Petite histoire d’une grande montre : L’Omega Seamaster 200 - SHOM

Les années 1960 et 1970 furent riches en découvertes diverses de zones inexplorées de la planète, de montagnes, de pays éloignés et mal connus, de fonds marins ou de l'espace et de la Lune. Les fabricants de montres ont accompagné nombre d'explorateurs, aviateurs, astronautes et cosmonautes ainsi que des plongeurs qui partageaient leur passion et leurs découvertes par le biais de la télévision qui s'invitait dans les salons de toutes les familles. La découverte du monde emportait le rêve et la montre, accessoire naturel des aventuriers, participait à l'accès ouvert à chacun à l'idée qu'il pouvait lui aussi devenir un héros.

La collection Omega Seamaster championne des surnoms

Les grandes maisons ont produit entre 1950 et 1980 un grand nombre de pièces toutes plus performantes les unes que les autres pour voler, plonger ou barouder d'un pays à l'autre, d'une mer à l'autre ou d'un continent à l'autre. Les marques horlogères donnaient parfois à leurs modèles des noms génériques assortis de références ou de leurs performances potentielles. Une Omega capable de descendre sous le niveau des mers à 200 mètres devenait ainsi la Seamaster 200, passant à 1000 pour le modèle apte à descendre à 1000 mètres. Ce référencement aurait pu être celui qui se grave dans les mémoires, mais les amateurs ont toujours aimé donner à leurs montres des surnoms, souvent animés par leur passion pour l'objet de leurs rêves. La Seamaster 600 est ainsi devenue la "PloProf" pour « PLOngeur PROFessionnel », la Seamaster 1000 est devenue la "Grande", le chronographe Seamaster automatic 120 mètres et devenu le "Big Blue". L’éventail des surnoms s’élargit encore quand un chronographe Seamaster est surnommé "Flat Jedi" en référence à Star Wars". La liste complète serait trop longue à établir d’autant que certaines désignations ont donné lieu à des déclinaisons spéciales comme par exemple la « Baby Ploprof » pour une montre de plongée qui ressemble simplement à la version plus grande.





Un modèle spécial


Les années 1960/1970 sont marquées chez Omega par des boitiers de forme tonneau, un peu rond, ou de forme un peu ovale comme la ligne des boites "pilote". Les formes anguleuses, carrées sont beaucoup moins nombreuses. A ce titre, la Seamaster 200, référencée 166.0177 et présentée en 1973 à Baselworld, fait exception. Très anguleux, son boitier est constitué d'un bloc d'acier suédois fabriqué par la maison Piquerez, le cadran est noir mat avec des indications dont la visibilité a été améliorée grâce à des index luminescents, les aiguilles de type glaive très lumineuses tranchent sur le cadran, le guichet de date légèrement biseauté souligne une finition sans erreur. Le verre minéral trempé est épais. Il semble à toutes épreuves et le mouvement est un 1012 de dernière génération, très plat, et encore dit de "manufacture". Ce mouvement qui permet une mise à la date rapide dans les deux sens (rare aujourd'hui) évolue à 28 800 alternances par heure. Il est capable d'offrir une précision chronométrique et de la tenir sur une longue durée. Si sa décoration est sommaire et son design simple, cela reste un mouvement de qualité. La lunette d'époque dispose d'un insert en bakélite sans point lumineux mais en cas d'avarie, faute de réserve suffisante, le service après-vente d’Omega les remplace par des lunettes avec des inserts en aluminium avec un point lumineux. Les versions récentes ont cette même lunette.



La montre est rapidement adoptée par les amateurs de plongée. Massive, lourde, elle pèse un peu plus de 150 grammes, elle semble indestructible, qualité prisée des plongeurs. On la voit très vite au poignet de nombreux professionnels de la mer. La montre ne reçoit pas son surnom immédiatement, il faudra pour cela attendre 1979. Le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM), une institution gouvernementale française consacrée à l’étude des océans et à la publication des cartes maritimes, avait manifesté son intérêt pour les montres de plongée. Le SHOM avait vu sa compétence étendue à l'homologation des équipements utilisés par toutes les entités et institutions maritimes françaises. Après avoir fait le tour des produits du marché dans le courant de l’année 1978, le SHOM contacta Omega afin d’acquérir la Seamaster 200. Omega a ainsi directement livré au service français un lot de montres à utiliser pour ses missions officielles. Les montres ont été signées et gravées de la mention « SHOM » sur le fond du boîtier pour les distinguer des modèles classiques vendus sur le marché à l’époque. Dès lors, le nom de Seamaster « SHOM » devint celui donné par les amateurs et il restera gravé dans les mémoires.

