ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: Actu: L'heure secrète Mar 1 Avr - 18:37 | |
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- L'heure secrète
Les règles de savoir- vivre voudraient qu'une femme ne porte pas de montre avec une robe longue lors d'une soirée: elle doit faire élégamment semblant d'oublier le temps... Pour contourner cette coutume peu pratique, les horlogers ont l'art de dissimuler les cadrans dans des montres bijoux, dotées de mécanismes aussi secrets que précieux. Un bel usage qui en révèle la charge symbolique.
Catherine Cochard Mercredi 2 avril 2008
«Avec cette montre à secret, on ne voit pas le temps passer - au sens propre comme au figuré - puisque le cadran est volontairement masqué», explique Marisa Cataldi, chef produit marketing chez Piaget. Il est question de la Limelight Paris-New York, un bijou qui donne l'heure et qui sera présenté au Salon international de la haute horlogerie (SIHH), à Genève. Par une légère pression du doigt, le rectangle pavé de diamants au centre du nœud de satin s'ouvre et laisse découvrir un cadran de jais ponctué de 6 diamants. «Nous avons voulu offrir aux femmes la possibilité de porter une montre bijou, dont le mécanisme d'ouverture du capot s'actionne au gré des envies. Les codes de la bienséance sont-ils vraiment transgressés si son bracelet donne également l'heure?»
Cette pièce est l'héritière d'une longue tradition de boîtes de Pandore horlogères. Les montres joaillières ont été travesties en bijoux avant tout pour ne pas enfreindre les règles de savoir-vivre. Ainsi, l'un des plus anciens bracelets-montres connus - datant de 1813 et conservé au Musée d'horlogerie du Locle - présentait déjà un boîtier fermé par un couvercle émaillé. Si l'art horloger n'a cessé de réinventer ses formes, à chaque époque, on trouve des montres à secret.Des pièces joaillières aussi extravagantes qu'uniques et qu'on penserait incapables de donner l'heure.
De nombreuses marques horlogères se sont laissé inspirer par ce jeu des apparences. Chez Léon Hatot par exemple, on s'amuse à détourner les accessoires féminins pour cacher le cadran. Ainsi, la montre «Poudrier» s'inspire d'un écrin de maquillage en parodiant sa finesse, sa forme et son système de fermeture.
Chez Cartier, ce sont surtout les pièces spéciales qui se prêtent à cette partie de cache-cache. En 2006, la marque présenta au Salon de la haute horlogerie un bracelet-montre en or 18 carats de forme crocodile dont les écailles sont en diamants, les yeux en émeraudes et dont la gueule s'ouvre sur une langue sertie de rubis, sur laquelle on peut lire l'heure. Un hommage à l'actrice mexicaine Maria Felix, fanatique de reptiles, mais également fidèle cliente de la maison qui réalisa pour elle de nombreux bijoux figurant des prédateurs à sang froid.
Jaeger-LeCoultre a également marqué l'histoire des montres à secret. En mettant au point le calibre 101, le plus petit au monde, en 1928, la manufacture du Sentier a soulagé les joailliers de certaines contraintes, leur permettant de se concentrer sur la création et l'esthétique des pièces. Outre son expertise en matière de mécanismes microscopiques, Jaeger-LeCoultre s'illustre aussi dans la réalisation de garde-temps au cadran masqué. En septembre 2007, à l'occasion de la Mostra de Venise, la marque présentait au monde la Rose et la Tulipe, deux pièces florales serties chacune de 3000 pierres et dont la corolle s'ouvre pour lire discrètement l'heure.
«Dans un manuel de savoir-vivre publié en 2007, sous le mot «bijou», il est indiqué que les femmes ne doivent pas porter de montre avec une robe de soirée ni les hommes avec un smoking, note Sylviane Roche, écrivain et chroniqueuse du quotidien Le Temps. En revanche, si le cadran est dissimulé dans un bijou, c'est alors toléré.» Sous de fausses identités, ces montres s'invitent aux soirées et se pavanent sous les yeux conquis des amateurs de haute joaillerie. «Il est inélégant de regarder l'heure en société, confirme Louis de Meckenheim, directeur marketing de la branche horlogerie chez Van Cleef & Arpels. Nos montres à secret permettent de respecter l'étiquette tout en offrant un raffinement supplémentaire aux personnes qui les portent. Nous avons développé un système de roulement en billes de céramique permettant de faire coulisser le tiroir contenant le cadran des modèles de notre ligne Secret. Cette innovation technologique n'avait qu'un seul but: que le geste d'ouverture du mécanisme soit élégant.» Dans ce cas, c'est la fonction qui suit la forme. «Les horlogers partent du mouvement pour construire la montre. Les joailliers opèrent différemment: nous partons d'un dessin que nous interprétons. Les composantes intérieures sont ensuite choisies selon les courbes de la pièce.»
