Une folie de grande sonnerie!

Citation :

Il aura fallu six ans à François-Paul Journe pour créer sa Sonnerie Souveraine. Un ressort, un barillet, dix brevets et beaucoup de rage, pour venir à bout de cette montre qui donne une voix au temps qui passe...


Isabelle Cerboneschi
Mercredi 29 mars 2006
Rubrique: Supplément spécial

Quelle force pousse un maître horloger à passer six années à développer un modèle, à tenter d'améliorer les procédés traditionnels, sans même être certain de jamais y parvenir. Il y a une part d'ego, certes, mais il doit y avoir autre chose. Quelque chose qui se passe entre la pièce et l'horloger, de l'ordre de l'intime. Et ce rapport- là, on le touche du doigt lorsqu'on demande à François-Paul Journe de parler de sa dernière folie: sa Sonnerie Souveraine.

Déjà, il hésite un peu à la laisser se faire photographier; il ne la quitte quasiment plus. On ose à peine y toucher, comme avec ces nouveau-nés qu'on a peur de laisser tomber. On transpire. Pas tant parce que la pièce vaut 400 000 euros, ce qui n'est rien au regard des hypothèses que l'horloger a émises et vérifiées, des jours passés à l'écouter égrener ses coups, à la régler, à modifier d'infimes détails... On transpire parce qu'on tient là une pièce qui relève d'un autre temps: celui où les mécènes étaient des rois et qu'ils pouvaient tout s'offrir, même des montres qui sonnent le temps qui passe, et chantent ainsi l'apologie des choses inutiles. On en est là de ses réflexions quand on retourne la Sonnerie Souveraine de François-Paul Journe, belle aussi à l'envers. On ne comprend pas, on n'est pas horloger, et même un horloger... Mais on regarde cela comme un enfant fasciné par un automate. On se dit alors que le collectionneur qui va recevoir la première pièce, avec son nom gravé au dos, cadeau de son épouse et de sa fille, a vraiment une chance folle.

Une grande sonnerie. Rien que ça. Une chose tellement difficile à réaliser qu'il doit en exister une demi-poignée sur le marché. Voilà la surprise que François-Paul Journe a réservée aux collectionneurs. L'an passé déjà, il nous en avait dévoilé une première version, «mais je n'en étais pas content. J'ai tout démonté et tout refait. J'ai mis un an à la stabiliser.» On écoute l'homme, on regarde la pièce, dessus, dessous, on l'entend égrener ses quarts, puis ses demies, on n'attend plus que l'heure, sans oser le dire.

«Une grande sonnerie, ça doit donner 812 coups de marteau pendant 24 heures, alors qu'une répétition minute 32 coups au maximum.» Toute la difficulté est là: dans l'énergie phénoménale qu'il s'agit de trouver. Mais le plus étonnant, dans cette pièce, qui peut aussi se mettre en mode répétition minute, c'est la facilité avec laquelle on peut la manipuler. «Le cahier des charges était simple: pour un enfant de 8 ans.» C'est au moment du remontage et de la mise à l'heure que les choses se compliquent avec les grandes sonneries, à ce moment précis qu'on risque la fausse manœuvre, qu'il y a de la casse, et que la montre se retrouve au service après-vente. François-Paul Journe a résolu ce problème: «A la place de deux ressorts et deux barillets, comme sur les grandes sonneries traditionnelles, qui permettent de régler comme on veut l'énergie du mouvement ou de la sonnerie, je n'en ai mis qu'un seul pour les deux fonctions, qui ne se remonte que dans un sens.» Par un système de sûretés, lors de la mise à l'heure, la sonnerie est bloquée, et lorsque la sonnerie est engagée, il n'y a pas de remise à l'heure possible. Quant à la réserve de marche, «elle prend en compte la perte d'énergie globale, grace à un calcul différentiel», explique le maître horloger. Il y a 24 h de réserve de marche en mode grande sonnerie, et 5 jours pour l'indication des heures si l'on n'utilise pas la sonnerie. «Et quand il ne reste que trois tours de barillets – environ 24 à 30 h –, la sonnerie se bloque pour laisser 24 h de réserve de marche au mouvement afin que les heures continuent de tourner.»

