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Bernard Lambert: «Une situation catastrophique!»
CRISE | Au cours du seul premier semestre, trois ans de croissance des exportations suisses se sont volatilisés. Le chômage risque de dépasser 5% l’an prochain. DR | Bernard Lambert, économiste à la Banque Pictet. «Un deuxième trimestre moins mauvais que le premier et que le dernier de 2008 autorise cependant un soupçon d’optimisme.»
PHILIPPE RODRIK | 22.07.2009 | 00:00
«La situation est catastrophique!» estime Bernard Lambert, économiste à la Banque Pictet & Cie. Tel est son diagnostic sur l’état du commerce extérieur de la Suisse au terme du premier semestre. Au cours de cette seule période, trois années de croissance des exportations helvétiques ont été anéanties.
En fait, exportations et importations ont simultanément chuté d’environ 16% en valeurs nominales et réelles. Cette tendance se confirme avec nos principaux partenaires commerciaux, comme la France et l’Allemagne. Du coup, l’excédent de la balance commerciale suisse a fondu de 10%, à 9 milliards de francs. Et de grandes entreprises genevoises ont dû souffrir.
Dans l’horlogerie, les exportations ont en effet reculé de 26,4%. Les livraisons sur les deux principaux marchés, Hongkong et les Etats-Unis, ont respectivement dégringolé de 35,9% et 49,2%. La métallurgie apparaît toutefois comme le secteur le plus pénalisé. Ses exportations ont diminué de 37,5%.
Crise ou non, il est rare de commencer par faire des économies sur la nourriture et difficile de s’arrêter de fumer. Les denrées alimentaires et le tabac s’avèrent donc peu exposés aux variations conjoncturelles. Leurs exportations sont demeurées quasiment stables entre les premiers semestres 2009 et 2008.
Intimement liés au domaine médical, la chimie et les instruments de précision ont eux aussi bien tenu le coup. Ils ne lâchent respectivement que 6% et 5%. Bernard Lambert maintient néanmoins son évaluation: «Nous constatons une chute dramatique des exportations au premier semestre. Mais un deuxième trimestre moins mauvais que le premier et que le dernier de 2008 autorise cependant un soupçon d’optimisme.»
Faut-il se forcer? Il s’avère en tout cas difficile d’éluder la pire performance mensuelle de l’année pour l’industrie horlogère: ses exportations ont plongé de près d’un tiers le mois dernier.
Enrico Bolzani, économiste de la Banque Syz & Co SA, s’empresse toutefois de rappeler l’augmentation exponentielle des exportations au cours des trois dernières années: «Nous assistons donc à une correction brutale, succédant à une croissance exceptionnelle.»
Le pire à la fin de l’annéeEnrico Bolzani relève en outre le fort potentiel de branches décisives: «L’industrie chimique est très résistante, elle réalise 40% des exportations suisses et on aura toujours besoin de médicaments.»
Le plus bas de l’activité économique n’est toutefois pas encore atteint. Nombre de spécialistes le prévoient pour l’automne ou la fin de l’année. Une réelle reprise semble ainsi exclue avant le printemps, avec un effet favorable sur le marché de l’emploi encore plus éloigné.
L’expert de la Banque Syz & Co SA s’attend à un taux de chômage supérieur à 5% en Suisse l’an prochain, contre 3,6% le mois dernier
http://www.tdg.ch/actu/economie/bernard-lambert-situation-catastrophique-2009-07-21