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| Sujet: Actu: Daniel Fournier, l'ébéniste du luxe Jeu 10 Jan 2008 - 17:50 | |
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- Daniel Fournier, l'ébéniste du luxe qui se taille une place dans l'agencement général
BOIS. Le groupe de Martigny vise les 50 millions de chiffre d'affaires et veut poursuivre son internationalisation.
Marie-Laure Chapatte Jeudi 10 janvier 2008
Comment de l'agencement de cuisines en Valais devient-on un fournisseur de solutions globales, pour les stands des plus grands horlogers ou les magasins comme la Halle aux chaussures? La réponse avec Daniel Fournier.
Ce Valaisan pure souche a construit un petit empire à Martigny. Après un apprentissage d'ébéniste, il se lance en indépendant en 1974, à 22 ans seulement. «A cet âge-là, vous n'avez pas beaucoup d'expérience de la vie. Mais si un jour quelqu'un m'avait dit que j'aurais plus de 100 employés, je l'aurais traité de fou», raconte ce passionné. Aujourd'hui, son groupe compte 150 collaborateurs, répartis dans quatre sociétés distinctes. Une septantaine de personnes travaillent encore sur le site de Martigny, atelier et poumon du groupe pour toutes les réalisations en bois.
Parce qu'il a équipé de nombreuses banques privées de la place genevoise et a travaillé avec les plus grandes marques horlogères du pays, Daniel Fournier a l'image de l'ébéniste du luxe. Mais le personnage ne s'entiche pas d'étiquette. Et raconte avec une certaine simplicité comment, «pris dans la tourmente», les affaires se sont développées. D'abord dans les villas et chalets valaisans à l'époque de la bonne vieille cuisine en bois qui dure ad vitam æternam. «A un moment donné, pour poursuivre dans cette voie, il aurait fallu que je participe à certaines affaires immobilières, explique l'entrepreneur. Ce que j'ai toujours refusé.»
Années difficiles
Mais pour rentabiliser son outil de production déjà largement automatisé, il a besoin de volumes. Il s'empresse alors de chercher de nouveaux clients au bout du Léman et les banques privées répondent présentes. Un temps du moins. Vers 1992, c'est «la cassure» comme il aime à le répéter. Les plus grands noms de la place coupent les budgets. «En trois mois, nous nous sommes pratiquement retrouvés sans travail dans la région genevoise», se souvient le patron. Au plus mauvais moment puisqu'il venait de construire son usine toute neuve au cœur de Martigny. «Notre chiffre d'affaires a plongé, mais c'est bien la seule chose qui a chuté. Les charges sont restées identiques et les taux d'intérêt ont pris l'ascenseur.»
Daniel Fournier garde en mémoire cette époque difficile dans les choix qu'il opère aujourd'hui. Après avoir conquis le marché de l'horlogerie, il se développe en France, puis rachète la société Karl Steiner Industrie à Zurich en 2001 et fonde Fournier Steiner avec des bureaux à Zurich, Lausanne, Genève et Martigny. Après avoir repris la totalité du capital de l'entité alémanique début 2007, il a changé la raison sociale en Daniel Fournier, Interior Concepts au 1er janvier 2008.
Trois années de restructuration successives et l'exercice passé s'est enfin soldé par un retour aux chiffres noirs pour cette société. Le groupe a ainsi réalisé en 2007 un chiffre d'affaires de 46 millions de francs et vise les 50 millions pour 2008. Pour cela, une stratégie claire: devenir un acteur européen et se développer dans l'aménagement de boutiques et de grands magasins. Daniel Fournier s'est ainsi mué en «entreprise générale d'intérieur», selon sa formule. Ainsi, toutes les pièces uniques sont encore réalisées à Martigny. Si l'on prend l'exemple d'un hôtel, la réception, le bar et la grande salle sortiront par exemple des ateliers valaisans, où raboteuses, scies à rubans et toupies ont souvent fait place à des machines, petits robots sophistiqués. «En revanche, nous ne produirons pas les 200 tables de nuit qui habilleront les chambres», illustre le maître des lieux. Pour tous les équipements de série et pièces métalliques notamment, le groupe se fournit en Asie pour un meilleur rapport qualité-prix. D'où les caddies estampillés Migros que nous voyons au détour d'une porte.
Le jeune ébéniste que Daniel Fournier était, ce fils d'ouvrier qui souhaitait devenir le meilleur au monde n'a-t-il pas perdu un peu de son âme dans cette mue? Equiper les casinos, les supermarchés allemands Lidl ou les boutiques de chaussures le font-ils toujours rêver? «Certes, j'ai dû m'adapter. Pour que l'atelier ait toujours des pièces uniques à fabriquer, j'ai dû consentir à proposer les autres équipements également, car aujourd'hui, les groupes veulent des solutions globales.» Un bureau technique d'une dizaine de personnes planchent d'ailleurs quotidiennement sur ces projets.
Tout à la dernière minute
Les guichets de La Poste, un hôtel à Courchevel, la boutique Ovale de Londres, un corner Concord à Hongkong, etc., décembre a été bien chargé. Quant au carnet de commandes, il reste très difficile à évaluer. «C'est un métier où tout se joue à la dernière minute, explique le patron. Prenez la Foire horlogère de Bâle, nous n'avons encore rien de concret, mais nous savons qu'il faudra tout faire en accéléré.»
Cela ne lui fait pas peur, car il peut compter sur une équipe particulièrement flexible et fidèle. L'objectif est à ce jour de consolider le groupe à l'international, conclut ce convivial patron, qui se rend régulièrement à Zurich sans pour autant maîtriser la langue de Goethe. http://www.letemps.ch/template/economie.asp?page=9&contenuPage=&article=222954&quickbar= _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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