L'histoire ne s'arrête pas là. En effet, après cette sélection par le SHOM, la même version de l’Omega Seamaster 200 fut également adoptée par la marine nationale française. Omega livra donc un autre lot de montres aux unités de plongeurs militaires. Comme toutes les montres homologuées par les institutions gouvernementales françaises, elles portaient la mention « MN 79 », gravée sur le fond.


Une passion durable

Cette montre fut une pièce très particulière dans la dynastie des plongeuses d'Omega ce qui constitue une reconnaissance particulière de ses qualités. On s'égare dans les chiffres représentatifs de sa production. Le chiffre de 2000 unités annoncé semble très sous-estimé et celui de 20 000 lancé par des collectionneurs semble un peu élevé. Un chiffre aux alentours de 12 000 pièces serait davantage réaliste. Le succès du modèle est tel que des anciens distributeurs de la marque ont "re-fabriqué" quelques exemplaires tardifs à partir de pièces Omega en général destinées au service après-vente. Ces modèles ont les caractéristiques des versions d'époques et l'attrait du neuf pour qui aime à porter des montres en parfait état. Des amateurs plus ou moins spéculateurs ont, eux aussi, avec des pièces détachées achetées à des distributeurs, reconstitué des SHOM. Elles ne resteront pas disponibles très longtemps car les réserves de pièces sont épuisées. La SHOM était portée en général soit sur un bracelet en Corfam, sorte de cuir de synthèse compatible avec le milieu aquatique, soit sur un bracelet en acier de référence 1162/172 et donc avec 22 mm d'entre-corne. Beaucoup lui ont adapté un bracelet de type Mesh avec son maillage fin caractéristique originellement dédié à la Seamaster 600. La Seamaster SHOM bénéficie du statut de légende horlogère et son histoire la voue à un bel avenir de pièce de collection, statut qu’elle porte très bien.

Je trouve que ces formes de boîtiers ont assez mal vieilli !  

J’aime beaucoup cette montre et sa forme si particulière qui sent bon les années 70. 
Une montre précise, solide et agréable à porter.
J’ai eu la chance d’en acquérir une d’époque, dans son jus l’an dernier.
J’ai été patient car il n’était pas question de prendre une Watch Co même si elle aurait eu l’avantage d’être flambant neuve...
Et puis j’ai réussi à en trouver une belle avec son bracelet shark d’origine et surtout son extrait d’archives Omega précisant sa livraison directement au SHOM, bref le top pour ce modèle. 
Certes ma montre a cette vécu, mais c’est ce qui fait son charme.
Je la porte régulièrement avec beaucoup de plaisir.

Belle montre, mais pour moi chez Oméga c’est la Seamaster 300 et la Ploprof qui restent des légendes.

jeanbat 31 a écrit:

Je trouve que ces formes de boîtiers ont assez mal vieilli !  

Ce n'est pas l'avis d'un tas de marques dont Spinnnaker



Omega s'interroge en permanence pour la faire refabriquer… Et il n'est pas exclu de la revoir.

Enfin Seiko en ressort déjà me semble-t-il.

On peut hésiter entre une NOS reconstituée ou une version officielle ancienne. J'ai personnellement beaucoup hésité d'autant qu'on m'a plusieurs fois proposé la SHOM officielle. L'idéal serait de craquer pour les deux. J'ai opté pour celle qui est la plus récente et neuve et ne regrette pas.

https://www.omegawatches.com/fr/stories/the-shom

Cette SHOM est à Omega ce que la 5513 est à Rolex question "histoire" . On peut discuter des heures durant de sa forme mais ça reste une pèce de très bonne qualité animée par un excellent calibre et une montre qui a de la gueule sans entrer dans les modèles fadasses qu'on voit par ailleurs.