Si le mot «secret» désigne historiquement le ressort permettant de découvrir le cadran, les créations actuelles se permettent certaines libertés. «Chez Van Cleef & Arpels, la terminologie «secret» n'est pas celle d'origine, puisque nous n'utilisons pas de ressort. En revanche, le mot évoque l'univers mystique de la ligne, son symbolisme.» Ainsi le modèle qui sera présenté au SIHH possède plusieurs niveaux de lecture. Tout d'abord, ce sont deux tiroirs qui sont masqués, à la place d'un seul. Chacun des cadrans peut donc indiquer un fuseau horaire différent. «Ce modèle s'adresse en particulier aux femmes qui voyagent beaucoup.» Ensuite, comme pour ses prédécesseurs, le tiroir se manipule grâce à un petit nœud mobile. Le majeur et l'index pincent le pendentif avec délicatesse pour dévoiler le cœur secret de l'horloge. «Les charms - ces petites breloques qu'on touche pour se rassurer, comme on le ferait avec un grigri - sont une des tendances fortes du moment. Le geste qui permet d'entrevoir l'heure est à la fois raffiné et porte-bonheur.»
Que cachent réellement les montres à secret? «Par étymologie, la montre est un objet que l'on montre, une pièce ostentatoire qui renseigne avant tout sur celui qui la porte, rappelle Sylviane Roche. Lire l'heure est accessoire.» D'un point de vue allégorique, un mécanisme qui tient les heures et les minutes confidentielles ne fait-il pas tout simplement référence au temps qui passe et au désir de pouvoir le retenir? Une question troublante à laquelle Louis de Meckenheim répond tout simplement: «Par sa seule présence au poignet, la montre rappelle que le temps nous est compté et qu'il faut vivre chaque instant passionnément.»
Le revers de la montre Catherine Cochard Tous les cadrans qui s'éclipsent ne le font pas toujours par respect des conventions. «Certaines montres, comme la Reverso de Jaeger-LeCoultre, ont trouvé la parade pour éviter une éventuelle casse, en présentant comme recto le solide dos d'acier du boîtier plutôt que son verre fragile», rappelle Dominique Fléchon, historien et expert à la Fondation de la haute horlogerie. Surnommée «le retournement du siècle», la Reverso voit le jour en 1931 suite aux demandes répétées des officiers britanniques de l'armée des Indes, lassés de casser leur garde-temps à coups de cannes et de balles de polo. Déposé le 4 mars de la même année par l'ingénieur René-Alfred Chauvot, le brevet décrivait un boîtier présentant des ergots coulissants dans des rainures et rendant possible son retournement. La surface plane et vierge du dos ainsi découvert ne tarda pas à inspirer les graveurs et joailliers, ravis de posséder un nouveau terrain de jeu pour s'exprimer.
Une question de tact Catherine Cochard Médaillon Savonnette à tact, créée par Abraham-Louis Breguet en 1800 et vendue l'année suivante à Lucien Bonaparte, prince de Canino. Conservée au Musée Patek Philippe. Agrandir l'image Une autre parade horlogère permet de mesurer le temps sans froisser le protocole: la «montre à tact». Ce garde-temps indiquait l'heure de façon tactile grâce à une aiguille placée à l'extérieur du boîtier. Son possesseur lisait l'heure du bout des doigts. Il est élégant de penser que ce mécanisme est né de l'esprit raffiné d'un gentilhomme, soucieux de ne pas déroger aux règles élémentaires de conduite en société. Cependant, à l'origine, ce particularisme horloger émane de considérations plus pragmatiques. «Dès le XVIe siècle, on trouve la trace d'horloges à tact qui permettent de connaître l'heure dans le noir, l'électricité n'existant pas à cette époque, relate Dominique Fléchon, historien et expert à la Fondation de la haute horlogerie. Le fonctionnement est très simple: des petits plots mobiles, en regard de chaque chiffre, dépassent pour indiquer la mesure en cours. En parcourant le cadran de sa main, l'utilisateur peut déterminer l'heure et les minutes.»
Au fil des années, le système ingénieux se miniaturise jusqu'à tenir dans un boîtier, et les plots deviennent de petites pointes discrètes mais tout aussi efficaces. «Dès 1795, Abraham-Louis Breguet s'illustre dans la fabrication de montres à tact. Ces pièces exceptionnelles se destinent alors à une élite, riche et puissante, qui suit une étiquette stricte. La locution «avoir du tact» découle de ces mécanismes et signifie littéralement «ne pas montrer qu'on s'ennuie en société et qu'on cherche à connaître l'heure».» http://www.letemps.ch/template/supplement.asp?page=19&article=228517 _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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| Sujet: Re: Actu: L'heure secrète Mar 1 Avr - 20:43 | |
| Une montre à tact , sonnerie à tact, dans bien des cas, serait bien plus utile qu'un tourbillon.
Dès le xvi...plus en vogue et plus parlant de faire réf au XVIII!
Alors, messieurs les concepteurs, au boulot, y'a un créneau sur les bracelets à tact et à toc |
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