«Cette pièce, c'est une grande leçon d'humilité, dit-il. Il faut parfois taire sa rage quand ça marche mal. On vit de grands moments de solitude. Le plus difficile, ce furent les 2% qui restaient à perfectionner.» Dix brevets ont été déposés.

La conversation ne portant que sur elle, la montre a beau jeu de ne pas se laisser oublier. Elle sonne et l'on s'interrompt. Mais dans la vraie vie, est-elle aussi présente, coupe-t-elle aussi les conversations? Dérange-t-elle les voisins d'opéra? «C'est une montre intime, pas un mégaphone, répond François-Paul Journe. C'est un luxe absolu: seul son propriétaire l'entend. L'entourage qui ne sait pas, n'y prête pas attention et ne percevra pas la sonnerie.»

Juste avant de prendre congé, on entend l'horloger qui marmonne quand même: «Je suis très fier d'y être arrivé.»

http://www.letemps.ch/template/recherche.asp?page=rechercher&contenuPage=afficheArticle&edition=&rubrique=

Si je comprends bien, 400 KEUR en 6 ans, cela fait pas loin de 70.000 EUR par an pour un artisan qui ne travaille pas à plein temps sur un seul modèle...

Quand on voit JLC qui vend 450KEUR une montre développée en 5 ans par 12 personnes et qui est bardée de brevets, je me demande si Journé ne se moque pas du monde.

Beotien 1er a écrit:

je me demande si Journé ne se moque pas du monde.

Je n'espere qu'une chose, c'est qu'il continuera et pourra continuer à se moquer du monde de cette manière...

Cet homme est un des grands des complications actuellement

Surtout Béotien, continue à rien comprendre à l'horlogerie, tu nous fais tous beaucoup rire ici.

Beotien 1er a écrit:

Si je comprends bien

Je crois que tout le problème vient de là en fait...

Beotien est la preuve d'une grande tolérence de la part de notre moderateur


beotien tu es beotien tu resteras avec une telle ouverture d'esprit

Bonne journée aux autres...

Par moments, on rate de superbes occasions de se taire...

Déjà, ils sont combien chez journe ? la question a été evoquée ici il n'y a pas longtemps...

Ensuite, il y combien de brevets pour la Journe ? facile à trouver en cherchant un peu...

Bref, une fois ces questions répondues, on peut déjà commencer à en reparler...

BB

Beotien 1er a écrit:

Si je comprends bien, 400 KEUR en 6 ans, cela fait pas loin de 70.000 EUR par an pour un artisan qui ne travaille pas à plein temps sur un seul modèle...

Quand on voit JLC qui vend 450KEUR une montre développée en 5 ans par 12 personnes et qui est bardée de brevets, je me demande si Journé ne se moque pas du monde.

Béotien,

Il doit y avoir chez toi un plaisir pervers à recevoir cette volée de bois vert que tu savais bien que ta remarque susciterait... Sans doute le plaisir de prendre les autres pour des cons du genre "Ils sont encore tombés dans le panneau de la provocation facile !"

Mais je t'accorde peut-être de trop d'intelligence ?

Nicolas

C'est vrai que les critères du beotion sont particuliers, il met en avant le nombre de brevets sur la JLC tryptique (jlc en a déposé 6 pour cette montre) et trouve que journe fait moins bien alors qu'il a déposé 10 brevets pour cet exploit que représente une grande sonnerie...


Et avec tout ça, on oublie de parler de cette montre que je reverais de juste pouvoir la voir fonctionner un jour

Je soupçonne Béotien d'être le "mister Hyde de Zen" afin d'immiscer un " prurit" dans le forum et de susciter nos réactions...

Peut'on être Zen avec prurit ?...

Moi, j'aime bien les interventions de Béotien, elles me sécurisent

Bruno Brazil a écrit:

Ensuite, il y combien de brevets pour la Journe ? facile à trouver en cherchant un peu...

Au temps pour moi. Ceci dit ils sont combien chez l'artisan Journé ?

