Salut à vous, amis Fameurs,
Après ma revue de Jewelery Arabia, je voulais partager quelques essais réalisés dans les boutiques du Sheraton de Manama. Comme le nombre de magasins de montres de luxe est inversement proportionnel à la quantité d’occupations disponible ici, autant vous dire que j’ai déjà passé beaucoup de tocantes en quelques mois. En voici quelques-unes, de chez Blancpain, Piaget et Patek.
Je commence avec ces deux Villeret on ne peut plus classiques mais toujours agréables :
La trois aiguilles / date ultraplate est une de celles qui m’avaient attirées vers la marque. Je suis assez amateur du style classique et elle répond donc parfaitement au cahier des charges avec son 38mm, ses aiguilles feuilles et ses index romains. A l’essai, un petit goût de vieillot tout de même, notamment dû, amha, au rehaut de la lunette et l’or assez présent.
Je lui préfère sa cousine à quantième, plus vivante, et dont la phase de lune a un côté onirique que je me souviens avoir retrouvé uniquement chez Breguet.
Un aperçu du calibre 1150 qui motorise la Villeret ultraplate. Si j'étais mesquin, je dirais que ça pourrait être mieux pour cette gamme de prix.
Je quitte la boutique Blancpain pour passer chez leurs camarades de la Côte-aux-Fées. Très bon accueil de la part de la vendeuse, qui me sort toutes les Altiplano que je lui demande avec le sourire. Ça laisse songeur quant à certaines boutiques parisiennes…
Honnêtement, je ne suis pas familier de Piaget, mais certains m’ont quand même impressionné. Des ultra-thin, j’en ai vu passer quelques-unes dans ma courte carrière de squatteur de boutiques désargenté, sauf que là, je touchais à la référence de la catégorie.
Pour commencer, une Altiplano éd. 150ème Anniversaire, 43mm avec boitier en or blanc et cadran bleu à la finition soleillée. Ma préférée sans doute, moi que suis réfractaire aux croix sur les cadrans en temps normal.
Il faut avoir une Piaget au poignet pour apprécier la délicatesse et l’équilibre –la fragilité, presque ! – qui s’en dégage. Je craignais l’effet « pizza » causé par un grand diamètre et une finesse extrême, mais en fait, le ressenti est assez unique. On comprend aussi d’un coup pourquoi une montre à l’allure aussi simple peut avoir un prix aussi haut (24K tout de même celle-ci).
Le calibre 1200P de 2.35mm d’épaisseur, à micro-rotor frappé des armes de la maison, possède aussi des finitions qui justifient le ticket :
Vraiment très beau, je ne m’attendais pas à une telle qualité.
On poursuit avec deux autres Altiplano, dont j’aime moins le style urbain 50s, mais qui sont quand même de belles pièces.
Pour terminer, arrêt dans la boutique Patek Philippe. Je ne savais pas que la marque avait un établissement ici ; la bonne surprise s’est avérée encore meilleure quand le manager m’a proposé d’essayer le chrono 5170R exposé dans la vitrine.
Je ne me fais pas prier et je m’installe avec mon hôte dans la boutique déserte – enfin pas totalement puisque deux Saoudiennes inspectent une Nautilus entièrement sertie de diamants dans le fond.
C’est un peu le clou de la visite. Le gars est un Indien ultra sympa qui est visiblement passionné par ce qu’il fait. Il me raconte comment tel prince de la maison royale avait acheté le même modèle après se l’être fait présenter par le fils Stern lors de l’ouverture de la boutique, il y a quelques années de cela. C’est beau, et je partage l’admiration qu’a dû ressentir ce brave noblion devant le 5170R.
On ne le présente plus aux experts Patek d’ici mais quelques détails tout de même, juste pour le plaisir : chronographe à remontage manuel, avec cadran blanc, petite seconde, compteur 30min et échelle tachymétrique peints à la main, chiffres Breguet en or en applique, boitier en or rose. Le tout pour 39 x 10mm environ, ce qui donne une présence excellente au poignet.
Le bébé est animé par le calibre CH29-535, qui se révèle par un fond saphir très à propos. Je vous laisse apprécier la profondeur du mécanisme, ainsi que ses finitions de classe mondiale.
Ok c’est joli. Mais là, le manager me dit : « vous aimez celui-là ; ne bougez pas, j’en ai un autre ! »… Et d’aller me chercher ce ref 5170P sous blister dans la réserve.
Alors qu’il me le déballe, j’essaie de ne pas faire tomber ma mâchoire par terre et je pose les yeux sur la petite merveille.
Pour avoir eu le 1815 et celui-ci entre les mains en un court laps de temps, je dois dire que le Patek me paraît un cran au-dessus dans le luxe. Contrairement au ALS, qui honore la tradition germanique en restant près des codes et en les exécutant parfaitement, on sent que le trois-ponts Patek a voulu lâcher toute sa bordée avec cette pièce, notamment en injectant des touches de joaillerie.
De un, c’est une montre qui est en elle-même exceptionnelle : même calibre que le 5170R, cadran à deux compteurs et deux échelles (tachymétrique et télémétrique, si je ne m’abuse, mais à vérifier) et graphie à l’ancienne, comme on les aime.
De deux, le 5170P a été travaillé de façon à être un joyau. Le cadran est à la fois soleillé et teinté d’un subtil dégradé de noir au bleu. Il s’avère hypnotique et s’allie parfaitement avec la couleur de littérature et des index. Le boitier est en platine finition satinée, tandis que les index sont tout simplement des diamants incrustés. Une démonstration de puissance de feu, mais qui reste fort bien contenue dans son 39.5mm : malgré la démesure apparente du 5170P, il ne verse pas dans le bling-bling et conserve ce quelque-chose de Patek.
Ce que je veux dire, c’est que lors d’une montée des marches à Cannes, l’œil du non-initié s’attarderait, je pense, bien plus sur les biftecks or et diamants servis par AP que sur ce chrono.
Pour finir en beauté :
J’espère que cette petite virée au Sheraton vous aura plu. Veuillez m’excuser pour la qualité des photos, qui ne rend pas justice à la plupart des beautés ci présentées.
Salutations ensablées.