Le futur se conjuguerait-il au passé dans l'horlogerie ? Loin de moi l'idée que nous aurions tous vu, tout vécu mais force est de constater que des complications nouvelles, on n'en voit guère depuis 200 ans.
Si le quartz et la fée électricité sont venus ponctuellement remplacer l'énergie mécanique, si sans aucun doute les nouveaux matériaux, on disait modernes au siècle dernier, sont là pour pousser la précision au rang ultime, je n'ai pas encore vu que ces montres d'un nouveau genre aient abouti à une plus grande précision que certaines montres de poches qui à la fin du 19ème siècle, sortaient en série des ateliers de quelques manufactures.
Il faut bien sûr comparer ce qui l'est mais la montre dans son acception d'instrument de précision n'a pas gagné énormément depuis le début du 19ème siécle. On pourrait pour résumer, expliquer que 2 siècles durant, on a fait des montres avec la volonté sous-jacente de populariser l'instrument et de le répandre dans la population.
La montre a eu ses heures de conquète sociale et démocratique. "Un homme, une montre" aurait pu être le mot d'ordre car l'acquisition d'une montre symbolisait et ponctuait les passages de la vie. La communion, le mariage, l'accès à la vie actie, la vie militaire furent les points d'orgues de l'homme équipé par l'instrument. Le quartz a achevé cette épopée en réduisant à peu de chose la valeur intrinséque de la montre.
Les 10 dernières années du siècles passé et plus encore les 10 premières du nouveau millénaire ont clairement nuancé 2 catégories de montres en laissant la montre démocratisée au rang d'objet vide de symbole et de sens et en placant à l'autre extrémité, l'objet au rang de culte, symbole du luxe et de la réussite.
La montre est ainsi devenue un identifiant, une icône qui isymbolise le niveau social de son propriétaire. Le prix finalement n'est pas tellement le paramêtre essentiel, non, il faut que l'objet soit "chic" qu'il décode à l'oeil celui qui est entré dans le monde des nantis.
C'est là que le marketing, la communication et l'identité d'une marque vont prendre toute leur importance. Une Jaeger leCoultre Reverso à 5000 eurs rivalise sans problème en ce domaine avec un tourbillon prestigieux parce que la marque a réussi sa transformation d'image.
Quand certaines marques patinent, ancrées dans une images vieillote, un design dépassé, un sens caché "obsolète", l'enjeu qui est entre les mains de ceux qui portent l'image des marques est celui de trouver la cible et de se tenir dans un schéma d'appartenance à une caste.
Rolex a su réaliser tout cela presque naturellement et avec ou sans volonté. La marque est devenue une Icône quasi indétronable qui renvoie à l'image de la réussite sur plusieurs générations. On a une Rolex comme son père, comme son patron , comme son meilleur ami , comme celui qu'on admire et pourtant Rolex ne fait pas de complications.
Après quoi courent donc ceux qui voudraient que les complications fussent le symbole de leur marque alors que la technologie n'est même plus le reflet d'une forme de perfection ?
Lange & Söhne , Patek Philippe cultivent autant le compliqué que le beau et se sont donnés des images anciennes ou très récentes de quète d'absolu. On finit par ces marques alors qu'on débute par d'autres.
Tout le monde au sein des groupes du luxe ne peut se trouver au bout du chemin mais chacun veut toucher le prix de la gloire abolue. Du coup les montres sociales, mécaniques et fiables sont devenues chères, très chéres car pour se placer au rang de ceux qui ont réussi , on s'est convaincu que le prix était l'encodage le plus performant auprès des consommateurs et de fait , si c'est cher c'est que cela touche une caste cible qui va générer de l'image positive.
Pourquoi donc aller chercher les hautes complications quand la ressource est dans l'image, juste l'image ... Faut-il y voir un souci de performance ou juste une recherche d'identité et d'image ? La réponse , nous l'avons tous...La passion mécanique n'est pour rien mais réellement pour rien dans la recherche car 2 siècles ont achevé de faire de l'horlogerie une industrie avec ses contraintes économiques et ses régles.
Les complications n'ont pour raison d'être qu'une quète d'image immédiate et non un souci durable de précision ultime. Le romantisme des montres de nos ancètres tenait en partie à la valeur limitée des montres. Celles d'aujourd'hui sont avant tout des produits du commerce et le restent. La passion n'est plus que dans nos têtes car ça en 200 ans, on n'a pas encore trouvé le moyen de le gérer à notre place, quoi que ...
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).