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 A l'heure du «concept watch» par Michel Jeannot

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ZEN
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ZEN


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A l'heure du «concept watch» par Michel Jeannot Empty
MessageSujet: A l'heure du «concept watch» par Michel Jeannot   A l'heure du «concept watch» par Michel Jeannot EmptyJeu 30 Mar 2006 - 22:15

Citation :
A l'heure du «concept watch»


Les «concept cars» font rêver depuis longtemps les amateurs de belles voitures et intriguent les concurrents. En horlogerie, le «concept watch» est une réalité nouvelle. Mais
à la différence de l'automobile, la plupart de ces montres sont ensuite commercialisées.


A l'instar des constructeurs automobiles, qui préparent le marché à des innovations technologiques ou esthétiques majeures en présentant des «concept cars», les horlogers sont coutumiers du fait de présenter des produits pour prendre le pouls du marché. Combien de montres présentées en grande pompe dans les salons horlogers n'ont-elles finalement jamais vu le jour? Si le terme «concept» est apparu récemment dans l'horlogerie, il couvre une réalité encore floue. De même, de nombreuses montres véritablement innovantes, à l'image de la Tissot T-Touch par exemple (lire ci-dessous), n'ont jamais été présentées comme un «concept».

La première maison à utiliser à grande échelle ce terme fut Audemars Piguet avec la présentation, en 2002, de la Royal Oak Concept, évolution technologique et esthétique de son modèle icône lancé en 1972. «Cette montre est née d'un rêve, relève Georges-Henri Meylan, administrateur délégué d'Audemars Piguet. Celui d'une montre conçue sous le signe de la performance absolue, associant sophistication technique et résistance extrême.» Outre son esthétique, la Royal Oak Concept tourbillon se distinguait par son boîtier en alacrite 602 – une première en horlogerie – d'une dureté deux fois supérieure à l'acier, par les ponts et la platine de son mouvement, sa lunette et sa boucle déployante en titane. Inventé par Audemars Piguet, le dynamographe (indication en continu du couple fourni par le barillet) complétait un sélecteur de fonctions et une réserve de marche linéaire. Enfin, le cadran transparent laissait apparaître les fonctions et le mécanisme. Or, tel est aussi le rôle des concepts, défricher de nouveaux horizons dans lesquels beaucoup s'engouffreront ensuite.

Quelques-unes des spécificités de la Royal Oak Concept avaient déjà fait auparavant leur apparition chez un nouveau venu dans l'horlogerie haut de gamme: Richard Mille. Mais lorsqu'on sait que ce dernier a réalisé beaucoup de développements au Locle chez Audemars Piguet Renaud Papi, on comprend les similitudes. Reste que Richard Mille n'a que rarement utilisé le terme «concept», même si l'entier de son travail s'oriente dans cette direction. C'est imprégné du monde de la F1 que Richard Mille a développé ses modèles, souvent des petites séries à des prix hors de portée du plus grand nombre. Parmi ses apports, outre son dernier modèle RM012 avec une structure intérieure tubulaire, on retiendra le tourbillon Calibre RM009 expérimental, la montre la plus légère du monde, qui a nécessité six années de développement. Moins de 30 grammes pour l'ensemble boîtier-mouvement, contre 100 à 150 grammes pour un garde-temps identique dans des matériaux standards. Elle a aussi été conçue pour supporter d'énormes vibrations, accélérations et décélérations brutales, ainsi que des chocs. Le gain le plus substantiel est le fait du boîtier réalisé en Alusic (Aluminium AS7G-Silicium-carbone), un matériau utilisé dans l'industrie spatiale avec des propriétés proches, mais dont la composition a été adaptée à l'usage particulier d'un boîtier de montre. Ses qualités: une légèreté (densité de 2,95 g/cm3, contre 4,5 pour le titane et 8 pour l'acier) alliée à une rigidité élevée, une exceptionnelle résistance à l'usure et un cœfficient de dilatation réduit. L'un des intérêts de cette avancée est d'avoir démontré que l'on pouvait sortir du schéma – rarement remis en cause dans l'horlogerie – mettant en relation la valeur perçue d'une montre et son poids.

TAG Heuer est incontestablement la société qui a le plus mis en avant la notion de «concept watch». Présentation de la Microtimer en 2002 (premier chronographe-bracelet quartz au 1/1000e de seconde), de la Sixty-Nine en 2003 (réversible, deux mouvements mécanique et quartz), de la Monaco V4 en 2004 (mouvement avec transmission à courroies et masse linéaire) et du Calibre 360 en 2005 (premier chronographe-bracelet mécanique au 1/100e de seconde). Au point d'être parfois accusée d'en user pour bénéficier des retombées médiatiques qui accompagnent tout lancement de «concept». Jean-Christophe Babin, CEO de TAG Heuer, s'en défend: «Si nous faisions uniquement des coups médiatiques, nous ne serions plus là pour en parler. Nous ne nous sommes pas contentés de présenter des concepts, nous les avons développés puis commercialisés pour la plupart. Un an après sa présentation pour la Microtimer, deux ans pour la Monaco Sixty-Nine, un an pour la Calibre 360 et dix-huit mois pour la Calibre S à quartz. Quant à la Monaco V4, il nous faudra de trois à quatre ans, ce qui nous amène à une commercialisation vers 2007-2008. Nous serions fous de ne pas profiter de l'enthousiasme que suscitent ces produits auprès des médias, dès lors que des dizaines de marques se vantent d'innovations qui n'en sont pas.»

