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Chômage: Neuchâtel va bientôt dépasser Genève
EMPLOI | L’arc jurassien, très dépendant de l’horlogerie et de l’industrie automobile, est aux premières lignes de la crise économique. G. Simond | La Chaux-de-Fonds. Le canton de Neuchâtel a été le premier à voter un plan de relance cantonal, à hauteur de 35 millions de francs, dont les mesures courent jusqu’à la fin de l’année.
ÉLISABETH ECKERT | 11.08.2009 | 00:00
Même la presse alémanique s’en émeut. D’ici à quelques semaines, le canton de Neuchâtel pourrait, pour la première fois depuis les années 80, devenir la nouvelle lanterne rouge du chômage en Suisse. Avec 6,1% en juillet, il s’apprête ainsi à détrôner Genève, toujours à 6,8%.
C’est en tous les cas ce que prévoit Sylvain Babey, directeur du Service de l’emploi de Neuchâtel, dans une interview à L’Agefi. «Nous allons malheureusement rattraper Genève, affirme-t-il. Arithmétiquement, statistiquement, c’est inéluctable. Au rythme actuel, cela pourrait se produire dans trois ou quatre mois.»
Et pour cause. L’arc jurassien est en effet bien davantage que les autres cantons romands dépendant du secteur industriel. Pire. Au sein de ce dernier dominent deux branches extrêmement exposées à la demande extérieure: la microtechnique, très sollicitée par l’industrie automobile, et l’horlogerie. Ainsi, selon Sylvain Babey: «Neuchâtel exporte quelque 90% de sa production à l’étranger.»
Or, comme l’affirme l’économiste Jean-Pierre Ghelfi, président de la Banque cantonale de Neuchâtel: «L’économie neuchâteloise ne semble pas avoir atteint son niveau le plus bas.»
Dans le dernier bulletin conjoncturel du canton, il s’avère ainsi que 77% des entreprises horlogères interrogées affirment que la marche de leurs affaires se détériore encore. Et le constat est identique dans la métallurgie ou l’électrotechnique.
La perspective d’entrées de commandes pour les trois prochains mois n’augure donc guère d’amélioration. «En juillet 2008, explique encore Jean-Pierre Ghelfi, un quart des entreprises du canton prévoyaient encore d’augmenter leurs effectifs. Plus aucune en juillet 2009! Il y a une année, 3% des entreprises indiquaient que leurs effectifs étaient trop importants; 46% sont actuellement de cet avis.»
Pionnier du plan de relanceDès lors, le canton de Neuchâtel a été le premier à voter un plan de relance cantonal, à hauteur de 35 millions de francs, dont les mesures courent jusqu’à la fin de l’année. Quatre axes principaux ont été fixés en février dernier déjà: le cautionnement d’emprunts par l’Etat, jusqu’à concurrence de 500 000 francs; la prise en charge partielle des intérêts passifs; la prise en charge partielle de salaires, jusqu’à 10 000 francs par emploi et au maximum de 250 000 francs par PME; et, enfin, un subside à l’investissement (maximum 100 000 francs).
Pour le ministre socialiste neuchâtelois des Finances, Jean Studer, ces mesures sont le minimum anticyclique qu’un Etat doit faire: «Neuchâtel a déjà vécu des crises importantes et nous avons su tirer les enseignements nécessaires. Il ne faut pas attendre que la crise soit profondément ancrée pour agir. Il faut prévoir et anticiper.»
Il est vrai que l’arc jurassien en a vu d’autres, avec l’effondrement, dans les années 70, du secteur horloger. Et, comme l’affirme encore Sylvain Babey, «la radiographie du chômage, entre Genève et Neuchâtel est fondamentalement différente. Neuchâtel est fortement handicapé par des facteurs conjoncturels. Nous ne connaissons pas les mêmes problèmes de chômage structurels que le canton du bout du lac.»
http://www.tdg.ch/actu/economie/chomage-neuchatel-va-bientot-depasser-geneve-2009-08-10