Bonjour
-Mon cher Mosbilo, j'ai les réultats d'analyse de votre femme. Il va falloir être très très courageux.
-Que me dites-vous là ?
-Ses jours sont comptés, c'est terrible mais je ne vois rien de bon au delà de deux semaines, peut-être trois.
-Mon dieu ! Je vais donc rester seul ?
-Vous êtes jeunes, vous referez votre vie...
-Oui mais vous savez, je ne voudrais pas d'une femme qui ne sache pas cuisiner.
-Ca se trouve...Tenez Réglia notre infirmière espagnole vit seule depuis deux ans, c'est une très bonne cuisinière et si vous me le permettez mon cher Mosbilo, c'est un très bon coup .
-Ah oui ?
-Un peu remuante, je vous le concéde mais elle a beaucoup de doigté.
-Vous savez , je veux surtout qu'elle soit sincère .
-Elle est très sincère. Je suis allé chez elle une vingtaine de fois en deux ans et elle est très sincére.
-Enfin, en même temps, je sors d'une brune et m'y replonger à peine trois semaines après... J'aimerais bien changer. Vous comprenez, je veux une histoire très sincére et changer est un besoin.
-Ecoutez cher ami, il y a bien la blonde de l'accueil, celle de la chambre funéraire. Vous allez forcément la croiser et là, je vous recomande d'attaquer. Cette fille s'ennuie avec tous ces morts qui défilent et les familles qui chialent à tous bouts de champs.
-Oui, ce serait bien ... Elle n'est pas en couple, rassurez-moi ...
-Non, enfin jusqu'à la semaine dernière , ce n'était pas le cas. Moi, j'allais la voir chaque mardi. Une bonne fille un peu rurale mais très aimante et sincère.
-Mais dites-moi, je ne vais pas vous priver au moins ?
-Pensez-vous Mosbilo ! J'ai eu deux jolies veuves qui me sont tombées dessus la semaine dernière et avec ce week-end de la Toussaint, je vais élargir le cheptel. Tous ces chauffards sur la route, ça me fait de la veuve à consoler. Vous savez avec le week-end de la toussaint, je suis en saison haute !
-Je devrais peut-être attendre alors ?
-Oui, vous n'étes pas à deux ou trois semaines près, mais vous pouvez jeter les affaires de votre femme, elle ne rentrera pas.
-Remarquez, j'avais déjà fait venir un container à ordures dupuis qu'elle a perdu la mémoire. Quatre ou cinq tenues lui suffisaient bien. Ah, je la regretterai , nous étions si sincères l'un avec l'autre.
-Allez, allez, ne soyez pas nostalgique mon cher Mosbilo, c'est la vie ! Nul n'est éternel , et puis vous savez elle aurait vieilli et aurait fini par vous causer plus de désagréments que de plaisir.
-C'est vrai mais j'aurais aimé m'en séparer avant qu'elle ne tombe malade, je n'aurais pas perdu trois semaines.
-Ah ! Quand on aime sincérement, il faut parfois endurer des contraintes...
-Merci docteur de m'avoir remonté le moral. Euh, votre secrétaire me semble très sincérement attachante, si j'osais...
-Désolé mon ami mais il faudra attendre trois semaines, je vis une histoire avec elle et elle est très sincère cette petite, très très sincére. Je ne peux pas la décevoir. Ecoutez, invitez moi aux obséques de votre femme et je vous dirais si je peux faire un petit quelque chose pour vous!
-Un dernier détail docteur...
-Oui ?
-On ne peut pas réduire les trois semaines d'attente ? Non parce que je devais partir en vacances et ça m'ennuie sincérement d'être absent pour les obséques de ma femme.
-Bon, je vais vous arranger ça ... Disons , une embolie demain vers 18 heures, ça ira ?
-Merci docteur, vraiment merci !
-Attendez, mon téléphone ...
-Oui ? Comment ça , il y a eu une inversion ? Madame Mosbilo n'est pas dans la chambre 24 ? ... Ce ne sont pas ses analyses ? Ah mais heureusement que vous vous en êtes rendu compte mon choux, on allait commettre une erreur médicale !
-Quoi ? Quoi ?
-Cher Mosbilo, votre femme se porte comme un charme ! Il y a eu une inversion de chambre et de patiente pour les résultats d'analyse !
-Ah ! .... Je suis content, sincérement content mais dites-moi, ça annule l'embolie de demain alors ? Et puis ces pertes de mémoires , ce n'était pas elle alors ? Elle a du se rendre compte que j'avais jeté ses affaires ?
-Ah oui ...
-Bon, je ferais avec ...
La sincérité n'est pas toujours la garantie des sentiments, elle ne s'applique parfois qu'à l'instant de son expression et manque de souffle. C'est au creux des âmes qu'on la mesure mais on est les seuls à pouvoir le faire.