez LVMH, JC Biver a redressé la barre de Tag Heuer, tenté de redonner de l'élan à Zenith et placé sur orbite Hublot.
Partout, il reste du travail, des marchés à reconquérir. Le marché américain par exemple sera sans doute l'un de ceux qu'il va falloir retravailler un peu partout. La Chine suppose un travail continu de la part des marques. La Russie va devoir être repensée en terme de marché et l'Inde est à inventer.
Par "ça va mieux", il faut comprendre que ça ne va pas plus mal ou c'est moins pire qu'on ne le craignait, l'embellie est autre chose, on ne peut que la souhaiter, on dira alors "nous sommes en pleine croissance" mais tant que cela n'est pas dit, on peut considérer que rien n'est gagné.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).