TAG Heuer investit entre 2 et 3% de son chiffre d'affaires en R&D, un département qui occupe 25 personnes. Une moitié est consacrée aux collections classiques, l'autre à ce que l'on peut assimiler aux développements de concepts. Cette structure est née de la volonté de forcer les équipes à penser à un horizon de plusieurs années sans contraintes, ni de délais, ni de coûts, ni de forme, mais en répondant aux codes génétiques de la marque: «précision, performance et avant-garde». Le «concept watch» trouve le plus souvent chez TAG Heuer une concrétisation commerciale. Et même si la technique inédite du Calibre V4 a exigé beaucoup plus de temps et de moyens que prévu, la maison n'a pas renoncé à développer ce mouvement à transmission par courroies. Des prototypes fonctionnels du V4 tournent actuellement sur les bancs d'essai. Est-ce à dire qu'il sera commercialisé? «Que ce soit pour le V4 ou pour tout autre modèle, je n'exclus pas que certains concepts ne le soient jamais. Tout indique que le V4 sortira, mais s'il devait présenter à l'arrivée des standards qualitatifs insuffisants, nous ne le lancerons pas.»

«Mais c'est aussi cela la force et la réalité du concept, plaide Jean-Christophe Babin. Si nous savions dès le départ que tel ou tel concept peut être mené à terme, cela signifierait qu'il n'est innovant ni en matériau, ni en technique, ni en méthodologie de développement. Ce serait un peu misérable pour pouvoir prétendre à l'appellation «concept». Par ailleurs, le fait de présenter publiquement une telle montre met une pression évidente sur les équipes de développement. Je suis ainsi certain que si nous n'avions pas présenté le Calibre 360 l'an dernier à BaselWorld, sa première commercialisation en série limitée sous le nom de Vanquish Calibre 360 n'aurait jamais eu lieu en décembre dernier déjà.»

Sans utiliser le terme «concept», de nombreuses autres marques ont présenté ces dernières années des montres innovantes qui repoussent les limites du savoir-faire et de la technologie. Innovations de forme et de conception, à l'instar de Parmigiani Fleurier avec sa montre Bugatti ou de Harry Winston avec ses séries Opus, ou innovations techniques à l'image des modèles «Patek Philippe Advanced Research», de la nouvelle Breguet à échappement silicium (voir p. 16) ou encore de la dernière-née d'Audemars Piguet, Tradition d'excellence No 5, dotée d'un nouvel échappement AP inédit ne nécessitant plus de lubrification. L'innovation horlogère est plus que jamais en marche.







Du doigté chez Tissot
Michel Jeannot, BIPH
Développée chez Asulab (laboratoire de recherches de Swatch Group), la technologie à écran tactile adaptée à la montre-bracelet est une innovation significative dans le domaine de la montre à quartz. Et le fait qu'aucun concurrent ne soit parvenu à percer avec un produit similaire démontre la difficulté du système. Et pourtant, ce principe d'activation des fonctions par effleurement du verre de la montre a peu intéressé les marques au départ. Alors que chacun rêvait de s'engouffrer dans l'univers de la montre-téléphone dont on prédisait le triomphe, la technologie à écran tactile eut de la peine à enthousiasmer les horlogers. Pour l'anecdote, ce cadre de Swatch Group se souvient de la présentation il y a dix ans par Rudolf Dinger, responsable d'Asulab, des potentialités de la montre à écran tactile lors d'une rencontre mondiale de Swatch Group. En cours de développement, la montre à écran tactile était alors... reliée par un fil à un imposant système informatique caché par des rideaux derrière l'orateur! C'est dire que si le concept était né, il restait des années de développement pour réduire à la dimension d'une montre-bracelet la technologie embarquée dans un puissant ordinateur.

Or, si la montre-bracelet à écran tactile a failli ne jamais voir le jour, c'est simplement parce que personne ou presque n'y voyait un avenir. C'est la marque Tissot, sous la présidence de François Thiébaud, qui s'est lancée dans l'aventure. Lorsque la société locloise s'est associée à ce projet, Asulab était déjà parvenue à réduire l'ensemble du système à la dimension d'une montre-bracelet. Mais de là à l'industrialiser, il y avait encore un pas de géant que Tissot finança en s'assurant de l'exclusivité du système pour un temps. Et l'histoire raconte que François Thiébaud, même s'il a été l'un des premiers à croire en l'avenir de ce développement, était loin d'imaginer son potentiel commercial. Ce proche collaborateur de l'époque explique que le patron voyait en cette technologie une «niche» qui ne permettrait pas à la marque d'écouler plus de quelques milliers de pièces par an. Preuve des difficultés rencontrées lors des mises au point finales, la T-Touch a fait l'objet d'une importante campagne publicitaire dès l'année 2000. Le marché a d'emblée répondu positivement, mais Tissot n'a pas été en mesure de livrer tout de suite la montre en quantité car l'industrialisation du système a exigé plus de temps que prévu. D'où une pénurie immédiate – involontaire – qui a contribué à l'attractivité de la T-Touch. On estime aujourd'hui que Tissot vend plus de 200 000 T-Touch par an sur un total de 2 millions de montres vendues. Mais dès lors que le prix de cette montre (environ CHF 800.–) est largement supérieur au prix moyen de la marque, la T-Touch assure une part non négligeable du chiffre d'affaires de la société locloise. Et les opportunités qu'offre cette technologie tactile sont loin d'être épuisées.


Michel Jeannot, BIPH
Mercredi 29 mars 2006


http://www.letemps.ch/template/supplement.asp?page=19&article=177589

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jean-michel
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jean-michel


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MessageSujet: Re: A l'heure du «concept watch» par Michel Jeannot   A l'heure du «concept watch» par Michel Jeannot EmptyJeu 30 Mar 2006 - 22:16

TAG Heuer investit entre 2 et 3% de son chiffre d'affaires en R&D

C'est tout Sad .... et bien il n'y a pas de quoi pavoiser
A+
JM
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