On est en 1915, la manufacture est depuis octobre 1911 dirigée par James Favre, le neveu et gendre de Georges Favre Jacot, fondateur de celle-ci.
Le marché des chronographes est dominé par Valjoux qui vend ses ébauches à plusieurs maisons qui en modifient plus ou moins l'aspect pour revendiquer la paternité des mouvements.
Certaines maisons comme Omega se sont lancées dès les dernières années du 19ème siècle dans la création de calibres de chronos. Le marché en reste toutefois limité aux armées, aux automobilistes qui savent les lire et aux médecins qui usent du pulsomètre. On commence aussi à les utiliser pour chronomètrer les compétiteurs de certains sports et dans l'aviation naissante.
Sur un plan purement économique, la demande est faible notamment en raison du niveau scolaire des utilisateurs et du prix élevé de ces pièces.
Zenith réfléchit depuis le début du siècle à la création d'un calibre de chronographe et jusqu'en 1911, Georges Favre Jacot a reculé devant l'investissement nécessaire et la faiblesse du marché. Il a préféré investir dans la fabrication du mouvement Zenith qui se vend très bien partout dans le monde et qu'il a fallu fiabiliser tout en gérant l'abaissement des coûts de fabrication.
James Favre sent dès 1911 que la demande de chronographes va évoluer en raison des développements d'applications telles que l'aviation et l'émergence des compétitions sportives. La première guerre mondiale accélére la demande. Paradoxalement, pendant qu'Omega se prend à sous-traiter la création des mouvements chronographiques à Lémania, Zenith développe son propre mouvement de chrono.
Le projet aboutit fin 1913 pour des pièces dont la commercialisation bat son plein en 1915.
Le calibre de Chronographe ZENITH Dans le même délai, une manufacture, Le Phare s'installe au Locle à quelques centaines de mètres de Zenith. Celle-ci developpe des calibres de qualité et se spécialise entre autre dans la conception et la fabrication de complications avec des pièces à rattrapantes, des chronographes à phase de lune, des montres à sonnerie de type répétition des quarts ou des minutes.
Le calibre de chronographe Le Phare dans sa version de base James Favre tient à conserver la suprématie de Zenith et voit d'un oeil méfiant cette installation d'un concurrent potentiel. Par ailleurs, James Favre sait que son oncle n'a pas investi dans les créations de montres compliquées. Malgré les incertitudes du marché, il arrive à convaincre son conseil d'administration de prendre une participation majoritaire dans la manufacture Le Phare dont Zenith prend finalement le controle.
Sur les bases Le Phare, Zenith livrera ainsi des montres à complication sans toutefois faire disparaitre la marque Le Phare. Mieux, les publicités sur la base d'un même support visuel présenteront tantôt la marque Le Phare , tantot Zenith.
De même, Zenith livrera certains chronographes soit sur une base purement Zenith, soit sur une base de mouvement Le Phare avec des cadrans signés Zenith ou Le Phare voire anonymes.
La manufacture fabrique déjà à cette époque ses cadrans et ses boites tant et si bien que les ateliers peuvent adapter facilement les emboitages et les pieds de cadrans aux nouveaux modèles de manière quasi instantanée.
Aini , Zenith a occupé historiquement le terrain des montres de poches chronographes et a offert une gamme très large de pièce de luxe et de montre chrono bon marché. Le calibre imaginé par Zenith fut reconnu comme très fiable, la marque l'a également installé dans les pièces de certaines de ses marques dont Favre Leubat. Un siècle plus tard, ces montres de poche restent des objets prisés et exceptionnellement fiable et précis.