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 Récit : Le premier mouvement de chronographe Zenith "in house ".

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ZEN
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ZEN


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Date d'inscription : 05/05/2005

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MessageSujet: Récit : Le premier mouvement de chronographe Zenith "in house ".    Récit : Le premier mouvement de chronographe Zenith "in house ".  EmptyDim 16 Aoû - 4:24

Les calibres de chronographes de poche "In house" de la manufacture ZENITH

Récit : Le premier mouvement de chronographe Zenith "in house ".  Chrono14


Préambule:

A partir des années 1860, l'horlogerie cesse de produire des mouvements à cylindre et généralise les mouvements à ancre. Les chronographes sont encore très récents. Les premiers chronographes modernes, c'est à dire produits en masse et aptes à mesurer des temps courts et à donner l'heure sur un même cadran, sont postérieurs à 1850. Les premiers sont d'ailleurs sans totalisateurs de minutes ou d'heures et se cantonnent aux temps inférieurs à la minute. La demande pour ce type de montres est limitée et lorsque Georges Favre Jacot crée sa manufacture, il apparait inopportun de s'intéresser à ce type de montres.

La direction de Zenith avant de créer son propre mouvement a recours à des calibres externes, ceux de Reymond et de Le Phare. Cela permet à la manufacture du Locle d'être présente sur le marché des chronos sans prendre le risque d'investir à perte dans un type de produits incertains. L'essor industriel, les besoins automobiles et militaires pousseront Zenith à changer d'option.


L'histoire

Avant la seconde guerre mondiale, les manufactures ont une offre diversifiée de chronographes qui ne sont pas toujours issus d'une conception ou d'une fabrication interne.  
Omega qui s'est lancé très tôt, dès la fin du 19ème siècle, dans la fabrication de chronographes "in house" réfléchit déjà à l'aube de la guerre à confier à Lémania la fabrication de ses mouvements de chronographes. La demande de ces pièces reste en effet marginale, conditionnée essentiellement par l'expansion du marché naissant de l'automobile. Longines qui s'est engagé dans la conception et la fabrication d'un calibre de chronographe de 19 lignes très astucieux et très performant connait un franc succès essentiellement en Amérique Latine. Omega partage le marché encore assez peu florissant et nombre d'autres manufactures telles Ulysse Nardin ou Vacheron et Constantin se focalisent sur d'autres catégories de mouvements.


Avant 1911, la manufacture Zenith ne dispose pas encore de ses propres mouvements. Les chronographes de poche et les versions bracelets qu’elle distribue déjà renferment donc des calibres achetés à l’extérieur, le plus souvent des Valjoux de 17 rubis de 15 lignes dans les modèles bracelet et de 18 ou 19 lignes dans les chronographes de poche. La demande n’est pas assez importante avant 1910 pour que ZENITH s’engage dans la conception d’un mouvement de chronographe. Les marchés sensibles aux équilibres politiques internationaux débouchent sur une économie en dents de scie qui n’incite pas les actionnaires de la manufacture à laisser Georges Favre Jacot développer un mouvement dont les ventes resteraient limitées.
De fait, les chronographes ne sont pas des pièces de grande diffusion et ZENITH répond aux commandes avec des mouvements dont la fiabilité peut d’autant moins être mise en cause que de nombreuses autres manufactures font également appel à Valjoux pour équiper leurs propres chronographes.

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Omega et Longines commencent à exploiter l’image du sport et des chronométrages sportifs pour fonder leur communication vers le grand public sur la qualité et la précision de leurs mouvements. Les messages mettent l’accent sur le savoir faire des manufactures. Il n’en faut pas davantage pour qu’au Locle, sur les directives de James Favre qui a succédé à Georges Favre-Jacot en 1911, soit engagée par le bureau d’études la conception d’un mouvement de chronographe. Celui-ci voit le jour en 1912 tandis que qu'en 1915, Zenith prend le contrôle de la manufacture Le Phare installée également au Locle et qui est spécialisée dans les complications dont notamment les chronographes..

Le mouvement Zenith est un calibre de 19 lignes de 19 rubis, une pièce de grande qualité précise et fiable qui passe pour être une référence dans le foisonnement des chronographes présentés ici et là, à l’époque parfois sur des bases identiques et retravaillées juste pour dissimuler leur provenance. Le balancier coupé bimétallique à vis est assorti d’un spiral Breguet et la raquetterie est celle brevetée en 1903 à disque excentrique. ZENITH a quasiment universalisé ce type de raquette dans tous ses modèles et cet ensemble d’éléments réglants depuis plus de 10 ans est la clé de voûte de tous les mouvements de la manufacture.

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Livré en version Lépine ou savonnette, le cadran peut intégrer un pulsomètre, un tachymètre, un télémètre ou simplement un disque de mesure décimal. On en trouve avec plusieurs combinaisons de ces différentes échelles de lecture. Les boites sont en or parfois assorti d’émail peint, argent, acier bruni, acier nickelé ou métal blanc. C’est la manufacture qui réalisait elle-même les boites des mouvements qu’elle manufacturait. Le poinçon d’orfèvre pour les versions en métaux précieux intègre les lettres ZB pour « Zenith Billodes » et témoigne de cette paternité de fabrication.

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Certaines productions de ces montres furent luxueuses. Les boîtiers rivalisent alors d’élégance et de finesse. Certains modèles furent enrichis de décorations émaillées représentant des scènes romantiques ou art déco. D’autres furent ornés de fines gravures ou de reliefs faisant l’apologie de la voiture et des modes de transport. Les automobilistes aimaient à mesurer leurs performances autant que celles des voitures et le calcul des vitesses et des moyennes n’était pas encore intégré dans les tableaux de bord.