N'est-il donc pas permis de préférer JLC et Journé et de s'interroger sur la valeur économique d'un produit industriel et la rémunération du fabricant sans se faire insulter.

Zen a posté un interview récent de Journe sur le sujet, ils sont 50 à l'atelier.

Beotien 1er a écrit:

Bruno Brazil a écrit:

Ensuite, il y combien de brevets pour la Journe ? facile à trouver en cherchant un peu...

Au temps pour moi. Ceci dit ils sont combien chez l'artisan Journé ?

N'est-il donc pas permis de préférer JLC et Journé et de s'interroger sur la valeur économique d'un produit industriel et la rémunération du fabricant sans se faire insulter.

Beotien 1er a écrit:

Au temps pour moi. Ceci dit ils sont combien chez l'artisan Journé ?

N'est-il donc pas permis de préférer JLC et Journé et de s'interroger sur la valeur économique d'un produit industriel et la rémunération du fabricant sans se faire insulter.

Ils seraient une cinquantiane en tout chez journe (pas uniquement horloger) mais il semblerait aussi que journe soit le maitre à penser et que la création, c'est lui qui s'en occupe.

La valeur économique, dans ce genre de produit est difficilement quantifiable.

Autre chose, combien y a-t-il de grande sonnerie en montre bracelet ?
Je n'en vois pas d'autres mais ne connaissant pas tout, j'aimerais bien le savoir. (attention, on parle bien de grande sonnerie et non de sonnerie ou de répition minute)
On dit souvent que la répétition minute est une des complications majeures parmi les plus complexes, j'imagine que la grande sonnerie est bien plus complexe !

Dufour, entre autres, en a fait.

BB

Pourquoi toujours tout ramener à l'argent ?
A ce niveau là, c'est de l'art. Est-ce qu'on demande le prix d'un tube de gouache quand on est devant un Bacon ou un Zao-wou-ki ? Non. On se tait et on admire, on observe, on rêve.

Le prix ici n'a bien évidemment rien à voir avec les coûts de production, de développement : on est effectivement dans l'art pur.

Déjà que ce n'est pas corrélé pour une montre à 2000 euros, alors là... je ne comprends pas d'ailleurs ces discussions sur les prix. Le vrai prix, c'est le prix que les gens sont prêt à payer pour acquérir l'objet. Point barre.

Dans les pièces uniques, de toutes les façons, il se fixe plus par benchmarking que par autre chose. Cette montre de Journe, à un prix 3 fois supérieur, elle trouve preneur quand même.

Exemple : le Tourbograph de Lange qui vaut près de 400.000 euros... son prix est plus fixé en comparant avec la PP 5959 (et surtout afin d'êrte plus cher) que par autre chose... c'est comme cela que je le vois.

Tout cela me conduit à une conclusion...Et si on rapportait le prix des montres à leur poids ... Ca fait cher au gramme et on est plus gagnant avec une Swatch qu'avec une montre de manufacture...

Finalement , le poids ...on le néglige beaucoup trop

Kramer a écrit:

Pourquoi toujours tout ramener à l'argent ?
A ce niveau là, c'est de l'art. Est-ce qu'on demande le prix d'un tube de gouache quand on est devant un Bacon ou un Zao-wou-ki ? Non. On se tait et on admire, on observe, on rêve.

Pourquoi discuter après cela ... Merci Kramer !

Sauf, que c'est peut être de l'huile... Ok, je sors...

bonjour à tous,

à votre place les amis, je ne prendrais pas autant à la légère les dires et agissements de Béotien.

en effets, une enquête poussée m'a démontré qu'il est le leader d'une minorité agissante et très déterminée.

sa présence dans l'image d'archive ci-dessous en témoigne,

à vous de juger maintenant...



(source : Renseignements Généraux-Dpt. Contre-infiltration)

vous aurez été prévenus

Xaipe

Excellent ! :lol!: :lol!: :lol!:

"Viva Bell & Ross" mdr :lol!: :lol!:

La montre au poids a tout de même été défendue dès 1955...