Et bien si ils la ré-édite qu'ils évitent de mettre un dessin imprimé sur le verre comme pour la Zenith Lupin ....... je n'aime pas du tout.

Une petite modernisation du boitier serait le bienvenue mais il y a toujours des puristes  .
  Entre une 911 des années 70 et la dernière sortie je ne réfléchis même pas.

ZEN a écrit:

Cette SHOM est à Omega ce que la 5513 est à Rolex question "histoire" . On peut discuter des heures durant de sa forme mais ça reste une pèce de très bonne qualité animée par un excellent calibre et une montre qui a de la gueule sans entrer dans les modèles fadasses qu'on voit par ailleurs.

A mon humble avis, c'est la Seamaster 300 qui est comparable à la Submariner, de part la durée de sa production et de part les usages qu'elle a rendu : Comex et militaires dans divers pays.

https://www.omegaseamaster300.com/

Même si la SHOM reste une belle et bonne montre, elle n'a pas eu un usage aussi vaste que la Seamaster 300.

Vient après la Seamster 300 la Seamaster 600 Proplof.

Pulsar77 a écrit:

A mon humble avis, c'est la Seamaster 300 qui est comparable à la Submariner, de part la durée de sa production et de part les usages qu'elle a rendu : Comex et militaires dans divers pays.

https://www.omegaseamaster300.com/

Même si la SHOM reste une belle et bonne montre, elle n'a pas eu un usage aussi vaste que la Seamaster 300.

Vient après la Seamster 300 la Seamaster 600 Proplof.

Mais bien sûr, totalement d'accord... 
La Shom est anecdotique dans la production de plongeuses Omega. D'ailleurs à part les watchco que l'on voit couramment en vente, il n'y a quasiment aucune vraie SHOM en vente. C'est d'ailleurs la plongeuse Omega qui m'a pris le plus de temps à trouver. 
Et concernant les watchco, la boîte complète (carrure, lunette, fond et couronne), cadran et aiguilles de service ne coûte même pas 1000 euros, auxquels il suffisait de rajouter un mouvement d'occase à 100 euros même pas révisé, donc c'était un business juteux de les vendre ensuite pour le double, c'est pour ça qu'il y en a autant. Et ça ne dérangeait visiblement pas trop Omega de liquider son stock. 
Personnellement, je trouve que c'est la plus moche de toutes les plongeuses Omega et elle est vraiment desagréable au poignet, une ploprof passe mieux.

Citation :

Mais bien sûr, totalement d'accord... 
La Shom est anecdotique dans la production de plongeuses Omega. D'ailleurs à part les watchco que l'on voit couramment en vente, il n'y a quasiment aucune vraie SHOM en vente. C'est d'ailleurs la plongeuse Omega qui m'a pris le plus de temps à trouver. 
Et concernant les watchco, la boîte complète (carrure, lunette, fond et couronne), cadran et aiguilles de service ne coûte même pas 1000 euros, auxquels il suffisait de rajouter un mouvement d'occase à 100 euros même pas révisé, donc c'était un business juteux de les vendre ensuite pour le double, c'est pour ça qu'il y en a autant. Et ça ne dérangeait visiblement pas trop Omega de liquider son stock. 
Personnellement, je trouve que c'est la plus moche de toutes les plongeuses Omega et elle est vraiment desagréable au poignet, une ploprof passe mieux.

Je n’osais pas le dire de peur d’offenser le grand chef mais oui elle est anecdotique, cela n’enlève rien a ses qualités mais je trouve que c’est faux de la transformer en légende.

Avec les Seamaster 300, il y a vraiment eu du n’importe quoi avec les Watchco.

Pour moi ça reste la Ploprof la vraie légende, un ami de la famille qui était ingénieur à la Comex en porte une depuis 40 ans...
Un jour je lui ai demandé s’il avait reçu des Rolex dans le cadre de ses missions, il m’a répondu : oui j’en ai plusieurs dans un tiroir 

Je lui réponds mais pourquoi vous ne les portez pas et vous porter la Ploprof qui est plus grosse et difficile à porter au quotidien.

