ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: Audemars Piguet, la valeur de l'indépendance Mer 21 Déc 2005 - 20:07 | |
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- I N T E R V I E W
Audemars Piguet, la valeur de l'indépendance
La marque horlogère du Brassus renouvelle son partenariat avec Alinghi et maintient une croissance à deux chiffres. Rencontre avec son directeur, Georges-Henri Meylan. PAR WILLIAM TURLER
A l'heure où toutes les marques horlogères commercialisent des modèles à tourbillon, Audemars Piguet se tourne vers les montres à sonnerie. Cette réaction à la mode actuelle des complications illustre bien l'esprit d'audace qui anime la compagnie de la Vallée de Joux.
Fondée en 1875 dans le village du Brassus, où est situé aujourd'hui encore son siège, l'entreprise a toujours cultivé un goût pour l'innovation. Qu'il s'agisse du lancement, dès 1972, de la première montre sportive haut de gamme en acier, la fameuse Royal Oak, ou de la fructueuse collaboration avec l'équipage d'Alinghi, la société a su prendre des risques qui se sont avérés payants.
En s'associant au monde de la voile, mais aussi en créant des modèles pour Arnold Schwarzenegger, dont la fameuse T3 en titane, ou pour le rappeur new-yorkais Jay-Z, la marque, qui a compris que les montres sont les seuls «bijoux» pour hommes, entretient son image masculine.
Pour les trente ans de la ligne Royal Oak, Audemars Piguet a lancé la «Concept», faite de matériaux utilisés dans le domaine spatial et conçue pour accompagner les sportifs dans des conditions extrêmes. L'entreprise ne néglige cependant pas sa collection pour femmes, qui représente le 30% de ses ventes, ni son secteur bijouterie, qui se monte à 3% du chiffre d'affaire et dans lequel la marque cherche à percer.
En développant la distribution, en lançant un concept de publicité innovant et en intégrant toujours plus la fabrication dans ses propres ateliers, Georges-Henri Meylan a permis à Audemars Piguet de surmonter les crises et d'afficher une croissance de l'ordre de 40% au cours des dix dernières années. Interview.
Audemars Piguet va-t-elle rester une marque indépendante?
C'est notre principal objectif. Conserver notre indépendance, aussi bien au niveau de la production que de la vente, est essentiel. Nous disposons actuellement de trois sites de production, au Brassus, à Genève et au Locle. Notre ancrage à la Vallée de Joux va se renforcer avec le développement de notre outil de production non loin du Brassus.
Nous comptons en outre continuer à réaliser des calibres en collaboration avec certaines marques, comme Jaeger LeCoultre, dont nous avons vendu nos parts de 40% au groupe Richemont en 2000. Je rappelle que les membres des familles fondatrices ont toujours siégé au sein de conseil d'administration de notre entreprise depuis sa fondation en 1875.
Avec la Royal Oak, l'acier a fait son entrée dans l'horlogerie de luxe. Allez-vous faire évoluer cette ligne?
La Royal Oak est à la fois une force et une faiblesse. C'est indéniablement une valeur sûre, mais la mode peut changer et revenir aux montres plus petites. Cela dit, actuellement, même les femmes se mettent à porter des montres de plus en plus grosses. En Italie, certaines femmes portent d'ailleurs des modèles pour homme.
Parmi nos nouveautés, nous avons sorti cette année, en série limitée à 2000 exemplaires, le chronographe Royal Oak Offshore Alinghi Polaris, spécialement conçu pour les régates. Avec les Maserati, dont nous avons créé le premier exemplaire à l'occasion des 90 ans de la marque -- la Millenary Maserati --, nous sommes au début d'une nouvelle ligne qui va sans aucun doute se développer dans le futur. Notre clientèle se compose de personnes très aisées qui recherchent l'exclusivité. Nous devons donc continuer à innover en utilisant des matériaux originaux, comme la fibre de carbone par exemple.
La collaboration avec Alinghi, un coup de chance?
Notre association au monde de la voile a commencé dès le milieu des années 80. Nous nous sommes très vite rendus compte de la nécessité de disposer d'une équipe de professionnels et de matériel de qualité, d'où notre partenariat officiel dès 2002 avec l'équipage d'Alinghi. La victoire de l'équipe à l'America's Cup menée par Russell Coutts nous a permis, il est vrai, de bénéficier d'une notoriété mondiale immédiate. La couverture presse à Auckland, que l'on ne percevait pas depuis la Suisse, était énorme.
Le partenariat avec Alinghi va-t-il se poursuivre?
Oui. Nous avons renouvelé notre contrat jusqu'en 2007, avec des budgets en hausse.
