Bon c'était entendu, près la vente de cette très belle GS SBGR061 que je portais trop peu, une Reverso Classic Medium serait la prochaine. Restait à trancher - sans ou avec seconde - avant d'en chercher une.
Et puis je tombe sur cette 1966 Petite Seconde cadran émail Grand Feu neuve !!!! Ca fait quelques années que je la regarde... Mais impossible à voir : petite production, et visiblement c'est surtout en Asie et aux US qu'elle s'est vendue.
Il y a 1 an un vendeur particulier sur Chrono24 en proposait une, il habitait Genève mais n'a pas voulu que je vois la montre, j'ai donc bien entendu laisser tomber.
Mais avant de parler de cette 1966, d'où vient mon attirance pour Girard Perregaux ? Marque presque confidentielle avec un riche passé (Un modèle mythique La Esmeralda ) et quelques réalisations de très haut niveau comme le Tourbillon Trois Ponts, la Vintage 1945 Tourbillon Jackpot, la 1966 répétition Minutes, les modèles avec Echappement Constant, la Répétition Minutes Tourbillon avec Ponts en Or et plus récemment la Quasar...
Il y a 6 ans j'avais passé une journée à Genève pour essayer quelques montres magnifiées par les photos du forum : PP Calatrava, L&S 1815, Parmigiani Tonda, Moser Mayu...
Chez Bucherer après l'essai des Moser le vendeur me parle de Girard Perregaux ( "Hein Gi quoi Gi ki !!!! , c'est le présentateur météo de TV Lausanne ???!!") et me fait essayer la 1966 Calendrier Complet : la plus belle de la journée, des proportions idéales, un confort incroyable, un cadran magnifique, classe et moderne à la fois.
Depuis des montres sont sorties et d'autres sont entrées ; j'ai fait mon éducation horlogère et mes goûts se sont affinés.
La Laureato est arrivée il y a un peu plus d'un an et je me félicite à chaque fois que je la porte d'avoir osé acquérir une montre de cette marque " so under rated" comme c'est souvent écrit sur les forums anglo saxons.
Revenons donc au début de l'histoire : vente de la GS et réflexions en cours pour la Reverso. Et puis naviguant sur un site connu je tombe sur cette fameuse montre : mon sang se fige car elle est à 150 kms d'ici et dans un budget que je peux envisager de mettre. Rdv est pris avec le vendeur, je pars donc voir cette montre dont assez peu de photos circulent sur le net : les officielles ne sont pas terribles et les autres mettent difficilement en valeur le cadran et les aiguilles bleues.
Un peu d'anxiété de faire le déplacement pour une grosse déception : bing ! C'est beau, c'est très très beau. Petite négo et je demande au vendeur de me la bloquer 24 heures (Je n'ai pas envie de perdre le sommeil pendant des jours et des jours, donc il faut décider vite si je prends ou pas).
Retour le cerveau en ébullition, calculette qui chauffe, je regarde encore et encore les photos. Sujet sur FAM et réactions : très positives sur le cadran, bcp moins sur le mouvement et le boitier.
Le lendemain c'est un supplice, j'appelle le vendeur pour lui dire que je n'ai pas décidé et qu'il peut remettre la montre en vente. Toute la semaine c'est la même musique : certains commentaires sur FAM me perturbent, c'est trop d'argent pour une montre, passe à autre chose mon gars, photos, photos , photos (Et là toujours P..... qu'est ce que c'est beau !!!)
Et puis heureusement, pour alléger tout ça, les déconnades avec Canard sur sa belle qui n'arrivait pas.
Le dimanche je pose les choses à plat : abstraction des commentaires, validation des finances et retour à l'essentiel :" jusqu'à quel point cette montre te plait, la veux tu absolument, et es tu prêt à y mettre ce prix ? " Bah oui !
Je fais donc une proposition par mail au vendeur et nous sommes rapidement ok. Ouf la pression retombe d'un seul coup. Virement, expédition et la voilà devant moi. Un peu de stress en ouvrant la boite "Est ce que je vais encore la trouver toujours aussi belle ...?" Ca doit rappeler pas mal de souvenirs à beaucoup et je ne parle pas que des montres...
Elle est désormais à moi cette 1966 Petite Seconde cadran émail Grand Feu ; sa principale caractéristique est donc ce cadran. On dit parfois que le cadran est le visage d'une montre.
L'émail grand feu est une technique de décoration utilisée dans l'horlogerie. Il s'agit de la technique de décoration de montres la plus difficile et la plus délicate mais également celle qui possède la plus grande durabilité. L'artisan ne peint pas le dessin directement sur la montre mais applique plusieurs oxydes sur le cadran en or. La technique consiste ensuite à passer le cadran au feu (entre 800 et 900 °C) à plusieurs reprises afin de laisser le motif et les couleurs se révéler petit à petit, il y a bcp de rebuts car la cuisson est très délicate . L'émail grand feu permet de réaliser des décors inaltérables et raffinés.
Très peu de marques proposent des cadrans dans cette technique et encore plus rares sont celles qui le font en interne (Bréguet, Ulysse Nardin...). Lorsque cette 1966 a été produite GP réalisait le cadran dans son petit atelier au dernier étage de la manufacture et produisait des montres avec des peintures miniatures sur émail, des cadrans en émail cloisonnée.
GP avait, sorti en 2016 une série de 3 montres, la Chambre des Merveilles qui illustraient ce savoir faire artisanal. (Il est bien possible que cet atelier a été fermé depuis)
Cette montre est la dernière qui a été lancée sous Luigi Macaluso.
Toutes les photos sont faites au smartphone, on est donc très, très loin de la perfection qu'atteignent certaines de fameux Fameurs
Ce cadran est d'une incroyable profondeur (on "sent" la matière et le grain ), très lumineux et ce blanc est particulier. A la loupe on en voit les irrégularités (Ce n'est pas un défaut j'ai vu pareil sur du Bréguet).
D'élégants chiffres arabes sont peints sur le cadran et ce noir contraste formidablement avec le cadran blanc. Chemin de fer très classique et parfaitement réalisé.
Les aiguilles feuilles sont à tomber et quand elles sont bleues le rendu avec le cadran est magnifique.
La petite seconde est parfaite : aiguille, chemin de fer, typo et ce 60 en rouge qui dynamise et modernise d'un seul coup ce cadran.
Initiales et nom de la marque : ras tout est pensé avec goût.
Le boitier est celui des 1966 : en or rose il fait 40 mm et une épaisseur de 9.9 mm, il a une légère courbure, et des cornes très courtes parfaitement proportionnées dans leur largeur à la lunette ce qui donne cette continuité et cette compacité qui peut apparaître comme trop simple mais qui lui donne de la discrétion et de l'élégance.
Or rose, émail Grand Feu blanc, aiguilles bleuies et 60 rouge ; quelle incroyable harmonie que ces 4 couleurs réunies de cette manière !
Au poignet ? Elle se pose parfaitement avec un confort irréprochable.
Le dos ? Ah le dos : c'est très propre et ...petit. C'est probablement le reproche que l'on peut lui faire : ça ne me gêne absolument pas, je ne regarde quasiment jamais le verso de mes montres (Si j'avais un 1815 chrono ce serait sans doute différent !).
C'est finalement, et comme l'avait très justement écris FX ( http://equationdutemps.blogspot.com/2011/11/girard-perregaux-1966-petite-seconde.html) dans sa revue, une montre très simple qui réussit parfaitement le mariage de la tradition et de la modernité.
Classique et intemporelle à la fois, je sais déjà qu'elle me donnera beaucoup de bonheur à chaque fois que je vais la porter.