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Selon les variantes, le compteur totalisateur des minutes est situé à midi en version Lépine ou savonnette. La version savonnette est plus généralement livrée avec un totalisateur des minutes à trois heures. Ce totalisateur cumule jusqu’à trente minutes, la période chronométrée. Il existe une version rare du chronographe avec une variante de compteurs qui totalise jusqu’à dix minutes sur un arc de cadran situé à midi et revient à 0 au delà de ce délai.
Une version du calibre fut présentée avec rattrapante. Il en fut fabriqué très peu d’exemplaires d’autant que Le Phare allait offrir une collection assez complète de chronographes à complications.
Le mouvement classique de chronographe ZENITH a connu des variantes très particulières sans doutes dues aux recherches menées par Charles Rosat qui en 1915 dirigeait l’atelier que la manufacture possédait à Boudry. Dans sa quête de la précision ultime, Charles Rosat auquel on doit une raquette par ailleurs décrite, s’intéressait également à la composition des balanciers et des spiraux. Ses recherches qui lui avaient valu entre autre le prix Guillaume, avaient un degré d’avancement certain quand il mit au point un balancier monométallique assorti d’un spiral faisant une entorse au recours au balancier compensé bimétallique coupé à vis dit balancier Guillaume auquel la manufacture recourait généralement. Si les recherches sur le balancier monométallique n’était pas l’exclusivité de Charles Rosat, son emploi dans des pièces de précision était une première au moins chez ZENITH tant la fiabilité des balanciers bimétalliques était un acquis.


Avec des éléments réglants classiques, la variation de température qui déforme le spiral est compensée par la dilatation des métaux qui composent le balancier. Ce dernier est coupé pour mieux absorber les déformations induites par le changement de température. Le recours à l’Elinvar pour le spiral, en évite la déformation. Le balancier n’a plus alors d’effet de compensation utile et il devient possible de le fabriquer avec un seul métal ou alliage. Si ce composant est lui-même de l’Elinvar, la conjugaison du spiral et du balancier est théoriquement insensible aux variations de température, ce qui assure à la montre une régularité de marche optimale.          
Ces balanciers monocomposés étaient très controversés auprès des horlogers et ingénieurs et peu croyaient à la précision qu’ils étaient capables d’atteindre. Charles Rosat qui aimait les défis équipa deux cartons de six pièces de ce type de balancier. Si l’équilibrage est opéré avec des vis en or jaune, en revanche, c’est bien un élément réglant révolutionnaire qui anime ces douze pièces rarissimes sorties de la manufacture début avril 1916 et dont la fabrication des ébauches remonte à décembre 1915.

Pour dissiper la perplexité probable des détracteurs de ce type de balanciers, ZENITH qui surfait sur le fil de la précision extrême livra ces douze modèles avec un bulletin de marche attestant de leur précision chronométrique.

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Le très rare chronographe à balancier monométallique mis au point par Charles Rosat

Si cela ne suffit pas à généraliser ce type de balanciers sur lesquels les concurrents de la manufacture n’ont pas recherché à développer des produits analogues pour les commercialiser, en revanche, la performance demeure le fruit d’une initiative qui illustre les recherches permanentes menées au Locle en matière de conception des mouvements et de chronométrie.

Zenith va donc commercialiser deux chronographes simultanément voire trois pendant un certain temps, celui avec le calibre Valjoux, celui avec le calibre interne et celui avec un mouvement Le Phare.  

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Le calibre "simple" de chronographe mis au point par Le Phare


Le succès du calibre Zenith sera d'autant plus grand que les armées d'Europe s'engagent dans un conflit armé sans précédent et que les armées sont demanderesses de chronographes de qualité. Zenith élabore un calibre fiable, simple à assembler et dont la maintenance est accessible à n'importe quel horloger. L'histoire de ce mouvement commercialisé jusqu'aux années 1940 ne conduira pas à le faire beaucoup évoluer, voire pratiquement pas. Il fait partie des mouvement réussis au premier jet. En revanche, il fut impossible de lui ajouter des complications car il avait été étudié pour n'entrainer qu'un chrono et il supporte mal d'autres résistances mécaniques. Il est vrai qu'à partir des années 1940, c'est au poignet qu'on porte son chrono et non dans la poche.

Zenith n'a pas directement servi des pièces de poignet dotées de ce mouvement. la manufacture a préféré dans un premier temps les mouvements de chez Le Phare puis ceux de Martel Watch pour ses montres bracelet avant d'opter pour l'El Primero en 1969. La création d'un chronographe à remontage automatique n'a pas empêché de maintenir au catalogue un chronographe à remontage manuel doté du calibre de Martel Watch.      




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MessageSujet: Re: Récit : Le premier mouvement de chronographe Zenith "in house ".    Récit : Le premier mouvement de chronographe Zenith "in house ".  EmptyDim 16 Aoû - 23:35

Merci pour l’article : c’est une belle page d’histoire de cette belle manufacture.

Je suis loin d’être suffisamment spécialiste mais j’ai une interrogation: tu écris que la plupart des horlogers pouvaient intervenir sur cette montre. À l’époque, pourquoi pas ; mais aujourd’hui encore ? Ça doit quand même être costaud : hormis les rouages plutôt classiques, je constate de nombreuses pièces très spécifiquement conçues pour ce mouvement, j’ai l’impression (les pièces de couleur grise, notamment).
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