Par vent de force 10, le capitaine Dumas ce matin de 1832 affrontait la tempéte avec son équipage sur sa la frégate Deviéjoncour.
"Baissez les voiles" ! Hurlait-il à son équipage rendu fou par l'alcool de prune consommé à outrance avant la tempète.
"Ah, mais il tonne " dit l'amiral Recthor.
Sentant la fin proche, l'amiral lacha son sextant "Aimé", un instrument irréprochable lustré par Mie Raure, un laideron mais seule femme à bord et cuisinière spécialiste de lait de Thon.
Les vagues chahutaient le navire et une partie de l'équipage était déjà passée par dessus bord quand le bras droit du capitaine fut emporté par un cordage qu'il voulait retenir.
"Notre heure est arrivée! Oh mes gars, nous allons tous mourrir ! Souvenez-vous de ce moment"
Chaque homme d'équipage sortit sa montre mais l'eau s'était infiltrée partout et les mouvements s'étaient arrétés." Ah les tanches, les montres ont pris l'eau ! " criérent les hommes.
Paul Jaute accroché au mat tenait le journal de bord, sur son carnet il notait avec sa plume d'oie tous les évènements du bord. Sa bouteille perdait son encre et il maudissait son oncle Walter Man courtier en assurance qui avait refusé de lui préter son stylo pour ce grand voyage.
Le soleil était au zénith, le vent se calma enfin. "Breit, Sonnez l'ange ! Il faut que les hommes tombés à l'eau nous entendent.
Paul imperturbablement continuait son récit des événements malgré sa plume mouillée.
"Les premiers hommes remontaient à bord..."Combien de temps sommes nous restées dans l'eau ? interrogeaient-ils. Pas plus d'une demie-heuer ( le capitaine Dumas avait un accent ) . "J'en doute !" répondit Val Jout, un marin plein de ressort à l'armature solide, "je parierais sur 47 minutes ! "
"Mie ! préparez un lait de Thon pour réchauffer les hommes !" ordonna le capitaine Les hommes remercièrent le capitaine. Aucun n'était mort .
"J'ai géré comme j'ai pu !" répondit fièrement le capitaine.
Les hommes voulaient consommer le lait préparé par Mie mais celle-ci s'adressant à Val Jout s'exlama "Si t'y touches t'y sautera par dessus bord" . La préparation n'était pas terminée et pour y parvenir ,Mie prit le lait et mania le fouet pour le faire monter en mousse.
Huss le seul Allemand de l'équipage trempa la cuillère pour gouter à la demande de Mie. " T'as de la veine Huss, toi au moins tu peux gouter ... "
Lorsque le bateau regagna le port, la Base Elworld en Irlande, les femmes des marins étaient presque toutes là. Par le hublot de la couche du capitaine, celui dit "La plupart des femmes sont là, nous avons le quorum ! "
Sautant à quai, les hommes hurlaient leur joie, lâchant un rot l'ex responsable du port , un explorateur, homme au visage buriné, prit dans ses bras Mie Raure, sa fille et l'embrassa en la suppliant de ne plus retourner en mer.
On ne connait pas bien la suite de l'histoire, on sait juste que Paul Jaute se retira en Suisse près du Mont Blanc où il raconta son histoire un peu partout, suscitant des vocations avant de rejoindre sur ses vieux jours, la Russie, où l'on perdit sa trace.
D'aucun murmurent que l'horlogerie lui doit beaucoup et l'écriture aussi ...
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).