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De la belle ouvrage

Daniel Flecchia, horloger à Nantillé, et Emmanuel et Dominique Chevillot-Delrive, bijoutiers à Varaize, sont les lauréats 2009 des prix du travail manuel et du métier d'art décernés par le Rotary club angérien.

Reconnu pour ses actions dans le domaine humanitaire, présent aussi lorsqu'il s'agit d'initiatives en faveur de la jeunesse, le Rotary club a aussi pour ambition de distinguer des personnalités dont les qualités et les compétences méritent d'être honorées. Deux de ces prix, décernés chaque année, ont été attribués cette semaine par les rotariens de Saint-Jean-d'Angély.

La passion du métier

Le premier, celui du travail manuel, est allé à un horloger de Nantillé. Quant au second, le prix du métier d'art, c'est un couple de bijoutiers, installé depuis un an et demi à Varaize, qui l'a reçu. Trois professionnels qui ont au moins deux points communs : une passion dévorante pour leur métier et un goût tout aussi fort pour la campagne, pour la tranquillité du monde rural.

« J'adore le calme », reconnaît Daniel Flecchia, la cinquantaine grisonnante, la parole tranquille. Son atelier, où carillons et pendules, dès qu'ils sont réparés, s'unissent toutes les heures pour célébrer le temps qui passe, est situé à la Roussellerie, un hameau oublié sur la carte de la région.

Pas encore la quarantaine, le verbe facile et accueillant, Emmanuel et Dominique Chevillot-Delrive, eux, sont installés dans une maison de village, à deux pas de l' église de Varaize. Ils allient les gestes anciens à la modernité du dessin pour concevoir de nouvelles pièces, pour redonner âme à celles qui ont subi l'outrage des ans.

Daniel Flecchia est natif de la région parisienne où, chez un oncle horloger-bijoutier, il a découvert sa vocation. Cinq ans d'études dans la capitale, au collège d'enseignement industriel d'horlogerie, et le voici d'abord « chez un patron » à Paris, puis « à mon compte » à Chantilly. « J'avais un copain en Charente... », dit-il pour expliquer son arrivée chez un horloger de Saintes, puis son installation, d'abord à Laleu puis à la Roussellerie.

Dominique, elle, est née au coeur du bassin minier du Pas-de-Calais, à Hénin-Beaumont. Emmanuel est tourangeau. Ils se sont rencontrés à l'Institut de bijouterie de Saumur où, « amoureux des minéraux », il se préparait à une carrière de graveur à la Monnaie de Paris. Elle l'a entraîné vers la création de bijoux, sa passion, encore avivée par les heures passées dans l'atelier d'un « meilleur ouvrier de France » installé à... Tours. Études achevées, ils ont voyagé un peu, au gré des postes libres, à Nantes, à La Rochelle, elle sachant deviner les goûts du client, lui plus technicien. Les voici à Varaize : « J'ai retrouvé par hasard un copain de régiment qui habite ici. Il nous a fait découvrir l'endroit... Il nous a plu... », confie Emmanuel. Décidément, il fallait que ces trois-là deviennent Charentais !

Encore un point commun ? Cet aveu entendu dans les deux ateliers : « Rien ne remplacera jamais l'oeil, la main, le doigt qui sait doser la pression, le regard qui calcule la courbe exacte... » Ou encore cette recette commune du bonheur : « Ne pas compter ses heures, faire plaisir au client, se faire plaisir... »

Maitriser le temps

Deux métiers différents, certes, mais qui, l'un et l'autre, sont nés voici des siècles pour satisfaire deux des besoins les plus forts de l'homme : se distinguer de l'autre par l'apparence et se donner l'illusion de maîtriser le temps... Longtemps encore, ces trois artisans qui, outre une clientèle qui se déplace chez eux, bénéficient des commandes d'un large réseau de commerçants en horlogerie-bijouterie qui apprécient leur savoir-faire, pourront vivre de leurs mains, de leurs gestes et profiter du temps qui passe et de la beauté des choses... À elle seule, une telle sagesse ne mérite-t-elle pas récompense ?"

Jean-Michel Marquebielle


http://www.sudouest.com/charente-maritime/actualite/saintonge/article/508472/mil/4197625.html