Il y a quelques années, je fus invité à un déjeuner horloger par une grande marque. Je vais très rarement à ces événements mais cette fois j’avais accepté car j’avais un rendez-vous professionnel à deux pas et pouvais donc me rendre libre. Je venais d’être cambriolé (ça arrive à tout le monde) et mes voleurs m’avaient laissé 3 montres de marque Curtis. Ne cherchez pas cette marque suisse qui embarquait de l’Eta bien fini et n’était vendue que chez les marchands de tabac en Suisse.
Lors du repas, un haut dignitaire de la marque la représentait à chaque table. Sympathique, il décida de faire un tour de table des montres portées par les invités. Ma montre valait 110 francs suisses et celles des autres invités étaient toutes des haut de gamme. Tourbillons, répétitions des minutes, etc...
Ma Curtis était admettons-le, une petite montre mais faute d’avoir eu le temps de prendre une bonne pièce, je n’avais que ça. Lorsque vint mon tour, je décidais de m’amuser avec un second degré que j’affectionne. Avant de présenter ma montre, je demandais donc aux autres invités s’ils avaient connu le feuilleton Amicalement Vôtre avec...Tony Curtis. J’expliquais alors que son fils grand designer a New-York avait dessiné personnellement cette montre. Personne évidemment ne connaissait la marque Curtis. Tout le monde admira donc cette pièce de designer. Un journaliste d’une revue décalée dont j’ai oublié le titre me demanda à la fin du repas si cette histoire était sérieuse car il avait détecté dans mon œil des signaux de moquerie. Je lui confiais donc que c’était Archi faux. Il en eut un fou-rire et me dit que cette histoire était si drôle qu’il la raconterait dans son magazine anglais.
J’ignore s’il donna suite. Voilà comment on construit une légende !
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).