Vous êtes aussi présents dans d'autres sports comme le golf ou la F1. Avez-vous de nouveaux projets de sponsoring?
Nous sponsorisons une grande quantité de golfeurs d'élite, réunis au sein de l'AP Ambassador Golf Team, ce qui nous permet d'assurer une forte présence aux Etats-Unis. Notre partenariat, qui dure depuis 17 ans, avec Nick Faldo, golfeur européen le plus titré, va se prolonger. En Formule 1, suite au départ de Juan Pablo Montoya pour Tag Heuer, nous avons signé cette année avec le coureur brésilien Rubens Barrichello. Enfin, afin de pénétrer le marché indien, nous avons signé avec Sachim Tendulkar, la star nationale du cricket.
Depuis qu'il est gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger ne porte plus d'Audemars Piguet. Avez-vous de nouveaux ambassadeurs dans le show-business?
Nous avons en effet conçu plusieurs montres pour Arnold Schwarzenegger, comme la T3, pour le film «Terminator 3», qui a très bien marché, ou la Royal Oak Offshore qu'il portait dans le film «End of Days». Aujourd'hui, nous collaborons avec l'actrice chinoise Michelle Yeoh et la chanteuse franco-indonésienne Anggun.
Depuis 1999, vous avez lâché le salon Baselworld pour rejoindre le SIHH de Genève. Pourquoi ce choix d'un rendez-vous plus confidentiel?
Bâle est devenu un énorme bateau, où l'on ne peut plus s'occuper des visiteurs calmement. Au SIHH, nous ne sommes que 17 exposants. Notre visibilité est donc bien plus grande.
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Audemars Piguet en chiffres
Les ventes totales d'Audemars Piguet pour 2005 devraient s'élever à 280 millions de francs, soit 24'000 montres, contre 230 millions de francs et 21'000 montres l'année précédente (+20%). Les Etat-Unis, avec 20% des ventes au niveau mondial, constituent le premier marché de la société. Depuis l'implantation de la filiale et du magasin à New York en 1999, les ventes dans le pays sont passées de 5 millions de francs à 45 millions aujourd'hui...
L'Europe, qui totalise 40% des ventes, voit tous ses marchés progresser, à part la Suisse qui reste stable (5%). L'Asie enfin, qui comprend le 40% restant, voit Hongkong, Singapour et la Chine progresser, alors que le Japon redémarre suite aux restructurations qui ont vu le nombre de ses points de vente diminuer de moitié.
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Georges-Henri Meylan
«On a tendance aujourd'hui à personnaliser les marques. En ce qui me concerne, je préfère rester discret», annonce d'entrée de jeu le patron d'Audemars Piguet. Profondément attaché à la Vallée de Joux, où il est né le 19 janvier 1945, Georges-Henri Meylan est toujours revenu dans sa région y retrouver ses racines, même s'il a souvent dû la quitter, pour ses études d'ingénieur en grosses mécaniques à l'EPFL, ou pour travailler à Londres.
La Vallée de Joux ne possédant aucune industrie lourde fabriquant des moteurs ou des turbines, Georges-Henri Meylan a commencé à travailler chez LeCoultre, au Sentier, avant de partir en Angleterre, chez Smith Industrie, société spécialisée dans les instruments d'avions et les compteurs de voitures. Quand il revient, il retourne à vers l'horlogerie, chez LeCoultre puis chez Cartier à Fribourg. Jusqu'à ce qu'il accepte une offre de Georges Golay, ancien patron d'Audemars Piguet, qui lui propose de devenir directeur d'exploitation de la manufacture. Estimant qu'il lui manquait des notions de gestion, Georges-Henri Meylan retourne pendant six mois sur les bancs universitaires, à l'institut IMD à Lausanne.
Il rejoint ensuite, en 1986-1987, Georges Golay et, à son décès, lui succède en compagnie de Steeve Urquhart à la direction. Les deux hommes administrent ensemble Audemars Piguet pendant une dizaine d'années. En 1997, il est nommé, seul, directeur général et administrateur délégué.
Il est aujourd'hui installé au Brassus, à deux pas de son bureau, avec sa femme, une Jurassienne française, et ses trois enfants. Comme tous les Combiers, il pratique le ski de fond. Il est d'ailleurs président du comité d'organisation de la Coupe du monde de combiné nordique ainsi que des Championnats suisses. Il est également passionné de golf, ce qui explique son enthousiasme pour les nombreux partenariats de la marque dans ce secteur.
------- Une version de cet article est parue dans le magazine Trajectoire de décembre 2005. http://largeur.com/expArt.asp?artID=1988 _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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