Il me rétorque car elle est plus précise que les Rolex, oops j’ai rien dis 

Je vous rasssure, il n'y a pas d'offense au grand chef mais à la différence des quadras que vous semblez tous être sur ce sujet, j'étais là avant vous (hélas) et j'ai vécu en live l'émergence de cette montre et son histoire "Shom"

D'abord, je rappelle à tout hasard que c'est une Seamaster (comme pour le Port Salut, c'est marqué dessus) ! Donc oui, la Seamaster est bien le modèle concurrent pour Omega de la Submariner chez Rolex… La différence est qu'Omega a donné à sa Seamaster plusieurs designs.

Ensuite, je ne compare pas son histoire à celle de la 5513 par hasard. Il y a bien eu concurrence sur le terrain. Les équipes du SHOM portaient cette SHOM (qu'on appelait Seamaster 200) et des ...5513. CQFD.

Enfin, sur le registre de la légitimité, je serais prudent sur le dédain témoigné à l'égard des montres Omega en version Watch C°. Cette maison était le représentant distributeur et chargé du SAV officiel Omega. Omega a rompu le contrat et laissé le stock très conséquent de pièces sur place.  
Du jour au lendemain, un horloger agréé Omega qui réparait des montres au besoin en changeant la boite devenait un horloger avec le même matériel, les mêmes pièces, le même savoir faire et les mêmes moyens, un horloger dont l'employeur n'avait plus de contrat avec Omega.

Dans les montres dites Watch C°, il y a deux sous-catégories :

- celles faites entièrement par Watch C° avec des composants neufs, calibre compris
- celles faites avec des composants partiellement Watch C° et des calibres d'occasion glanés sur le net

Les 2 ont reçu l'agrément, que dis-je le plein agrément d'Omega, y compris après la rupture (amiable) du contrat. Cela signifie qu'Omega a reconnu leur parfaite et stricte conformité avec certes des pièces parfois un peu usées pour ce qui concerne le calibre pour les montres  de seconde catégorie mais authentiques quand même.

Mon exemplaire appartient à la toute première catégorie et est 100% neuf. Si quelqu'un a un fournisseur à 1000 euros, que l'on m'en tienne à disposition une dizaine, je suis preneur.

Cette montre n'est pas transformée en légende mais fait partie des très rares pièces qui ont été reconnues comme pièces officielles du SHOM et lui ont été livrées et portées par les membres du SHOM et ses plongeurs. Je possède d'ailleurs une documentation d'époque sur le sujet, documentation recueillie il y a très longtemps, c'est à dire à l'époque de sa commercialisation.

A cette époque-là, une Vixa Type 20 se payait l'équivalent de 10 euros, les modèles de poche Omega s'achetaient l'équivalent de 7,50 euros, les Seamaster 120 venaient de sortir et un chrono Omega de plus de 20 ans ne valait pas tripette. Le net n'avait pas encore vu le jour et la notion de légende horlogère n'existait même pas.

On notera que les marques dans leur grande intelligence ont cultivé la notion de légende sur des modèles qu'elles fabriquent toujours et en nombre suffisant pour en tirer profit de sorte qu'il faut nuancer cette notion entre légendes commerciales qui drainent nombre d'experts des réseaux sociaux et légendes historiques qui renvoient à une "vraie" histoire bâtie sur des fondations autres que commerciales.

Les premières légendes sont anecdotiques, je retiens ce terme, les secondes sont historiques et c'est tout autre chose. A chacun son choix. La valeur commerciale n'a rien d'historique mais contribue à l'anecdote, elle a son importance mais la passion des montres ne peut systématiquement ramener à la valeur vénale.

je m’incline 

ZEN a écrit:

Si quelqu'un a  un fournisseur à 1000 euros, que l'on m'en tienne à disposition une dizaine, je suis preneur.

Il y a 10 ans environ, j'ai acheté directement à Marcus 3 sets: 1 shom, 1 sea 300 et 1 baby ploprof pour $3000, montés par mon beau père avec des mouvements de son stock. Peut être était-ce un prix spécial?
Et dernièrement, j'ai demandé un devis à un centre de service en Suisse le prix des pièces d'une 165.024: boîte complète 670, cadran 130, aiguilles 30.. Je n'ai pas demandé pour une shom, mais je vois mal que ce soit tres différent.